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dimanche 20 mars 2016

(Pr, Hu, Co) âneries et compagnie

Dialogue d'ânes - prédication des Rameaux 2016

Beaucoup de gens, quand on parle de Jésus (et surtout de Jésus ressuscité) pensent que nous disons des… euh… disons : des âneries! Nous avons donc essayé de deviner ce que les ânes pouvaient bien en penser, du catéchisme, de l’évangile, et surtout de l’événement de Pâques.
  

 
Anne Lecture de Jean 12, 12-15 – puis PHRASE D’ORGUE  (JJ enlève sa robe)

Anne (en chaire): Dix jours après l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, cinq jours après sa mort sur la croix, deux ânes se retrouvent dans leur étable, autour de leur mangeoire, et discutent des événements de la semaine. Ils s'appellent Odin… (je mets mon badge “âne Odin") et Onim … (idem Alain “âne Onim")

Odin (criant d’excitation): Onim, Onim, si je te raconte ce qu’il m’est arrivé ces derniers jours, tu me croiras jamais...

Onim: Tu parles! Depuis une semaine, on ne parle que de ça dans toutes les étables, depuis Jérusalem jusqu’à Béthanie. Il paraît que tu as fait un véritable triomphe dimanche dernier avec un type un peu bizarre monté sur tes épaules...

Odin: Tu te souviens, quand ces deux types qui sentaient le poisson sont venus me chercher. Ils étaient tout excités, ils ont parlé d’un roi qui avait besoin d’une monture... Non mais, tu te rends compte... J’ai tout de suite vu que ces types s’étaient trompé de porte: venir chercher un âne pour: un roi! Ils m’ont détaché; peut-être qu'ils m’ont pris pour un cheval de parade... j’allais quand même pas les contredire!

Onim: Non, mais! Tu t’es regardé?! Toi, un cheval de parade? Avec tes oreilles tombantes, ton air bête et ta robe grise?... Je t’assure, la confusion n’était pas possible; ou alors ces deux types avaient trop abusé de flacons du Côtes de Judée ou du Château Massada... Non, réellement, s’ils t’ont détaché, c’est qu’ils avaient vraiment besoin d’un âne, et du plus petit d’entre nous, sans vouloir te vexer...

Odin: Allez, arrête, gros jaloux! Je t’assure: il s’agissait bien d’un roi. La foule était déchaînée - d’ailleurs, je suis sûr que tu l’as entendue d’ici - la foule criait de joie, et chantait “Aux ânes, ah, aux ânes, Hosanna!”, les gens jetaient des rameaux devant mes sabots, certains même posaient leurs manteaux devant moi, pour éviter que la poussière ne me salisse les pattes... Ah, c’est bon la célébrité! Toi, tu ne connaîtras jamais ça!
 

 
Onim: Ah! Dix jours que tu es parti et tu ne connais plus les copains? mais c’est la cata, l’âne (comme dirait un gars de Barcelone)! Au lieu de faire le fier, essaie plutôt de comprendre quelque chose à cette histoire. Les deux gars qui sont venus te chercher, tu crois qu’ils ressemblaient à des serviteurs de roi? Tu as toi-même dit qu’ils sentaient le poisson. Et puis, tu as vu leur costume: encore plus poussiéreux que ta robe! J’ose pas imaginer la tête d’un roi qui aurait des serviteurs comme ça...

Odin: Ah ben, justement, parlons-en de ce roi. C’est vrai, il ne ressemblait pas à un personnage royal. Ses habits n’étaient pas de la première jeunesse, et ils étaient aussi poussiéreux que ceux de ses disciples. Ça n’a rien d’étonnant d’ailleurs: d’après ce qu’on m’a dit, ça fait trois ans qu’ils parcouraient le pays de long en large, à pied, sur ses routes pleines de sable et de poussière...

Onim (sournois): Lui aussi, il sentait le poisson?!

Odin: Mais non, arrête donc tes humâneries! Au contraire, la première fois que je l’ai vu, il sentait bon la myrrhe... Mmh, un parfum de noble ça! Pourtant, ce qui m’a le plus étonné, c’était son visage: dans cette euphorie collective, lui il était grave, et même triste...

