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dimanche 27 janvier 2013

(Po, Li) Béatitudes de la Mission populaire de France

Béatitudes de la Mission populaire de France

- Heureux les pauvres.
Pas les fauchés, mais ceux dont le coeur est libre.

- Heureux ceux qui pleurent.
Pas ceux qui se plaignent, mais ceux qui plaignent, et qui protestent!

- Heureux les doux.
Pas les mous, mais les patients et les tolérants.

- Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice.
Pas ceux qui braillent, mais ceux qui luttent.

- Heureux ceux qui ont le coeur pur.
Pas ceux qui oublient ou font les anges, mais ceux qui pardonnent, ou dont la vie est transparente.

- Heureux les pacifiques.
Pas ceux qui évitent les conflits, mais ceux qui les affrontent pour les apaiser.

- Heureux ceux qui souffrent pour la justice.
Pas parce qu’ils souffrent, mais: parce qu’ils aiment.

(Mission populaire de France)

(Bi) Proverbes africains et autres citations: le bonheur

Proverbes africains et autres citations: le bonheur

- La lune bouge lentement, mais elle finit par passer au-dessus de la ville (proverbe africain)

- Un homme n’est rien sans ses proches (proverbe bantou)

- Un chameau ne se moque pas de la bosse d’un autre (Guinée)

- Les enfants sont la récompense de la vie (Zaïre)

- Quand la famille s’entraide, que peut-il lui arriver de mal? (Ethiopie)

- J’ai décidé d’être heureux, car c’est meilleur pour la santé. (Voltaire)

- Commence déjà à être l’ami de toi-même. Tu ne seras jamais seul. (Sénèque)

- On reconnaît le bonheur au grand bruit qu’il fait… quand il n’est plus là!

- Prends du temps pour tes amis, sans cela, le temps te prendra tes amis

- Le bonheur ne tient pas aux choses (ou aux personnes) que nous avons, mais au regard que nous portons sur elles.

- Il vaut mieux être heureux qu’être roi (proverbe africain)

- Qui pose des questions doit accepter de recevoir des réponses (Cameroun)

- Ne te plains pas que Dieu ait créé le lion. Remercie-le plutôt qu’il ne lui ait pas donné d’ailes (proverbe du Sahara)

- Assemblées en fagots, même les brindilles sont incassables (Kate Moss)

- L’unique chose qu’on désire est souvent celle qu’on ne possède pas (Soudan)

- Le chien n’aboie pas parce qu’il est fort, mais parce qu’il a peur (Madagascar)

- Prenez soin de vous, on ne sait jamais, ça peut servir!

- Heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière!

- Je ne suis pas sûre de croire en Dieu: je l’aime… (une catéchumène)

jeudi 24 janvier 2013

(FA, SB, Vu) À propos des BÉATITUDES


Les BÉATITUDES (Mat. 5, 3 - 16) ne sont ni un éloge de la souffrance ou du masochisme, ni une douce romance consolatrice.

En grec classique, l’adjectif bienheureux (macarios) est généralement réservé aux dieux, immortels. Par extension, on l’applique parfois à des bonheurs très matériels: avoir une bonne épouse, de beaux enfants... Dans l’AT, le bonheur est le plus souvent lié au respect de Dieu et de ses commandements.

L’évangile de Matthieu ouvre une nouvelle perspective: il déclare heureux ceux qui sont centrés sur Jésus; ceux qui savent que le monde (l’humanité sans Dieu, matérialiste) n’est pas tout, qu’il y a d’autres valeurs; ceux qui attendent le retour du Christ pour établir ces valeurs à la première place sur toute la terre; ceux qui enfin commencent déjà, ici-bas, à oeuvrer pour que ce règne nouveau commence.

Ce bonheur est paradoxal: il est à l’envers des sentences de la sagesse populaire, car il anticipe la victoire que Dieu nous promet (un peu comme un footballeur qui prend un méchant coup sur le tibia, mais qui sait que son équipe ne peut plus perdre le match, puisqu’il y a 4 - 0 à cinq minutes de la fin de la partie).

Une chose encore: ces béatitudes (comme tout le SERMON SUR LA MONTAGNE) ne peuvent être lues sans oublier que c’est Jésus qui les dit. Lui seul peut prononcer des paroles aussi “énormes”. Lui seul peut appeler à une foi si exigeante. Nous, qui n’avons pas été aussi loin que lui dans l’obéissance à Dieu, ne devrions manipuler ces paroles qu’avec une infinie prudence, comme on touche de la nitroglycérine !

Concluons sur un appel: ne négligez pas les bonheurs quotidiens ! Il ne s’agit pas ici d’inviter au renoncement pour le renoncement; mais d’entrer toujours mieux dans la proximité du Père, qui est (aussi) heureux de nous voir heureux !


Jean-Jacques Corbaz

mercredi 23 janvier 2013

(Li, Po) Dieu ne veut plus

Dieu ne veut plus être sage:
Il souffle en nous, par son Esprit,
Bouleversant nos paysages
Pour nous donner un goût de vie !

        Dieu ne veut plus être en cage
        Dans nos espoirs par trop petits,
        Il nous appelle à vivre large
        L’aventure de sa folie !


Jean-Jacques Corbaz

samedi 19 janvier 2013

(Bi) En contact

En contact

Aujourd’hui, la technique permet de communiquer facilement, quelle que soit la distance. E-mails, blogs, conversations via internet, voire webcam…

Mais le progrès a ses revers: les «stamms» sont volontiers remplacés par des séries de courriels. Se rencontrer pour discuter de tout et rien devient rare. On ne se dit plus les choses de vive voix, on les maile. C’est rapide, efficace. Mais aussi plus froid.

Et les malentendus nés d’un courriel balancé vite fait sont monnaie courante. Parce qu’il manque le ton de la voix, le regard, qui auraient aidé à nuancer le message, qui auraient permis de comprendre que les mots employés n’étaient pas volontairement blessants.
Si la connexion est bien là, le contact fait parfois cruellement défaut. Surtout quand on se connaît peu.

