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lundi 24 avril 2023

(Pr) Jonas: “Je n’suis pas un héros, fuite et fin”

 

Prédication du 24 avril 2023

Jonas 1, 1-16; Jonas 2, 1-3; Jean 14, 18-20 + 26-29; Luc 15, 11-32

 

Il était une fois un croyant comme vous et moi. Sûrement ni meilleur ni pire: Jonas. Mais Dieu l’avait choisi pour une mission impossible: aller à l’étranger, en Assyrie (c’était la grande puissance de l’époque, comme les USA aujourd’hui); donc aller chez les païens, à Ninive, ces gens guerriers, ces ennemis d’Israël, aller leur annoncer la colère du Dieu des juifs à cause de leur violence et de leur égoïsme. Aller leur demander de se repentir.

Ouyouille, on a vu des missions plus faciles. “Mais c’est impossible, Seigneur! Autant prier le feu de ne plus brûler! Autant supplier l’hirondelle de ne plus voler! Des messagers de mauvaise nouvelle se sont fait massacrer pour moins que ça!”

En Israël, on a toujours dit: si Dieu nous soutient, il doit donc exterminer nos ennemis. Si Dieu est de notre côté, alors il n’aura aucune pitié pour ceux qui nous font du mal. Donc, pense Jonas, son message pour Ninive ne peut être qu’une annonce donc de punition, de colère! Pour la Mésopotamie, pas de salut!

Et vous voyez comme cette histoire commence par un douloureux malentendu: persuadé que Dieu ne peut pas vouloir la grâce de Ninive, Jonas se croit envoyé pour déclencher le feu du Ciel sur la grande ville païenne. Alors que lui, Dieu, ne rêve que de pardon et de vie pour tous!

 

Donc, Jonas panique. La maxi-trouille! Au lieu de partir pour Ninive, qui se trouve 800 km à l’est d’Israël, il s’embarque pour l’autre côté: Tarsis, 3200 km à l’ouest, près de Gibraltar! À l’autre bout du monde. Au lieu d’aller vers le Levant, le point d’où naît la lumière, eh bien Jonas fuit vers le Couchant - le côté d’où vient la nuit!

Tout entier prisonnier de sa peur, il se ferme sur lui-même. Sans réaliser que le Dieu qui demande, c’est aussi le Dieu qui donne. Jonas s’enferme, physiquement, au fond du bateau. Et dans le sommeil! Signe de stress, comme quand nous nous sentons trop petits, incapables, fragiles... Signe de déprime. Comme quand, face aux difficultés de la vie, nous nous réfugions au fond de la cale pour dormir. Fatigués, écrasés par les défis, les missions impossibles.

Entre parenthèses, venir au culte pourrait devenir un moment où on se fait du bien, dans ce genre d’état. Où on essaie de se recentrer sur soi et sur Dieu sans s’enfuir. De lever les yeux au-dessus des tempêtes. Fermons la parenthèse.

Donc, Jonas se cache. Pourtant, les croyants juifs savaient bien que personne, jamais, ne peut fuir, lorsque Dieu nous confie une mission. Il nous cherche sans relâche. Nos refus ne l’arrêtent pas. Il est mille fois plus patient et persévérant que toutes nos idées sur lui!

Cette histoire nous dit, ainsi, que Dieu ne nous abandonne pas. Jamais. Même quand nous le fuyons. Même au milieu de la tempête -qu’elle agite nos coeurs ou   le bateau dans lequel notre vie nous a embarqués. Dieu ne nous abandonne pas.
   


Et ce sont les marins qui vont aider Jonas à se désenfermer. Par leurs questions, ils le recentrent sur lui-même; et sur son Dieu; sur ses origines et sur le but de son voyage. Les marins ne prétendent pas détenir la vérité; mais ils interrogent le prophète et ils l’aident ainsi à se retrouver lui-même; retrouver son authenticité; sa relation avec son Dieu, qui n’est pas le leur!

Hélas, ces questions ne font pas tout: si Jonas, dans sa réponse, se situe bien comme croyant d’Israël, il continue pourtant de fuir: il ne prie pas son Dieu, comme on le lui avait demandé. La prière aurait pu ramener le calme dans son coeur stressé. Mais Jonas n’est pas prêt. Il est encore trop braqué.