Anne (en chaire. Lecture de Luc 19, 41-44): Quand Jésus fut près de la ville de Jérusalem, il pleura sur elle, en disant:
- Jérusalem tu n'as pas compris comment trouver la paix! Mais des jours vont venir, où des ennemis t'attaqueront et t'assiègeront. Ils te détruiront, parce que tu n'as pas reconnu le temps où Dieu est venu pour te faire du bien.
 

 
Onim: Ah dis donc, il est pas banal ton "roi": il est entouré d’une troupe de va-nu-pieds, des habits de clochard, et il pleure quand tout le monde chante et l'acclame... Laisse-moi te dire une chose: si un jour le pays est gouverné par un tel personnage, on n’est pas sorti de l’étable... Je me demande bien pourquoi tu persistes à croire qu’il est roi.

Odin: Si tu avais vu son visage! Même en larmes, il reflétait une incroyable majesté, et un tel amour, que l’espace d’un instant, j’ai oublié que j’étais toujours un âne... C’est moi qui avais son poids sur mon dos, et pourtant, j’ai eu l’impression que c’était lui qui me portait...

Onim: Ah parce que tu crois que la sérénité de son visage, ses larmes, son odeur de myrrhe suffisent pour en faire un roi?! Pilate peut encore dormir tranquille, je te le dis...

Odin: Pilate n’est pas si tranquille que ça, pas plus que les prêtres juifs, d’ailleurs...

Onim: S’il te plaît, ne saute pas du coq à l’âne. Je n’arrive plus à suivre…
  

 
Odin: Quoi, mais tu n’es pas au courant? Oh, tu es vraiment bête à manger de l’avoine! Ils l’ont condamné au supplice de la croix. Et Pilate, que ça arrangeait bien, il paraît qu'il s’en est lavé les mains. Pourtant, quelque chose me dit que ni les uns ni les autres ne dorment tranquilles depuis sa crucifixion... Tu sais pourquoi?

Onim: Tu vas encore me dire que tu détiens un secret... Décidément, les bains de foule, ça ne te réussit pas! Ah non, petit ânon!

Odin: Mais je n’ai pas parlé de secret; d’ailleurs, la nouvelle doit commencer à circuler. Figure toi que depuis vendredi, depuis le jour de sa mort, je l'ai: revu.

Onim: Ben voyons, prends-moi pour un bourricot. Voilà que tu donnes dans le paranormal maintenant. Tu crois aux fantômes?

 Odin: Ecoute, j’étais au pied de la croix. J’ai vu cette même foule l’acclamer au début de la semaine, et puis cracher sur lui ce vendredi. J’ai vu les soldats romains qui l’insultaient et qui se moquaient de lui. Ils avaient d’ailleurs pendu au-dessus de lui un écriteau: «Jésus de Nazareth, roi des Juifs»...
   

Onim: Là, je veux bien te croire. Les hommes sont tous les mêmes, plus bêtes encore que nous: ils sont capables de tuer même les meilleurs d’entre eux. Mais justement, ça fait de ton Jésus un drôle de roi...

Odin: Quand ils l’ont descendu de la croix pour l’emmener au tombeau, j’étais là... Mais cette fois, ce ne sont pas des disciples sentant le poisson qui l’ont emporté; non, c’est un riche monsieur, un certain Joseph d’Arymathée. Il a mis son corps sur mon dos et c’est moi qui l’ai porté jusqu’à son tombeau. Et là, mais quelle surprise: je n’ai jamais porté un homme qui pèse si lourd, comme si ses souffrances et sa mort l’avaient chargé de tout le poids de l’humanité.

Onim: Oh mais dis donc, c’est que tu deviens sentimental et spirituel. Pourtant, ça n’en fait toujours pas un roi. Pour moi, un roi, c’est fort, c’est triomphant, et surtout: c’est vivant!

Odin: D’abord, un roi ne fait pas forcément la guerre. Il peut aussi régner, comme Jésus, par la force du respect et de l’amour.  Ensuite, mes oreilles sont peut-être tombantes mais, au moins, moi, j’entends quand on me parle. Parce que: je viens de te dire que je l’ai vu vivant depuis vendredi dernier. Et même plus, je l’ai de nouveau porté, jusqu’en Galilée, cette fois.