Se rencontrer, se parler face à face: chacun de nous gagnerait à redonner du temps à cette activité essentielle.

Chaque dimanche, les chrétiens vous proposent un «stamm», parfois suivi d’un apéro ou d’une discussion. Et en semaine, il y a des groupes de partage, de prière; cafés-contacts, espaces de parole… La relation avec Dieu favorise, semble-t-il, le contact avec les autres.

Au plaisir donc de ces rencontres!

J-J Corbaz

Merci Nicolas Besson!

(Pr) Si quelqu’un te frappe sur une joue…

Si quelqu’un te frappe sur une joue…


Lectures: Luc 6 : 27-36, Ps. 3, et II Cor. 12 : 7-11

“Au commencement était la violence, et rien de ce qui existe n’a été fait sans elle”… 

– Vous sursautez? À la bonne heure! Car nous n’aimons pas tellement la violence, nous avons plutôt tendance à la cacher, à l’oublier, à vouloir la faire disparaître.

Pourtant, tout le monde est violent. Pas besoin d’aller au Proche-Orient: chacune de nos journées comprend de la violence, depuis les coups de klaxons agacés au feu vert, jusqu’à la colère plus ou moins rentrée du souper…Faites le compte, dans votre quotidien!


Tout le monde est violent; mais pas parce que nous sommes tous mauvais, ou pécheurs. Tout simplement parce que ça fait partie de la vie. Survivre est une violence. Manger est une violence faite aux espèces animales ou végétales qui nous nourrissent. La lutte pour la survie est une violence. Protéger son existence est un combat (déjà contre les microbes!)… 
Écoutez: même Dieu est violent! Le psaume 3 n’écrit-il pas: “Tu frappes à la joue mes ennemis, tu casses les dents aux méchants…”


La Bible est pleine de violence. Et même la venue de Jésus provoque elle aussi des cascades d’agressions: depuis le massacre des innocents jusqu’à la mort de Judas, la trahison de Pierre et la lâcheté des autres… Jésus lui-même, vous le savez, a fait usage de violence: contre les marchands du temple, et contre les scribes et les pharisiens, injuriés de manière bien peu pacifique! Celui qui comparait sa Parole à une épée bien tranchante, c’est le même qu’on présente comme un agneau qui se laisse tondre sans ouvrir la bouche.

Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre”. Comment comprenez-vous ce verset?
On l’interprète en général comme une invitation à ne pas riposter à la violence, se laisser faire passivement, sans réagir. Céder.
Eh bien, non! En nous disant de tendre l’autre joue, Jésus ne nous demande pas de nous laisser faire violence, passivement, sans réagir. D’ailleurs, nous l’avons vu, ce n’est pas ainsi qu’il a agi lui-même. Ne pas répondre à la violence par la violence, ça oui, bien sûr! Mais ne pas réagir du tout, rester passifs, céder; alors non, ce n’est pas ce que dit Jésus.

La violence est partout, nous le disions. Il est important, vital, de ne pas l’amplifier. Sinon c’est la loi de la jungle, la volonté du plus fort qui l’emporte. Il faut contenir la violence, la dresser comme une bête féroce qui cherche à vous sauter dessus. Pour sortir du cercle vicieux, il faut être plus fort que les agressions, les brutalités, la haine…

Être plus fort: non pas passifs, mais actifs. Ne pas baisser les bras, mais les utiliser au mieux. Non pas ne rien faire, mais… tendre l’autre joue.

L’autre joue: savez-vous que le Nouveau Testament, écrit en grec, exprime là quelque chose d’intraduisible en français? Pour dire “autre”, il y a en grec deux mots: “allos” et “heteros”. “Heteros” (d’où vient le terme “hétérosexuel”, par exemple), c’est l’autre parmi deux choses, ou deux personnes; quand il n’y a que deux possibilités.
“Allos”, c’est l’autre parmi plus de deux objets ou personnes. Ainsi, quand je dis: “Mes parents sont malades: l’un a la grippe, et l’autre une bronchite”, l’autre, c’est “heteros”, car je n’ai que deux parents. Par contre, pour “Un de mes paroissiens est à Lausanne, un autre est resté chez lui”, l’autre, ce sera “allos”, puisqu’ils sont en tout plus que deux!


Tout ça pour vous dire que: dans “tendre l’autre joue”, pour “l’autre”, ce n’est pas “heteros” qui est employé par l’évangile (alors qu’on n’a que deux joues, pourtant); ce n’est pas “heteros”, c’est “allos”. Présenter l’autre joue, c’est donc tendre une autre joue, une joue différente. C’est réagir d’une manière nouvelle, qui aide à sortir du cercle vicieux de la violence.

Vous l’avez tous expérimenté: de répondre à l’agressivité par l’agressivité, ça engendre l’escalade de la violence. Mais à l’opposé, un mot, un geste, un acte à contre-courant peut tout changer; désamorcer l’agression, dés-armer la haine.
Ainsi un joueur de football, victime d’un méchant coup tordu de la part d’un adversaire qui voulait lui prendre le ballon, est allé au bord du terrain lui offrir une autre balle, rien que pour lui! Un enseignant, traité de noms d’oiseaux trop vulgaires pour être rapportés ici, a fourni à ses étudiants une liste plus complète d’injures, un peu comme Cyrano dans la tirade des nez… Le judo connaît bien ce principe: pour faire reculer quelqu’un, il vaut mieux faire semblant de le tirer en avant, car l’autre résiste, et il recule spontanément!

Rompre la symétrie. Encore faut-il bien du courage et de l’imagination, de l’esprit et de l’à-propos. C’est en cela, et en cela seulement, que nous osons nous demander les uns aux autres, selon les termes de l’évangile, d’être parfaits (chez Matthieu) ou pleins de bonté (chez Luc) comme l’est notre Père céleste. C’est-à-dire non pas de nous abstenir de toute faute -c’est impossible, évidemment- mais, avec Dieu, tout imaginer, tout mettre en oeuvre pour désamorcer la violence, la sortir des mécanismes qui la font se reproduire et se multiplier à l’infini…

Et cela, vous l’imaginez bien, c’est exactement le contraire de la passivité! C’est mettre en action un amour, un respect, une espérance dont nous ne sommes capables que parce que Dieu nous les donne, d’abord, en Jésus-Christ.


