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lundi 26 avril 2021

(Pr) Ouvrez l'oeil!

 Prédication du 26 avril 2021:   “Qui est aveugle?!?”

Lecture: Jean 9, 1-41  (suite du thème de l’aveuglement de la Veillée Pascale)


Qu’est-ce que c’est, pour vous, la lumière? … La lumière… Quand je dis «lumière», à quoi pensez-vous?

Pour moi, quand j’entends «lumière», je pense: soleil… matin… joie… espoir… vie…
 

Je voudrais maintenant vous inviter à fermer les yeux. À fermer les yeux et à imaginer.

Imaginez un homme qui n’a jamais connu la lumière. Un homme pour qui rouge, vert, orange, bleu, ce n’est toujours que du noir.

Gardez svp les yeux fermés, et essayez d’imaginer un homme pour qui le sourire de son ami est à jamais invisible. Et la féérie des fleurs. Et la symphonie dorée des arbres d’automne…

Un homme pour qui tendre la main est la seule manière de pouvoir se payer à manger; pour qui tendre la main est la seule espérance, y sentir une pièce… Un homme pour qui la voix qui s’éloigne est la plus grande déception…

Et maintenant, les yeux fermés toujours, titubant pour trouver le chemin et la charité, maintenant vous entendez:  «Dis-nous, Jésus, qui a péché pour qu’il soit né aveugle? C’est lui, ou ses parents?»

Les disciples, qui posent cette question, n’ont pas fait notre effort d’imagination. Ne serait-ce pas qu’ils sont un peu aveugles, eux aussi?

Regardez-les, maintenant, et ouvrez les yeux. Pierre, Jacques, André… Ne sont-ils pas les reflets du monde juif qui les entoure? Ne sont-ils pas imprégnés de cette superstition populaire: «Il n’y a pas de fumée sans feu»?

Personne n’a péché. Jésus est net. Personne n’a péché, cet homme est aveugle parce que le monde est monde, plongé dans la nuit de sa bêtise, dans la nuit de ses jugements trop rapides, de son injustice. Il est aveugle   parce que, dans cette nuit, le Fils de Dieu vient briller. «Je suis la lumière du monde».

Jésus est la lumière du monde. Quand j’entends «Jésus», je pense: lumière… soleil… matin… joie… espoir… vie…


La lumière déchire l’obscurité. L’aveugle retrouve la vue - et devient clairvoyant. Tandis qu’autour de lui les aveuglements du monde se dessinent.

Aveuglement des parents, qui ont peur de se compromettre, qui ont peur des juifs: «Comment il a retrouvé la vue? On ne sait pas. Demandez-lui…». Ils se défilent. Peur de se faire mal voir (mal voir… c’est le cas de le dire!!). Lâcheté. L’évangile ainsi révèle notre peur de nous faire mal voir parfois; notre lâcheté.

Se dessine aussi l’aveuglement des voisins, des amis. Leur peine à se rendre à l’évidence. Ils disent: «C’est lui!». «Non, c’est quelqu’un qui lui ressemble». «Comment ça se fait?» «Où est-il, cet homme qui d’après toi t’a rendu la vue?». Scepticisme. Peine à se réjouir de l’événement heureux chez l’autre. Là encore, notre scepticisme parfois; notre peine à nous réjouir de l’événement heureux chez l’autre.

L’aveuglement enfin et surtout des pharisiens se révèle, et c’est toute l’ironie de l’évangile de Jean qui se déploie sur leur manque de clairvoyance. Les pharisiens ont des yeux qui fonctionnent, mais ils sont aveugles, tandis que l’aveugle est clairvoyant! «Cet homme ne vient pas de Dieu, il n’observe pas le sabbat». «Toi, aveugle, tu es péché, et tu viens nous faire la leçon?!».

Leurs principes les empêchent de voir la réalité. Nos principes nous empêchent parfois de voir la réalité. Moïse fait écran entre Jésus et leurs yeux. Nous avons aussi nos écrans! Leurs théories, leurs traditions, leur passé les empêchent de voir le futur, qui est venu à leur rencontre. Nos théories, nos traditions, notre passé nous handicapent également, parfois.

 
L’aveuglement des parents, des amis, des disciples; des voisins, des pharisiens est révélé par la lumière de Jésus, qui brille au milieu de la nuit, qui dessine les failles et les aspérités. Qui révèle nos ornières; nos fuites; nos égoïsmes. Garderons-nous les yeux ouverts sur ce qu’il nous dévoile?

La lumière divise le monde. Et les voisins sont divisés. Et les parents sont partagés. Et les pharisiens ne sont plus d’accord entre eux (certains disent «il ne peut pas venir de Dieu»; mais d’autres répondent: «Comment un pécheur ferait-il des signes pareils?»

Et lui, l’aveugle - celui qu’on disait tel - l’aveugle dont Jésus a ouvert les yeux, il suit son évolution; il se déploie au soleil de ce Seigneur inattendu.

D’abord, il ne sait pas grand-chose: il n’a pas cherché à revoir Jésus, il ne sait rien de lui.