Onim: Tu l’as vu mort sur sa croix. Et puis tu l’as vu vivant sur la route de Galilée… Faudrait peut-être arrêter de me prendre pour un âne... Aujourd’hui, il est vivant, ou il est mort?

Odin: Ecoute, je ne peux pas t’expliquer ça, tout ce que je sais, c’est qu’il est de nouveau monté sur mon dos...

Onim: Mais comment tu as fait pour le reconnaître?

Odin: Je ne peux pas te l’expliquer; pourtant n’oublie pas que c’était la troisième fois que je le portais, tout de même. Je ne sais pas, en le portant, j’ai su que c’était lui, c’est tout! Mon âme d’âne l’a senti.
   
Bloemaert

Onim: Ecoute, moi je ne crois que ce que je vois. Et une chose est sûre, si les choses se sont vraiment passées comme tu me les racontes, on ne va pas tarder à en entendre parler...

Anne (en chaire): On entend une voix qui vient de l’extérieur de l’étable: “Jacques, André, dépêchez-vous... Il faut seller les ânes... Nous partons tout de suite... Vous n’avez pas entendu Marie? Le Maître, Jésus, il est vivant; et il nous attend...”

Odin: Tu vois, je te l’avais bien dit...

Anne (en chaire. Lecture de Philippiens 2, 5-11). Entre vous, conduisez-vous comme des gens unis au Christ, Jésus. Lui, il est l'égal de Dieu, parce qu'il est Dieu depuis toujours. Pourtant, cette égalité, il n'a pas cherché à la garder à tout prix pour lui. Mais tout ce qu'il avait, il l'a laissé. Il s'est fait serviteur, il est devenu comme les hommes, et tous voyaient que c'était bien un homme. Il s'est fait plus petit encore: il a obéi jusqu'à la mort, et il est mort sur une croix! C'est pourquoi Dieu l'a placé très haut et il lui a donné le nom qui est au-dessus de tous les autres noms; pour que tous, oui tous tombent à genoux en entendant le nom de Jésus; et que tous reconnaissent ceci: Jésus-Christ est le Seigneur, pour la gloire de Dieu le Père. Amen.

PHRASE D’ORGUE  (JJ remet sa robe)

JJ : Les bourricots de notre histoire ont sans doute bien des frères et des sœurs. Car il n’est pas du tout facile, pas du tout évident, de croire en la Résurrection.

Mais attention : ne traitons pas d’ânes ceux qui expriment des doutes. C’est au contraire très humain ! C’est normal, surtout à 15 ans ! Ne traitons pas de catéchumânes les adolescent(e)s qui ne partagent pas les certitudes de leurs aînés ! Ils sont un juste reflet de notre humânité (si j’ose dire !).

Ils sont en marche, quelque part entre Jérusalem et la Galilée. Je veux dire: quelque part entre les questions sans réponses, devant le tombeau vide, d’une part; et la rencontre vivante du Christ d’autre part.

Puissent-ils continuer à avancer, telle est notre prière. Et puisse le Ressuscité leur révéler, parfois, mystérieusement, qu’il chemine à côté d’eux depuis toujours; comme il l’a fait pour les fameux pèlerins d’Emmaüs !  Amen. 


Jean-Jacques Corbaz



mardi 15 mars 2016

(Ci, Ré) démolir??

Lu sur Facebook, auteur inconnu:

"Prendre l'option d'un changement radical, c'est parfois avoir l'impression que tout va s'effondrer.
Pourtant quand le changement s'opère, on a souvent le sentiment de n'avoir fait pour ruine que le mur qui nous barrait le chemin".


dimanche 13 mars 2016

(Pr) Notre mission

  

Prédication du 13 mars « Le bon berger... (une autre lumière) »
 

Lectures: Matthieu 9, 35-38; 2 Timothée 2, 11-15


Ils ont eu de la chance, les disciples de Jésus! Selon l’évangile de Matthieu, ils ont vu leur maître poser son regard sur les foules de leur époque. Ils ont vu l’amour de Dieu à l’oeuvre dans la personne du Christ!