Ainsi, l’attitude chrétienne, dans un conflit, ce n’est pas plus céder que répondre avec les mêmes armes. L’attitude chrétienne, c’est rompre la symétrie, en puisant nos forces dans celles de Dieu. Car, vous vous en rendez bien compte, si Dieu ne nous avait pas “tendu une autre joue”, en Christ, face à nos péchés, si Dieu nous avait donné la réciproque, eh bien, nous serions morts!

Voilà le chemin nouveau que Jésus nous appelle à parcourir, derrière lui. Savoir que la violence existe, en moi, en nous; l’utiliser quand on ne peut pas faire autrement, mais en la maîtrisant, en cherchant à la dominer nous-mêmes plutôt que d’être dominés par elle. Éduquer des enfants, par exemple, est impossible sans un minimum de violence: quand mes enfants, tout bébés, avaient 39 ° 5 de fièvre, il fallait bien les forcer à accepter un suppositoire, malgré leurs refus et leurs pleurs…

Savoir donc qu’on n’échappe pas à la violence, mais en même temps chercher à la désamorcer partout où c’est possible; sortir du cercle vicieux par une “autre joue”, une autre réponse. -Ce qui est exactement le sens du mot “non-violence”, mais ce terme a été si souvent employé de manière fausse que je n’aime plus guère l’utiliser.- Chercher à dominer l’agressivité. Or, je ne peux pas maîtriser quelque chose que je ne vois pas, que je ne veux pas regarder. 

Ainsi, je ne pourrai pas être non-violent tant que je ne reconnaîtrai pas la part de violence qu’il y a en moi. Je ne pourrai pas “feinter” l’agressivité, je serai incapable de me jouer d’elle en lui tendant une autre face, si je fais semblant qu’elle n’existe pas.

“Au commencement était la violence…” Oui. Et le chrétien, à cause de son Seigneur, n’est ni masochiste ni lâche. Il ne se laisse pas marcher sur les pieds. Mais il sait qu’en Christ il a reçu assez de force et d’esprit pour essayer de vaincre cette violence avec d’autres armes.

Cette apparente faiblesse, c’est la vraie force. Amen.

Jean-Jacques Corbaz

(Bi, Co, Hu) Les chaises

Les chaises

Lundi
Je reçois un coup de fil de Guy, ancien de notre paroisse. Il demande si mon groupe de prière peut installer les chaises à l’église, chaque samedi soir, pour le culte du dimanche. Je réponds: « Pas de souci, Guy! » – je me sens fier de mon équipe.
J’appelle Paul Clerc et lui demande de s’en charger. Il me répond qu’il va remettre cette question au Seigneur et en parler à sa femme. Mon fils sourit et fait: « Si Dieu n’est pas d’accord avec Mme Clerc, je ne donne pas beaucoup de chances à Dieu… »
J’essaie ensuite Luc, mais il me répond qu’il n’est pas biblique de former des plans pour l’avenir. Il ne peut donc pas promettre d’aider chaque semaine, mais seulement selon ce que le Seigneur lui dira… Je lui demande combien de jours à l’avance le Seigneur pourra l’avertir chaque semaine, et il répond: « Ce n’est pas à nous de le savoir, frère, mais que ta foi soit à la hauteur de ton épreuve… » – Je découvre qu’on ne peut pas étrangler les téléphones…

Mardi
René, membre de mon groupe de prière, nous donne un message puissant et passionné, qui nous engage à nous donner nous-même et à ne pas rester en arrière dans le service de Dieu. Il nous exhorte à ne pas refuser quand quelqu’un nous demande un coup-de-main.
Je saisis l’occasion, à la fin de la soirée; je le sollicite pour les fameuses chaises. Mais il me répond: « Non, je préfère ne pas le faire, car mon ministère, c’est la prédication. »…

Mercredi
Paul Clerc rappelle pour me dire qu’il n’a pas la paix intérieure à propos des chaises, mais que, de toute façon, ça ne lui serait pas permis.
Luc téléphone aussi. Il sent que Dieu veut qu’il intercède pour moi au sujet des chaises, et il me demande si c’est suffisant.
J’appelle Marc. Il me répond que, si j’ai essayé chez tout le monde et que vraiment personne ne peut le faire, alors il pourrait peut-être donner un coup-de-main de temps en temps, mais que ça dépend des circonstances du moment… Donc, il vaut mieux ne pas compter sur lui, sauf en de très rares exceptions. Je le remercie.
Je téléphone alors à tous les autres membres de mon groupe. Jamais de ma vie je n’ai entendu autant de prétextes lamentables. Je me sens de moins en moins fier de cette cellule.
L’un a mal à la jambe… et du coup, est incapable de se servir de ses bras.
Tel autre semble atteint de chaisophobie.
Une femme ne veut pas abîmer la peau de ses mains.
Pierre n’était pas d’accord quand l’achat de ces chaises a été décidé, il y a 27 ans, et sa cohérence lui dicte de ne pas s’en occuper…
Jean me dit que son ministère, c’est la musique, et pas les chaises. Il ajoute: STP, veille que celui qui fera ça ne s’approche pas trop de l’orgue!
Vraiment!!

