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mardi 20 septembre 2022

(Bi, Ré) Sparte et la solidarité


Au IVè siècle avant notre ère, la Grèce connut une importante disette. Misère, famine, troubles sociaux...

Au pire de la crise, la ville de Sparte envoya à Smyrne une grosse quantité de blé. Etonnement, remerciements: « Mais comment avez-vous fait pour disposer de toute cette nourriture? »

« C'est simple, répondirent les Spartiates: nous avons jeûné un jour, et c'est la farine ainsi économisée que nous vous envoyons. »

Jésus n'était pas encore né, et les habitants de Laconie ignoraient tout de l'évangile. Ça ne les a pas empêchés de nous donner une sacrée leçon de solidarité.

Sacrée, c'est le cas de dire! À méditer, en ce Jeûne Fédéral! Connaissez-vous celui qui a dit: « Va, et fais de même »?

Jean-Jacques Corbaz

lundi 12 septembre 2022

(Pr) La forme de Dieu, l'amour et l'eau fraîche - Prédication des 11 et 12 septembre 2022

Lectures:  1 Jean 4, 7-12;  Jean 3, 16-17

Quelle est la forme de l’eau? Vous vous en doutez, elle n’est ni ronde ni carrée; bien sûr! Elle n’a pas de forme stable. Mais, quand on la verse dans un verre, l’eau prend la forme de ce verre. C’est évident!

Eh bien, savez-vous: Dieu est comme l’eau. Lui non plus n’a pas de forme fixe. Il n’est ni le bon papa rond et poussif qui laisserait tout passer. Ni le juge sec et carré qui guetterait nos fautes pour les punir. Dieu n’a pas de forme définie, il prend celle du “récipient” où on le verse.

Le récipient, c’est-à-dire nous! Nous, avec nos idées, nos besoins, nos préjugés.    Nos peurs aussi...

Alors on décrit parfois Dieu comme un seigneur du Moyen Âge exerçant droit de vie et de mort sur ses sujets. Ou bien on en parle comme d’un vieux prof à moitié gâteux, maniaque et obsédé par la pureté sexuelle... Ou encore, à choix: un gendarme; un calmant qui apaise et console; un gigantesque ordinateur où chaque événement serait déjà inscrit et prévu à l’avance; une promesse pour l’au-delà, et l’au-delà seulement... Je vous laisse continuer la liste... en fonction de vos projections personnelles! - Et bien sûr, toutes ces images ressemblent à Dieu autant que notre verre d’eau ressemble à l’océan!


 


Voilà pourquoi la Bible ne décrit jamais Jésus! Déjà, l’Ancien Testament s’était magistralement fourré le doigt dans l’oeil avec des expressions qu’on a traduit par “L’Eternel des armées” ou “Dieu tout-puissant” (j’en ai parlé il y a quelque temps, et j’y reviendrai). Moi, je préfèrerais “Dieu désarmé” ou “tout-compatissant”. En tout cas pas “tout-punissant”, pas de “n”... pas de haine!

Alors, le Nouveau Testament (NT), qui raconte la vie de Jésus, ne parle jamais de son apparence, ni de sa forme, ni de son visage. Etait-il blond ou brun? Gros ou maigre? Grand ou petit? Barbu, chevelu ou chauve? Ressemblait-il davantage à Donald Trump, ou à Nick Kyrgios, ou à Xherdan Shaqiri - voire à la Joconde?!?     On ne sait pas. Mystère.

La seule chose que dit l’évangile, c’est “Dieu est amour”. Pas très précis! Surtout que l’amour, lui aussi, prend la forme de celui ou de celle qui aime! L’amour d’un ado de 15 ans pour sa petite amie est bien différent de celui qui relie un couple d’âge mûr; différent de l’amour d’une maman pour son bébé; ou d’un nonagénaire pour ses arrière-petits-enfants!

“Dieu est amour”. Mais attention, le NT ne s’arrête pas là! Il va plus loin. Vous avez remarqué? Dieu est un amour qui nous fait nous aimer, les uns les autres. Pas un Dieu-calmant seulement, mais un Dieu moteur aussi, un Dieu qui envoie, qui donne des forces pour agir! Dieu n’est pas un amour à mettre en conserve, surtout, comme potion-miracle au cas où (casser le bocal en cas d’urgence!). Dieu est un amour à nourrir, à cultiver, à faire grandir.


Par exemple, si on vous offre un cep de vigne (puisque nous sommes en pays viticole); vous aurez de bons raisins ces prochains automnes... à condition, voui bien sûr, à condition de ne pas laisser la plante dans son cornet! Il faudra la mettre en terre; l’arroser, la soigner; désherber, traiter, tailler; puis rebioller et attacher; sulfater encore, surveiller; protéger des merles et des étourneaux...

Il serait idiot de laisser la jeune souche au fond d’une armoire et d’attendre que les grappes poussent toutes seules. C’est évident! Eh bien, avec Dieu, c’est la même chose! N’espérons pas des fruits agréables pour notre vie si nous ne cultivons pas l’amour du Christ, si nous ne l’entretenons pas; si nous ne le nourrissons pas!