Ils ont admiré ce regard, sûrement. Ils se sont émerveillés de cet amour...

Mais ils n’ont pas eu le temps d’admirer très longtemps. Parce que Jésus, tout de suite, les a envoyés au travail: allez, les gars, au boulot!

C’est comme s’il leur avait dit: “Vous m’avez vu à l’oeuvre, eh bien maintenant c’est à vous de le faire, avec l’autorité et les moyens que je vous donne”.

Aujourd’hui, c’est donc à nous de faire, nous qui essayons tant bien que mal d’être les disciples du Christ dans notre époque!

À nous de faire, tout à l’heure, en participant à l’Assemblée paroissiale. À nous de faire, aussi, dans nos maisons; dans nos lieux de vie; dans nos professions, dans nos loisirs, dans nos rues...

À nous de faire... Oui, mais comment?

L’évangile, une fois de plus, va nous montrer le chemin. Car c’est Jésus, le chemin. Et pour savoir comment faire, il s’agit d’abord de le regarder, lui, et de chercher les pistes qu’il nous trace pour notre mission, aujourd’hui.

 

 
Première piste: Jésus voit la foule, nous dit Matthieu.

N’est-ce pas cela d’abord qui nous est demandé? Tout simplement voir. Lever les yeux. Lever la tête, et juste poser notre regard sur celles et ceux qui nous entourent. Lever la tête au-dessus de nos habitudes, de nos traditions, de nos dossiers et de nos psautiers!

Sortir de notre petit monde pour voir les autres. Lever les yeux sur les visages de celles et ceux qui sont là, à notre porte, ou à nos fenêtres, je veux dire à nos lucarnes télévisuelles... derrière les chroniques et les discours... Tous ces gens le méritent, parce que tous sont l’oeuvre de Dieu, et qu’en les croisant, c’est chaque fois un peu le Christ que nous rencontrons.

Voilà l’émerveillement qui nous est donné, à nous disciples vaudois de 2016: apprendre, ou réapprendre, à jeter sur notre peuple le regard que Jésus posait sur les foules de son temps. Dieu les aime, ces gens. Tous ces gens! La promesse est pour eux. Le royaume de Dieu est pour eux.

Ce sera une belle surprise, pour les femmes et les hommes de ce coin de pays, si chaque fois qu’ils sont en présence des chrétiens, ils sentent ce petit miracle: s’ils se sentent rappelés par notre regard à la dignité qui est la leur: la dignité d’enfants-trésor de Dieu!

Car ce n’est pas rien, un être humain. C’est la plus grande merveille de la création! Et c’est à nous de le rappeler, par le regard que nous posons sur chacun(e). C’est à nous de le rappeler à celles et ceux qui en doutent ou qui l’ont oublié, parce qu’on les a par trop négligés, méprisés ou rejetés.

 

 
Après le regard, seconde piste pour notre mission: Jésus voit la foule et, nous dit l’évangile, et il est saisi de compassion. En fait, le verbe qui exprime cela est très fort. Vous le savez peut-être, on pourrait presque traduire “Jésus est pris aux tripes”.

Notre mission, c’est aussi cette empathie, ce bouleversement du coeur et du ventre devant toutes les misères, toutes les détresses et les blessures infligées aux créatures de Dieu. Bien sûr, ce n’est pas vraiment facile, cette compassion aujourd’hui, assaillis que nous sommes par tant d’images, par trop d’émotions exploitées pour nous manoeuvrer... On doit se blinder, ou alors on craque, submergé. Pas facile, non, de rester nous-même et de réagir positivement (d’agir!), à l’image d’un Abbé Pierre ou d’un Raoul Follereau.

Savoir encore s’émouvoir positivement pour notre peuple, celui de notre canton comme celui de notre terre. Partager ses peines et ses joies. Redécouvrir la spontanéité, la chaleur. L’empathie. Réapprendre à rire avec ceux qui rient, et à pleurer avec ceux qui pleurent. Et retrouver ce grand trésor qui est au-delà des rires et des pleurs: la joie que nous donne le Christ.