Jeudi
Réunion de notre groupe de prière. À la fin, ma fureur éclate contre tout le monde au sujet de ces chaises. Personne n’a accepté de donner un coup de main! « À cause de ça, fais-je, il n’y a plus qu’Anne, ma femme, qui sera obligée de s’en occuper tous les samedis soir. »

Après que tous soient partis tête basse, Anne me demande: « Ecoute, je ne voulais rien dire devant tout le monde, mais pourquoi n’y a-t-il plus que moi pour déplacer ces chaises? »
« Euh, où veux-tu en venir? », lui fais-je, étonné.
Anne répond: « Eh bien, pourquoi pas toi, par exemple? »
« Ne sois pas bête, dis-je. Tu sais bien que, le samedi soir, je vais toujours… euh… oui, je vois ce que tu veux dire! »

(d’après « the horizontal epistles of Andromeda Veal », éd. Marshall Pickering)

(Bi) Pâques? C’est mille fois plus

Pâques? C’est mille fois plus que la nature qui revit, les lapins et les œufs. Et les congés…

Pâques, c’est une conviction fragile qui vient, très discrète, petit à petit ébranler le pouvoir de la souffrance, et des tyrans, et de la mort: Jésus, homme de Dieu, vit encore après la tombe, dans l’Esprit de ses disciples. Ses apprentis-apôtres vont manifester, par leur rayonnement et leur liberté intérieure, que ce Dieu faible est plus fort que la Grande Faucheuse, et que tout Pouvoir. La fin tragique de la Croix n’est pas une défaite face aux Romains, c’est la victoire de la non-violence et de l’amour des autres.

Aujourd’hui encore, 2000 ans après, ce qui emprisonne; ce qui détruit; ce qui terrifie; ce qui réduit en esclavage; ce qui ratatine ou résigne; tout cela est contesté, miné de l’intérieur par cette force paisible. Cette immense tendresse qui toujours chante la vie!

Pâques? C’est, chaque année, la fête de cette liberté. La célébration que cette puissance d’espoir est aussi pour nous. Cette conviction fragile peut repeindre nos vies et nos luttes en couleurs de joie. On essaie?

Jean-Jacques Corbaz
 

mardi 15 janvier 2013

(Pr, Co) Maxime

Prédication narrative 
Lectures bibliques: Jérémie 31, 31-33; Jean 11, 21-27; 1 Corinthiens 11, 17-22

Il voyage beaucoup, Maxime. Il voyage beaucoup, à cause de son métier. Rome, Athènes... Ephèse... Alexandrie... Jérusalem... Depuis des années! Car il dirige un réseau international de vente d’épices orientales. Mmh, ça sent bon dans ses entrepôts!

Il voyage beaucoup, Maxime, depuis sa ville de Corinthe. Il travaille dur aussi. On peut bien le dire: il a réussi dans la vie. Il a des quantités d’amis un peu dans toutes les cités; il est largement au-dessus du besoin... Cultivé, curieux de tout, il parle couramment les langues commerciales de son temps: le grec; le latin; l’égyptien; et même l’araméen et l’hébreu...

Or, un jour, à Antioche, Maxime entend parler d’une Juive qui fait partie d’un groupe étrange: les “chrétiens”. Elle accueille à sa table tous ceux qui sont de passage. On y rencontre, paraît-il, des gens passionnants.

Quelqu’un lui a déjà parlé de cette espèce de secte... Oui, c’est le gérant de son dépôt à Jérusalem; un Juif très religieux et sympathique...

Ce soir-là, Maxime est libre. Pour une fois, il a terminé avec ses rendez-vous d’affaires. Alors, il décide d’aller chez cette femme, pour voir... Et là, il n’est pas déçu: il est accueilli chaleureusement.

À table, son voisin parle beaucoup. Plutôt exalté, le gaillard! Il se présente: Paul; dans le textile! Hébreu, mais, il y tient, mais aussi citoyen romain: il vient de Tarse. Maxime et lui découvrent qu’ils ont plusieurs relations communes, et qu’ils voyagent autant l’un que l’autre. Leurs chemins se sont d’ailleurs déjà croisés parfois, mais sans qu’ils ne se rencontrent.

Tout à coup, Paul s’interrompt et dit:
- Je crois que tout le monde est là, on va commencer!

Et puis, sans s’occuper de Maxime, il s’adresse à toute la tablée, plus de trente personnes:
- Mes frères, mes soeurs; nous sommes réunis, ce premier jour de la semaine, pour que vive en nous Jésus notre Seigneur, le Christ. En rompant le pain, nous recevons le cadeau de sa présence...

Maxime ne comprend pas grand-chose. Et Paul parle; parle; parle... Maxime, ébahi, contemple les autres: ils sont tellement attentifs! Mais ce qui le surprend le plus, lui le commerçant grec qui aime l’ordre, ce qui l’étonne, c’est le mélange de tous ces gens: il y a des riches et des pauvres... des patrons et même des esclaves... il y a des hommes et des femmes... des Egyptiens, des Juifs, des Grecs... des gens à la peau foncée... Maxime est interpellé, d’habitude, on ne vit pas comme ça!

 



Mais, pourtant, il règne là une atmosphère étrange: chacun semble à l’aise avec tous les autres, accepté, reconnu... Maxime a l’impression d’être dans un monde à part.

Quelques jours plus tard, il a envie de revivre ce genre d’ambiance. À Troas, où il se trouve maintenant, il découvre qu’il y a une communauté du même style, une “Eglise de maison”, chez un certain Carpos. Maxime y va. Même accueil chaleureux, même mélange humain... Et même respect les uns des autres. Un peu moins étonné, un peu moins largué surtout, Maxime sent son intérêt grandir. Il a le désir de faire partie, lui aussi, d’un tel groupe.

Dans toutes les villes importantes où il s’arrête, il trouve une communauté de “chrétiens”. De plus en plus convaincu, il finit par demander le baptême. Et puis, quand il revient chez lui, à Corinthe, il fonde dans sa maison une Eglise pareille à celles qu’il a visitées dans son périple.

Pourtant, l’atmosphère n’est pas vraiment la même. La communauté est très mélangée, bigarrée, c’est vrai; mais il y a des petits groupes qui se forment à l’intérieur de son Eglise. Maxime sent des tensions, des rivalités... Quand quelqu’un parle, les autres clans ne l’écoutent pas vraiment... Et quand ils rompent le pain, ce n’est pas réellement un partage.

Maxime est déçu. Parfois, il doute de son choix. Mais où a passé cette joie qu’il ressentait si fort aux premiers temps? Cette “communion”?