Dieu peut nous apporter une vie pleine, heureuse et lumineuse. Mais si nous laissons son amour se dessécher dans un recoin de notre coeur, ne nous étonnons pas si notre attente est déçue! Que ce soit pour Ian et Paul, que nous venons de baptiser; que ce soit pour leurs proches, parents, parrains, marraines, leurs frère et soeur; que ce soit pour chacun.e de nous, qui les entourons en ce jour de fête: cultivons!

Mais attention, comprenons-nous bien: cultiver l’amour de Dieu, l’entretenir, ce n’est pas forcément venir au culte ou prier en fermant les yeux. Ça, c’est une des manières, ce n’est pas la seule, puisque nous disions tout-à-l’heure que Dieu, comme l’amour et comme l’eau, prend la forme de celui ou celle qui l’accueille! C’est une des manières, ou plutôt c’est celle qui veut mettre en route les autres!

Cultiver l’amour de Dieu peut prendre de multiples formes concrètes en fonction de nous, de nos rêves; de nos situations, de nos besoins. Ce sera à nous d’inventer notre forme, celle que nous donnerons à notre vie entière... et à l’amour, et à Dieu là-dedans. Un défi immense, qui peut nous écraser si nous restons seuls, trop fragiles, avec nos responsabilités, nos tâches... Mais un défi que Dieu, justement, nous offre de parcourir à côté de nous, solidaire, donc solide, et amical.

Cultiver son amour. Laisser cette infinie bonté du Ciel grandir en nous, et chanter, et porter des fruits. Un amour qui donne de la force et qui ne juge pas... Un amour qui libère l’autre et qui ne le méprise pas comme nous le disions en juillet… Un amour qui respecte et qui espère.
 

Je sais, ce n’est pas toujours facile! Et Dieu sait que nous n’y arrivons que rarement! Et c’est vrai pour chacun.e. Que nous soyons enfants ou adolescents, avec d’immenses besoins d’être compris, acceptés; avec d’énormes envies de respect et de sécurité... et avec pourtant une grande difficulté souvent à donner aux autres ce que nous voudrions recevoir nous-même. Que nous soyons adultes, avec les mêmes envies et besoins, et la même difficulté, mais avec peut-être juste un peu plus d’expérience pour que ça nous fasse un peu moins souffrir... ce n’est pas toujours facile de cultiver l’amour sans juger. Un amour qui libère et qui respecte.

Et je me dis en ce 11 septembre, tragique anniversaire de la folie terroriste, je me dis que c’est justement ça qui a manqué aux auteurs de toutes les tragiques tueries qui font la une des journaux et l’inquiétude des gens normaux. Je me dis  que c’est justement ça qui a manqué aux fauteurs de guerres et à tant d’autres qui leur ressemblent. Je me dis que c’est justement ça qui manque aussi à toutes celles et tous ceux qui hurlent avec les loups contre les musulmans, ou les Russes, ou … (à votre choix?), criant à la violence, exacerbant la haine; et qui, en faisant ça, entrent dans le jeu de ceux qui n’ont comme but que de nous jeter avec violence les uns contre les autres et de susciter le chaos.

Non, ce n’est pas facile de résister aux solutions simplistes des intégristes de tous les bords. Cela demande énormément de courage et de maîtrise.

L’évangile ne nous donne pas de recette toute simple. Mais il nous donne un homme, qui nous accompagne sur ces chemins de liberté. Qui veut avec nous “chanter la liberté. Dieu veut nous sauver”, comme le disent les belles paroles que nous venons de chanter! *

Aïe-aïe-aïe, nous aurons encore besoin de nombreuses années de formation chrétienne pour entraîner cette culture-là! Activités pour enfants; catéchisme pour les ados, mais aussi pour les adultes, il y en a pour toute la vie, à progresser sur ces chemins de tolérance et de résistance à la haine et au “n”!). Quel que soit notre âge, nous avons encore de la route à faire!

Oui, que toute notre vie, depuis l’eau du baptême jusqu’à l’eau…delà (!), que toute notre vie prenne la forme d’une paix bienfaisante; d’un bonheur qui donne envie; d’une tendresse qui rayonne. Alors, nous serons en pleine forme! La forme de l’eau! La forme de l’amour! La forme de Dieu! Amen


Jean-Jacques Corbaz




* Go Down

1.    When Israel was in Egypt's land, let my people go,
Oppressed so hard they could not stand, let my people go,
Go down, Moses, 'way down in Egypt's land,
Tell old Pharaoh:  let my people go!

2.    Là-bas mon peuple est enchaîné – chante liberté!
Travaille et meurt à coups de fouet – chante liberté!
Tu vas, berger, chanter la liberté,
Cours là-bas, crie pour moi: Dieu vient vous sauver!

3.    Vos yeux, vos fronts vont se lever – chante liberté!
Vos chaînes partir en fumée – chante liberté!
Tu vas, berger, chanter la liberté,
Cours là-bas, crie pour moi: Dieu vient vous sauver!

4.    Un jour, l'espoir sera vainqueur – chante liberté!
Dieu chassera la mort, la peur – chante liberté!
Tu vas, berger, chanter la liberté,
Cours là-bas, crie pour moi: Dieu vient vous sauver!

 

Jean-Jacques Corbaz