Et puis, voyez, les amis, voyez clair: c’est l’opposition des pharisiens qui renforce sa conviction (relire les vv. 24-33). C’est l’opposition des pharisiens qui renforce sa conviction. Voyez clair, les amis! Notre ténacité dans nos traditions chrétiennes peut inversement renforcer la révolte de nos adolescents, ou de nos contradicteurs.

Nos principes, s’ils sont morts comme ceux des pharisiens, notre manque d’accueil peuvent fort bien entraîner l’opposition des nos jeunes à la foi - phénomène que la psychologie moderne a d’ailleurs bien mis en évidence.

L’aveugle se déploie au soleil du Christ. Et c’est la rencontre finale avec Jésus qui lui ouvre tout à fait les yeux, Jésus qui lui révèle être le Fils de Dieu.
  


Le miracle ne provoque pas automatiquement la foi (encore un de nos vieux démons que nous avons avantage à exorciser, sinon nous allons faire fuir nos catéchumènes!). Le miracle, ici, crée plutôt la division.

Rien n’est résolu, bien sûr. Tout reste à faire. Les yeux ouverts ne sont pas le Royaume arrivé sur Terre!

Au contraire, l’homme guéri voit soudain de bien plus grandes difficultés devant lui. «Être esclave en Egypte était au fond facile; mais vivre en homme libre est bien plus difficile» écrivait Philippe Zeissig. Être aveugle en Judée était au fond facile; mais suivre le Christ en homme libre est bien plus difficile!

L’aveugle guéri se heurte soudain au scepticisme, à l’incompréhension, à l’opposition. Il voit l’égoïsme, la lâcheté, la mauvaise foi… la peur…

Jésus, en le guérissant, coupe deux cordons ombilicaux pour lui:
- la vie immobile de la charité: il devra maintenant travailler pour vivre;
- et la sécurité religieuse: il est éjecté de la synagogue.

Jésus, lui ouvrant les yeux, le fait passer de la dépendance à l’état adulte. Jésus, nous ouvrant les yeux, nous fait grandir, nous aussi. La foi au Christ n’est pas toujours sécurisante, elle est souvent responsabilisante!

Ce Jésus va-t-il continuer de nous ouvrir les yeux?
Où cela nous mènera-t-il?
C’est vous qui donnerez la réponse!
 


Amen


Jean-Jacques Corbaz   



(Pr, Bi) Les étourneaux, le loup et le bon berger

 Les étourneaux, le loup et le bon berger

La murmuration des étourneaux
C’est un spectacle étonnant que la murmuration des étourneaux. Ils tournoient ensemble dans le ciel, en offrant un ballet harmonieusement chorégraphié.
Ils restent groupés tout en évoluant avec grâce, parfaitement coordonnés les uns aux autres.
Ce phénomène est d’autant plus fascinant que pendant longtemps il est demeuré inexpliqué. Ce n’est que récemment que les scientifiques ont compris comment fonctionnent ces mouvements collectifs impliquant parfois des centaines d’oiseaux.
Ils ont découvert que chaque étourneau calque son comportement sur ses sept voisins les plus proches.
Il n’y a pas de chef. Chaque oiseau peut initier un mouvement qui sera immédiatement suivi par les autres.
Le but de ces manœuvres collectives est de se protéger des prédateurs. Les réactions seront d’ailleurs différentes selon la menace. S’il s’agit de se protéger d’un épervier, les étourneaux formeront une boule compacte haut dans le ciel. Mais s’il s’agit d’un faucon, ils se poseront sur le sol.

 
La difficile murmuration des humains
La discipline et l’harmonie de la murmuration des étourneaux force l’admiration. D’autant plus lorsque l’on constate les difficultés que nous rencontrons, pauvres humains que nous sommes, pour rester unis, rassemblés et solidaires face aux difficultés qui nous menacent, qu’il s’agisse de la pandémie, mais également de l’exclusion sociale, des discriminations et autres injustices.
Là où les étourneaux ont compris que leur salut personnel se joue dans leur discipline collective, les humains ont tôt fait de chercher à tirer leur épingle du jeu au détriment des autres.
Cela n’est hélas guère nouveau. Depuis Caïn et Abel, l’individualisme, la jalousie et la violence qui s’ensuit caractérise l’histoire des hommes.
D’ailleurs, Dieu le disait déjà à Caïn, lorsque celui-ci ne pouvait s’empêcher d’être abattu en voyant que son sacrifice avait été dédaigné, alors que celui d’Abel avait été accueilli favorablement : « Le péché est comme un monstre tapi à ta porte. Il désire te dominer, mais c’est à toi d’en être le maître. »[1]
Plus facile à dire qu’à faire. Et Caïn ne résistera d’ailleurs pas longtemps à la tentation de la violence qui le conduira à tuer son frère…

 
Le loup
Ce monstre tapi à la porte de Caïn, nous le connaissons bien. Il se nourrit de nos bas instincts, de notre égocentrisme, de nos blessures mal guéries. Il fait de nous des êtres divisés, partagés entre notre idéal de vie paisible et harmonieuse et les rancœurs, peurs et autres jalousies qui parasitent nos plus nobles élans.
Le loup qui est en nous, il se manifeste dans notre voracité, dans notre cynisme, dans notre irrésistible appétit qui nous fait perdre et la raison et le cœur, pour notre plus grand malheur.
« L’homme est un loup pour l’homme » a écrit le philosophe Hobbes. Et il lui a été répondu que cette comparaison était injuste pour les loups…
Il n’en reste pas moins que le loup est un chasseur. Lorsqu’il passe à l’attaque, il devient effrayant. Sa réapparition dans nos contrées ne manque d’ailleurs pas d’inquiéter les bergers qui doivent trouver des solutions pour protéger leurs troupeaux menacés. Comment faire pour bien faire en de telles circonstances ? Telle est la question qui se pose à eux.