Alors, c’est presque soulagé qu’il prépare son voyage suivant. Oui, ça lui fera du bien de prendre un peu de recul. Et puis, tiens, pourquoi pas, il pourrait retourner chez Carpos; il doit justement passer par là-bas. Peut-être que son ami pourrait lui donner un bon conseil... Et ce serait super de retrouver cette atmosphère positive qui l’avait enthousiasmé, à ses débuts.

À Troas, Maxime est accueilli avec beaucoup de chaleur. Carpos prend des nouvelles de la communauté de Corinthe. Il ne s’étonne pas des difficultés que traverse cette jeune Eglise. “Repose-toi, fais-toi du bien! Demain, c’est dimanche, jour de la Résurrection du Seigneur. Nous allons nous réunir ici pour rompre le pain. Et, tiens-toi bien, grande nouvelle: Paul lui-même sera là, parmi nous!”

Le lendemain soir, la chambre haute où se tiennent les réunions est pleine. Maxime est heureux de retrouver bon nombre de connaissances, voire des amis. Il y a aussi plusieurs nouveaux-venus... Tous se saluent, joyeusement. On sent une envie profonde d’échanges et de paix les uns avec les autres. Comme ça fait du bien!

Sur la table, chacun a déposé de quoi manger, pour le repas qu’ils partageront tout à l’heure, après la Cène. Un peu à part, Carpos a placé le pain sur un plat, et le vin dans une cruche. Il y a des fleurs, toutes simples; mais une beauté harmonieuse se dégage de cette table. Tiens, se dit Maxime, c’est une bonne idée de mettre légèrement de côté le pain et la coupe de la communion, pour ne pas les mélanger avec le repas qui suivra.

- Frères et soeurs, dit Carpos, nous avons la joie d’accueillir Paul, que vous connaissez tous. Il a fêté Pâques à Ephèse, et il souhaite nous en parler pour affermir notre foi et notre solidarité en Christ.

L’apôtre prend la parole. Rempli d’enthousiasme, comme toujours. Il en a des choses à raconter! La nouvelle Eglise d’Ephèse bouillonne d’espoirs et de projets. Il y a tant de signes que Dieu agit, par son Saint-Esprit!

Paul parle, parle longtemps... C’est presque minuit, et il parle toujours! Mais cette fois, Maxime ne trouve pas le temps long: il essaie de graver dans son coeur l’énergie bienfaisante qui se dégage des paroles de l’apôtre. L’optimisme... La conviction aussi... Comment a-t-il pu douter, et se décourager?



 

photo Paolo Mariani

Plus tard, pourtant, Maxime ne se souviendra que peu de tous ces mots. Car il va se passer un événement qui rejettera tout le reste au second plan. Dans la chambre haute, il y a beaucoup de lampes. Donc beaucoup de lumière, et il fait très chaud. Un jeune homme, qui s’appelle Eutyque, est assis sur le bord de la fenêtre. Or tout-à-coup, Maxime le voit se pencher, lentement. Mais? Mais il s’endort! C’est vrai qu’il est tard, et que Paul ne s’arrête pas de prêcher!

Et puis, catastrophe! Dans son sommeil, Eutyque se penche tellement qu’il... tombe par la fenêtre. Ouille! Nous sommes au 2è étage, crie quelqu’un, il va se tuer!

Carpos se précipite dans la nuit de la petite cour, auprès du corps désarticulé. Et là, dans un grand silence soudain, il dit: “Il est mort! Je n’ai rien pu faire, hélas.”

Alors Paul dévale les escaliers. Arrivé près de son hôte, il prend Eutyque dans ses bras. “Pas d’inquiétude, fait-il d’une voix forte, il est vivant!!”

- (Hein) qui est vivant, demande une voix?

- Mais, le Seigneur Jésus, répond Paul, il y a des heures que je vous le dis!

L’apôtre remonte alors vers la lumière, dans la pièce illuminée, auprès des autres. Il rompt le pain en remerciant Dieu. Puis il mange, et tous font comme lui. Et le jeune homme, Eutyque? On le porte pour remonter, lui aussi. Il est vivant!

- Oui, vivant! me dit Maxime, très ému.

Il y a maintenant des années que cela s’est passé. L’Eglise de Corinthe a vécu un renouveau étonnant, sous la conduite de mon ami. Oui, Maxime ne s’est jamais découragé. Cette étrange aventure de Troas, chez Carpos, lui a donné une force intérieure admirable. Et il est devenu, à son tour, un stimulant pour les autres.

Il aime raconter cette histoire; je l’ai entendue au moins 20 fois. Est-ce qu’elle s’est réellement passée? Quelle importance, au fond! L’important, c’est qu’elle a porté, et qu’elle porte encore la communauté dirigée par Maxime. Qu’elle lui redonne confiance et rayonnement, dans les difficultés.

- Tu comprends, me dit-il, c’est un signe. La victoire du matin de Pâques s’est manifestée une nouvelle fois, au milieu de nous! Dans la parole partagée... En rompant le pain, fraternellement... Eh bien le Christ devient présent, tout proche. Vivant!
- Et... et Eutyque? m’arrive-t-il souvent de demander.

- Le jeune homme? répond Maxime. On ne l’a jamais revu. Paul, lui aussi, a disparu, plus tard, à l’étranger. Mais, ce soir-là, il a été pour moi comme une incarnation du Christ: descendu dans la nuit de la mort, il est remonté vers la lumière de la chambre haute, porteur de vie! Porteur de vie, pour nous tous!

- Mais, est-ce que c’est vraiment vrai, ce que tu me racontes là?

- En tout cas, conclut Maxime, cet épisode de Troas a toujours été pour moi une source puissante de courage et de solidité. Pour nous tous, ajoute-t-il en regardant sa communauté. J’espère qu’un jour, tu pourras le dire aussi. Amen   


Jean-Jacques Corbaz  (d'après "Lire et dire")    

(Bi, FA) Lui dire?

Lui dire?

