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dimanche 30 décembre 2012

(Hu) Cossonay aussi

 Le jour de mes adieux à Cossonay, le 1er  juillet 2012, j'ai adapté la fameuse chanson "Félicie aussi", qui a été interprétée par Fernandel. Voici la version que j'ai chantée, histoire de dire tout ce que j'avais trouvé de génial dans la région de la Venoge.

Les plus perspicaces remarqueront que j'ai eu une prémonition, puisque j'y parle de la paroisse de St- François. Mais le jour de mes adieux, personne ne pouvait savoir que je rejoindrais en urgence ce lieu d'Eglise, à peine quelques semaines plus tard! 
Humour de Dieu? C'est vous qui voyez, comme dirait l'autre!

(photo Roland Monnier)

Cossonay aussi
- C'est en sillonnant la campagne
Que j'ai découvert Cossonay,
Depuis le temps de... Charlemagne,
M'a-t-elle dit, je t'attendais!
J'ai osé quelques objections
Mais chaque fois, elle a dit "non"!

- Dans les paroisses de ville,
La vie paraît plus facile, - à Cossonay, aussi!
On y trouve des boutiques,
Des écoles de musique, - à Cossonay, aussi!
Des restaurants fantastiques,
D'excellents transports publics, - à Cossonay, aussi!
Des médecins, des dentistes,
Des bars et des garagistes,
Mêm' de tout grands organistes, - à Cossonay, aussi!

- Un ami de la "capitale"
S'est joint à la conversation,
Pour lui, la paroisse idéale
C'est Saint-François, crénom de non!
Et comme ils cherchaient un pasteur,
Il me fit du pied... sans pudeur!

- Si tu viens vivre à Lausanne,
T'auras toujours la banane, - à Cossonay, aussi!
On y joue de la trompette,
Au volley et au basket, - à Cossonay, aussi!
Les maisons sont magnifiques,
Le centre-ville historique, - à Cossonay, aussi!
Les magasins sont tout proches,
Le fitness et le cinoche, - à Cossonay, aussi!

- Moi qui viens d'un hameau tranquille,
Je rêve de calme et de paix,
La cure de Goumoens-la-ville
Et ses villageois me comblaient.
Un cousin, près de Denezy
Voulait m'embaucher par chez lui:

- Si tu choisis la campagne,
T'auras vue sur les montagnes, - à Cossonay, aussi!
Beaucoup de gens se connaissent,
Tu verras leur gentillesse, - à Cossonay, aussi!
Pour tes fils un club de foot,
Pour le vélo, jolies routes, - à Cossonay, aussi!
Et des chemins bordés de saules,
Pour te casser les épaules, - à Cossonay, aussi!

- Chez nous, les filles sont belles,
Et les amitiés fidèles, - à Cossonay, aussi!
T'auras des églises pleines (!),
Enfin: pas chaque semaine, - à Cossonay, aussi!
Des Alain et des Irène, qui partageront tes peines,
Des super-catéchumènes, - à Cossonay, aussi!
Et de quoi vivre la fête
Jusqu'au jour de ta retraite, - à Cossonay, aussi!

- Alors, entendant ces promesses,
Séduit, je n'ai plus hésité,
J'ai posé ma nouvelle adresse
Au 3, chemin du Prieuré.
Quinze ans plus tard, en y pensant,
J'en suis toujours reconnaissant.

- J'ai connu des joies immenses,
Une vie pleine et intense, - à Cossonay, aussi!
Bien sûr nous eûmes des orages
Quinze ans d'amour, ça déménage - à Cossonay, aussi!
Au pays de mon enfance
En retournant je repense, - à Cossonay, aussi!
Quand nous revivrons ensemble,
Au paradis, ça ressemble, - à Cossonay, aussi!!!



(photo P-Y Gerber)
                                    
(explications:
1° J'aurais voulu nommer bien plus de gens, mais parce qu'il y avait peu de place, j'ai mis seulement les noms des deux personnes qui m'ont accompagné pendant la totalité de mon ministère à Cossonay
2° Quand je dis "Cossonay", vous avez compris qu'il s'agit de tous les villages de la paroisse, voire de toute la région, la R5 Venoge! - C'est pourquoi je vais me faire un petit plaisir en bissant la fin pour l'élargir!)


- Chez nous, les filles sont belles,
Et les amitiés fidèles, - à Grancy, aussi!