 
« Je suis le bon berger »
Même si elle paraît quelque peu mièvre, l’expression « bon berger » se retrouve dans la bouche de Jésus pour parler de lui-même.[2]
L’image du berger est d’ailleurs très courante dans la Bible pour parler de Dieu lui-même, notamment dans le fameux Psaume 23.
Lorsqu’il reprend cette image en se l’appropriant, Jésus décrit les caractéristiques qui font précisément de lui ce bon berger.
Etonnamment, il ne va pas mettre l’accent sur le fait qu’il pourrait terrasser le loup qui menace ses brebis. Ce serait pourtant tellement plus simple de se débarrasser une bonne fois pour toute des menaces, de la pandémie et de tout ce qui cherche à détruire l’harmonie de nos existences.
Mais pour Jésus, ce qui caractérise le bon berger, c’est plutôt son implication personnelle auprès de chacune de ses brebis : je les connais, dit-il et elles me connaissent.
Avant d’ajouter : et je donne ma vie pour mes brebis.
Le bon berger n’est donc pas tellement celui qui va détruire ce qui pourrait tuer ses moutons, mais celui qui s’engage de tout son être pour les préserver. Son but est de garder son troupeau intact, de permettre cette impossible murmuration humaine qui permettrait qu’aucune des brebis du troupeau ne se retrouve isolée et devienne ainsi une proie trop facile pour le loup.
Lorsqu’on observe un berger, il est impressionnant de constater à quel point sa voix lui permet de communiquer avec son troupeau. Il en va de même pour le bon berger qu’est Jésus. Sa voix - c’est-à-dire sa parole qui résonne au plus intime de chacun - se propose pour nous guider, pour nous rassembler, aussi bien dans nos personnes que dans nos communautés.
 

Une voix qui rassemble
La voix de Jésus nous rassemble de l’intérieur. Elle remet ensemble les éléments parfois disparates de nos histoires de vie. Elle guérit nos blessures. Elle soulage, réconforte et apaise aujourd’hui comme hier, à l’image des Zachée, Lévi, et autre Marie de Magdala de nos évangiles.
Mais la voix de Jésus nous rassemble aussi comme communauté. Elle tisse entre nous des liens qui nous unissent, qui nous solidarisent les uns aux autres.
C’est là tout le sens de la communauté, notion fondamentale du christianisme. L’unité à laquelle Jésus nous invite ressemble à la murmuration des étourneaux. Et je me prends à rêver que chacune et chacun d’entre nous se mette à porter toute son attention sur les sept personnes qu’il côtoie au jour le jour, voisin, collègue, compagnon de voyage… Certainement que les drames de la solitude, de l’isolement qui ont été tellement accentués ces derniers mois se verraient alors fortement diminués.
Et Jésus de conclure : le Père m’aime parce que je donne ma vie pour la reprendre à nouveau. C’est le commandement qu’il m’a donné.
J’y vois une image du souffle. Sur la croix, Jésus a expiré. Il n’a pas hésité à rendre son souffle. Mais voici qu’au matin de Pâques est née une nouvelle inspiration, un nouveau souffle qui l’anime depuis lors. Cette nouvelle inspiration, elle nous est donnée pour qu’à notre tour nous nous donnions les uns pour les autres à perdre haleine, dans une murmuration d’amour, ballet harmonieux auquel Dieu nous convie.
 

Christian Vez

 


[1] Genèse 4.7

[2] Jean 10,11

 

 

samedi 10 avril 2021

(Pr, Vu) Isaline. Grandir en espérance... face à la mort

Quelques éléments du culte 2 10 16

Lecture: Marc 5, 21-43 raconté

(Dialogue avec les enfants)
La mort, l’avez-vous vécue? La mort d’un animal ou de quelqu’un que vous connaissez bien?
Qui est d’accord de nous en parler?
C’était comment, pour vous?

(Mettre en évidence qu’il y a beaucoup de manières différentes de réagir, face à la mort. Aucune manière n’est “bonne” ou “mauvaise”. Parce que les situations sont très différentes les unes des autres. Âge, maladie ou accident, si on s’y attend ou pas...
Et puis, il y a aussi notre relation avec Dieu et avec Jésus qui peut changer nos sentiments devant la mort...)
   


L’histoire de Jésus veut nous dire quelque chose, à propos de la mort.
Qu’est-ce qu’il veut nous dire?
Mais d’abord, une question: est-ce que Jésus est mort? Est-ce qu’il a passé par la mort?

