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lundi 10 février 2020

(Pr) En mission chez les "canards"


Prédication du 26 janvier 2020 à Bex et du 10 février 2020 à Plein Soleil

«Tu n’es pas n’importe qui!»


Lectures bibliques: Matthieu 3, 1-2 + 13-17 ; Esaïe 49, 13-16 

 


«Tu n’es pas n’importe qui» nous dit l’évangile. «Tu n’es pas n’importe qui» nous souffle le baptême que nous avons reçu, ou que nous pouvons demander sans que cela ne nous coûte rien. «Tu n’es pas n’importe qui» nous fait la communion que nous allons vivre tout à l’heure. «Tu n’es pas n’importe qui, tu es quelqu’un».

Les paroles de Jésus; ses gestes, et
même sa vie et sa mort nous chantent l’importance de l’être humain pour Dieu: «Je ne t’oublie jamais, nous promet-il, j’ai ton nom gravé sur les paumes de mes mains». Aux Vaudois qui disent «Y en a point comme nous» comme aux Allemands qui affirmaient «Gott mit uns», c’est-à-dire «Dieu est de notre côté»; aux juifs qui se voient comme LE peuple élu; autant qu'aux Chinois qui de Pékin jusqu’à Pompaples se proclament le milieu du monde… ainsi qu’à tous les autres (oui, tous!), Dieu nous dit: «Tu n’es pas n’importe qui».

Même les Papous et les natifs des Maldives! Et les habitants des terres lointaines, que les missionnaires d’hier ou d’aujourd’hui partent pour les soutenir dans leur foi. Même les personnes qui me choquent ou qui me gênent, parce qu’elles sont trop différentes de moi! Même l’automobiliste qui me fait une queue de poisson et que j’ai envie de traiter d’un nom qui ressemble à «canard»! Dieu leur dit: «Tu n’es pas n’importe qui».

Depuis la paille de la crèche jusqu’au bois de la croix, et même au-delà, vers la Résurrection, voire la fin du monde, c’est le message de l’évangile, la bonne nouvelle du Christ que nous sommes appelés à porter plus loin. Dieu nous dit: «Tu n’es pas n’importe qui». Moi, toi; vous, elles; nous: quelqu’un!! «Post-scriptum, dit Dieu: passez plus loin!»


  
C’est comme une fois y avait Jean le Baptiste, ça veut dire Jean le Trempeur, celui qui plonge les gens dans l’eau. Il se tenait au désert, près du Jourdain, et il annonçait: «Le Messie va paraître, préparez-vous! Purifiez vos cœurs, vos vies matérielles et vos vies spirituelles! Trempez-vous dans la rivière, en signe de propreté et de renouveau!»

Aussitôt, Jésus apparaît. Vous pensez peut-être qu'il arrive en disant: «C’est moi, les gars! Tatsaam! Déroulez le tapis rouge! Préparez trompettes, fracas, flashes et caméras télé!?»

Hem! Pas du tout, vous le savez! Jean et tous les autres attendaient un Messie triomphant, victorieux, qui ferait l’unanimité; un envoyé de Dieu qui transforme la terre. Et la première chose qu’il dit, c’est: «Moi aussi, je veux être baptisé». Comme les autres. Rien de plus.

On attendait un Dieu qui élève l’humanité jusqu’au Paradis; or c’est lui qui descend, qui vient à notre rencontre. Il quitte son village, et même la ville, et les lieux de la religion officielle, comme le Temple et la synagogue. Jésus quitte la hiérarchie solennelle et les belles traditions… tout cela pour venir au désert, lieu de la dépossession, lieu du dénuement et du manque. Lieu aussi de la révélation divine, comme pour Moïse et tant d'autres dans l'Ancien Testament. Il vient au désert, lieu du retour aux sources, si j’ose dire!
  

Au désert, où coule une rivière, le Jourdain; symbole d’ablutions, de nettoyage spirituel; de purification.

Il ne vient pas pour purifier les autres, non, il vient pour être purifié, lui! Exactement comme les pécheurs et les pécheresses de sa génération, auxquels il proclame ainsi avec force: «Tu n’es pas n’importe qui, car Dieu lui-même se déplace à ta rencontre, jusque chez toi!»

Tu te rends compte à quel point il te trouve important(e)?!
 

 
Désormais, il ne faudra plus offrir de sacrifice: c’est l’Esprit de Dieu qui descend, comme une colombe. Ce n’est plus l’homme qui, par un holocauste, s’élève vers le Ciel, mais c’est Dieu qui s’abaisse vers nous. Grâce verticale, où le seul qui offre un sacrifice, c’est Dieu, pour nous.