T'auras des églises pleines (!),
 Enfin: pas chaque semaine, - à Senarclens, aussi!
Des Alain et des Irène
et des super-catéchumènes, - à Luss'ry-Villars, aussi!
Patricia, Jean-Paul, Daniel(le),
Marc-André, Guy, Isabelle,
Anne-Françoise, René, Michel,
Catherin', Philipp', Raphaël,
Jacqu'line, Ev'lyne Gabriel,
Et j'en oublie des kyrielles - à La Chaux, aussi!

- J'ai connu des joies immenses,
Une vie pleine et intense, - à Dizy, aussi!
Avec mon coeur, mes limites
J'ai chanté Dieu... sans mérite - à Gollion, aussi!
Au pays de mon enfance
En retournant je repense, - à La Venoge, aussi!
Quand nous revivrons ensemble, 

Tellement beaux que j'en tremble,
Au paradis, ça ressemble, - à La Région 5, aussi!!!


Jean-Jacques Corbaz

(Photo Danielle Demont)


mardi 25 décembre 2012

(Po, Li) Accueil de Noël 2012

Noël, c’est le coeur de Dieu posé sur notre terre,
Offert à nos aveux, fragile, insondable mystère
Et pourtant, sous nos yeux, obstinément lumière;
C’est tout l’amour de Dieu, sa tendresse de père
Vivante à l’infini.

Noël, c’est le regard de Dieu posé sur notre monde,
La vie qu’il a bâtie, qu’il espère et qu’il veut,
Qu’il sème et qu’il féconde;
C’est un amour de frère qui veut ouvrir la ronde
D’un univers guéri de ses pires folies.
Noël, c’est une mort, offerte un vendredi
Qui s’annonce à l’aurore
Pour nous rendre plus forts.

Noël, c’est notre vie.



                                     Jean-Jacques Corbaz

(Hu, Li) ... qui ne le savent pas encore

L'anecdote commence à être connue: à la porte de l'église, M. le pasteur a placé une affichette qui dit:
"Pour tous ceux qui ont des enfants et qui ne le savent pas encore, il y a une garderie pendant le culte"!

Eh bien, je me dis que, pour Noël, c'est exactement le contraire!

Car Noël ne s'intéresse pas à ceux qui ont des enfants et qui ne le savent pas encore; au contraire!
Noël s'intéresse à Celui qui a un enfant, Dieu, 

Celui qui a un enfant- et qui le sait,
- et qui voudrait tant que nous le sachions avec Lui,
- et qui n'a qu'un désir, c'est de partager sa joie avec nous!

Davantage même: Noël nous dit que Dieu a un enfant, et que ce bien aimé, c'est chacun(e) de nous,
- même si nous ne le savons pas encore!

Et puis, Noël nous dit enfin que Dieu ne veut pas mettre les plus petits à l'écart, dans la garderie.
Non, Il souhaite nous rassembler, toutes et tous, autour de lui, pour la fête.
Pas à la garderie, mais à la crèche!

Jean-Jacques Corbaz


 




(Li) Liturgie de cène pour Noël 2012

Préface:
Père de tendresse infinie, nous sommes heureux et remplis d’espoir: tu viens mêler tes pas aux nôtres, ta confiance à notre fragilité, ta lumière à nos obscurités.
Il est juste et vrai, pour nous, de t’adorer, de te chanter.
Tu ne veux pas que retourne à la nuit le monde que tu as façonné. Tu t’y engages, solidaire de nos vulnérabilités.
C’est pourquoi, avec toute l’Eglise, avec toutes les personnes qui ont reçu et reconnu ta grâce, nous te chantons: “Saint, saint, saint, magnifique est le Seigneur!”

Institution ...

Prions encore le Seigneur:
Père, nous te rendons grâce pour grâce en refaisant aujourd’hui les gestes de présence et d’amour de Jésus. Que ton Esprit-saint, dans ce sacrement, renouvelle en nous la foi, afin que nous devenions toujours mieux ce que tu veux, le corps vivant du Christ sur cette terre, le réceptacle sacré de tes promesses.
Par Jésus, avec lui et en lui, nous te disons, Dieu de lumière, toute notre adoration, dans l’unité en marche du Saint-Esprit. Amen

(Pr) Prédication de Noël 2012: “Une case vide”

Prédication du 25.12.12: “Une case vide”

Luc 2, 1-18; Exode 3, 1-7;  1 Corinthiens 1, 27-30

Quand j'étais enfant, j'ai reçu comme cadeau de Noël un jeu qui m'a passionné: on l'appellait "le jeu de 15". Vous le connaissez peut-être: dans un tableau, il y a 15 éléments mobiles numérotés de 1 à 15. Ces éléments, qui sont au départ placés dans un ordre dispersé, il faut les remettre dans l'ordre arithmétique normal.