Tu me demandes que dire à ton enfant pour qu'il croie en Dieu. Ou soit honnête. Ou réussisse sa vie.

Eh bien, tes paroles peuvent l'aider, sûr. Mais pas tant. En fait, tu l'as déjà largement formé, enseigné, orienté durant ces cinq ou douze ans. En vivant près de lui. En lui montrant un adulte, à imiter ou non.

Avec mes enfants, j'ai vu que je prêche par ce que je suis bien plus que par ce que je dis. Ils s'imprègnent davantage de mon exemple (bon ou mauvais, l'exemple, of course) que de mes mots. Je peux leur prouver par A+B qu'il ne faut pas mentir: s'ils me voient masquer la vérité, c'est mes actes qu'ils imiteront! De même avec l'honnêteté, la violence, la drogue, le respect ou... la foi. Bien sûr.

Ce que nous sommes empêche souvent les autres d'entendre ce que nous disons. Notre exemple est plus puissant que mille sermons. Et c'est pourquoi Dieu ne nous fait pas la morale: il vit son amour en actes, avant de rien demander.

Prêcher pour changer quelqu'un? Difficile. Mais lui montrer l'exemple, c'est super: tu transformes deux personnes!

Amicalement

                    Jean-Jacques Corbaz  


Photo Etienne Mayor
 

(Co) Le secret

Il était une fois une petite fille qui vivait dans un beau pays entouré de montagnes impressionnantes.

Un jour, montrant le plus haut de ces sommets, la fillette demande: «Qu'y a-t-il là-derrière?» Mais personne ne lui répond. Tous les adultes paraissent très effrayés ou embarrassés par cette question.

À force de s'interroger, la petite fille n'y tient plus. Elle décide d'aller voir elle-même. Elle grimpe sur la montagne, sans demander la permission.

Parvenue au sommet, elle voit effectivement quelque chose d'effrayant: un énorme dragon, menaçant, vit là, derrière la montagne.

Terrorisée, elle veut s'enfuir. Mais elle aperçoit à ce moment un berger près du monstre. L'homme vient à sa rencontre en lui faisant signe. Puis il prend la fillette par la main et l'invite à s'approcher du dragon. Elle le suit. O surprise, plus elle s'approche, et plus le monstre rapetisse. Pour finir, il est tellement minuscule qu'elle le prend dans sa main. Tout à fait rassurée, elle lui demande son nom. Et le dragon répond: «je m’appelle la peur».


auteur anonyme

Photo tirée du film "Hiver nomade"

dimanche 13 janvier 2013

(FA, SB, Vu) Un regard éclairant sur la croix

Un regard éclairant sur la croix

Une interprétation très répandue de la crucifixion de Jésus consiste à lui accorder une valeur sacrificielle. Elle remonte à la première Eglise, qui a présenté la croix comme un sacrifice qui accorde le pardon.

Mais cette façon de présenter la mort de Jésus, reprise et schématisée au fil des siècles, pose la question de l’image de Dieu qu’elle reflète: un Dieu qui a besoin du sang et de la souffrance de son fils pour apaiser sa colère et accorder son pardon. Une telle vision est souvent perçue comme choquante; d’aucuns la considèrent comme du pur paganisme. En réalité, ce n’est pas là le message de la Bible.

Cette question est reprise par Antoine Nouis, théologien et pasteur de l’Eglise réformée de France, dans un petit ouvrage très stimulant et accessible: Lettre à mon gendre agnostique, pour lui expliquer la foi chrétienne (éditions Labor et Fides, Genève 2010).

L’auteur rappelle qu’une juste compréhension des évangiles amène à inverser le sens de la logique sacrificielle: «Dans les évangiles, nous trouvons une union, une identification entre le Père et le Fils qui sont un (Jean 17, 21). Il n’y a pas confusion entre eux mais une communion très forte... Lorsque Jésus meurt sur la croix, c’est Dieu qui souffre de la souffrance de son fils et s’offre de son offrande pour le monde. Relue ainsi, la croix n’est pas l’acte de compensation d’un Dieu assoiffé de rétribution mais le don d’un Dieu qui se livre lui-même. Si nous croyons que le Père était avec le Fils sur la croix, alors ce n’est plus Dieu qui a besoin d’un sacrifice mais Dieu qui s’offre en sacrifice. Cette interprétation nous conduit à parler de mort sacramentelle du Christ plutôt que de mort sacrificielle. La différence entre le sacrifice et le sacrement est que le premier est l’œuvre de l’homme pour Dieu, alors que le second est l’œuvre de Dieu pour l’homme» (p.63 s.)

(Bonne nouvelle La Paudèze et Lavaux, avril 2011)


Fenêtres de la chapelle de Romont - photo Luc Ramoni

samedi 12 janvier 2013

(CF, Li) Le projet de Dieu


Je crois que Dieu crée le monde, et tout ce qu'il contient, dans un projet de beauté, de douceur et de bonheur. De solidarité et de paix.

Je crois que Jésus est son fils, son reflet: un lien entre la terre et le Ciel; une passerelle entre la peur et la confiance; un élan vers davantage de tendresse et d'authenticité. Mort dans les pires souffrances, il est devenu porte ouverte sur la lumière de l'éternité, et cela pour chacun(e).

Je crois que son Esprit nous souffle son message de vie meilleure, aujourd'hui et demain, et plus loin encore. Il nous rapproche les uns des autres pour mieux nous dire l'infinie proximité de Dieu: mystérieux, discret, respectueux de notre liberté; mais sur qui nous pouvons compter, toujours.

Jean-Jacques Corbaz

(Bi) “Mon Père est le vigneron”


“Mon Père est le vigneron”

La Bible est riche d’images terriennes. En particulier, la vigne y est à l’honneur. Dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, la communauté des croyants est souvent comparée à une vigne soignée, chérie, protégée par son Créateur: le vigneron majuscule!