(Mettre en évidence qu’il est mort, puis ressuscité; i.e. qu’il est réellement mort, complètement mort. Mais qu’après la mort, il vit encore. Et que, grâce à lui, nous aussi: après notre mort, nous ressusciterons).
Attention: ça n’empêche pas la mort, tout le monde doit passer par là. Mais ça nous dit qu’après la mort, il y a une autre vie qui nous est redonnée.
Attention encore: ce n’est pas une autre vie dans un autre corps, non. Après ma mort, ce sera toujours moi, Jean-Jacques. Mais il y aura une différence, c’est que tout ce qui est vieux en moi, tout ce qui est fragile ou foutu, ce sera remis à neuf!

Comment ça se passera?
Comment c’est possible?
Comment je serai?
Eh bien, ces questions, nous n’en avons pas les réponses. On ne sait pas.
Mais la seule chose qu’on sait, c’est que ce sera mille fois mieux que dans cette vie. Des millions de fois mieux, même!

C’est ce que nous dit un autre passage biblique, dans la lettre aux Corinthiens (chap. 15): après la mort, nous serons très très différents de ce que nous sommes aujourd’hui, dans cette vie. Aussi différents qu’une fleur est différente de sa graine.
Par exemple, le tournesol. Je demande à Patrick de nous montrer sur l’écran des graines de tournesol. ... 


C’est petit, ça n’est pas spécialement beau, ça n’a pas de couleurs. ...

Je demande maintenant à Patrick de nous montrer sur l’écran des fleurs de tournesol. ...   


Vous voyez la différence! C’est grand (presque plus grand que moi, parfois!); c’est coloré, c’est vivant, ça se tourne en direction de la lumière du soleil...

Eh bien, dit la Bible, ce que nous serons après la mort sera aussi différent de ce que nous sommes maintenant que la fleur du tournesol est différente de sa graine. Nous serons mille fois plus grands, plus beaux, plus colorés et vivants!

Nous resterons vivants. C’est ce que raconte aussi, en d’autres termes, cette jolie histoire d’enfant, qui sera notre conclusion:


“Isaline est venue chez son Grand-Papa, le jour de ses 7 ans. À peine arrivée, elle court au fond du jardin. Grand-Papa, lui, marche lentement à cause de ses jambes fatiguées et de ses rhumatismes. Chaque année, au moment de l’anniversaire d’Isaline, le cerisier est couvert de magnifiques fleurs blanches. C’est son arbre préféré.

Mais voilà qu’aujourd’hui, le cerisier... a disparu! Il est où?

- Ecoute, répond Grand-Papa, il est tombé. Tu sais, il était très vieux... Il est mort.

Isaline serre la main de Grand-Papa. Ils se regardent.

- Mais, fait Isaline, toi aussi, tu es très vieux. Tu vas mourir?

Elle se souvient comme elle a pleuré quand son petit chat est mort. Elle aime tant son Grand-Papa...

- S’il te plaît, Grand-Papa, ne meurs pas!

-Tout ce qui est vivant doit mourir un jour, répond le vieil homme. Même si cela rend triste. Mais tu sais, la mort est un nouveau commencement.

Déjà, Grand-Papa s’est mis à creuser le sol avec sa bêche.

- Oh, fait Isaline, regarde: un dirait un noyau de cerise!

C’est bien un noyau de cerise, fendu par le milieu. On voit un germe qui sort de cette fente.

- C’est une jeune pousse en train de s’enraciner dans le sol, explique Grand-Papa. Elle va grandir, et devenir un nouveau cerisier. Dans quelques années, l’arbre fleurira et donnera de belles cerises noires.

Isaline sourit, un peu consolée:

- On va le replanter, Grand-Papa?"


Amen.


  




(Pour les adultes)

Notre thème dit “Grandir en espérance”.
Il ne s’agit donc pas seulement de se consoler de la mort et d’attendre les bras croisés la résurrection des boutons de guêtres...
Il s’agit de laisser l’espérance travailler en nous pour nous transformer.

Pour nous aider à comprendre comment “Grandir en espérance”, écoutez cette histoire. Elle est pour les adultes, mais c’est un conte, et les enfants peuvent l’écouter aussi, ils y trouveront sûrement du plaisir!

Il était une fois deux jeunes filles. Et, comme dans tous les contes, ces deux jeunes filles n’avaient qu’un seul rêve: elles attendaient le Prince Charmant!
L’une s’appelait Delphine, et l’autre Barbara.


Or, un jour, elles reçoivent un message: “Tenez-vous prêtes, leur dit ce message, ce soir, le Prince vous invite à une fête. Il va venir vous chercher.”


-Oh, dit Delphine, c’est merveilleux! Le Prince m’invite! Peut-être qu’il me trouve belle, peut-être qu’il m’aime!
-Oui, fait Barbara. Mais quand va-t-il venir? Il aurait pu le préciser. Et puis, qu’est-ce que je vais faire, en attendant?


