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dimanche 23 septembre 2018

(Pr) "Pas isolément, SVP!”

Choisis la vie!

Lectures: Deutéronome 30, 15-19; Matthieu 5, 14-17; 1 Corinthiens 2, 1-2


Il y a quelques années, une réclame dans un journal disait ceci: “Faites fortune en un temps record! Le secret de la richesse vous sera révélé! Contre le versement de 500.- sur le compte X, vous recevrez par retour du courrier la recette garantie pour gagner très facilement des quantités d’argent!”

Ceux qui versaient la somme demandée recevaient la fameuse recette; elle tenait en trois mots: “Faites comme moi!!”
  


Des méthodes qui promettent la réussite, eh bien, les journaux en sont pleins. Et la TV, et internet, ô combien, et les pubs, les magasins... Partout, on nous promet que nous serons heureux! Et dans ce foisonnement, évidemment, il y a mille fois plus d’attrape-nigauds que de vraies solutions. Il y a même des gaillards qui disent que la foi chrétienne, c’est justement une de ces techniques pour le succès...

Est-ce que le fait de croire en Dieu, c’est une méthode pour être heureux? Le Deutéronome répond résolument “non”. Pendant 30 chapitres, il explique jusque dans les petits détails comment Dieu veut que nous vivions. Il y a les 10 commandements, et des centaines et des centaines d’autres. Les rabbins en ont compté 613.

Le passage que nous avons entendu en est la conclusion: ces lois, dit Moïse, elles ne sont pas inaccessibles. Ce ne sont pas des recettes ésotériques. Elles ne réclament pas des super-performances de foi, ni des convictions exceptionnelles... Ces lois ne sont pas l’apanage de quelques élues au-dessus de la moyenne. Non, elles nous concernent toutes, au ras des pâquerettes. Chacun peut s’engager dans la direction qu’elles indiquent. Elles nous appellent, toutes, à une obéissance on ne peut plus ordinaire.
 


Mais attention, ici, de ne pas partir dans une fausse direction. Nous avons la mauvaise habitude (et les protestants plus encore que les catholiques), nous avons la mauvaise habitude de lire la Bible comme si Dieu nous parlait à nous, personnellement, aujourd’hui. Or, ce grand discours de Moïse, à la fin du Deutéronome, il s’adresse à l’ensemble du peuple d’Israël. Dans les anciennes traductions, on lit: “devant toi... choisis la vie”. Merci aux traducteurs de “français courant” ou de “Parole de Vie” de mettre “vous”!

Car quand Moïse dit “tu”, il ne parle pas à une personne isolée, mais à une communauté rassemblée: au peuple d’Israël.

Ce passage du Deutéronome ne s’adresse donc pas à Yves, à Marianne ou Jean-Samuel. Il interpelle l’Eglise entière, la communauté des croyants. C’est elle qui peut choisir la vie plutôt que la mort; le bonheur plutôt que la malédiction. C’est ensemble que nous allons marcher sur les chemins de Dieu ou au contraire sur ceux qui s’en écartent. L’enjeu n’est pas tant la vie ou la mort d’une personne, mais celle de tout un peuple!

Cette précision permet de ne pas nous tromper sur ce mot de “vie”. Il ne s’agit pas de préserver l’existence d’un individu à tout prix. Ici, la vie, c’est la solidarité; le corps dans son ensemble. Quand une personne arrive au terme d’une maladie incurable,  la vie dont parle la Bible, ce n’est pas forcément l’acharnement thérapeutique, la lutte pour nous prolonger à tout prix. Le décès peut être un choix plus vivant que la poursuite d’une existence de souffrances sans espoir.


“Choisis la vie”, ça veut donc dire: les 30 chapitres précédents, qui expliquent en long et en travers la volonté de Dieu pour vous, c’est cela le chemin du bonheur. En avançant sur cette voie, jour après jour, solidaires, vous le verrez: vous serez authentiquement vivants; animés du souffle même de Dieu, de sa Vie majuscule, qui transfigure les nôtres!

La foi n’est pas une méthode, mais c’est un choix fondamental, qui s’opère en communauté (pour nous, en paroisse, en Eglise), un choix qui se vérifie dans la pratique toute quotidienne de l’amour les unes des autres.

Pas pour faire plaisir à Dieu! Pas pour prouver que nous sommes de bonnes croyantes (prouver à qui, d’ailleurs?). Mais: pour que nous soyons heureux! Parce que ce chemin de la foi, c’est ce qui nous permettra de vivre le mieux ensemble: ne pas tuer, ne pas voler ou frauder, respecter ses parents, c’est cela qui permet à un peuple de garder de bonnes relations internes.