Alors moi, pasteur; moi dont le père terrestre est justement vigneron, je savoure ces images si réalistes. Car le travail sur nos ceps et nos sarments n’est pas simple: protéger des maladies, du mildiou, des parasites... Et aussi des rôdeurs, puis des maraudeurs (à deux ailes ou à deux mains!). Se faire du souci pour les éléments qu’on ne maîtrise pas: le gel, le sec, la grêle... Oui, le “métier” de Dieu ressemble étonnamment à celui de nos vignerons!

Mais savez-vous, je n’ai pas encore mentionné une grosse partie du boulot de la vigne: c’est de couper! Depuis la taille, en hiver, jusqu’aux vendanges, il faut savoir manier le sécateur. En passant par tous les travaux du printemps: éplaner, puis rebioller, puis biocher; voire sacrifier des grappes... Il s’agit d’empêcher le cep de disperser ses forces en végétation inutile, pour que le vin soit meilleur.

Dieu, comme le vigneron! Car les multiples pépins de nos vies ressemblent aux coups de sécateur du paysan de Lavaux: ils nous blessent; nous pleurons, comme la souche après la taille; nos rêves de grandeur sont émondés, biochés, meurtris… Mais ces coups de lame n’ont qu’un seul but: nous fortifier, nous rendre plus résistants, et surtout meilleurs! Permettre aux fruits de nos vies d’être plus savoureux pour les autres.

On le dit: tout ce qui ne tue pas rend plus fort. C’est ainsi que le Père du Christ nous conduit à maturité, à travers les souffrances.

Sachant que celui qui nous précède sur ce chemin-là, c’est son Fils. Modèle de nectar après avoir été taillé de toutes parts, sur la Croix. Vin de notre fête!


Jean-Jacques Corbaz

dimanche 6 janvier 2013

(Co) L'étoile, où la mettre? conte pour l'Epiphanie

L'étoile des mages

Après que l'étoile ait guidé les mages jusqu'à la crèche, le concierge du ciel s'est demandé:

"Que faire de cette nouvelle étoile? Où la mettre?"

Mais nulle part dans le ciel, il n'y avait de la place pour elle!

"Que faire? se disait le concierge. Cette étoile est particulière, elle a guidé les mages jusqu'au sauveur du monde. Elle est très proche de la terre..."

"Elle est très proche de la terre: mais oui, voilà la solution! Je vais la donner au monde!"


Le concierge cassa alors l'étoile en mille morceaux, en millions d'éclats. Et il les lança, comme le semeur à la volée, partout sur terre.

Certains éclats se logèrent dans les chambres des hôpitaux, et ils devinrent les veilleuses dont les malades ont tant besoin pour ne pas être angoissés la nuit.

D'autres descendirent au plus profond des mines, là où les mineurs de fond ont besoin d'être guidés par une lampe frontale.

D'autres encore se placèrent comme fanaux sur les barques, dans les phares sur la mer, pour éviter aux bateaux de s'échouer.

Enfin, le plus grand nombre vint habiter le coeur des humains.


Chacun(e) de nous a reçu un éclat de l'étoile de Noël. À nous de le faire briller, de raviver sans cesse cet éclat de lumière dans notre coeur.

 

JJ Corbaz, d'après "Présence", le journal de la Mission populaire évangélique de France

(Pr, Vu, FA) Epiphanie: qui est le roi?

6.1.2013 Epiphanie
 Matthieu 2, 1-12;  Matthieu 3, 13-17;  Jean 19, 38-42







Un 6 janvier 2000 et quelques, une famille parle avec son pasteur des fameux “rois mages”.

Les enfants sont très étonnés en entendant les précisions de M. le ministre: dans la Bible, ce ne sont pas des rois; mais plutôt des savants, astronomes, ou mieux encore astrologues. Des diseurs de bonne aventure, en somme. Voyants extralucides... charlatans. Rien à voir avec des rois! Comme si aujourd’hui on confondait une Bohémienne avec le président de la Confédération!

M. le pasteur ouvre sa Bible et lit le seul passage où ces curieux mages sont cités. C’est celui que nous avons entendu tout-à-l’heure, au chapitre 2 de l’évangile selon Matthieu: Alors, des savants d’Orient arrivent à Jérusalem, et demandent: “Où est le roi des Juifs, qui vient de naître?”

M. le ministre raconte ensuite que beaucoup de légendes sont nées à partir de ce récit. Vous avez remarqué? la Bible ne donne pas les noms des mages, ni leur origine ethnique! On a souvent dit qu’ils étaient trois, venant l’un d’Europe, l’autre d’Afrique et le 3è d’Asie: les trois seuls continents connus à l’époque. Mais que dit l’évangile? Qu’ils viennent d’Orient. De l’Est! Ce sont donc tous des asiatiques, comme les Israëlites.

Leur nombre, fixé par la légende à trois, dépend bien sûr des cadeaux que cite la Bible. Et M. le ministre explique le sens de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

L’or est le symbole de la royauté. Le seul roi, vraiment, dans cette histoire, c’est ce bébé, Jésus, qui reçoit ce cadeau. L’or montre sa puissance, son rayonnement, l’admiration et la gloire qu’il suscite.

L’encens est un parfum âcre utilisé en Orient dans les cultes. Il représente Dieu; il souligne la divinité de Jésus. Les mages, en s’agenouillant, ne font pas une révolution politique; non, ils célébrent un culte. L’encens précise et nuance le message de l’or: il annonce que la royauté de Jésus n’est pas celle d’Hérode, c’est un règne religieux, spirituel, et pas seulement terrestre!

La myrrhe, enfin, c’est un parfum qu’on emploie pour embaumer les morts, afin de lutter contre les odeurs des cadavres: on imprégnait de myrrhe les bandelettes avec lesquelles on emballait les corps, dans les tombeaux. La myrrhe des mages annonce donc déjà celle que recevra Jésus au soir de Vendredi saint, selon l’évangile de Jean, comme nous l’avons entendu tout-à-l’heure. La myrrhe: drôle de cadeau, fait le papa. Comme si, à la naissance de votre bébé, vous receviez un bon pour une crémation!