Et Jésus chassera du Temple les marchands de colombes, car la vraie religion, désormais, la vraie relation avec Dieu, elle passe dans l’autre sens: le sens descendant. De Dieu vers nous:  «Tu n’es pas n’importe qui ! »

Et le baptême, bien sûr, en sera le signe. Le baptême de Jésus inaugure nos baptêmes humains. Baptêmes d’adultes ou d’enfants, toujours, c’est la grâce qui descend. «Ne crains rien, dit Dieu, car je t’ai racheté. Je t’appelle par ton nom, tu es à moi. (…) Parce que tu es précieux à mes yeux, je te rachète pour te sauver la vie». (Es. 43). «Tu n’es pas n’importe qui, tu es quelqu’un».

Dans l’évangile selon Matthieu, Jean le Trempeur, le Baptiste, attendait un autre Messie, qui purifie les humains. Or c’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé! Car Matthieu veut nous aider à accueillir Jésus différemment. Non pas en nous défilant, en nous faisant tout petits, comme Jean quand il dit «C’est plutôt moi, pauvre prophète, qui ai besoin d’être baptisé par toi, Seigneur»; non, Matthieu veut nous aider à passer de la dé-mission à la mission tout court. Il nous envoie vers les autres!

Jésus, dans son évangile, a l’air d’un simple passant; mais en réalité il est un passeur. Il nous conduit les uns vers les autres. Et le désert devient précisément un lieu de passage, plutôt qu’un lieu de désertion!

Passage vers autrui; vers l’humanité qui souffre, qui attend, qui espère des signes de Dieu!




Et voilà que nous découvrons, avec surprise peut-être, le double-sens de notre formule, et de toute vie chrétienne, et de notre foi! C’est un tout petit mot de quatre lettres qui nous le montre, au cœur de notre passage biblique: au verset 15, Jésus dit à Jean: «Laisse, car c’est ainsi que nous devons accomplir la volonté de Dieu».

Nous!! Pas je ou moi!!

En effet, ce mouvement du haut vers le bas qui nous sauve, cette grâce, Dieu ne les produit pas lui tout seul, comme il aurait pu peut-être. Non, il nous y associe! Il nous promeut au rang de collaborateurs; de co-opérateurs de sa volonté; d’associés. Il a besoin de nous pour accomplir la mission de Jésus. Oui, «tu n’es pas n’importe qui». Moi, toi; vous, elles; nous: quelqu’un!!

Attention donc à ne pas entendre le slogan de ce culte comme un cadeau personnel seulement. Puissions-nous plutôt le recevoir comme une invitation à la mission, c’est-à-dire un appel à nous rapprocher des autres, à les valoriser, à les considérer, les regarder comme des «quelqu’un».
  

Ce mendiant dans la rue qui me gêne? pour Dieu, c’est quelqu’un. Ce voisin de chambre qui ronfle et m’empêche de dormir? pour Dieu, c’est quelqu’un. Ce requérant d’asile qui fait du bruit? cette femme qui m’interrompt quand je dis des choses importantes? ce gamin mal élevé qui perturbe mon recueillement? et même ce président de la grande puissance d’occident au prénom de canard? pour Dieu, c’est quelqu’un. Et moi aussi, bouclons la boucle, moi aussi qui me culpabilise, parfois ou souvent, de ne pas agir comme Dieu voudrait, moi aussi, quelqu’un. Pas n’importe qui !

Quand Dieu s’approche, ce n’est jamais pour nous isoler du reste du monde, mais toujours pour nous envoyer nous approcher des autres. Devenir des prochains !

Telle est la mission qu’il nous confie. Telle est l’unité qu’il nous appelle à commencer à vivre, déjà, au soleil des promesses de Pâques, pour préparer ce jour où nous serons tout en tous, avec le Ressuscité, et où nous vivrons parfaitement cet univers où le Créateur fait, de nous et pour nous, toutes choses nouvelles.
  


Cette prédication, c’est vous qui allez la terminer (puisque vous êtes quelqu’un)! Pendant le silence et le morceau d’orgue qui viennent, je vous invite à méditer, chacun(e), sur cette question: vers qui pourrai-je aller, dans les prochains jours, vers qui pourrai-je aller dire, avec mes gestes, avec ma chaleur humaine, avec ma vie: «Tu n’es pas n’importe qui, tu es quelqu’un». Quelqu’un à qui Dieu affirme: «Tu es mon enfant bien-aimé, en qui je mets toute ma joie. Je ne t’oublie jamais, j’ai ton nom gravé sur les paumes de mes mains». Amen


Jean-Jacques Corbaz 



dimanche 9 février 2020

(Po) Labour, Bressonnaz, 1943


Le paysan retourne la terre,
Son corps pesant sur la charrue attachée au cheval.
Le rythme sourd de son pas lourd
Fait danser de petites mottes détachées de ses bottes.

Et le paysan danse de même, parfois,
Ses bras gourds secoués par les cahots.
Il arrive qu’un à-coup lui fasse lever les yeux au ciel.
Le printemps viendra.
 


Au loin, sur le chemin,
Gustave Roud le contemple.
Et rêve.














Jean-Jacques Corbaz, 9.2.2020