Résultat: plouf! le grand plongeon! Le prophète se fait jeter à la mer, et... et la tempête se calme. Car Dieu veut que personne ne meure. La tempête se calme, comme dans l’évangile.

Vous savez, les juifs n’étaient pas des marins. La mer leur faisait peur. Dans l’esprit de l’Ancien Testament, la mer était source de tous les dangers, c’était le passage vers l’abîme, vers le grand gouffre d’où venaient les démons et les esprits impurs. On se souvient aussi de la Mer Rouge, qui avait englouti l’armée du Pharaon, à la sortie d’Egypte. Puissance mystérieuse et indomptable. Destructrice!

Seul, Dieu calme les flots déchaînés; et les coeurs agités et inquiets.

 

Et puis, voilà qu’une fois la tempête apaisée, ô surprise: les marins se mettent à adorer le Dieu d’Israël, ils lui offrent des sacrifices; ils lui rendent un culte!?

Etonnant! Voilà un résultat inattendu de la mission de Jonas, prophète qui se dérobe à sa vocation. Son premier succès! Ces marins, païens, commencent à adorer le Seigneur. Oui, Dieu agit, nous dit cette histoire. Dieu agit, même quand on le fuit!

La suite, vous la connaissez: Jonas est avalé par un monstre marin (le mot hébreu peut désigner aussi bien une baleine qu’un crocodile, ou un requin, ou un hippopotame, peu importe). Jonas est gobé par un monstre marin qui le garde trois jours, comme le tombeau de Jésus, puis qui le dépose, vivant, sur la terre ferme. Retour à la case départ.

Et là, Dieu redonne au prophète l’ordre d’aller à Ninive. Mais cette fois, Jonas obéit. Il annonce la colère qui va détruire la ville. Or voilà que, stupeur, le roi prend la chose très au sérieux; il ordonne au peuple entier de se repentir et d’implorer la clémence du Seigneur d’Israël.

Alors, second coup de théâtre, Dieu pardonne aux Ninivites, ciel! Ils sont sauvés!

Enfin vient le dernier acte, la colère de Jonas. Il se dit qu’il a pris tous les risques pour rien, puisque son oracle de malheur ne s’est pas réalisé. “Seigneur, mais j’sers à quoi, moi? Une tête de Turc?”

Jonas est fâché après Dieu; il boude longtemps, un peu comme le fils aîné de la parabole, confronté à un amour qu’il ne trouve pas normal; devant un pardon qu’il ne trouve pas normal.

Et c’est Dieu, là encore, comme le père des deux fils, c’est Dieu qui va venir à la rencontre de Jonas, et lui expliquer que sa pitié et sa clémence sont mille fois plus fortes encore que sa justice. Non, Dieu n’est pas juste: car il aime.


Il était une fois un croyant comme vous et moi. Sûrement ni meilleur ni pire. Vingt fois, Jonas s’est retrouvé au fond du trou confronté à une mission impossible. De fuite en dépression, enfermé dans son sentiment d’avoir tout loupé, il a même souhaité la mort. Disparaître à jamais. “Reprends-moi, Seigneur, disait aussi Elie, je ne suis pas meilleur que mes pères”...

Eh bien, nous non plus, nous ne sommes pas meilleurs que les autres. Et notre mission à nous, qui est pourtant nettement plus banale que celle de Jonas, notre mission à nous eh bien... vous voyez parfois le résultat! 

Dieu nous appelle à quelque chose de moins dangereux, mais de pas si différent cependant: n’est-ce pas aussi d’annoncer à la Grande Puissance Contemporaine que Dieu souffre de voir sa violence; son égoïsme; son matérialisme; et son peu de respect pour les minorités? Et quand je dis la Grande Puissance Contemporaine, vous devinez qu’on peut y voir beaucoup de choses. Notre Ninive à nous, aujourd’hui, c’est peut-être l’argent, le Mammon moderne? Ou la publicité? La TV? Ou internet, et ses réseaux qui nous dirigent souvent à notre insu? Je dirais, de manière générale: cette société moderne si indifférente aux valeurs spirituelles;  si matérialiste et violente; tellement inhumaine...

Notre mission à nous. Beaucoup de gens souhaiteraient voir aujourd’hui les chrétiens mettre en pratique leurs convictions; intégrer leur espérance et la résistance de leur foi dans leur vie quotidienne. Si ce que nous croyons se voit mis en pratique, ce sera le meilleur témoignage pour aider d’autres personnes à nous rejoindre. Tandis que si, au contraire, notre foi n’apparaît pas à travers nos actes, eh bien nous sommes plutôt un obstacle à l’évangélisation de nos contemporains.