La plus grande des filles, 17 ans, remarque alors: “Voilà bien une idée d’homme, ces cadeaux! Une femme n’aurait jamais apporté des parfums, elle aurait plutôt offert une brassière!”

Bien sûr, toute la famille rigole. Et puis, M. le ministre, reprenant son sérieux, précise que beaucoup de passages bibliques, comme celui-ci, ont une signification symbolique. Ils ne prétendent pas décrire ce qui s’est exactement passé. Au contraire, ils veulent donner un sens, suggérer une dimension plus haute que le mot-à-mot, que le terre-à-terre. Ils parlent par images.

                                 *                                    *
Bien avant la légende des mages transformés en rois (au Moyen Âge)... Bien avant Melchior, Gaspard et Balthasar, les premières histoires sur Jésus rapportent donc ces récits d’astrologues, de cadeaux effarants. Elles le font pour souligner que cet enfant est roi; mais qu’il est un roi religieux, et non un homme de pouvoir (qu’il agit par la puissance de son amour, et pas par celle des armes); et que cette royauté culminera dans sa mort! Couronné, mais d’épines!

                                 *                                    *
Un garçon un peu futé entre alors dans la discussion. Il demande: “Mais, l’étoile? Comment c’est possible qu’une étoile bouge dans le ciel?

Là, M. le ministre n’en sait pas beaucoup plus que le bout d’homme. Il se souvient juste d’avoir lu, dans une Vie Protestante il y a bien des années, qu’on a parfois observé des phénomènes semblables à notre époque moderne: des conjonctions d’étoiles ou des astres nouvellement apparus peuvent donner une impression ressemblant à celle décrite dans le premier évangile.

Car Matthieu ne dit pas, comme on l’imagine souvent, que les mages ont suivi l’étoile: depuis chez eux jusqu’à Bethléem. Non, ils l’ont vue chez eux; puis ils ne la retrouvent, nous l’avons entendu, ils ne la retrouvent qu’à Jérusalem, en sortant du palais royal. Entre parenthèses, encore un faux roi, cet Hérode! Encore un faux, par opposition au vrai roi qu’est le Christ!!





                                   *                                    *
La maman, qui connaît des termes compliqués, ose alors demander ce que ça veut dire, “Epiphanie”. Est-ce que ça signifie “fête des rois”?

- Non, répond M. le pasteur. Ce mot veut dire “manifestation” ou “apparition” (de quelqu’un d’important). L’Epiphanie désigne en fait deux choses différentes:

(1) Aujourd’hui, elle rappelle l’adoration de Jésus par les mages, symbole de la manifestation du Christ à la terre entière, y compris aux païens. Matthieu veut dire ainsi que Dieu apparaît là, non plus comme le Sauveur d’Israël seulement, mais comme celui du monde entier!

(2) Mais le premier sens de cette fête de l’Epiphanie est ailleurs, rappelle M. le ministre: le 6 janvier, c’est la fête de la naissance de Jésus pour les Eglises d’Orient (les orthodoxes); mais les Eglises d’Occident célèbrent ce 6 janvier un autre événement: le baptême de Jésus par Jean Baptiste.

M. le pasteur rouvre une dernière fois sa vieille Bible, et il relit les versets que nous a partagés tout-à-l’heure la lectrice; ils nous permettent de comprendre en quoi ce baptême de Jésus est une épiphanie, une révélation: “Dès que Jésus est baptisé, il sort de l’eau. Au même moment, le ciel s’ouvre. Jésus voit l’Esprit de Dieu qui descend sur lui comme une colombe. Une voix vient du ciel qui dit: “Celui-ci est mon fils, très aimé. C’est lui que j’ai choisi avec joie”.

- Vous voyez, conclut le pasteur, la révélation n’est pas du tout là où on croyait: à cause de ce baptême de Jésus, on peut presque dire que l’épiphanie, c’est notre manifestation glorieuse à nous, les humains, puisque le Christ nous offre, gratuitement, ce à quoi lui seul avait droit!

                                    *                                    *
Depuis un bon moment déjà, le cadet n’écoute plus que d’une demi-oreille (paroles d’adultes!) - mais ces derniers mots le ramènent tout-à-coup dans la discussion:

- Mais alors, demande-t-il, le cadeau de Jésus, qu’il nous donne, c’est le gâteau des rois et la couronne?

- Eh bien, sourit M. le ministre, presque! En tout cas, c’est lui qui te permet, aujourd’hui, d’être le roi, dans son coeur! ... Mais tu auras besoin de beaucoup d’années encore pour comprendre la valeur de ce cadeau. Un jour, peut-être, tu seras comme les mages. Tu donneras, mais c’est toi qui diras “Merci!”
Amen

                                                   Jean-Jacques Corbaz 

mardi 1 janvier 2013

(Li,Hu) Béatitudes "de l'humour", d’après Joseph Folliet

Heureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes, car ils n’ont pas fini de s’amuser!

Heureux ceux qui savent faire la différence entre une montagne et une taupinière: ils s’éviteront bien des tracas!
 


Kadey


Heureux ceux qui sont capables de se reposer et de dormir sans chercher d’excuses, ils deviendront sages!
 

Heureux ceux qui savent se taire et écouter: ils en apprendront, des choses nouvelles!
 

Heureux ceux qui sont assez intelligents pour ne pas se prendre au sérieux, on les appréciera.
 

Heureux êtes-vous si vous savez regarder sérieusement les petites choses et paisiblement les choses sérieuses, vous irez loin dans la vie!

Heureux si vous pouvez admirer un sourire et oublier une grimace, votre route sera ensoleillée!

Heureux si vous êtes capables d’interpréter avec bienveillance les attitudes des autres, même si les apparences sont contraires. Vous passerez pour des naïfs, mais on vous dira merci!
 

Heureux ceux qui pensent avant d’agir et ceux qui prient avant de penser: ils éviteront bien des bêtises!
 

Heureux surtout vous qui savez reconnaître le Christ dans tous ceux que vous rencontrerez; vous avez trouvé la vraie lumière et la plus grande sagesse.

(d’après Joseph Folliet)