Oui, c’est sur le terrain, et c’est chaque jour, que le peuple vaudois attend les ministres et les laïcs de notre Eglise. Dans les rues, dans les sociétés, dans les quartiers ou les villages, (solidaires si possible!). Partout où les hommes et les femmes de ce temps se débrouillent comme ils peuvent, au corps à corps avec les problèmes et les émerveillements de l’existence. Elle est là, chers amis, notre mission à tou(te)s, de paroisse, d’Eglise.

C’est au milieu de ces gens-là que nous avons à témoigner de notre joie. Sans distance et sans défenses.

Et elle est fondée, cette joie! La moisson est abondante, dit Jésus! Le royaume de Dieu s’est approché! Ils sont aimés de Dieu, toutes celles et tous ceux qui nous entourent! - Ils sont aimés de Dieu, mais souvent ils ne le savent pas (ou peut-être qu’ils ne le savent que de manière superficielle, sans en discerner les dimensions, la profondeur... et les conséquences!). Ils sont sauvés, mais ils ne le savent pas, et c’est à nous de le leur dire.

Et le dire pas seulement bien sûr avec des mots. Mais le montrer aussi, le vivre, par nos gestes, par notre confiance et notre respect; par notre résistance à la violence et à la peur; par la chaleur humaine dont nous pouvons rayonner...

Que faisait Jésus? Il bougeait. Il parcourait le pays, il enseignait; il guérissait, il libérait. C’est ce qu’ont fait ses disciples après lui, et c’est ce à quoi nous sommes appelés aujourd’hui, aussi.

Si chaque souffrance; si chaque détresse; si chaque peur ou chaque tristesse rencontrait aujourd’hui l’attention et le geste concret de l’une ou de l’un d’entre nous... Ne croyez-vous pas que le royaume de Dieu, au milieu de nous, fleurirait?

Je crois qu’est revenu le temps du service. Du témoignage très concret et proche, sans grand discours, mais avec des kilotonnes d’humanité et de tendresse. Je crois qu’est revenue fort de chez fort la nécessité pour notre Eglise d’être une Eglise-pour-les-autres, et pour les plus fragiles en priorité; la nécessité pour notre paroisse d’être une paroisse-pour-les-autres, et pour les plus fragiles en premier.

 

 
Après le regard et la compassion, troisième piste: Jésus parle à ses disciples de brebis et de berger.

Cela signifie que la détresse qu’il voit, cette détresse qui lui serre le coeur, elle n’est pas d’abord la souffrance des individus; mais une détresse collective. C’est de notre peuple qu’il s’agit d’abord. De notre peuple dans son individualisme, dans son isolement, son émiettement.

Rétablir des liens; tisser des relations; susciter des solidarités; proposer des collaborations; réunir... telle est la mission de l’Eglise. Oser affirmer la communauté à l’époque du “chacun pour soi”.

Il y a quelque temps, la TV nous racontait l’histoire d’un grand troupeau de moutons surpris par les premières neiges en Isère. Un berger disait comment il avait dû, avec ses compagnons, brasser la neige, pour rejoindre ses brebis figées par la peur et le froid. Et, devant les bêtes, faire la trace, créer un chemin.

Le peuple de chez nous, bloqué par la froidure de ses soucis, ne ressemble-t-il pas à ce troupeau? Il y a maintenant des traces à faire, des chemins à montrer, des communications à rétablir. Il y a des mouvements à susciter, des solidarités à proposer, des réconciliations à opérer. Et pour nous, cela commence par notre paroisse, qu’il s’agit de vivifier aujourd’hui, joyeusement et pleinement, en allant de l’avant, sans regretter le passé, qui n’est plus.

Il paraît que le mouvement se prouve en marchant. Eh bien, marchons ensemble, et nous verrons comment ça réchauffe!

 
 

Le regard. La compassion. La relation. Et puis, quatrième et dernière piste que je mentionne ici: la prière. Jésus nous invite à prier pour que Dieu envoie des ouvriers dans sa moisson.