Le principe est simple, mais la réalisation peut s'avérer compliquée... surtout vers la fin, bien sûr!

Pourtant, c'est évident: le déplacement des éléments n'est possible que parce que le tableau comprend une 16è case... vide! Sans cette case vide, tout serait bloqué.

Et c'est vrai aussi pour nos vies: quand tout est plein, rien ne peut bouger. Il n'y a plus de place pour l'inattendu, l'imprévu. L'aubergiste de Bethléem, dont dont l'hôtel était complet, n'a pas pu accueillir l'enfant de Noël.

Au contraire, l'étable était libre, et les bergers disponibles. - Disponibles comme d'autres bergers avant eux, qui avaient aussi reçu la visite de Dieu: Moïse, dans le désert; puis David, le fameux roi.
                                                                    *                     *
En relisant pour aujourd'hui ce passage si connu de l'évangile de Noël, j'ai été frappé par une chose: il semble que les personnages principaux de ce récit, ce sont les bergers, plutôt que Joseph, Marie et Jésus. Je m'explique: la naissance se passe sans rien d'anormal, à part l'endroit où elle a lieu. Aucune intervention divine, rien de céleste ou de magique!

Les anges n'apparaissent pas à la famille de la crèche; non, ils se montrent aux bergers, et c'est sur ces derniers seuls que resplendit la gloire de Dieu! Ce sont eux, les gardiens de la nuit, qui vont annoncer la dimension divine de cette naissance à Joseph et Marie, ce qui provoque leur étonnement. Au fond, les bergers, parce qu'ils se sont mis en route pour Bethléem, ils sont devenus comme des anges eux-mêmes, car ils ont transmis la Bonne Nouvelle qu'ils venaient de recevoir. ...

Oui: parce qu'ils se sont mis en route! Parce qu'ils ont su dominer leur peur, la trouille immense et normale qui s'empare de toute personne, dans la Bible, quand Dieu lui apparaît (on pense à Moïse, à nouveau!); et parce qu'ils ont eu la disponibilité de se déplacer, d'aller à la rencontre de ce bébé-Bonne-Nouvelle; de cet enfant-Dieu-parmi-nous!

On sait que les bergers, en ce temps-là, étaient tout en bas de l'échelle sociale. C'étaient plus des gitans que des paysans: voleurs, marginaux, farouches, indomptables. Ils se tenaient à l'écart des lieux habités concernés par le recensement; et à l'écart de la religion officielle, à l'écart de la loi juive et de la pureté rituelle obligatoire! Catalogués donc comme pécheurs, irrécupérables! Et promis ainsi à la condamnation, au Jugement Dernier.

C'est quand même étonnant: c'est à ces gens-là, qui sont littéralement sans foi ni loi, c'est à ces gens-là que l'ange annonce: "un sauveur vous est né!" - "un sauveur est né pour vous!"

Et ce sont eux, encore, qui vont expliquer à la "sainte famille" le sens de ce qui vient d'arriver. Ce sont les premiers missionnaires! Comme si Dieu n'avait pas de meilleurs ambassadeurs sous la main que ces espèces de Roms... Il a de ces idées saugrenues, Dieu, parfois!

Par - foi. Effaçons le "s", dans "parfois", et il nous apparaît que Dieu fait son choix par foi! Par confiance. Parce qu'il sait que ceux-là obéiront. Parce qu'il sait que ceux-là seront disponibles. Les autres? Les pontifes, les orateurs, les chefs? Ils sont tous pris, tous occupés et suroccupés à l'occasion de ce gigantesque bastringue, hôtelleries bondées et stations de ski idem, car je ne sais plus très bien si je parle du Noël d'il y a 2000 ans ou de celui d'aujourd'hui. - Vous me suivez?