Delphine se prépare. Elle met sa plus belle robe. Ensuite, de la joie déjà plein le coeur, elle fait du feu dans la cheminée. Mmmmmh, c’est bon!
Barbara, elle s’inquiète: sa coiffure ne va pas, elle recommence. Et puis, c’est sa robe, qu’elle décide de changer. Mais l’autre n’est pas assez bien non plus...


Delphine, près du feu, voit tout à coup une... une araignée. D’habitude, elle en a peur. Mais ce soir, toute à la promesse de la fête, elle la regarde autrement. Mais c’est joli, une araignée! Elle a plein de reflets de toutes les couleurs, comme les flammes dans la cheminée.


Soudain, un grand brouhaha vient du dehors. Une troupe joyeuse de jeunes gens et de jeunes filles passe tout près. Delphine sort: “Ohé, leur crie-t-elle, venez chez nous, il y a du feu, il fait bon!”
Les jeunes entrent. “Barbara, tu viens?”
-Non, répond la soeur, je veux rester à la fenêtre, je dois guetter le Prince, quand il arrivera.


Delphine, avec ses nouveaux amis, s’amuse et danse toute la nuit. Et, au matin, elle reconnaît, juste à côté d’elle... oui, elle reconnaît le Prince, qui a enlevé son déguisement. Il a fêté toute la nuit, avec elle!!
Pendant ce temps, Barbara, triste, déçue, s’est endormie à sa fenêtre: pour elle, le Prince n’est pas venu.

   


J’aime ce conte, qui nous parle de l’espérance. Et de l’impact de nos espérances sur notre vie.
Ce que nous attendons (que ce soit l’Amour, ou la Paix, ou la réussite, peu importe), ce que nous attendons, nous pouvons, comme Delphine, commencer à le réaliser. Nous pouvons l’anticiper. Elle allume du feu; elle regarde l’araignée avec bonheur; elle invite les jeunes qui passent... La promesse du Prince la met en route, et cela changera sa vie.
Barbara, au contraire, attend de manière négative. Irritée par l’annonce imprécise, elle finira par passer à côté de la fête.

Voilà, chers amis. Voilà comment Dieu veut nous transformer, nous faire grandir par l’espérance qu’il nous offre, en Jésus Christ.
Puissions-nous, nous aussi, connaître et vivre, du dedans, le Bonheur que nous propose son espérance.
Amen


  Jean-Jacques Corbaz  



mardi 6 avril 2021

(Ci) La seule chose que nous emporterons

 
Je crois qu’au moment de partir vraiment, la seule chose que nous emporterons avec nous sera un gros pull autour du cœur, fait des liens que nous aurons tricotés.

(Anonyme)

lundi 5 avril 2021

(Bi, Pr) le kintsugi et la résurrection

 Pâques en « para-bol »

 
Une femme inconsolable et remarquable
Anne-Dauphine Julliand est une femme inconsolable. Ses deux filles sont décédées dans leurs premières années de vie d’une même maladie génétique rare : la leucodystrophie métachromatique.
 
Dans son premier livre : « Deux petits pas dans le sable mouillé », elle raconte de façon poignante l’accompagnement de sa fille aînée jusqu’à la fin.
 
Mais Anne-Dauphine Julliand est aussi une femme remarquable. Ces deuils qui l’ont marquée ont beau l’avoir broyée et l’avoir laissée avec une souffrance non-cicatrisable, elle vient de sortir un nouveau livre qu’elle a sobrement intitulé : « Consolation ».
 
Elle y raconte comment elle a trouvé des paroles, des gestes, des présences consolantes au cours de ses années de chagrin. Et comment elle s’efforce elle-même d’être aujourd’hui une agente de la consolation: en accueillant la tristesse, la souffrance, les silences, l’impuissance, la révolte qui habitent les êtres meurtris. Elle le fait tout simplement, s’inspirant de celles et ceux qui l’ont consolée, sans leur apporter de réponse préfabriquée, en restant le plus souvent dans le silence, dans l’intensité d’une présence aimante et compatissante.
 
A la fin de son livre, elle compare l’art de la consolation à la technique japonaise du kintsugi.
 
Qu’est-ce donc que le kintsugi ?
C’est l’histoire d’un bol cassé.
Le général japonais à qui il appartenait y tenait beaucoup.
Il envoya ses serviteurs le faire réparer en Chine.
Lorsqu’ils revinrent de leur long périple, le bol avait certes été réparé, mais de manière si grossière que le général en fut très attristé.
Ne pouvant se satisfaire de ce résultat, il demanda à ses artisans de trouver une meilleure solution.
Ceux-ci appliquèrent alors un fil d’or entre les différentes parties du bol cassé pour en souder les jointures. Le kintsugi était né, des mots japonais « kin » : or et « sugi » : jointure. Le général fut émerveillé par le nouvel éclat de son bol, qui était bien plus beau qu’avant.
 
Si Anne-Dauphine Julliand voit dans l’art du kintsugi une image de la consolation, j’y ai vu quant à moi une manière de dire ce à quoi pourrait ressembler la résurrection : remettre ensemble des vies brisées, des éclats d’histoires dispersées, des morceaux de relations éparpillées en les faisant briller d’une nouvelle manière.
 