Cela nous rappelle l’essentiel: c’est que Dieu s’engage lui-même dans notre histoire. Nous ne sommes pas tout seuls avec nos petites initiatives, nos petites idées, nos petits projets. Non, nous sommes les instruments du grand dessein de Dieu, lui qui, à tout moment, inspire d’autres personnes autour de nous, à tout moment embauche d’autres ouvriers, nouveaux, dans le grand travail de sa moisson.

Et si nous prions, comme Jésus nous y invite, nous éviterons de dramatiser notre responsabilité en croyant porter sur nos épaules le poids du “peuple vaudois tout entier”. C’est Dieu qui nous tient tous dans ses mains: le peuple, l’Assemblée paroissiale, le Conseil, les ministres...

Et puis, cette prière aura un autre effet encore: elle nous ouvrira aux autres, et elle nous montrera ce que chacun apporte à l’oeuvre commune.  Car les femmes et les hommes qui nous entourent sont tou(te)s porteurs de quelque chose qui leur vient de Dieu. C’est la mission des chrétiens, et c’est aussi notre joie, de regarder chacun avec cette vision renouvelée: les femmes et les hommes de nos villages portent tou(te)s une petite lumière en eux.

Cette lumière, puissions-nous savoir la repérer. Et l’accueillir! Et la révéler!

Vaste programme! Vaste moisson!

Chers ouvriers, chères ouvrières, que le Saint-Esprit nous soutienne! Amen                                          

 
 
Georges Favez et Jean-Jacques Corbaz 



dimanche 6 mars 2016

(Pr, Hu) Habiter au Paradis, ça te fait envie ?!?

Prédication du 6 mars, Brandons de Grandson

Lectures: Genèse 1, 25-28; Genèse 2, 7-9; Matthieu 6, 24-27 + 33
 
C’est comme une fois, y a le père Ouin-Ouin, 83 ans, qui se confie à son médecin:
- Docteur, j’ai l’impression que ma femme devient sourde.
- Ah, répond le toubib. Mais c’est léger, ou déjà prononcé, cette surdité?
- Oh ben, c’est difficile à dire...
- Ecoutez, vous allez faire un test. Vous vous placez à une quinzaine de mètres d’elle, et vous lui posez une question. Si elle ne répond pas, vous vous approchez et répétez jusqu’à ce qu’elle réagisse. ...
C’est ainsi qu’en rentrant, le père Ouin-Ouin voit sa femme qui prépare à manger. Du corridor, il lui demande:
- Qu’est-ce que tu fais pour dîner?
Pas de réponse. Alors, le père Ouin-Ouin fait trois pas, et renouvelle sa question. Toujours rien. Il se rapproche encore, deux fois, même jeu, même résultat. Ce n’est que lorsqu’il est à un mètre qu’il l’entend hurler:
- Pour la cinquième fois: DES ROESTIS!!

 

 

Chers amis, je me demande parfois si nous ne serions pas avec Dieu comme le père Ouin-Ouin avec sa femme. Nous disons qu’il doit être sourd, puisqu’il ne répond pas à nos prières. Mais... et si c’était nous qui n’entendions pas ses réponses?

Le Créateur nous donne un monde beau et bon, agréable et délicieux, dit la Bible à sa première page. Et il nous demande d’en prendre soin. Il nous en confie la responsabilité.

S’il pleut un peu trop souvent à votre goût, les amis, ne pensez-vous pas parfois que c’est parce que Dieu pleure? Que le Ciel est triste de nous voir accaparer un max, plutôt que choyer la nature comme un trésor précieux (la nature et les autres vivants, humains, plantes ou animaux), car nous la jouons perso en visant notre enrichissement à nous, au détriment des autres?

Le Jardin d’Eden, que la Bible appelle aussi le Paradis, est un lieu de délices. Son nom veut dire “jouissance”. Alors, mais oui, la Bible nous appelle à jouir! Vous ne le saviez pas?!

En ce jour de fête des Brandons, il est bon de rappeler cet objectif de Dieu pour nous. Jouissez! Et ré-jouissez encore!