Les bergers sont le type des gens de tout temps qui ont dans leur coeur (ou dans leur agenda) une case libre pour recevoir Dieu. Et, mais oui, et par là-même pour aller vers les autres! Et c'est ainsi qu'ils découvrent que ce Dieu redoutable, ce Dieu qui faisait si peur quand il apparaissait, eh bien il se montre, en fait, sous les traits fragiles d'un bébé nouveau-né, tout frippé, tout dépendant... Qui fait tout sauf peur!
                                                              *                     *
Un qu'il faut craindre, par contre, c'est César-Auguste. Car le recensement, à l'époque, annonçait automatiquement une hausse d'impôts! En ce temps-là, se faire inscrire, c'était donner à l'empereur de Rome les moyens de se faire pressurer. "Ils vont pas nous louper!" "On va se ramasser 9 ou 15 % dans la poire!", se disaient les gens. Euh... les gens "normaux", bien sûr. Car les bergers, eux, n'avaient rien. Employés, quasi pas payés par les gros propriétaires, les gardiens de la nuit sont peut-être les seuls qui n'ont pas peur de se faire tondre!!

La case vide, toujours! ... Et moi, je médite sur cette opposition si bien marquée, dans l'évangile de Noël, entre les gens "normaux" et les bergers; entre les lieux habités et les vastes étendues où vivent les troupeaux; entre le plein et le vide; entre les auberges et l'étable; entre le boeuf et l'âne gris... - oh, pardon!

On a beaucoup parlé du goût de déception, de vide (ou de trop-plein!), du goût d'amertume que beaucoup de gens ressentent, après Noël. On a dit que ce goût venait, sans doute, de ce que nous avons..., de ce que nous vivons..., de ce que nous consommons trop de choses. Et c'est vrai. Mais même la pauvreté, mais même la peur peuvent être ce "trop" qui bloque tout mouvement. Qui ne laisse aucune place à Dieu. Aucune case libre!

Avec notre habitude de tout organiser et planifier, avec notre goût du perfectionnisme, avec nos agendas si chargés, nous risquons d'être complètement ligotés, privés de toute mobilité, de toute disponibilité. C'est dire l'urgence d'élaguer, de choisir, de retrouver du temps pour l'essentiel. Et cela toute l'année, pas seulement à Noël!

Garder une case libre pour laisser surgir l'imprévu, à l'image de cette assiette du pauvre aux tables de nos grands-parents. Garder une place pour laisser entrer le souffle rafraîchissant de l'Esprit, la grâce surprenante de Dieu, voilà ce que je souhaite à chacun(e) de nous, pour ce Noël et pour l'année qui vient.

Et si les gens dits "normaux", en nous voyant vivre à contre-courant, nous traitent de zinzin, en employant l'expression populaire "il lui manque une case"... eh bien dites-vous que c'est justement la folie que Dieu a choisie, en nous, pour annoncer sa sagesse.

Oui, la folie! Car c'était la seule qui était libre!
Amen

(après l'interlude):

Une case vide. Nous l'avons dit, Jésus n'en a pas trouvé beaucoup, à sa naissance. Mais, nous le verrons le 31 mars, mais il en a laissé une, béante, quand il a été ressuscité!




J-J Corbaz

lundi 24 décembre 2012

(Co, Hu) Nativité co(s)mique

Nativité moderne et surprenante, sur le mode comique.
accrochez vos ceintures, on décolle...

               
                            *******************

- Grand-papa, raconte-nous une histoire !

C’est une tradition, dans la famille Colomb: chaque Noël, les enfants grimpent sur les genoux du patriarche et quémandent:

- Grand-papa, une histoire!

Le vieil homme fait semblant de refuser, juste pour voir les yeux ronds des petits protester, tandis que les aînés, qui connaissent les coquetteries de leur grand-père, jouent avec son apparente indécision. Comme s’ils réinventent le suspense. Certaines années, la bouche ridée tremble, essaie de commencer, puis feint de retomber, comme vaincue par la fatigue et la faiblesse du grand âge.

- Grand-papa, supplient les petits, s’il te plaît!

- Eh bien, fait-il enfin, tout en se régalant du soulagement bien visible sur le visage de Zoé, la dernière, eh bien, d’accord! En ce temps-là, l’empereur Auguste publia un édit pour ordonner un recensement de toute la terre...

-Oh non, Grand-papa, s’écrie Christophe, pas celle-là, on la connaît par coeur! Raconte-nous une autre, une chouette histoire, avec des guerres intergalactiques, et des missiles, et des bombes!

- Mais, dit Zoé, moi z’aime bien l’histoire de la crèche, et de l’âne et de l’oeuf...

- Pas l’oeuf, rigole Christophe, pas l’oeuf, Zoé, le boeuf!

- Moi, déclare Fabrice, j’aimerais une histoire d’ours, qui est blessé par un chasseur, et pis qui est soigné, et qui devient l’ami de celui qui l’a guéri...

Grand-papa ferme les yeux et fait semblant de s’endormir. Effet garanti: les babillages cessent, on le caresse vivement, et Christophe murmure:

-Grand-papa, s’il te plaît!
Le vieillard ouvre les yeux et, jugeant son public à point, commence enfin:

Dans la grande plaine sauvage de Jorassic Park, la bataille fait rage: les Rouges ont repris l’offensive, et leurs missiles labourent    
les super-labos des Bleus, les Requins, qui préparent la cinquième guerre bactériologique. Partout, on voit les cyber-boucliers voler en éclats, dans un fracas à côté duquel Hiroshima ressemble à une extinction de voix! Le père Kalachnikoff en pleure de joie (Christophe aussi, d’ailleurs)! Les Rouges massacrent l’ennemi, et le sang des Bleus inonde la plaine, mêlé de larmes et de ketchup...

Pourtant, bientôt, les Jaunes viennent à la rescousse de leurs alliés Bleus, en mobilisant l’escadrille du Tigre. L’escadron de l’Ours, qui est le fer de lance des Rouges, est soudain attaqué: devant par les Bleus, derrière par les Jaunes, ce qui les rend verts de frousse; évidemment! Les roquettes de la coalition anti-rouge font mouche à chaque coup, et, en peu de temps, l’Ours est à genoux... Les coups s’équilibrent enfin quand les Roses entrent en lice à côté des Rouges, et le conflit menace de durer encore quelques bonnes éternités bien tassées.

C’est alors que Dieu en a marre. Dieu qui depuis cinq bonnes minutes, depuis son nuage gris-sombre, hurle à tout ce joli monde d’arrêter ce cirque, et que ça commence à bien faire, et qu’il n’a pas créé l’humanité pour la boucherie, mais bien la boucherie pour nourrir l’humanité (cochon qui s’en dédit!).

Evidemment, c’est peine perdue: la voix de Dieu, au milieu de tout ce raffut sauvage et wagnérien, passe aussi inaperçue qu’une étoile filante en plein midi; hélas!

-Bon, se dit le Créateur, je n’y arriverai pas en restant ici-haut! Il me faut y aller, passer moi-même à l’offensive, là en bas...

- Ouais, fait Christophe, alors il descend avec le feu céleste, et il envoie la mégahyperdose de paralysant magique, et il les engu...

- Christophe!! crie tante Malou, qui a de bons réflexes. Pas de gros mots!

- De toute façon, enchaîne Grand-papa, ce n’est pas cela que Dieu décide: il nous a toujours promis de nous laisser libres. Donc, le feu céleste ou les paralysants restent au vestiaire. La seule manière de se faire écouter, pour Dieu, c’est de devenir un homme comme nous. Mais attention, il ne se déguise pas, il ne prend pas seulement notre apparence: ce serait trop facile, de redevenir immortel, après quelques heures. Non, il se transforme, vraiment; il  choisit de devenir un homme, et de rester prisonnier de ce corps d’homme, depuis sa naissance jusqu’à sa mort.

Bref, si j’ose dire, parce que ça va lui prendre “un certain temps”, trèfle, Dieu monte dans son nébulo-métamorpho-laser Alpha, qui le transmute en embryon de bébé dans l’utérus d’une femme (on n’a encore rien inventé de mieux pour devenir un homme).

Cette future mère s’appelle Mary, elle va bientôt se fiancer avec Joe, son boy-friend. Et le bébé va naître au moment où ils sont en voyage, à la Maison du blé et du pain. Ils cherchent à se réfugier dans les ruines de l’Hôtel de Ville, mais ils en sont chassés par les squatters légitimes. Ils ne trouvent de place que dans un élevage de veaux en batterie, sur le grillage où reposent les bêtes à l’engrais.

Mary met au monde ce fils plutôt encombrant, dans la froidure de cet hiver de guerre. Elle l’appelle “Sauve-dieu” et le couche dans un conteneur de farines animales, raison sociale “Kreutzfeld-Jacob”...

Or, il y a, aux sources du Buron, un groupe de pillards miséreux, espèces de mutants condamnés à se nourrir dans les décharges de compost. Au milieu de la nuit, alors qu’ils cherchent un peu de chaleur autour d’un feu de vieux plastique, ils croient voir au coeur des flammes un... un poste de TV !?  qui parle !?  et qui leur dit:

- Allez à la Maison du pain, il y a quelque chose à gagner, de bon pour vous, au Centre d’engraissement des veaux.

N’ayant rien à perdre, si ce n’est le temps (qu’ils tuent de toute façon), nos mutants se rendent au lieu dit. Ils trouvent Mary, et Joe, et le petit enfant. Ils racontent leur aventure, et, sans bien comprendre pourquoi, ils vont même jusqu’à partager leur infâme pitance avec le trio d’étrangers. Puis ils retournent à leur bidonville, habités par un bonheur tout petit, mais inexplicable...

Un autre fabulationnaire m’a même raconté qu’ensuite seraient venus, de loin, trois stratèges - magiciens représentant les escadrons du Tigre, de l’Ours et du Requin. Et qu’ils se seraient prosternés devant le bébé, lui offrant en cadeau leurs plans secrets d’attaque pour le Tigre, leurs promesses de paix mondiale pour le Requin, et leur amitié fidèle, Fabrice, pour l’Ours!
Et puis, qu’ils seraient repartis, eux aussi autres, différents, transformés... avec une petite musique de paix au fond du coeur...

Voilà l’histoire, les enfants. Elle n’est peut-être pas merveilleuse, mais c’est la mienne, aujourd’hui.

.....          .....

Ils restent tous silencieux, une poussière d’éternité. Puis c’est Fabrice qui rompt le silence:

- Ce n’était pas ce que j’avais demandé, Grand-papa, mais je l’aime bien, ton histoire. Merci pour l’ours !

-Moi, ça m’a bien plu, déclare Christophe. Surtout le début! Mais je n’ai pas tout à fait compris, pour la petite musique de paix: comment elle peut être dans nos coeurs? Moi, je ne l’entends pas...

- Tu es intelligent, Christophe, dit le grand-père. Quand ta maman te prendra dans ses bras parce que tu pleureras, après ta prochaine bagarre, je sais que tu l’entendras. Mais souviens-toi: elle est petite, presque inaudible.

- Mais, Grand-papa, comment tu peux savoir qu’elle sera là, dans mon coeur?

- Eh bien, à cause de ton nom: Christophe, ça veut dire “porteur du Christ”. Les enfants, n’oubliez jamais: vous êtes tous des “Christophe”!

                                               ****************

Mon histoire n’est pas finie, bien sûr, vous l’avez constaté. Comment va-t-elle se terminer ? Les stratèges obéiront-ils vraiment à Dieu, et feront-ils la paix ? Quand Dieu remontera-t-il au ciel ?

Tout cela, vous le saurez au prochain épisode. Suite au culte de Pâques !

Suite, mais pas fin, car la fin, c’est nous qui allons l’écrire, chacun pour nous...



Jean-Jacques Corbaz

dimanche 23 décembre 2012

(Vu, FA, Pr) 6 "QuestionDieu" et 6 réponses

1.  Je me pose des questions sur l'Ancien Testament. L'image de Dieu n'y correspond pas du tout à celle d'un Dieu d'amour. Je sais que ces textes ont été écrits il y a longtemps, mais que peuvent-ils nous apporter?
 

Je comprends votre réserve à la lecture de certains textes de l'Ancien Testament; pris à la lettre, ils pourraient conduire à des attitudes de violence religieuse (ils ont d'ailleurs servi à la justification des pires horreurs, notamment le régime de l'apartheid en Afrique du sud!). C'est vrai, l'image de Dieu véhiculée par certains textes peut être en désaccord avec Jésus qui parle d'un Dieu d'Amour et d'Accueil sans condition.

Il est donc toujours important de "hiérarchiser" les textes bibliques. Pour un chrétien, la Révélation du Dieu d'Amour en Christ doit être le point à partir duquel on lit et interprète tous les textes. On ne met pas sur le même pied le Lévitique et l'évangile de Jean, par exemple.

Alors, pourquoi continuer à lire ces textes antiques, et que peuvent-ils nous apporter? D'abord, le NT, la figure du Christ, sa position par rapport à la Loi ou au Temple, sa fonction messianique, tout ça ne peut pas être compris hors de l'histoire de l'AT. Les premiers chrétiens y ont vu comme un accomplissement, un accomplissement qui opère des modifications (par ex. l'image du peuple élu étendue au monde entier, ou le Messie qui n'est plus le vainqueur violent, mais le Souffrant, etc...). Tout ça ne peut se comprendre qu'à la lecture de l'Ancien Testament.