La résurrection ou le kintsugi de Dieu
C’est en tout cas ce qui se passe dans les récits bibliques qui nous racontent la résurrection de Jésus. Celle-ci n’y est en effet jamais présentée comme un évènement en tant que tel. Elle s’inscrit toujours dans une relation. Autrement dit, ce n’est pas seulement Jésus qui revient à la vie au matin de Pâques, mais c’est surtout la relation qu’il avait tissée avec l’un ou l’autre de ses compagnons qui se trouve rétablie. Jésus ne ressuscite jamais pour lui-même, mais il apparaît vivant à quelqu’un. Que ce soit à Marie de Magdala dans le jardin du cimetière, à Cléopas et à son compagnon en train de marcher en direction d’Emmaüs, à Pierre, au disciple que Jésus aimait ou à Thomas l’incrédule, les apparitions de Jésus ont toujours lieu pour une personne ou un groupe de personnes. Lors de ces différentes scènes, Jésus restaure la relation que ses vis-à-vis croyaient irrémédiablement détruite, suite à sa mort.
 
Plus encore, ces rencontres inespérées donnent un élan nouveau à chacune de ces personnes. Elles les dynamisent. Elles régénèrent leur vie et leur foi en leur offrant une solidité nouvelle, qui leur fera affronter parfois les pires tourments sans défaillir.
 
Le Christ, maître du kintsugi humain
Et je me plais à imaginer le Christ en grand orfèvre spécialisé dans l’art du kinstugi humain. Je le vois à l'œuvre en train de restaurer les lambeaux de nos existences et les cassures de nos communautés divisées, appliquant le fil d’or de la résurrection sur chacune de nos blessures pour rendre nos vies plus belles encore, plus lumineuses, plus solides, plus cohérentes.
 
Ça me rappelle ce que l’apôtre Paul écrivait aux Corinthiens : nous portons le trésor de l’Evangile dans des vases d’argile.[1]
 
L’année de pandémie que nous avons vécue nous a rappelé la fragilité de nos existences, menacées par un organisme minuscule.
Outre le virus, les grains de sable ne manquent hélas pas pour nous rappeler nos fragilités : ennuis de santé, disputes, échecs, incompréhensions, ou, comme cela a été le cas pour Anne-Dauphine Julliand : maladie génétique de ses enfants.
 
On est bien peu de chose, dit-on parfois à raison.
 
Mais le fil d’or du matin de Pâques qui nous reconstruit de l’intérieur est d’une autre nature. C’est la signature du Christ ressuscité qui nous a rejoint, nous a réparé en nous donnant cet éclat nouveau que nous ne possédons ni ne maîtrisons, puisqu’il vient de Dieu.
 
En recollant ainsi les morceaux de nos vies brisées, éparpillées ou dispersées, il transforme chacune d’entre elles en un kintsugi humain, leur donnant des allures de "para-bol".
 
Joyeuses Pâques à vous !

Christian Vez
 
 
[1] 2 Corinthiens 4,7
 
 

dimanche 4 avril 2021

(Li, Po) Liturgie de cène de Pâques

Nuit des mille soleils où Dieu crie sa joie,
Nuit des mille soleils où Dieu recrée la terre!
L’amour du Père secoue le monde des morts,
Il nous appelle, nous met debout dans la lumière!
Que la joie gonfle notre coeur,
Que nos vies se fassent prière!

 
(bref silence) 

 
Il est beau, il est grand, Seigneur,
C’est notre espoir et notre mystère
De te chanter pour Jésus, le Sauveur
Sur qui ta vie a fait danser la pierre!

 
Il a brûlé le bois en forme de potence,
Et arraché les clous qui crucifiaient la danse;
Qu’il n’y ait plus de croix - ni plus de corde au cou:
Il a brûlé le bois, il a jeté les clous!

 
Il a rendu vivants les corps pourris en terre,
Il a semé les blés qui font mourir les guerres;
Qu’il n’y ait plus de sang - ni plus de fers aux pieds:
Il s’est levé vivant, le Christ ressuscité!

 
Avec lui, avec tous les croyants remplis de sa vie, nous chantons son amour créateur:
Saint, saint, saint le Seigneur!


Sanctus chanté
Institution

 
Prions encore le Seigneur:
Père, nous célébrons ce repas dans le souvenir vivant de Jésus.
Toute sa vie, toute sa mort, toute sa vie nouvelle encore nous délivrent des forces de peur, d’inertie et de fatalisme, pour nous engager déjà dans ton règne. Mais nous avons besoin de ton Esprit saint pour être capables d’éclore à cette vie nouvelle.
Que ton souffle d’amour passionné nous unisse les uns aux autres, et à toi, pour que nous devenions encore mieux tes enfants, membres du corps de Jésus, le Christ.
Par lui, avec lui et en lui, nous t’adressons, Père, toute notre adoration et notre louange,
Dans l’unité du Saint Esprit. Amen


J-J Corbaz, merci à Charles Singer et à Didier Rimaud! 



(Pr) «Porte ouverte. La victoire, sur qui, sur quoi?»

