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dimanche 14 février 2016

(Pr) Pasteurs, bergers, pastoureaux jolis... et moutons!

Prédication du 14 février: « Le bon berger... et moi, émoi?
- nos besoins de protection, et aussi de protéger? »


Lectures: Jean 10, 7 puis 11-16; Jérémie 31, 7-9; Ezékiel 34, 7-12 puis 15-16


Jésus dit: «Je suis le bon berger». Ce verset magnifique, hélas, trois fois hélas, il lui est arrivé un malheur: nous l’avons tellement entendu qu’il en a perdu ses aspérités. C’est un peu comme si, d’en parler souvent, nous l’avions poli, poncé, à l’image des galets lissés par l’eau d’une rivière. Il en a perdu de sa saveur.

Malheureusement, il s’est formé autour de cette image du bon berger une représentation un peu naïve de Jésus. On va l’imaginer avec des cheveux blonds et des yeux bleus; alors que c’était un juif, donc presque à coup sûr noiraud avec des yeux bruns. Voir le dessin du dernier Bonne Nouvelle, à la page 5!



Plus grave, on va parfois le représenter avec des traits fades et mièvres, doucereux. Un gentil garçon, quoi!

Evidemment, la période dite romantique est passée par là. Les douces bergères filant la laine en écoutant de beaux pâtres jouer des airs bucoliques sur leur flûtiau... hem! Ces images sirupeuses datent du 19è siècle.

Au temps de Jésus, le mot “berger” évoquait tout autre chose. C’était un métier dangereux: il y avait les prédateurs, les loups, contre lesquels il fallait se battre pour protéger le troupeau; il y avait les dangers du relief, les ravins où il fallait aller rapercher les bêtes tombées, blessées; il y avait l’herbe et l’eau, qui étaient rares, et qu’il fallait chercher longtemps, et loin; il y avait les voleurs et les brigands, pires que les loups; les maladies et les blessures, et n’allez pas chercher un vétérinaire dans ces steppes...

Avec tout ça, vous pensez bien, ce n’était pas l’élite qui devenait berger. Au contraire, la plupart étaient des hommes durs, malins, pas très honnêtes. Souvent vagabonds et voleurs. On pourrait les comparer à des gitans, ils faisaient tout autant peur aux villageois. Bref, le berger au temps du Christ ressemblait plus à un requérant d’asile qu’au gendre idéal!

Pour retrouver un peu ce côté sauvage, on pourrait presque traduire berger par “cow-boy”, de ceux qui se soûlaient de mauvais whisky et de coups durs.

Le berger de l’évangile, ce n’était vraiment pas un enfant de choeur! Et le mouton, d’ailleurs, pas davantage une gentille bébête docile.
 

 

Alors, quand il veut expliquer qui il est, je suis étonné que Jésus se compare à un berger; un bohémien, un voleur de poules... Qu’est-ce qu’il veut nous dire par là? Je vous propose quatre petits bouts de réponses. (Et vous partagerez les vôtres, tout-à-l’heure, dans le temps de discussion).

(1°) D’abord, je crois, il nous annonce que la foi chrétienne n’est pas un fleuve tranquille, ni une rivière bucolique. Etre disciple du Christ, c’est plutôt un combat dangereux, contre des loups de toutes sortes. C’est se rebeller contre les formes de mal, d’égoïsme, d’injustice... Contre le matérialisme ou la violence, qui asservissent l’humanité, ces faux bergers!

(2°) Avec sa comparaison moutonnière, Jésus veut nous dire une deuxième chose. C’est que, quand le troupeau est menacé, il ne peut pas se sauver tout seul; son combat serait perdu d’avance. Les brebis ont besoin du berger, qui peut leur donner la sécurité dont elles ont besoin.

De même, les chrétiens ne peuvent pas gagner leur salut tout seuls. Il faut que Jésus combatte devant nous (non pas à notre place, mais il faut que Jésus combatte avec nous, devant nous) contre les forces du mal dont nous avons parlé. C’est sa lutte à lui qui permet la nôtre, qui nous donne organisation et direction.

(3°) Troisième aspect, dans cette image du bon berger: il y a bien sûr des gardiens de troupeaux détestables, profiteurs, égoïstes ou paresseux. Et ce passage de l’évangile veut aussi dénoncer ces mauvais pâtres, comme le faisait Ezékiel dans notre troisième lecture tout-à-l’heure. Jésus accuse les chefs religieux qui pensent à eux-mêmes plutôt qu’à leurs ouailles, et les pharisiens qui veulent asservir les croyants à leurs principes à eux, à leurs intégrismes...

Face à ces mauvais conducteurs, Jésus est le seul vrai bon berger. Parce que lui préfèrera perdre sa propre vie afin de sauver la nôtre.

Jésus est le seul vrai bon berger. Et nous, pasteurs (et ça veut dire “bergers”!), et nous, en entendant ça, nous pourrions peut-être nous souvenir aussi de nos défauts; de nos égoïsmes; de nos conformismes. Et essayer de lutter contre, aux côtés du Christ!

 
(4°) Enfin, quatrième dimension, dans cette comparaison de Jésus, je dirais: notre liberté! Oui, car le bon berger, il n’enferme jamais; il protège. Les quelques jours passés dans la bergerie, qui n’est qu’un enclos, eh bien, c’est pour la sécurité des bêtes. Et savez-vous que l’enclos a une ouverture (la “porte”); mais que c’est une ouverture sans porte, justement, on ne peut pas la fermer. Alors, quand ses brebis sont dans l’enclos, que fait le berger (enfin, le bon berger!)? Eh bien, il dort en travers de la “porte”! Si le danger survient, il sera toujours en première ligne.

Le bon berger n’enferme pas; il rassemble. Et c’est vrai que les moutons sont infiniment plus fragiles s’ils sont dispersés, si le loup réussit à les séparer les uns des autres. Jésus, lui aussi, veut nous rassembler pour nous rendre plus forts. (Savez-vous que le mot “diable” veut dire “disperseur”, “diviseur”, justement?).

Jésus veut nous rassembler. C’est l’Eglise, la communauté chrétienne, où nous sommes reliés les uns aux autres, et protégés par le Berger majuscule, et conduits, et nourris, et sauvés...

Il est le Bon Berger. Et nous, serions-nous des moutons? Pas sur tous les points, j’espère! Pas des brebis peureuses de Panurge, ni des agneaux d’images romantiques doucereuses. Mais des êtres beaux et fragiles, protégés, défendus, mis en sécurité par Celui qui donnera sa vie pour nous, et deviendra l’Agneau de Dieu, notre salut. Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz

 

 


--> Dans le temps de discussion (auquel ont participé 16 personnes) sont apparues les réactions suivantes (que j’ai notées de manière ultra-sommaire!):

- Le Bon Berger me donne la capacité de garder ou de prendre de la distance par rapport à ce qui m’arrive, face aux difficultés.

- C’est sa fidélité qui me donne de la sécurité.

- Il ne me conduit pas seulement dans des verts pâturages (Ps. 23), mais dans des gorges ou de la caillasse. Toujours, il me protège, me veut du bien.

- Davantage que l’image du Bon Berger, c’est la grâce qui me parle surtout. Voir l’histoire des empreintes sur le sable: “dans les moments de peine, je te portais dans mes bras”.

- Les moutons: image beaucoup utilisée en politique, voir les actuelles votations et élections...

- Nous sommes parfois brebis, parfois bergers (chacun de nous, dans son “cercle”); parfois aussi chiens de berger... Donc différemment responsables des autres.

(Et à propos de la repourvue prochaine du poste de ministre dans la paroisse):

- Le pasteur est un berger, mais attention à ne pas le mettre sur un piédestal: il est un homme comme les autres, avec ses défauts.

- Le pasteur doit être comme un bon skipper sur un bateau: dans les moments difficiles, dans les coups durs, il doit montrer le cap et tenir ferme la barre. Et dans les temps plus calmes, il a à davantage consulter la base.

- Importance de se préparer à l’avance à accueillir un nouveau pasteur. Il s’agira de dialoguer avec lui pour faire les bons choix concernant la vie du “troupeau”. Donc d’y penser nous-mêmes déjà assez tôt. Cela concerne en première ligne le Conseil paroissial, mais aussi (“en deuxième rideau”) les paroissien(ne)s intéressé(e)s! 

JJC



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