Il est important aussi de replacer les textes dans leur contexte, et de voir les questions en débat: il y a vraiment une évolution de la Révélation: l'AT n'est pas monolithique: on voit par exemple le livre de Job lutter contre une théologie simpliste de la Rétribution qui existe pourtant dans d'autres parties de l'AT.

Enfin, je dirais qu'on peut aussi faire une lecture "psychologique" de l'AT: cette figure de Dieu archaïque qui a été transformée par le Christ est aussi en chacun de nous. Il faut reconnaître ces archaïsmes en nous et les prendre en considération pour "épurer" en quelque sorte notre conception de Dieu, des autres et de nous-mêmes! Par exemple l'appel à l'amour des ennemis dans le Sermon sur la Montagne, quand il est lu à partir de certains textes de l'AT où les ennemis sont exterminés, doit nous faire prendre conscience que les ennemis existent, que nous ne vivons pas dans un monde tout rose; ça nous permet alors un cheminement intérieur qui transforme notre désir de vengeance en bienveillance active. L'AT peut nous y aider.



2.  Mon fils de 7 ans a été très étonné quand je lui ai dit que Jésus attendait certainement de lui qu'il travaille bien à l'école. Pourriez-vous m'aider à étayer mon affirmation, ou me détromper si nécessaire ?
 

Je comprends l'étonnement de votre fils de 7 ans... Il est sûrement un fin théologien en herbe!

Je comprends aussi votre désir de placer le Christ au milieu des préoccupations quotidiennes, c'est très beau! Le problème, selon moi, c'est que vous placez sur Jésus une attente qui est la vôtre, en tant que parents, comme s'il était là pour renforcer votre désir, par ailleurs tout à fait légitime, pour votre enfant... Le risque de cette identification est que vous placez Jésus du côté de l'exigence de réussite... Comment fera votre fils si tout d'un coup il a un passage à vide, devient un peu "flemmard" ou a des mauvais résultats scolaires... Ne risque-t-il pas de croire alors que Dieu lui en veut de ne pas réussir? et donc de culpabiliser encore plus... Ne risque -t-il pas de se faire une conception de Dieu hyperexigeant et de ne jamais alors se sentir à la hauteur...ce qui pourrait lui faire passer à côté du Dieu de grâce qui nous aide, nous relève, nous pardonne....

C'est aussi ce qui peut arriver quand on dit à un enfant: "Fais attention, Dieu voit tout ce que tu fais"... (sous-entendu de mal). Il y a là une pression terrible d'où peuvent naître des images de Dieu néfastes pour l'épanouissement spirituel.

Mieux vaut donc dire à votre enfant que vous souhaitez en tant que parents le meilleur pour lui, et que le travail scolaire en fait partie, mais sans trop y associer Jésus... si ce n'est comme "guide", "aide", "soutien" de l'enfant, qqn à qui il peut toujours s'adresser quand les choses ne vont pas... mais pas comme d'une instance qui renforce l'exigence!



3.  Je dois animer le thème que voici "Comment provoquer l'intervention de Dieu dans sa vie?".  Pouvez-vous m'aider?


Qui a eu l'idée saugrenue de vous donner ce thème ? On ne peut pas provoquer l'intervention de Dieu dans notre vie! Pourquoi? Parce que Dieu ne serait plus Dieu! Pour être Dieu, il Lui faut être maître de toutes choses; donc totalement libre. Si je pouvais provoquer son intervention dans ma vie, il ne serait pas libre d'agir comme bon lui semble: d'intervenir ou de ne pas intervenir.

Vous allez dire que la prière devrait pouvoir provoquer son intervention. Mais il faut aussi concevoir la prière dans le cadre de cette liberté de Dieu totale. Il est libre de répondre comme bon lui semble à ma prière. Celle-ci ne possède aucun pouvoir.

Peut-être demandez-vous, avec cette question, comment ne pas passer à côté de ce que Dieu nous donne, comme on le fait si facilement et comme nombre de nos contemporains le font si aisément. C'est que Dieu intervient, en effet, de mille manières dans nos vies; discrètement. Parfois par les interpellations de ses témoins (bibliques, «historiques» ou actuels). Demandons-lui alors de Le reconnaître à l'oeuvre. Demandons-lui d'éclairer notre lanterne de sorte que nous puissions discerner ce qui, dans ce que nous vivons, est sa parole et ce qui ne l'est pas, puis demandons-lui le courage et l'intelligence de le mettre en pratique.