 

Il était une fois un croyant comme vous et moi. Ni lâche, ni héros. Son histoire est un exemple; car, à travers lui, Dieu a agi: dans sa fuite; et dans son obéissance maladroite; et dans sa colère. Son histoire est un exemple; car, si nous sommes envoyés pour interpeller la Grande Puissance Contemporaine, comme Jonas, nous allons souvent découvrir que Dieu est infiniment plus clément et plus prompt à pardonner que tout ce qu’on nous avait enseigné. Et que notre mission peut devenir salutaire, au sens propre, salutaire: parce qu’elle permet à la Bonté majuscule de transformer des vies. Celles des autres; et peut-être même la nôtre!!

Comme Jonas, jamais nous ne sommes abandonnés, livrés à nous-mêmes. Notre “immersion” dans le monde, grâce au Saint-Esprit, est habitée: Dieu travaille à travers nous; même quand nous ne le sentons pas; même quand nous nous loupons dans les grandes largeurs. Vous le savez peut-être, on dit que l’Eglise est un bateau qui avance à coups de gaffes!

Comme Jonas, nous ne sommes ni des héros, ni des couards (et si vous prenez des notes, attention, écrivez bien un “U” pour la 3ème lettre, ne confondez pas avec un “N”!). Nous ne sommes ni des héros, ni des couards; ni des zéros; nous sommes des enfants du Père, sur lesquels il veille avec tendresse pour nous faire découvrir les uns par les autres, toujours mieux, les dimensions insoupçonnées de sa grâce et de sa paix. Amen

Jean-Jacques Corbaz



dimanche 23 avril 2023

(Po, Li) Redonne 2

Photo Christine Leuenberger

La Terre, lentement, étend ses bras,
Pour rassembler l’humanité entière
Dans un même repas.
Ses doigts, son coeur, sa vie,
Sa tendresse infinie,
Tout nous appelle à nous relier,
À communier, dans le sourire et le respect,
À semer des espaces de fraternité.

Le coeur de Dieu, sur Terre,
Chante son incroyable bienveillance
Qui n’a de sens
- Profond mystère -
Que si nous la transmettons plus loin.
“Tout ce que tu reçois,
Ne le garde pas pour toi,
Redonne-le dix fois au moins,
Cent fois,
Et mille encore,
Et davantage,
Infatigable,
Sans calculer,
Sans regretter,
Même et surtout quand tout gèle et frissonne
Et invite au repli,
Redonne!
Ce geste est ton ami
C’est ainsi que le cadeau reçu te rendra plus heureux.”


Jean-Jacques Corbaz, sept. 2013

 

dimanche 16 avril 2023

(Pr) La résurrection et nos peurs

  Prédication des 8 et 16 avril 2023


Lectures bibliques: Marc 16, 1-8; Marc 4, 35-41; Romains 8, 9-11  


Une anecdote: À la sortie du culte de Pâques, deux enfants discutent. Léo demande: «Tu y crois, toi, à la résurrection?» «Euh oui, répond Julie, je pense. Et toi?» «Quoi? fait Léo, t’es assez bête pour gober des trucs comme ça? T’es naïve!» «Euh, enfin, marmonne Julie, j’sais pas… c’est ma maman qui m’a dit…»

Une autre histoire: Au bistrot, un de ces soirs, deux hommes échangent: «Tu sais, dit Emile, des fois, je me demande s’il n’y a pas quelque chose au-dessus de nous». «Ouhlà, fait Samy, tu deviendrais fanatique?!?»

 

 

Il n’est pas facile d’affirmer sa foi. Ni dans ce canton ni ailleurs! Il est encore moins facile d’affirmer sa foi en la résurrection. Quelque chose de si invraisemblable! Quelque chose qui échappe autant aux lois naturelles!

D’un autre côté, il y a, c’est vrai, les fanatiques. Les presque sectaires. Pour beau-coup d’entre eux, la religion a réponse à tout. La Bible aussi. Ils voient le Christ comme Seigneur absolu, sans contestation; il a tout pouvoir, il exauce tout. Et s’il ne répond pas, cela proviendrait d’un manque de foi chez la personne qui prie… 

Dans ces milieux, on parle beaucoup de Christ glorieux, de victoire et de problèmes résolus. Et beaucoup moins d’un Jésus rejeté, souffrant, partageant jusqu’à nos doutes, nos peurs.

Nos peurs, justement! Si nombreuses… j’en ai peur! Et voici encore la crainte d’affirmer sa foi devant des incrédules; ou la peur d’être embrigadé parmi ces fanatiques, peur d’être confondu avec eux; ou crainte de ne plus avoir le droit d’avoir peur!

Nos peurs. Il s’agit d’un des thèmes majeurs de l’évangile selon Marc, un thème qui habite en filigrane tout ce qu’il nous dit de la vie de Jésus.

Comme nous, comme moi, les chrétiens à qui cet évangile s’adresse ont peur. Eux qui vivent dans une société imbibée de rationalisme grec et latin; eux qui sentent des persécutions se dessiner à l’horizon, alors oui, ils craignent d’exprimer leur foi. Et surtout de vivre leur foi. On les comprend.

À ces gens-là, Marc ne dit pas: «Le Christ a remporté une victoire éclatante, donc vous ne devez plus avoir peur. Un vrai chrétien n’a jamais peur, un vrai chrétien n’a jamais de doutes». Ça, ça ne résoudrait rien, évidemment! 

Au contraire, l’évangile le plus ancien raconte l’histoire de ces amis de Jésus, sur le lac de Gennézareth, qui passent sur l’autre rive. Et vous savez que «Pâques» veut justement dire «passage»! Comme une préfiguration des évènements que nous fêtons ces jours, les disciples subissent une terrible tempête; et ils crèvent de trouille. Annonce de Vendredi saint! Et seules la présence et les paroles rassurantes du Christ debout pourront calmer l’ouragan qui agite le lac autant que leur coeur.

 

 

Et puis, deux jours après Golgotha, Marc relate l’histoire de ces femmes qui découvrent que Jésus a été ressuscité. Elles ont tellement la frousse qu’elles n’osent rien dire à personne! La résurrection leur fait peur. Le jeune homme en blanc leur fait peur. 

L’auteur veut dire ainsi: «C’est normal d’avoir peur. C’est humain. Votre frousse ne remet pas en question la victoire du Christ. Vous avez le droit d’avoir ces craintes!»

Tout l’évangile selon Marc insiste particulièrement sur l’incompréhension des gens, même celle des disciples. Jusque dans la manière dont il est construit, il met en évidence l’impossibilité humaine de croire que le Fils de Dieu puisse souffrir la torture et la mort les plus infamantes. Quand par trois fois Jésus annonce à ses amis sa passion et ses souffrances à venir, personne ne le croit, par trois fois aussi. C’est tellement inimaginable!

À chaque épisode, Marc met en évidence le rejet que subit le Christ, et qui le mène jusqu’à la croix. La foi, ce n’est pas de voler de victoire en victoire! Après quasi chaque miracle, ou chaque controverse avec les autorités juives, on nous dit que ces dernières complotent pour tuer Jésus. Et ce n’est que face à la croix que se révèle qui il est véritablement. À cet instant, même l’officier romain qui assiste à l’évènement peut dire ce qui est sans doute la phrase-clé de tout l’évangile: «Cet homme était vraiment le Fils de Dieu».

vitrail du crucifié égl StPaul Bienne

Après la résurrection, cette quasi impossibilité d’accueillir Jésus tout en nuances, avec ses  fragilités, se traduit par la peur et le silence; la peur et le silence qui sont le pendant après Pâques de l’incompréhension dont Jésus a souffert avant sa mort. Comme si Marc voulait souligner fortement une espèce d’incompatibilité entre Dieu et nous. Comme s’il voulait bien nous faire comprendre que la transcendance reste en grande partie un mystère pour les croyantes et les croyants.

Pour le deuxième évangile, la résurrection n’est donc pas un phénomène rassurant, une espèce de compensation de la mort de Jésus; encore moins une manière de gommer ses tortures, ses souffrances et son trépas; car ces épreuves-là sont réelles, tout comme les nôtres, il a eu horriblement mal, il a crié, comme nous aussi. C’est humain. C’est normal.

Marc voit plutôt dans l’évènement de Pâques un mystère supplémentaire, qu’il s’agit d’accueillir avec délicatesse, en gardant mille questions ouvertes. Non pas donc, comme j’aime le dire, la réponse à toutes nos questions, mais plutôt la force donnée de vivre avec des questions sans réponse.

J’aimerais conclure avec les paroles du jeune homme en robe blanche, qui figure un envoyé de Dieu. Il invite les disciples à rejoindre Jésus ressuscité, qui les attend en Galilée - donc chez eux, dans leur lieu de vie, là où ils habitent, où ils aiment, où ils souffrent, où ils espèrent.

Nous aussi, chers disciples du Christ! Le ressuscité nous attend chez nous, dans nos maisons, dans nos vies banales et quotidiennes, dans nos coeurs comme dans nos travaux. Là où vous habitez, là où vous aimez, où vous souffrez, où vous espérez.

C’est au ras de nos pâquerettes qu’il veut vivre avec nous cette fête de Pâques. Nos pâquerettes si bien nommées, voilà le lieu le plus sacré, celui où nous pourrons approcher, avec délicatesse, le mystère du Vivant majuscule, lui qui nous appelle à devenir, à chaque instant, avec lui de plus en plus vivants! Amen


Jean-Jacques Corbaz  



(Po, Li) Ecoute... regarde…



 
Ecoute,
Il y a dans le monde un frémissement clair,
Regarde :
Tout ce Dieu fait, prêt à danser de joie,
Respire large,
La foule du printemps, en route vers l’été, gonflée d’une forte espérance,
Ouvre tes mains,
Une force d’En Haut t’anime et te soutient,
Le Christ vivant en toi est un trésor !

Il porte nos silences, précède nos partances,
Et sur nos peurs qui rôdent, il vient rouler la pierre !
Il veut filer l’étoile au creux de nos nuits chaudes
Pour qu’un nouvel hiver ouvre un nouvel été.

Ecoute… Regarde… Respire :
Depuis Pâques, l’Homme qui aime ouvre pour nous l’éternité !

Jean-Jacques Corbaz


(Po, Li) Pour Pâques et Pentecôte: Dieu, libre !


Dieu libre !

Dieu ne veut plus être sage :
Il souffle en nous, par son Esprit,
Bouleversant nos paysages
Pour nous donner un goût de vie !

Dieu ne veut plus être en cage
Dans nos espoirs par trop petits,
Il nous appelle à vivre, large,
L’aventure de sa folie !

Jean-Jacques Corbaz

 

jeudi 13 avril 2023

(Re, SB) La tombe était vide !


La tombe était vide !

 
C’est donc sur ce constat, certes bizarre, mais pas vraiment inimaginable, que se bâtit la grande affaire de la résurrection. 
 
Franchement ! Peut-on aller aussi vite et aussi loin en besogne, sur la base de faits aussi peu extra-ordinaires ? 
 
J’aime, par exemple, l’une des théories explicatives du tombeau vide qui attribue au pouvoir romain l’évacuation du cadavre du supplicié, pour éviter que sa tombe ne devienne un haut lieu de pèlerinage à sa mémoire . 
 
Elle est vraisemblable. Certains êtres, mis hors jeu ou éliminés physiquement, deviennent plus encombrants qu’ils ne l’étaient du temps de leur vie en activité. 
 
Les exécuteurs des basses œuvres s’en mordent les doigts, mais trop tard. 
 
L’homme de Nazareth devait être définitivement retranché de la cité, mais aussi de la mémoire de tout un chacun. Il fallait l’empêcher coûte que coûte de séduire encore des âmes en quête de liberté et de vie bonne. 
 
Moyennant quoi, ses ennemis ont fait de lui un martyr et rien n’est plus vivant et plus vivace que le culte d’un persécuté. 
 
Mais cela n’explique pas complètement l’essor qu’a pu prendre la référence à un homme injustement mis à mort. 
 
Oui, il a représenté un danger pour les pouvoirs en place. Oui, il a créé une agitation au sein d’un peuple sous le joug. Oui, il s’est constitué une cour qui pouvait être l’embryon d’une opposition structurée.
Son élimination semblait s’imposer. 
 
Mais les calculs des gens peureux s’avèrent rarement justes. Et leur erreur se répète. La violence «légitime» dont ils font usage les trompe. C’est si simple de se débarrasser d’un gêneur en s’appuyant sur la force dont on dispose de par les fonctions que l’on occupe. 
 
Mais, si le gêneur en question ne peut pas être condamné pour des faits réellement coupables, l’opinion se retourne contre ceux qui ont prononcé un jugement injuste. 
 
Ces derniers n’ont pas supporté qu’un homme qui est animé d’amour pour tous les siens enfreigne des lois stupides, pour leur porter secours et leur offrir des perspectives de vie nouvelles et heureuses. Tendre la main à un lépreux exclu de la communauté humaine ne pouvait être un scandale qu’aux yeux des êtres au cœur desséché . 
 
Les amoureux du pouvoir, politique et/ou religieux, ont eu peur d’être renversés par le discours et par les actes d’un amoureux de l’humanité et de chacun des humains qui la composent. 
 
Contrairement à leurs prévisions, la crucifixion n’a pas mis fin à la foi qui a grandi dans l’esprit d’hommes et de femmes à qui on venait d’ouvrir les yeux sur la vie véritable.
Et cela se vérifie aujourd’hui encore. 
 
On ne peut plus nous raconter des salades et nous tenir dans la soumission à des règles qui ne respectent pas la dignité de tout être. 
 
Nous avons vu l’amour authentique à l’œuvre. Il délivre des fausses orientations imposées par des usurpateurs divers et variés. Il entretient dans nos cœurs la flamme de la vie en beauté et en joie.
Elle est possible. 
 
Elle s’est manifestée dans le miracle de Pâques. Elle se propage encore. 
 
C’est elle que nous voulons. Contre tous les faussaires qui ne sont heureux qu’en nous asservissant à leur bonheur égoïste et étriqué. 
 
Le bonheur est à tous et pour tous. Il se vit dans la fraternité et en solidarité. A tout jamais. 
 
Bernard Rodenstein 
 
 

dimanche 9 avril 2023

(Li, Po) à tombeau ouvert! Proclamation de Pâques

La mort s'est fait rouler... à tombeau ouvert!


 
La mort est morte, ce matin!
Au lever du soleil, un tombeau vient d’éclore!
Un tombeau s’est ouvert, à l’aube de l’aurore!
L’amour de Dieu a su briser ses chaînes
Pour faire éclater sa fantastique liberté!

Envolez-vous, cygnes et colombes,
L’avenir est un oiseau blanc.
Ouvrez les cages, ouvrez les tombes,
Le Christ en est sorti vivant!

Ouvrez vos coeurs à la tendresse
Qui vient d’ailleurs - et nous appelle
À la transmettre plus loin, sans cesse,
Pour que sa vie se renouvelle.

Envolez-vous, cygnes et colombes,
L’avenir est un oiseau blanc.
Ouvrez les cages, ouvrez les tombes,
Le Christ en est sorti vivant!


J-J Corbaz 



jeudi 6 avril 2023

(Bi) Essaie encore (le jouet)


C’était un jouet électronique, que mon cadet avait reçu il y a presque 30 ans. Des jeux de mémoire ou de coordination pour les tout-petits. Une voix synthétique le félicitait pour chaque réussite: super! Mais quand il se trompait, la voix martelait : essaie encore!!
 
À Pâques, n’est-ce pas cela que Dieu nous répète, sans se fatiguer davantage que le mécanisme qui énervait Fabrice? Essaie encore! Tu es un petit débutant en choses de la vie. Tu voudrais vivre sans violences, sans injustices, sans désespoir. Et puis, bien sûr, tu n’es pas réellement satisfait du résultat de tes efforts. C’est vrai, on peut faire mieux. Courage, tu vas y arriver!


Il dit cela, notre Dieu, juste après… vous savez quoi!? Juste après que les hommes aient crucifié Jésus. Ben oui, on aurait pu faire mieux. Et faire moins mal… Il le redit aujourd’hui, et chaque année, juste après les kilotonnes d’injustices, de morts sanglantes, de tabassages sommaires, de violences sexuellement transmissibles… et j’en passe, et des plus sordides, que vous ne connaissez que trop.


Essaie encore! Oui, tu peux grandir. Je ne te fais pas de reproches, parce que surtout je t’aime. J’ai tant envie que tu réussisses à vivre heureux. Ce qui, comme disait Raoul Follereau, n’ira pas tout seul - dans les deux sens du terme. Joyeuses Pâques!

Jean-Jacques Corbaz