- Attends, mais ça va pas?!? Si vous osiez m’interrompre (ou si vous étiez assez réveillés pour réagir de manière critique, après une nuit blanche, ou grise, ou bleu-pâle...), si vous en aviez le culot, vous m’enverriez chez le psychiatre! Car la Bible nous dit aussi que, dans ce paradis, nous n’y vivons plus. Que nous en avons été chassés. Avant même qu’Adam et Eve n’aient enfanté, eh bien les premiers videurs sévissaient déjà. Zou! Loin du bal!

Alors, écoutez-moi bien. Je vous fais un café?
 

 
Le Jardin d’Eden, le Paradis, c’est le lieu normal que Dieu a préparé pour nous. Ce n’est pas bien sûr un endroit de la géographie; et ce récit n’est pas non plus, évidemment, quelque chose qui a eu lieu dans l’histoire du passé, ou dans la préhistoire. C’est quelque chose qui se passe aujourd’hui. Et dont tu es l’acteur principal, la personne la plus concernée! C’est une histoire dont tu es le héros, en somme.

Ce récit est un symbole de notre manière de vivre. J’habite, tu habites aujourd’hui au Paradis, tu le savais pas? Dieu m’y a placé pour que j’y sois pleinement heureux. Toi aussi. Aux Brandons comme à la maison.

Et ce jardin de jouissance, je m’en chasse moi-même chaque fois que je me conduis de manière égoïste; chaque fois que je mets au premier plan mes intérêts matériels à moi plutôt que ceux de tous les vivants ensemble. Tu comprends? Quand je joue à “moi d’abord”, je me sors du paradis moi-même.

C’est ça, le “fruit défendu”, au fait. C’est d’oublier le projet de Dieu, le bien des autres vivants, et de ne penser qu’au mien (au singulier, au mien... si vous le mettez au pluriel, c’est déjà un progrès!).

“Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et la justice que le Créateur demande. Il vous donnera tout le reste en plus”. Tu vois le rapport?

Jouis, mais pas tout seul! Sois heureux, mais rend heureux les autres, et le monde, et la vie! D’ailleurs, heureux, tu le seras mille fois plus si tu n’es pas heureux tout seul, tu vois!

Jouis, mais pas tout seul! Jouis, et ré-jouis les autres, tu jouiras mille fois mieux! Tu vivras au paradis!



 

Ecoutez pour conclure ce joli texte que j’aime beaucoup, signé Christiane Favre.

“Nous sommes très intelligents. Si, si, ne soyons pas modestes. Nous sommes les seuls descendants de la grande famille des primates à inventer des machines qui travaillent à notre place.

Elles font tout ce que nous n’avons plus envie de faire, presser des citrons, (préparer les roestis), distribuer les billets de banque, fabriquer des voitures. Et même construire des maisons. Absolument. J’apprends qu’au Japon, on n’a bientôt plus besoin de main-d’oeuvre. Un gigantesque engin peut assembler tout un immeuble, étage par étage, comme un grand Meccano, avec des morceaux préfabriqués en usine par d’autres robots. Qui ne font pas la pause des quatre-heures, n’attrapent pas la grippe, ne carburent pas à la bière et ne sont pas syndiqués. C’est dire à quel point ils sont performants.

Je comprends qu’on nous les préfère.

Mais à ce train-là, notre seul boulot sur cette terre sera bientôt de concevoir, construire et entretenir les robots. Et encore. Un type plus intelligent que les autres finira bien par inventer un androïde qui fera mieux que nous.

À ce moment-là, nous ne serons plus du tout indispensables.

Vous me direz que nous aurons enfin de très longues vacances. Oui. Mais il y aura un problème. Les robots peuvent tout faire, sauf consommer et payer des impôts. J’ai peur que l’Etat ne puisse plus nous offrir des congés payés.

Enfin, ne voyons pas toujours les choses en noir. Nous aurons du temps. Nous vivrons de chasse et de cueillette et, n’ayant plus les moyens d’habiter dans les immeubles que les robots ont construits à notre place, nous remonterons dans les arbres pour y loger chez nos cousins. Les singes.

La famille, y a que ça de vrai quand on est dans la mouise. 


(Christiane Favre)

Hem! Reste à espérer que nos cousins primates ne soient pas sourds... Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz