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vendredi 13 décembre 2024

(Po, Co) Terre interdite (poème de Noël)

  


Le vent souffle sur la banquise. La glace craque, la banquise se rompt. Le fond qui fond. Frankenstein à la poursuite de son monstre. Frankenstein qui vient mourir épuisé entre mes bras. Et le monstre qui vient le pleurer près de moi.
Marie Shelley à la poursuite de mon ombre. O mon Annie, mon amour impossible, ruisseau de feu, banquise en flammes, mer de soif. Annie, mon petit clown pas assez triste, ma vie envolée à l’albatros. Claudicante et ressuscitante. Tenace.

Qui suis-je, pour mériter de tels déploiements? Qui est-ce que je deviendrai? Quelle façade devrai- je bâtir en hâte?
Le vent souffle chaud, c’est anormal. Meurtrissure. Le vent s’époumone. Tant mieux. Tant mieux si je m’endors. Je ne suis au moins pas responsable de mes songes. J’ai le droit d’être pathétique. Psychopathétique. En rêve.

Le vent s’époumone, mais c’est toujours ton nom qu’il murmure. Effet connu, stéréotypé, sans originalité. Mais ça fait toujours son effet.
Ton nom, Annie. Ton nom et tes mille visages. Trop belle pour être simple. Trop lumineuse pour être une. Annie. A comme angoisse, N comme nuée, N comme nuit, I comme immersion et E comme escalier. Je colimaçonne entre tes spots lumineux. Je veux m’accrocher, mais c’est interdit. Terre interdite.

Mais prends un visage humain, une fois! Sois humaine, non! Viens, fais-toi accessible, enfin! Enfin.

Le vent souffle sur la banquise, qui fait ressortir ma fixité. Annie. Théophanie. Montre-toi, quoi! Ça fait des périodes glaciaires que je t’attends.
Tu viens. Bien sûr, tu viens. Mais est-ce que je t’aurai attendue? Tu viens à en mourir. Mais qui de nous deux va mourir en premier?

Mais. Mais. Mais serais-tu déjà venue, et que je t’aie manquée?

Jean-Jacques, 28.12.75 

 

vendredi 6 décembre 2024

(Li, Po) Qu’elle vienne (Avent)

Qu’elle vienne, la Parole,
Qu’elle vienne comme un éclair,
Abondante comme un ruisseau,
Qu’elle vienne, infatigable.

Qu’elle vienne, la Parole,
Qu’elle vienne et nous éclaire,
Qu’elle danse à notre approche,
Qu’elle vienne, encor’ nouvelle.

Qu’elle vienne, juste et folle,
Vienne au creux de notre hiver
Nous sortir de nos tombeaux,
Changer nos vies par son sel.

Qu’elle vienne, la Parole,
Aux blessures de notre chair,
Qu’elle vienne, ronde ou croche,
Nous vivrons nouveau Noël!


Jean-Jacques Corbaz, 13.12.1977  


(Co) Une nuit pas comme les autres


Une nuit de Noël pas comme les autres. Je n’ai pas mis de souliers dans la cheminée. D’ailleurs, pas de cheminée. D’ailleurs, pas de Père Noël. Rien que l’amour. Et l’amour, c’est tout. Je suis riche!

Une nuit de Noël pas comme les autres. Depuis huit mois, mon amour. Chaque soir. Il vient. Pas besoin de cheminée. Depuis l’amour.

Une nuit de Noël pas comme les autres. Il viendra, pour la 248ème fois. Il me l’a dit. Une nuit de Noël à deux. Attendue depuis 30 ans. Seule.

Une nuit de Noël pas comme les autres. Pas de sapin, pas de cadeau. Mon amour, le seul cadeau. Mon espoir, la seule bougie. Ma confiance, le seul sapin.

Une nuit de Noël... Tiens, il est en retard. Bizarre. Une nuit de Noël qui commence par attendre. Une nuit pas comme les autres.

Une nuit de Noël... Minuit bientôt. La pendule assassine perce mon coeur de ses pointes saccadées. Tic, tic, tic, tique, et tique, retique, relique, éthique, tac, étique et tac, étiquette à coins noirs, pourquoi du noir, pourquoi toujours du noir?!

Une nuit... noire. Douze coups résonnent dans ma torpeur. Il - ne - vien - dra - ja - mais - il - ne - vien - dra - ja - mais. Je tuerai la pendule de Grand-Maman. La pendule noire, mais non elle est brune, je deviens gaga, c’est ma faute, me monter la tête avec ces histoires.

Une nuit à histoires. Histoires tristes. Pas comme les autres. Une nuit de Noël presque comme les autres. Presque pas.