Attention donc: la “mort” ou la malédiction dont on parle ici, ce ne sont pas des punitions que Dieu nous infligerait pour nos désobéissances. Quel mal ont fait de telles interprétations! Non, la “mort” ou la malédiction sont ici les conséquences logiques des violences humaines, de nos égoïsmes.

Vous le voyez, le Deutéronome pense que la loi est bonne et utile! “C’est pour ton bien!” On est très loin des commandements légalistes des pharisiens contemporains de Jésus. C’est plutôt, en termes modernes, d’une éthique dont nous parle notre passage de ce matin. D’un style de vie. De valeurs.
   

Aujourd’hui encore, le Deutéronome nous l’affirme: si vous voulez parvenir au bonheur, il n’y a pas de truc miracle ou de recette infaillible. Vous n’y arriverez ni en payant; ni en souffrant; ni en restant les bras croisés!

Le seul chemin, il est à parcourir, pas tout seul, mais ensemble. Reliés. Solidaires. Aimer son prochain, respecter ce qu’il possède; chercher à l’écouter, à le comprendre avant de le critiquer ou de le démolir... Ensemble, vous verrez que ce chemin permet d’être merveilleusement vivants, même dans la souffrance ou dans la mort.
   

Un dernier mot: cet humble chemin, c’est exactement celui qu’a parcouru Jésus. Lui, il a été jusqu’au bout de l’amour des autres. Ça l’a mené sur la croix: il a choisi la Vie, dans la mort, pour qu’avec lui nous soyons réellement vivants! Amen

Jean-Jacques Corbaz 



dimanche 16 septembre 2018

(Pr, Ré, Hu) À l'heure de Dieu: Jeûne de faire?

Prédication du Jeûne Fédéral, 16 septembre ‘18: "Et si on respirait?"

Lectures: Matthieu 6, 5-6, 24-27; Matthieu 18, 12-14; Luc 12, 33-34


L’autre jour, je rencontre un ami dont le patron soigne une tumeur cancéreuse plutôt inquiétante. “Comment il va?” je demande.

“Eh bien, nettement mieux, répond mon ami. Le traitement est efficace, ça lui fait du bien. Il a retrouvé ses forces, quel plaisir! On peut presque dire qu’il est redevenu comme avant.”

Et puis mon ami se reprend et ajoute: “En fait non, il n’est plus comme avant. Maintenant, il prend le temps de vivre. Il joue avec ses petits-enfants, il leur fait découvrir les beautés de la nature. Il pense moins au travail, on dirait que sa maladie lui a fait retrouver un nouveau goût de vivre, et des autres valeurs. Il passe plus de temps avec ceux qu’il aime, et moins dans son entreprise.”
 


Ces mots m’ont fait beaucoup réfléchir. Je me demande si nous ne sommes pas tous un peu comme ce patron. Notre système de société, notre style de vie nous poussent à travailler, à produire,  à faire plutôt qu’à être. À avoir plutôt qu’à aimer. Et il est bien dommage que ce soient souvent des maladies ou des accidents qui nous obligent à revoir nos priorités.

Sur une montre qu’on m’a offerte il y a quelques années, on avait gravé ce texte: “Prends le temps de vivre amicalement avec toi-même”. C’est le début de la règle de la communauté protestante de Reuilly, en France. Et c’est surtout une belle injonction pour nous, gens stressés du 21è siècle, à l’occasion de ce Jeûne Fédéral.

“Prends le temps de vivre amicalement avec toi-même”. C’est également une conséquence logique des promesses de l’évangile, en particulier telles que les ont développées et mises en valeur les Réformateurs comme Luther et Calvin: Dieu nous aime gratuitement, comme nous sommes, sans nous demander de faire ceci ou cela pour mériter sa tendresse. Il nous sauve par grâce, par libre choix. Ce ne sont pas nos actes, nos oeuvres, qui nous permettent d’entrer au Paradis, non: c’est le pardon divin, attesté sur la croix. Depuis que Jésus est mort pour nous, notre Jugement Dernier a déjà eu lieu. Nous sommes sauvés depuis 2000 ans!
  


Vous voyez sans doute la logique: si Christ nous accorde le Bon Dieu sans condition (je veux dire: le Paradis gratis pro Deo!), alors nos vies peuvent être mieux libérées du souci de faire, de produire; de rentabiliser et d’amasser.

Elles peuvent, mais ce n’est pas automatique, hélas! Et nous le savons bien: ce n’est surtout pas facile du tout. Parce que ce siècle, qui s’est tant éloigné des valeurs chrétiennes, nous contamine dangereusement. Matérialisme; rendement; paraître; avoir... Qu’il est difficile de résister à ces virus qui se propagent partout, insidieusement!