Prédication des 3 et 4 avril, Pâques

Lectures: Apocalypse 3, 14-22; Luc 24, 1-7
 

Mon ami François est un pasteur chaleureux et apprécié. Un jour, il voit revenir au culte un ancien catéchumène, qui lui dit: “Monsieur le pasteur, j’ai découvert quelque chose de formidable: il paraît que Dieu nous aime tous, tels que nous sommes”.
François en est resté pantois: il avait répété cela de nombreuses fois au caté, chaque hiver! Pourquoi donc ce jeune le découvrait-il si tard?

Comme il me racontait cette anecdote un jour de Pâques, François en tira cette conclusion: “Ça ne sert à rien que le tombeau soit ouvert si nos coeurs et nos oreilles ne le sont pas aussi!”

La communauté chrétienne de Laodicée ressemblait à ce catéchumène: elle avait de la peine à s’ouvrir à la passion de Dieu. Cette ville d’Asie Mineure (c’est-à-dire de Turquie actuelle) était riche. À l’époque où l’Apocalypse est écrite, Laodicée vit une grande expansion économique. Or, peu d’années auparavant, elle a été victime d’un tremblement de terre. Rome lui avait offert son aide matérielle, mais la cité de Laodicée avait refusé, disant: “Je suis riche, je n’ai besoin de rien”. Ces paroles ont été reprises dans notre passage biblique presque mot pour mot (v. 17). Vous avez dit: suffisance? orgueil?

Dans l’Apocalypse, la lettre à Laodicée est ainsi truffée d’allusions à l’actualité de l’époque et du lieu. Par exemple, les médicaments pour les yeux; c’était justement un des produits d’exportation renommés de la cité! “Tu te crois riche, mais tu es pauvre. Tu fabriques des remèdes pour la vue, mais tu fais preuve d’un aveuglement spirituel énorme. Tu es tiède, ni froid ni bouillant”. Savez-vous que Laodicée n’avait aucune source d’eau potable, et qu’elle recevait cette dernière de la ville voisine; la plus grande partie de l’année, le précieux liquide arrivait complètement tiède, donc imbuvable! À vomir! “Tu es imbu, imbuvable, tu es inutilisable” lui dit l’Apocalypse.
  


On le voit bien, ce qui est dénoncé, ce n’est pas la faiblesse de l’être humain, mais c’est sa prétention à se sauver tout seul; quand il ne voit pas qu’il est nu, fragile. C’est cet aveuglement qui le perdra, s’il ne sait pas voir la réalité en face; qu’il a besoin de l’amour de son Créateur pour s’en sortir.

Après ce constat désolant, on verrait bien le Dieu juge monter sur ses grands chevaux et châtier la cité coupable avec sévérité! On attend des sanctions exemplaires...

Mais voilà, le Dieu du Nouveau Testament n’est pas un juge. Et quand il chevauche, ce n’est que sur un âne, comme au jour des Rameaux, que nous avons fêté dimanche dernier! Parce que, savez-vous, sur un âne, on est à la même hauteur qu’un piéton. Dieu veut se mettre à notre portée! Et la conclusion de la lettre, vous la connaissez: “Ecoute, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai, je mangerai avec lui, et lui avec moi”.

Dieu ne juge pas. Il appelle sans relâche, il frappe à la porte. Il sait que parfois nos coeurs et nos oreilles ne sont pas ouverts. Parce que les circonstances ne s’y prêtent pas; parce que c’est trop tôt, ou que l’appétit nous manque. C’est souvent le cas des adolescents, quand leurs préjugés les empêchent de comprendre ce que nous voulons leur dire. Alors, Dieu sait qu’un jour, peut-être, comme pour le catéchumène de François, la porte s’ouvrira. Donc, en attendant... non: en espérant ce jour, il frappe, il appelle. Patient, disponible.

Patient, mais pas passif. Je suis frappé du nombre de choses que fait le Christ dans ce passage (relisez-le!): il parle; il témoigne; il crée; il conseille; il éduque. Il veut vendre; il rend visite; il frappe; il appelle; il remporte la victoire! La vie du Ressuscité est une intense activité pour sauver ceux qui se perdent. C’est sa manière à lui d’être bouillant!

Christ fait des quantités de choses, sauf une: il ne peut pas ouvrir la porte à notre place! Ça, c’est notre partie du job! 

Si souvent, nous disons: “Qu’est-ce que Dieu fabrique, dans ce monde mal fichu? Il est inactif, il ne fait rien”. Et un jour nous réalisons que Dieu agissait, mais que c’était nous qui étions fermés; que notre porte close empêchait Dieu d’agir en nous et autour de nous.