Une nuit de Noël presque pas comme... ce bruit? Ce bruit?! C’est lui? C’est lui! C’est lui!!! D’où vient-il?
- D’où viens-tu?
Il n’est pas dans son état normal. Comme les autres. Il a bu?

- Tu as bu?!
Une tristesse pas comme les autres. Presque pas comme les autres. Une engueulade pas comme les autres. Oui, presque comme les autres pourtant... Une biture, au fond, comme les autres.

Une nuit de Noël pas comme... Ah, non! Il ronfle sur le parquet, plus fort que d’habitude, plus sale que d’habitude, plus tard que d’habitude. Une nuit de Noël pas comme les autres: ma première nuit de Noël à deux.

Mais notre enfant ne naîtra pas le 25 septembre... pas non plus... Que vienne enfant, pardon, enfin, une nuit pas comme les autres.


Jean-Jacques, 31.12.75 

 

(Po, Li) Venez, chantons (cantate Dominum)

Venez, chantons à Dieu un chant nouveau
Un chant vraiment nouveau
Un chant de joie et de reconnaissance
Un cri d’espoir, un pas de danse
Dieu vient, bientôt
Au cœur
du monde.

Beauté toute simple de l’étoile dans la nuit
Modeste jaune, humble éclat sur fond bleu
Signe de vie
Et de présence
Dieu vient, bientôt
Au
cœur du monde.

La terre frissonne devant cet avenir
Fascinée et craintive
Elle pressent que rien ne sera plus comme avant.
Ses calmes rives
À longues manches
Neige lascive
Ou larmes blanches?
Le monde attend.
Dieu vient, bientôt
Au
cœur du monde.

Viens!
Regarde!
Il se glisse au milieu de nous
Si puissant qu’il transfigurera le monde
Mais si discret qu’on peut toujours le rejeter
Tellement il respecte notre liberté.
Dieu vient, modeste et passionné
Il vient bientôt
Au
cœur du monde.

Viens!
Viens vivre!
Vivre et chanter, nouveaux
Vraiment nouveaux
Un chant de joie et de reconnaissance
Un cri d’espoir, un pas de danse
Dieu vient, bientôt
Au
cœur du monde.


Jean-Jacques Corbaz, 19 décembre 1973   


(Bi, Re) Dieu se moque-t-il de la souffrance des peuples?


Beaucoup de chrétiens me demandent que fait Dieu en ces temps. Nous a-t-il abandonné, se moque-t-il de la souffrance des peuples, de la ruine des uns et de la mort des autres ?
Alors je me suis dit : qu'a fait le Père quand son dernier fils a pris sa part d'héritage et qu'il est parti dans un pays lointain pour dépenser sa fortune dans une vie de désordre ?
(Luc 15, 11-32)

Le Père l'a laissé partir et il a attendu. Il n'a rien dit, n'a pas fait de reproches, ne l'a pas sermonné. Il l'a laissé libre de ses choix. Le fils est parti dans un pays lointain dépenser sa fortune et le Père n'a pas eu de nouvelles. Peut-être le Père a-t-il appris qu'une famine sévissait là-bas et il s'est inquiété pour son fils. Le Père n'était pas non plus responsable de cette famine, il ne l'a pas créée pour donner une leçon. Mais que pouvait-il faire ? Allait-il envoyer des émissaires pour le faire rechercher et le ramener par la peau du cou? Non il a attendu que le fils fasse l'expérience de la faim, du manque, d'un repentir, qu'il rentre en lui-même et se rende compte que sa prétendue liberté n'était qu'un esclavage. 

Quand le fils s'est décidé à rentrer, le Père ne lui a pas fait de sermon avec l'air entendu et victorieux de celui qui se réjouit de l'humiliation de l'autre. Il a organisé une fête. 
Nous sommes partis mener une vie de désordre dans un pays lointain. Désordre écologique, désordre économique, désordre social, désordre moral. Nous avons quitté la maison de notre Père, de notre patrie, de notre foi, de notre terre pensant que l'herbe serait plus verte ailleurs. Nous avons pensé que notre liberté passait par les plaisirs et la consommation, les abus et la domination des faibles. Et nous voudrions que Dieu agisse alors que nous sommes encore bien loin ? Tout le monde pense à demain en espérant que ce sera comme avant. "Mes vacances !" "Mes voyages !" "Mes soldes !" alors que beaucoup n'auront même pas les gousses que mangent les porcs. Beaucoup n'ont pas encore compris et se permettent en plus d'accuser Dieu d'une famine dont il n'est pas responsable, d'un désordre que nous avons créé, d'un abandon que nous avons choisi.  

Chaque fois que l'on accuse Dieu, c'est un Dieu païen qui est accusé et on a donc raison de le rejeter ce Dieu qui punit ou ce Dieu qui agirait sans respecter la liberté de l'homme. Ce Dieu là n'est pas notre Dieu. 

Dieu est Père et il attend que son Fils "rentre en lui-même" et revienne. Le silence de Dieu est l'espace de notre liberté.
Pierre Vivarès


(Co, Po) Avent, le vent

Le vent souffle sur la banquise. La glace craque; la banquise se rompt. Le fond qui fond. Le monde entier devient-il eau? Fleuve gris sombre pour nos errances? Grondant, gémissant, hoquetant… La peur du vide…

Mon Dieu, mon amour impossible, ma rencontre désespérée, ruisseau de feu, banquise en flammes, mer de soif. Toi que j’ai cherché dans les dunes de neige et de glace, comme Frankenstein à la poursuite de son monstre. Comme Frankenstein qui vient mourir épuisé entre mes bras. Et le monstre qui vient le pleurer près de moi.

Le vent souffle, il s’époumone. Tant mieux. Tant mieux si je m’endors. Que je rêve de ta venue, enfin.

Le vent s’époumone, mais c’est toujours ton nom qu’il murmure. Effet connu, mais qui fait toujours son effet.

Ton nom. Ton nom et tes mille visages. Trop beau pour être simple. Trop lumineux pour être un. Trop Dieu pour t’approcher.

Mais prends un visage humain, une fois! Sois humain, quoi! Viens, fais-toi accessible, enfin. Enfin…

Le vent souffle sur la banquise, et fait ressortir ma fixité. Viens, montre-toi! Ça fait des siècles, ça fait des périodes glaciaires que je t’attends.

Tu viens. Bien sûr, tu viens. Mais est-ce que je t’aurai attendu, alors? Tu viens à en mourir. Mais qui de nous deux va mourir en premier?

Mais. Mais. Mais serais-tu déjà venu, et que je t’aie manqué??


Jean-Jacques Corbaz, 22.11.1976   


lundi 2 décembre 2024

(Pr) Rencontre au coin du feu!

Le buisson ardent, 2 décembre 2024

Lectures: Exode 3, 1-7, puis 10; Jean 8, 31-36

Vous connaissez sans doute le negro spiritual «Go Down, Moses! Descend, Moïse, retourne en Égypte! Dis au pharaon de laisser partir mon peuple!»

Voici donc l’histoire d’une délivrance. Le passage qui nous occupe aujourd’hui, au début du livre biblique de l’Exode, est le point de départ de la fantastique libération de la sortie d’
Égypte. Un peuple nouveau va se constituer autour de ces chaînes brisées, autour de ce cadeau de Dieu: la liberté.

L’histoire d’une délivrance, donc aussi d’une naissance. Israël va venir au monde, après les contractions, les déchirements, les douleurs de l’Exode.

Quand ils étaient en Égypte, ils n’étaient qu’un paquet d’esclaves, descendants de plusieurs vagues de réfugiés… économiques (vous savez: lors des grosses sécheresses, le seul pays de la région où l’on pouvait trouver à manger, c’était la vallée du Nil). De ce groupe informe, Dieu va faire un peuple. Son peuple. Ses enfants.

Pour cet accouchement, il aura besoin d’une sage-femme… de sorte! D’ailleurs pas trop sage, car il faut être un peu fou pour se lancer à la tête de cette aventure! Ni trop sage ni trop femme… puisque les temps n’étaient guère propices au leadership féminin!

Cet accoucheur, Dieu le choisit dans la personne d’un berger. Peut-être à cause de son habitude à rassembler des bêtes rétives! Peut-être de par sa connaissance du désert et de l’
Égypte. Ou peut-être parce qu’il a montré des capacités de survie étonnantes en plusieurs occasions, va savoir. En tout cas, ce n’est ni un grand orateur, ni un chef militaire. Mais je parie qu’il a déjà souvent dû dans son troupeau conduire des mises bas éprouvantes!

Moïse. Fondateur d’un peuple, et d’une religion. Mais surtout, peut-être, sage-femme. L’histoire d’une naissance. Dites, et si c’était aussi la nôtre?

Il y a, dans le désert, une grande montagne qu’on appelle Horeb, et qu’on nomme ailleurs aussi le Sinaï. Mais les bergers du coin disent «la montagne de Dieu», allez savoir depuis quand? Presque pas de végétation, sinon quelques buissons rabougris qui s’accrochent à la pente, rude.

Un soir, Moïse voit tout-à-coup l’une de ces broussailles qui brûle. Mais sans faire de fumée! Il s’approche, curieux. Il observe, mais pas de trop près. Le buisson est en flammes, mais il ne se consume pas.

Alors Moïse se rapproche encore. Il dévie de sa route pour essayer de comprendre cet étrange phénomène. Et puis, l’avez-vous remarqué? c’est quand Dieu voit le berger quitter son chemin et venir dans sa direction, c’est alors seulement qu’il décide de lui parler. De l’appeler.

Pour que cette rencontre ait lieu, il a fallu que chacun fasse un pas vers l’autre. Il a fallu que chacun quitte son parcours balisé, prévu, normal. N’en est-il pas ainsi, également, de nos rencontres vraies, aujourd’hui?

L’histoire d’une naissance, c’est d’abord, logiquement, l’histoire d’une rencontre! La rencontre au coin du feu entre Moïse et Dieu. La rencontre, aussi, entre les cris, les plaintes, les souffrances des esclaves qui montent vers le Créateur; et lui qui descend, qui en a marre de voir les épreuves de ceux qu’il aime, qui décide d’intervenir.

Et ces mouvements du haut vers le bas et du bas vers le haut, ils sont le signe de l’incroyable bouleversement religieux et politique de cette année-là: tout à coup, Dieu n’est plus cantonné dans ses nuages, à baigner dans ses félicités éternelles. Il vient rencontrer notre monde, le pénétrer, le féconder, pour que naissent des temps nouveaux! Des temps de présence et de liberté.
 


Et si c’était l’histoire de notre délivrance? Avec les Églises chrétiennes, nous trouvons dans ce curieux récit imagé la préfiguration d’une autre naissance, encore plus étonnante, encore plus «révolutionnante»: celle où Dieu lui-même vient au monde, Noël.

Il vient au monde, il vient à nous pour nous rencontrer. Pour que nous fassions nous aussi le pas dans sa direction. Le pas qui sera notre chemin vers la liberté.

Mais attention aux illusions! Toutes ces images de chemin, de rencontre, de  délivrance et de naissance montrent bien que l’on n’est jamais achevé, accompli. Nous en avons trop entendus, de ces chrétiens qui affirment avoir rencontré Dieu tel jour, à telle heure, et que c’est acquis, et que, depuis, tout est parfait, le bonheur total…

La réalité, nous le sentons bien, est très différente. La Bible aussi, d’ailleurs. La rencontre avec Dieu n’est pas la fin de nos soucis, elle nous entraîne dans des difficultés nouvelles. Demandez un peu à Moïse, et aux amis de Jésus! Être esclave en 
Égypte était au fond facile, devenir homme libre est bien plus difficile!


Dans notre monde d’aujourd’hui; dans nos esclavages, nos oppressions, dans nos souffrances ou nos colères, nous aussi nous avons soif de libération. Comme au temps de Moïse, comme au temps des esclaves noirs aux USA, Dieu entend nos plaintes, nos appels. Et il descend!

Mais il n’a pas de baguette magique! Il a besoin de guides, et d’accoucheurs, comme Moïse. Il a besoin de nous aussi, de notre participation, de notre acquiescement. Aujourd’hui comme hier, comme en Jésus et comme au Sinaï, il nous appelle à nous engager sur des chemins de délivrance, ou de naissance.

Une route où il faudra beaucoup marcher. Où il y aura bien des murmures, des réticences, des souffrances. Des nostalgies aussi. Notre cadeau de Noël,  ce n’est pas du préfabriqué, et il faudra souvent relire le mode d’emploi. Comme pour ces meubles qu’on achète à Ikea!

Un chemin exigeant, une lutte quotidienne. Et pourtant c’est là que marche Jésus Christ, le modèle de notre parfaite liberté. Et c’est là que nous pouvons trouver la sérénité et la résilience qui nous permettront de traverser les épreuves sans nous laisser abattre.


Hier soir, à 18h, dans tout le canton, d’autres buissons ardents ont rappelé cette histoire-là. Les feux de l’Avent, chaque année, nous disent que les vieux récits de l’Ancien Testament peuvent se passer aujourd’hui.

Dites, et si cet Avent, c’était l’histoire de notre délivrance?
Amen

Jean-Jacques Corbaz





 Cantique: Go Down

1.  Là-bas mon peuple est enchaîné – chante liberté!
Travaille et meurt à coups de fouet – chante liberté!
Tu vas, berger, chanter la liberté,
Cours là-bas, crie pour moi: Dieu vient vous sauver!

2.  Vos yeux, vos fronts vont se lever – chante liberté!
Vos chaînes partir en fumée – chante liberté!
Tu vas, berger, chanter la liberté,
Cours là-bas, crie pour moi: Dieu vient vous sauver!

3.  Un jour, l'espoir sera vainqueur – chante liberté!
Dieu chassera la mort, la peur – chante liberté!
Tu vas, berger, chanter la liberté,
Cours là-bas, crie pour moi: Dieu vient vous sauver!


lundi 4 novembre 2024

(Pr, FA, SB, Vu) Les mystères de l’Apocalypse. Prédication du 4 novembre 2024


Introduction aux lectures:

Apocalypse. Mot galvaudé, traité à toutes les sauces. Si souvent synonyme de catastrophe, de déchainements violents, d’anéantissement final.

Pourtant, en grec, apocalypse signifie «ouverture», ou «révélation». 

Écoutez cet extrait de l’introduction que donne à ce livre biblique la traduction en français courant :

«Ce livre se compose en grande partie de visions et de révélations. Il les exprime dans un langage symbolique et imagé, que les croyants, familiers de l’Ancien Testament, pouvaient plus facilement comprendre, alors qu’il restait mystérieux pour les autres lecteurs. (…)

L’affirmation centrale du livre est claire : en opposition au triomphe momentané des forces du mal, la victoire totale et définitive sera remportée, pour Dieu et pour les siens, par Jésus. (…) 

Les lecteurs d’aujourd’hui comprendront mieux ce livre difficile s’ils n’y cherchent pas les détails d’un avenir catastrophique. L’intention de l’auteur n’est pas de faire peur aux croyants (ni de décrire exactement ce qui viendra), mais de leur donner du courage dans les temps difficiles».

 

Lectures: Apocalypse 4, 1-11; Apocalypse 5, 1-10; Psaume 4, 2-9



Prédication

Le livre de la Genèse, qui raconte la Création, souligne un fait curieux: chaque fois qu’il invente quelque chose, Dieu dit que c’est très bon. Même quand il crée l’être humain! Ça vous étonne?

D’autres pages de la Bible sont plus réservées à ce sujet. Elles soulignent plutôt que notre espèce est aussi capable du pire. Car, oui, le Livre sacré est à notre image, et il décrit les faces sombres de l’humanité autant que les côtés ensoleillés!

L’Apocalypse appartient à la catégorie des plus pessimistes, vous l’avez deviné sans peine. C’est bien normal: elle a été composée dans une époque troublée, tissée de violences, d’injustices et de persécutions pour les chrétiens. Oui, un peu comme aujourd’hui!

En ce temps-là, ce sont les Romains qui tiennent le couteau par le manche. Les légions italiennes sèment la terreur au nom d’un empereur qui demande qu’on s’agenouille devant lui. Quiconque refuse est massacré sans pitié.

En particulier ce sont les disciples du Christ qui sont persécutés. Pourquoi? Parce que l’évangile est une force de résistance supérieure aux autres religions ou philosophies. Et une force de résistance qui donne des boutons de fièvre aux despotes, eh bien il faut l’abattre, ça ne rate jamais!

Dans ces temps opaques, il y a près de 2000 ans, un chrétien écrit un livre mystérieux qu’il nomme l’Apocalypse. Ce n’est pas le premier, loin de là. À cette époque, des quantités d’apocalypses sont rédigées, soit par des juifs soit par des chrétiens. Il y en a plusieurs centaines! La plupart ne sont pas dans la Bible.

Apocalypse veut dire «révélation»; ou «ouverture». L’auteur veut nous dire que, dans un sens imagé, Dieu ouvre dans l’Apocalypse un paquet fermé, caché. Et dans ce paquet, les croyants trouvent des réponses à leurs questions. Ou bien ils trouvent des consolations. Ou ils trouvent quelque chose qui donne un sens à leur vie, au milieu de leurs souffrances.

Leurs questions? Vous les devinez. «Pourquoi la violence a-t-elle le dessus? Pourquoi Dieu laisse-t-il tous ces gens qui croient en lui se faire massacrer par les djihadistes... euh pardon, par les Romains?»...

L’Apocalypse dite de Jean essaie de répondre à ces questions. Ou plutôt, de dire comment Dieu y répond. Nous verrons tout-à-l’heure qu’il y a là une nuance fondamentale. Elle le fait de manière imagée et codée, comme toutes ses semblables. Elle s’exprime par le biais de symboles, d’images, de chiffres; de fantasmagories. Mais on peut voir trois différences importantes entre notre Apocalypse et les autres. Trois différences qui vont correspondre aux trois dernières parties de cette prédication.


Première différence (montrer le «livre»): le livre qui donne les réponses, ce livre est fermé. Il y a sept sceaux qui empêchent de l’ouvrir. Impossible! Et on nous dit que personne de chez personne n’est capable de le desceller et d’en permettre la lecture.

Ainsi donc, les explications à nos mystères, elles restent cachées. Personne sur la terre, vraiment personne, ne peut donner des réponses justes aux questions des victimes, aux «pourquoi». C’est essentiel.

Il y a des quantités de gens qui croient savoir répondre à toutes ces interrogations. Ceux qui ont le pouvoir pensent détenir aussi le savoir. L’Empereur de Rome, par exemple.

Mais non. Sur terre, personne ne peut. L’Empereur de Rome pas plus qu’un autre. Seul un extraterrestre en est capable! Quelqu’un qui vient d’ailleurs, celui que notre Apocalypse appelle l’Agneau. L’Agneau, c’est une figure cachée du Christ, vous l’avez compris.

Vous voudriez ouvrir ce livre? Vous voudriez que je l’ouvre? Non, impossible. Il restera fermé. Ni vous ni moi ne sommes capables, ou «dignes» d’accéder aux réponses ultimes. Mais nous savons qu’elles existent, même si elles nous sont inaccessibles pour l’instant. Souvenez-vous en: nous savons qu’elles existent.

Deuxième différence avec les autres apocalypses de l’époque: c’est à propos du héros, celui qu’on appelle ici «le fort», «le lion de Juda», «le fils de David». Eh bien dans les autres apocalypses, on voit le SuperHéros arriver en pleine puissance, il venge les croyants massacrés, il élimine les méchants sans pitié. Il démolit les adversaires de Dieu. Bref, il fait trois fois plus de mal que ceux qu’il combat n’en ont commis!

Jésus n’agit pas ainsi, vous l’avez compris. Il est «le lion de Juda», «le fort», «le descendant de David», oui, mais il a l’apparence (vous vous souvenez?),   il a l’apparence d’un agneau. Et davantage encore: d’un agneau égorgé.   Jésus ne vient pas détruire les méchants qui nous massacrent ou nous terrorisent; il vient souffrir avec nous, comme nous. Il est solidaire de tous les égorgés de la terre.

Et c’est vraiment ce qu’il a fait: en acceptant de mourir crucifié, il nous donne la plus belle preuve de solidarité pour nous. La plus belle manière de nous dire «je t’aime». De nous aider à vivre.

Et puis, il nous donne le plus fort enseignement de ce dont nous parlions il y a quelques mois, un enseignement éminemment moderne: que la violence ne se soigne pas par la violence. Toute agression ne fait qu’augmenter la haine. La seule façon de guérir ce monde des violences qui le meurtrissent, c’est l’amour, et encore l’amour; et le pardon; et le respect. Dire «stop» à la terreur, à la vengeance, et à la haine. Trouver une attitude autre, vous vous souvenez? Tendre une autre joue.




Troisième différence avec les nombreuses apocalypses de l’époque: Dieu! Les autres apocalypses décrivent Dieu en long et en large, comment il est lumineux, et puissant, et cuirassé, et chamarré... Ici, on nous parle presque uniquement du trône du Père céleste; et de tout ce qui entoure son siège royal.  Mais Dieu, lui, on n’en parle pas. On ne nous dit jamais comment il est, à quoi il ressemble.

Pourquoi? Eh bien, parce qu’il y a cette interrogation qui nous coince. Cette question qui nous reste en travers de la gorge, et que vous connaissez bien: «Si Dieu règne sur ce monde, alors pourquoi laisse-t-il faire toute cette violence que nous subissons, tout ce mal, ces injustices?»

À cette interrogation, nous l’avons dit déjà, personne ne peut donner une réponse exacte et parfaite, aujourd’hui comme hier. Le livre (montrer) restera fermé. Dieu est invisible, il nous échappe. Nous sommes incapables de comprendre; à l’image d’un petit enfant qui ne peut pas s’expliquer pourquoi il doit aller au lit avant son grand frère... Ici, j’aime le dire, ici-bas nous sommes au pays des «pourquoi». Mais là-haut, vers Dieu, un jour nous accèderons au royaume des «parce que».

Mais attendez avant de sortir de ce lieu de culte! Souvenez-vous d’un détail, dans le passage que nous avons lu. Un détail «essenciel» (sic) ! La vision de l’Apocalypse dont nous parlons, où se passe-t-elle? Le prophète qui la décrit, où situe--t-il la scène? Eh bien, au Ciel. Et pas sur la terre.

Et là, au Ciel, c’est une vision de paix totale, de bonheur, de douceur. Toute interrogation trouve une réponse parfaite. Il y a des coupes de parfum, des chants; la réconciliation.

Alors ce qui est ouvert, ce qui est révélé, oui, ce qui est annoncé, c’est que la douceur et la sérénité sont au Ciel, d’accord; mais qu’elles ne sont pas complètement séparées de nous pourtant. Car le point fondamental, il est ici: on nous dit que les prières des croyant.e.s sont ces parfums qui nous relient au monde parfait de Dieu.

Donc, dans la prière, dans l’espérance, les chrétiens contemplent déjà ce bonheur à venir. Ils peuvent commencer déjà à le vivre ici-bas. De même que, quand je reçois une invitation pour une fête, je commence à en vivre la joie;  ça me donne du plaisir, déjà!


Au fond, ce que nous dit l’Apocalypse de Jean, c’est que Dieu ne règne pas sur ceux qui terrorisent, sur ceux qui égorgent les autres. Dieu règne sur celles et ceux qui prient, qui espèrent; sur celles et ceux qui contemplent déjà la paix du Ciel, la douceur qu’il nous prépare pour la vie éternelle.

Dans notre vie spirituelle, ouvrons donc nos yeux sur ces réalités, cachées mais que la foi nous permet d’entrouvrir! Quand nous sommes proches de l’Agneau qui nous sauve, nous pouvons discerner le vrai bonheur, déjà. Et en témoigner, en rayonner autour de nous. Si nous savons en reconnaître les signes, nous devenons des hirondelles qui annoncent le printemps du Christ; qui l'anticipent; qui l'aident à advenir!

Sachez-le, nous dit l’Apocalypse d’un bout à l’autre: le dernier mot de l'histoire appartiendra à Dieu. Amen


Jean-Jacques Corbaz


Après l’interlude:

Apocalypse. Si souvent synonyme de catastrophe, de déchaînements violents, d’anéantissement final.

S’il y a catastrophe, dans la Bible, quand elle parle d’apocalypse, cette catastrophe ne vise que les systèmes totalitaires qui prétendent asservir l’homme. À Antiochus, à Néron, comme plus tard à Hitler ou Staline, elle redit sans cesse : «Tu n’es pas éternel. Tu vas t’effriter, regarde ton bel édifice comme déjà il se lézarde.»

Mais aux croyants, et plus largement à toute personne, surtout aux victimes et aux persécutés, elle tient un tout autre langage. L’Apocalypse leur demande, parfois avec tendresse, de tenir debout; de garder courage et sérénité; de veiller. Elle leur dit que Dieu a mis toute son espérance en eux; et que dans le monde ils sont témoins des signes du renouveau, des signes du monde neuf que Dieu fait naître au milieu de nous.

Si nous savons les recon-naître (et vous savez que naître ne se fait jamais sans douleur!), si nous savons les reconnaître, nous pouvons devenir nous aussi les hirondelles qui bien sûr ne font pas le printemps de Dieu, mais qui l’annoncent, qui l’anticipent, qui l’aident à naître.

Apocalypse: révélation. Révélation de toute l’affection que Dieu a pour nous, au milieu de nos détresses : «Ne crains pas, dit Dieu. N'aie pas peur, car je suis avec toi» (Esaïe 43). 


Jean-Jacques Corbaz


P.S. Voir le document plus général sur l'Apocalypse, qui donne quelques indications sur les codes, les chiffres ou les nombres, les couleurs et autres difficultés de ce livre biblique pas comme les autres:  
http://textesdejjcorbaz.blogspot.ch/2012/11/lapocalypse-revelation-que-le-dernier.html



Envoi: le mystère de Dieu

Ce que nous comprenons des paroles de Dieu, c'est beaucoup moins que ce qui nous échappe. Ses paroles sont comme une source où chacun peut se désaltérer, mais que personne ne peut épuiser.

Réjouis-toi donc d'avoir pu apaiser ta soif, mais ne te désole pas que la richesse de la source te dépasse. Ne t'attriste surtout pas d'être incapable d'épuiser cette richesse: mieux vaut que la source étanche ta soif plutôt que ce soit ta soif qui épuise la source.

Si elle n'est pas tarie, tu pourras y boire encore, chaque fois que tu auras soif. Mais si, en te rassasiant, tu épuisais la source, ta victoire deviendrait ton malheur!

Remercie pour ce que tu as reçu, et ne t'en fais pas pour ce qui n'est pas utilisé. Dieu a truffé sa parole de richesses multiples, pour que chacun puisse y contempler un trésor, selon ce qu'il aime…  (d‘après Saint Ephrem de Nisibe)



samedi 26 octobre 2024

(Po, Co) Marche lente automne terrien


Le passé sur ses épaules alourdissait ses omoplates. Un peu plus épais peut-être que la moyenne, un peu plus grand. Mais n’était-ce pas qu’une impression?


Ces heures intimes du milieu de la nuit étaient son domaine. Dans les rues du village, où les siècles collaient aux façades; à travers les champs, où le passé couvait, silencieux mais présent. Peu d’années. Peu d’années encore, mais grosses de temps mort, mais lourdes de tant porter. Peu d’années vécues, combien à déployer?


Un bruit d’automobile, au loin. Promeneur hâtif vers son port, rejoindre le feu, chaleur de vie. Les autres. Le lit. Les murs. Sécurité.


Le passé dans son dos le courbait contre terre. Terre grasse et indolente de ses ancêtres paysans. Terre vieille et sûre qu’il rejoindrait - un jour.


Sa pensée cheminait à grands pas bottés, semelles épaissies par la boue glaise. Je viens, tu sais, je viens. Mais j’arrive avec tout ça dans ma hotte: mon pays, mes collines, ces pommiers, ces maisons. J’arrive avec ces hommes gestes lents, bouche lente, pensées lentes; mais si pleins, si pleines. J’arrive avec mon cœur, mes pipes, mes souvenirs tièdes ou glacés. Mes espoirs demi-ton. Mes compromissions. J’arrive avec le temps passé sur mes épaules.


Je viens. Mais pourquoi je vois si mal? Le brouillard est-il partout autour de moi? Non, il y en a aussi sur mes lunettes; poussières, saletés. Et puis non, il y en a encore dans ma tête, mes brumes d’avoir tant existé.


Le passé sur ses épaules alourdissait sa marche. C’est ainsi qu’il allait, au rythme de sa terre. La récolte est maigre, cette année. Les pommes-de-terre trop grosses ont un vide au milieu. Les épis trop petits. La vigne mal mûre.


Le pays l’empêchait de courir. Même de vouloir courir. La mort immobile, même pas menaçante, et pourtant inexorable. La mort enracinée dans le terroir, avec les vieux, avec les autres, dans les virgules et les soupirs.


Le passé annonçant la mort pesait sur ses épaules. C’est ainsi qu’il traînait sa lente presqu’espérance. Ne le jugez pas, coursiers de l’avenir galopant à son approche, ne le jugez pas. Je crois que c’est comme cela qu’il vivait, et qu’il vivait heureux.



Jean-Jacques Corbaz,14.10.77  



(Po, Co) Dans le brouillard forclain

La forêt d’en-haut a mis sa houppelande pâle. Un étang, promeneur mollusque, traîne au ras des collines, bras baladeurs. Les chalets se blottissent les uns contre les autres.
C’est l’heure grise où l’on repense aux vieux, que l’on croyait perdus.


Il descend sur nous. Enlace mollement nos maisons engourdies. Estompe nos contours dans un rêve embrumé, insaisissable.
C’est l’heure triste où tombent nos bras fatigués.


Mon  cœur
est un îlot où s’arc-boute la vie. Mais dehors, tout sourire lui paraît étranger. Un point, le début d’un rayon, pour un départ. Nommé espoir.


C’est l’heure blanche, petit matin, où l’on sait bien que tout repartira.

Dans le brouillard, l’espérance est vive. Elle me sauvera.


JJ Corbaz, le 5.7.77

 

 

(Po) Rendez-nous notre été


Rendez-nous notre été,
L’été qu’on nous a volé,
Le soleil de juillet,
Les chaudes soirées étoilées,
Mon cœur en paix.

Rendez-nous notre été,
Celui qui a filé
Droit sous mon nez,
Parti, sans se retourner…

Rendez-nous notre peur,
Trafiquants de la méfiance,
Laissez-nous ce chemin de partance,
D’adolescence (pas fuite, mais distance!),
N’y posez pas vos gros souliers.

Le saurez-vous?
C’est notre bonheur,
C’est notre liberté gagnée
Que de pouvoir, peu à peu, l’apprivoiser.

Rendez-nous notre paix.
Et vous… rendez-vous en été!


Jean-Jacques Corbaz, 24.7.1977  


jeudi 24 octobre 2024

(Po) Minuit

Regarde les choses:
Le monde qui tourne son surplace,
Ma maison, bateau qui flotte au milieu de la nuit,
L’oeil rond de l’église qui fixe l’éternité.

Regarde le vent,
Le vent qui tombe, et ça fait un grand creux,
Le vent qui troue le temps quand il s’en va,
Un calme immense où tout se fond.

Regarde les hommes,
Paisibles angelots déchus détendus pour la trêve,
Polissons endormis méconnaissables
Mais rêvant leurs peurs et leurs désirs.

Regarde leurs rêves,
Le général qui joue à saute-mouton tout seul,
Le copain qui grandit jusqu’à crever la terre
Et le petit berger qui devient loup-garou.

Regarde minuit:
Le jour change alors que tout est immobile,
Le jour marmonne, liturgie incompréhensible,
Et le veilleur fait signe de dormir.

Regarde la nuit:
Les prophètes reprennent leur souffle,
Le futur s’en vient, lentement,
Le chemin ne sera jamais plus comme avant.

Regarde,
Paupières closes,
Tu ne peux pas dormir?
Dans l’heure chose
S’ouvre ton avenir.

Veux-tu être émerveilleur?


Jean-Jacques Corbaz, 9.12.1976