4.  Quel est le sentiment des protestants sur les autres religions (chrétiennes ou pas) quand au salut ?
 

Je pense que par "salut", vous entendez "salut éternel": Pour les Eglises protestantes, ce "salut" n'appartient qu'à Dieu! Nous croyons en la justification par seule grâce! C'est un don gratuit de Dieu, et aucun être humain ni aucune Institution ne peut se mettre à la place de Dieu pour "juger" du salut d'autrui! Nous ne pouvons que témoigner de cette grâce, reçue en Jésus-Christ, et espérer pour tous et prier pour tous, sans spéculer sur le salut de tel ou tel!

Donc, nous réservons à Dieu le "jugement dernier" sur toute vie! Cela dit, "salut" peut avoir dans la Bible un sens plus "concret": nous sommes sauvés en effet de l'angoisse, de la peur, des superstitions dès maintenant! Dans ce sens, il nous est possible de discerner:
-les "religions"  qui favorisent une libération de tout ce qui nous oppresse,
-de celles qui accentuent la peur et l'angoisse, le sentiment de péché et qui pèsent sur l'être humain. Mais attention, il y a des dérives "opprimantes" dans chaque confession!


 

5.  Comment aimer Dieu quand on vit dans la souffrance?
Aimer Dieu "de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit", ça paraît compliqué quand on ne vit que dans la souffrance. Comment aimer un créateur qui semble ne vous avoir créé que pour vous voir souffrir? Pourtant, dans la bible, on parle d’un homme qui est resté fidèle à Dieu malgré ses malheurs.


Merci pour votre question et votre témoignage. Vous imaginez bien qu'il ne peut y avoir de réponses générales sur ce thème, car chaque souffrance est unique et incomparable! Avant tout, je ne peux que vous témoigner ma compassion.

Mais je tente quand même des pistes de réflexion: D'abord, l'homme dans la Bible resté fidèle à Dieu malgré ses malheurs: c'est Job, dans l'Ancien Testament...Et si vous lisez ce livre, vous verrez que Job certes reste fidèle à Dieu, mais qu'il exprime sa souffrance, voire sa révolte! Il dit des paroles terribles à Dieu qu'il ne comprend plus...Ses amis essaient de le raisonner en prenant la défense de Dieu, en tentant d'expliquer ses malheurs...Mais Job ne supporte pas ce discours; il continue à protester de son innocence, il trouve ses souffrances injustes... A la fin du livre, Dieu donne raison à Job contre les amis. Il a été fidèle à travers sa protestation et sa révolte! Donc, méfions-nous des théories toutes faites sur Dieu (pour ne pas ressembler aux amis). N'hésitez pas à exprimer face à Dieu tout ce qui vous fait mal. L'essentiel n'est pas de vouloir expliquer la souffrance, ni de parler de Dieu, mais de parler à Dieu au coeur même de la souffrance.

Une autre piste dans le NT: Nous arrivons dans le temps de la Passion qui rappelle les souffrances de Jésus. Cela signifie pour moi que Dieu en Jésus entre profondément dans la souffrance du monde, qu'il la partage avec nous pour que nous ne la vivions pas tout seuls. Mieux, il nous offre à l'horizon Pâques, qui est la délivrance de toute souffrance. Pour moi, ça signifie qu'il ne faut pas envisager Dieu comme origine de la souffrance et des maux qui m'arrivent (vous avez raison, comment aimer un tel Dieu?), mais qu'il faut le découvrir comme celui qui est avec moi dans la souffrance, qui m'aide à la traverser et qui m'en libère... Alors, oui, un tel Dieu, je peux l'aimer.... Mais quand on est au creux de la souffrance, il est bien difficile de garder cet horizon d'espérance!



 

6.  L'enfer existe-t-il?
 
Les seuls enfers qui existent (oui, il faut malheureusement les mettre au pluriel!) ce sont ceux que que les humains eux-mêmes créent sur cette terre, dans des crimes collectifs contre l'humanité dont notre histoire est pleine (par ex. l'inquisition et la Shoah), dans des actes qui bafouent l'amour du prochain. Toute autre image d'un prétendu «enfer» dans l'au delà de cette terre n'est que superstition.

Par contre, il y a aussi sur terre des petits coins de paradis, et des anges qui nous aident à y croire.    Comme dans ce récit vécu, que j'aime beaucoup, et qui sera notre conclusion:
(Voir texte "Renseignements, SVP" du 20 décembre 2012) 


(D'après le site "www.questiondieu.com")

(Im, Hu) La demande


Au nom de mon ami et moi, Mademoiselle, voulez-vous? Acceptez-vous?