Il faut énormément de caractère, de volonté, pour ne pas nous laisser entraîner à courir avec la foule derrière le “faire”- (le “faire” qui repasse sans cesse! - veuillez m’excuser, je n’ai pas pu résister à ce jeu de mot)!

Pour garder nos priorités, pour mieux tenir bon, il est utile de relire souvent l’Evangile. De s’arrêter. De respirer. De prier! De jeûner aussi, pas forcément au sens de se priver de nourriture, mais plutôt de faire une pause dans notre manière de vivre... et dans notre manière de courir! Important aussi de méditer souvent le verset “Ne vous inquiétez pas du lendemain...”.

Quand Jésus dit “Pour prier, ferme ta porte”, je le comprends ainsi: comme un appel à s’éloigner du monde, de ses pressions et de ses fausses priorités. Quand tu veux te rapprocher de Dieu, écarte-toi du tumulte, des désirs d’avoir, et rends-toi disponible  à Celui qui n’est que gratuité, douceur et paix.


C’est ainsi que ce Jeûne Fédéral nous invite à cultiver assidûment notre relation avec l’Evangile. L’Evangile qui est une force de résistance à cette mode insidieuse qui voudrait nous faire croire que le bonheur s’achète; que plus on possède et plus on est épanoui; que plus on fait, et meilleur on est.

Compétition sociale... Repli sur une identité, par peur des autres... Violence... Tous ces maux de notre époque, si nous voulons les éviter, nécessitent un antidote, tissé de relation sereine avec le Ciel; de contemplation; de prise de distance d’avec ce qui nous agresse. Puissions-nous y travailler en nous-même. Du coup notre Terre deviendra plus vivable!

Puissions-nous aussi créer ou favoriser davantage de lieux et d’occasions où nos contemporains puissent vivre ce travail intérieur de rapprochement avec le Christ, notre Prince de Paix.

 

Et si nous n’avons pas le temps d’ouvrir notre Bible ou de nous joindre à un groupe de méditation, si nous sommes trop pressés, je nous encourage à au moins graver quelque part bien en vue (sur notre montre, sur notre agenda, nos calendriers... sur notre coeur) je nous encourage à graver en lettres d’or ces mots tout simples:
“Prends le temps de vivre amicalement avec toi-même”.
Amen 
                                         

Jean-Jacques Corbaz 


 
 

 
 
(après l’interlude, ce texte que j’aime, et qui aborde notre thème sous un angle à peine différent:)


Un plombier britannique compte traverser l'Atlantique à la rame...


La nouvelle a pu vous échapper, cachée qu'elle était dans un cahier secondaire du journal. C'est pourtant une nouvelle importante. Une nouvelle qui nous dit que l'homme s'ennuie. Rien de moins.

Le dimanche matin, il boit son café et lave sa voiture, mais que voulez-vous qu'il fasse d'autre le dimanche après-midi sinon traverser l'Atlantique à la rame ?

Dieu a créé l'homme pour le défi, pour le record, pour le parcours du combattant, pour le dépassement. Disons-le, Dieu a créé l'homme pour l'impossible.

Or, qu'est-il arrivé ? On l'a vu, l'homme, après avoir bien répondu à la volonté de Dieu au tout début, après s'être épuisé à frotter des pierres pour faire du feu, après avoir mené vaillamment quelques guerres de cent ans et gagné quelques trophées dans la boue, l'homme a inventé la serviette de plage, la crème à bronzer... et il a inventé aussi les athlètes professionnels pour gagner des trophées dans la boue à sa place.

Mais, le voilà maintenant qui s'ennuie, parce que ce n'est pas pour ça que Dieu l'a créé. Je vous l'ai dit, nous sommes faits pour le défi.

Attendez-vous donc à rencontrer de plus en plus de plombiers sur l'Atlantique... Et si par malchance vos lavabos sont bouchés, patience : sachez qu'un plombier moyennement en forme met environ quatre mois pour traverser l'Atlantique à la rame.

Pierre Foglia, La Presse (Montréal), 2.7.1988  


 



vendredi 14 septembre 2018

(Hu) rapace qui fleurit

Quel est le rapace qui fleurit quand il n'est pas coupé en deux?


L'aigle!





 Quand il fleurit, c'est un aigle entier...

J-J Corbaz

(Ci) Pas pratiquant...

De Jean-François Ramelet
Combien de fois ai-je entendu : "Je ne suis pas pratiquant !" Mais il y a méprise totale, car on ne pratique pas à l'église. A l'église, on s'y ressource, on s'y oriente, on s'y décentre, on se met à l'écoute d'une autre Parole que la nôtre, on y affûte notre esprit critique, c'est essentiel ! Mais quand comprendra-t-on enfin que c'est dans le monde et dans notre relation aux autres et à la création que l'on est appelé à pratiquer !