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dimanche 3 mai 2015

(Pr, Vu) L’escrimeur de la paix, le poisson et la prière

Lectures: Michée 4, 1-4; Ephésiens 4, 29-32

L’œuvre ci-dessous est un tableau de Joseph Martin, qui habite Grandson. Photographe, artiste, devenu un ami depuis que je suis dans la paroisse.



Vous y voyez un escrimeur. À première vue, l’épée évoque davantage la violence que la paix. Mais là, ce n’est pas une épée! C’est un fleuret, « arme » qui n’a pas de tranchant, et avec laquelle on n’a le droit de toucher l’adversaire que de la pointe (laquelle est en fait un bouton, rien qui puisse faire mal. Les fleurettistes sont d’ailleurs très bien protégés, par des masques et des habits qui empêchent toute blessure). Vous connaissez peut-être l’expression « à fleurets mouchetés », qui désigne un débat dans lequel on veille à ne pas attaquer violemment l’adversaire.

Or, « à fleurets mouchetés » rend très bien le message des versets de la lettre aux Ephésiens que nous venons de lire. Discuter, débattre, se rencontrer, se « controverser » parmi, vivre proches, oui, mais dans le respect de l’autre, en gardant toujours la préoccupation première de ne pas le blesser, de ne pas lui faire du mal, intentionnellement ou par mégarde. Eviter les cris et les insultes, ne dire que des paroles utiles (autant que possible!)… Voilà comment nous réjouissons l’Esprit de Dieu. Voilà comment nous favorisons la paix, déjà.

Le fleuret de l’escrimeur de gauche se transforme d’ailleurs en canne à pêche; nous rappelant le verset qu’Alizée nous a cité tout à l’heure, où Jésus dit « Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Marc 1, 17). Oui, le Christ a besoin de nous, de nos mains, de nos voix pour que la paix puisse régner sur notre terre.



Au bout du fil, un poisson. Vous savez certainement que le poisson a été, depuis les débuts du christianisme, un symbole essentiel pour les chrétiens. En particulier, sous les persécutions, dessiner un poisson était un signe de reconnaissance, une manière de dire sa foi sans risquer d’être dénoncé par les Romains.

Le poisson est riche de significations symboliques. En plus des pêcheurs d’hommes, il renvoie au baptême et à la résurrection, entre autres. Mais surtout, il est, en grec ancien (langue du Nouveau Testament) un jeu de mots puisque c'est l'acrostiche de la première confession de foi, à la base du christianisme: « Jésus-Christ fils de Dieu, sauveur ».

En effet, si on prend la première lettre des cinq mots grecs qui signifient « Jésus-Christ fils de Dieu, sauveur », on trouve le mot Ichthus, qui veut dire en grec poisson.
•    I    (I, Iota) : Ἰησοῦς / Iêsoûs (« Jésus »)
•    Χ  (KH, Khi) : Χριστὸς / Khristòs (« Christ »)
•    Θ  (TH, Thêta) : Θεοῦ / Theoû (« de Dieu »)
•    Υ  (U, Upsilon) : Υἱὸς / Huiòs (« fils »)
•    Σ   (S, Sigma) : Σωτήρ / Sôtếr (« sauveur »)



« Jésus-Christ fils de Dieu, sauveur ». Le poisson représente donc Jésus!
Or l’escrimeur de droite dirige son fleuret contre le poisson, marqué par une croix.

Jolie manière de dire le mystère de Vendredi-saint! Car l’essentiel du christianisme, c’est ceci: Jésus refuse la violence et les agressions, il s’interpose entre nos attaques et les personnes attaquées. Nos actes de haine, c’est Lui qui les prend contre lui, pour les détourner de nous. Sur la croix, il meurt de ce qui aurait dû nous tuer, nous. Jésus-Christ fils de Dieu est notre sauveur justement à cause de cela.


En haut à droite du tableau, on peut voir un autre symbole du Christ, que Joseph a joliment détourné: un chrisme. Il s’agit des deux premières lettres du nom du Christ, le khi (qui s’écrit « X ») et le rhô (qui s’écrit « P », comme en russe). Le chrisme de base a donc cette forme: 
Souvent, le chrisme est complété par deux autres lettres, l’alpha et l’oméga, la première et la dernière lettre de l’alphabet grec (qui rappellent que, selon l’Apocalypse, Jésus Christ est le commencement et la fin). Ce sigle complété se présente alors comme ceci:

Le « chrisme » de Joseph, vous le voyez, remplace les lettres rhô, alpha et oméga par celles du mot « paix » en latin, PAX. Et le grand khi est formé de deux fleurets!



J’aime bien cette manière de détourner les armes pour promouvoir la paix. Elle renvoie au prophète Michée, dans la belle parole biblique que nous venons de lire. « Ils feront fondre leurs épées pour en faire des pioches, et leurs lances pour fabriquer des faucilles. Chacun alors pourra vivre en paix ». Quelle magnifique promesse!

Pourtant, vous le savez, il suffit d’ouvrir un journal ou d’allumer sa TV pour constater que la paix ne règne pas, mais pas du tout, sur notre terre! En particulier, les violences contre les chrétiens se multiplient, au Proche-Orient, mais aussi en Afrique, je pense au Nigeria. Problème. Si Jésus s’interpose entre la violence et les humains, pourquoi continue-t-il d’y avoir des victimes?

La réponse nous est donnée par un des petits panneaux que nous avons placés à côté de moi avec les catéchumènes: Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres, pour réaliser sa volonté. Pas d’autres bras, d’autres jambes pour protéger les victimes. Pas d’autre porte-monnaie pour organiser les secours. Pas d’autre bouche pour appeler à l’amour. Si nous attendons passivement que le Christ protège les faibles, les victimes, il ne se passera pas grand-chose… Mais si ses paroles nous mettent en route, nous incitent à cultiver les graines de paix qu’il nous offre, alors, oui, le monde vivra mieux, la réconciliation grandira.





Prions donc pour la paix, oui, c’est important. Mais d’une prière qui nous mette en route, nous aussi, pour devenir des instruments de la volonté de Dieu. Chacun(e), faisons fondre nos armes, nos tranchants, nos envies d’agresser les autres, faisons-les fondre au soleil de la passion de Dieu pour nous. Transformons-les en outils qui nourrissent, qui fassent du bien. Alors nous deviendrons réellement des ouvriers de la paix de Dieu, des bâtisseurs de son amour. Amen

Jean-Jacques Corbaz


(voir aussi "L'épée de Jésus et celle de Charlemagne", http://textesdejjcorbaz.blogspot.ch/2016/09/pr-vu-sb-fa-lepee-de-jesus-et-celle-de.html)















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