Tiens, ça me rappelle la fois où le père Ouin-Ouin, âgé de 84 ans, se plaignait à son médecin:
- Docteur, j’ai l’impression que ma femme devient sourde.
- Ah, répond le toubib. C’est léger, ou déjà prononcé, cette surdité?
- Oh ben, c’est difficile à dire...
- Ecoutez, reprend le médecin, vous allez faire un test. Vous vous placez à une quinzaine de mètres d’elle, et vous lui posez une question. Si elle ne répond pas, vous vous approchez et répétez, jusqu’à ce qu’elle réagisse. ...
C’est ainsi qu’en rentrant, le père Ouin-Ouin voit sa femme qui prépare à manger. Du corridor, il lui demande:
- Qu’est-ce que tu fais pour dîner?
Pas de réponse. Alors, Ouin-Ouin fait trois pas, et renouvelle sa question. Toujours rien. Il se rapproche encore, deux fois, même jeu, même résultat. Et ce n’est que lorsqu’il est à un mètre
qu’il entend Madame hurler:
- Pour la cinquième fois: DES ROESTIS!!   



Voyez-vous, je me demande parfois si nous ne serions pas avec Dieu comme le père Ouin-Ouin avec sa femme. Nous disons qu’il doit être sourd, puisqu’il ne répond pas à nos prières. Mais... question: et si c’était nous qui n’entendions pas ses réponses?

Christ ne peut pas ouvrir la porte à notre place. Ça, c’est notre boulot!

Bien sûr, il n’est pas facile, ce boulot! Car la porte où Jésus frappe n’a qu’une seule poignée, et elle se trouve de mon côté! Cette porte ne s’ouvre que de l’intérieur! Et c’est tout un travail à faire sur moi-même pour permettre à Dieu de franchir le seuil.


Bien sûr, ce n’est pas facile d’ouvrir! Car cette porte où Jésus frappe n’a qu’une seule poignée, et elle se trouve de mon côté! Cette porte ne s’ouvre que de l’intérieur! Et c’est tout un travail à faire sur moi-même pour permettre à Dieu de franchir le seuil.

Nous aimons parfois qu’on nous fasse violence. Si Dieu forçait la porte, ça nous arrangerait plutôt! Mais voilà: on ne peut me donner ni boisson ni nourriture, ni connaissance, ni amour si je n’en ai pas faim ou soif. Un zélateur de la foi, dans une rencontre d’évangélisation, peut bien enfoncer la porte; si je n’ouvre pas, le Christ ne pourra pas entrer, de toute façon. “Ça ne sert à rien que le tombeau soit ouvert si nos coeurs et nos oreilles ne le sont pas aussi!”

“Ecoute, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre, j’entrerai, je mangerai avec lui, et lui avec moi”. En ce matin de Pâques, ce verset nous invite non pas à assister à la victoire du Ressuscité, à l’ouverture du tombeau, à l’irruption de la Vie Nouvelle dans notre vieux monde; non, il nous appelle à nous ouvrir nous-mêmes à son action créatrice, en nous et autour de nous. La victoire, c’est aussi nous qui la remporterons, et c’est sur nous-mêmes qu’elle se remportera: sur les forces de repli, de rouille, d’engourdissement qui nous empêchent d’ouvrir la porte.

Et si nous ne nous sentons pas les forces de livrer ce combat; et si nos bras tombent avant même de saisir la poignée, peut-être à cause d’une maladie, d’un état dépressif ou dépendant, eh bien gardons ferme au coeur la patience du Christ, qui continue de cogner à la porte, et de travailler pour venir à notre rencontre, fût-ce à travers la paroi sombre de la mort! Et puis, gardons ferme en mémoire que cette lettre de l’Apocalypse est adressée à une Eglise, et non à un individu; et que par conséquent nous sommes toute une communauté pour tâcher, ensemble, d’ouvrir la porte!
  

 
C’est ce que signifie aussi la communion, que nous allons vivre tout-à-l’heure. En célébrant la liturgie eucharistique de Pâques, en partageant le pain et le vin ensemble, nous recevons comme un avant-goût de la Grande Journée Portes Ouvertes qui nous est promise, au dernier jour!
   
Oui, le Ressuscité nous accueille tou(te)s à sa table, gratuitement, pour nous aider à nous libérer de nos rouilles et de nos trouilles, et pour ainsi aller plus loin, les uns vers les autres... et vers le Christ vivant.

Car même quand mes gonds sont coincés, eh bien ma communauté, en essayant de s’ouvrir mieux, me porte dans mon isolement et veut m’aider à accueillir le Ressuscité!
 

Et puisque c’est Pâques aujourd’hui, terminons sur une histoire d’oeuf. Savez-vous que beaucoup d’espèces de poussins (sauf erreur la plupart des canards et des cygnes) ne peuvent vivre  après l’éclosion que si ce sont eux qui brisent la coquille? Si cette dernière se casse de l’extérieur, le poussin sera incapable de survivre.

J’aime cette image. Dans beaucoup d’équipes sportives, la catégorie la plus jeune s’appelle les poussins, justement. C’est aussi vrai pour le christianisme!

Joyeuses Pâques, les poussins! Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz

 

P.S.: pour plus de renseignements sur l’Apocalypse, on peut voir sur ce blog un document plus général qui donne quelques indications sur les codes, les chiffres ou les nombres, les couleurs et autres difficultés de ce livre biblique pas comme les autres:


http://textesdejjcorbaz.blogspot.ch/2012/11/lapocalypse-revelation-que-le-dernier.html