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dimanche 3 février 2019

(Pr) Vous avez dit: fragile? Le colosse aux pieds de terre

Prédication du 10 février 2019: "Des souris, des chats et de l'argile"

Lectures: Daniel 2, 26-35; Luc 24, 13-35; Matthieu 6, 26-34; 2 Corinthiens 4, 6-10


Il était une fois... des souris, réunies en conférence mondiale. Le sujet était d’une importance capitale: il s’agissait de trouver enfin une solution au problème des chats.

Les débats sont passionnés, les avis divergents abondent. Jusqu’au moment où l’unanimité se fait sur une proposition: celle d’accrocher des grelots au cou des chats.

Quel soulagement! Chacun se prépare alors à rentrer chez lui, fier d’avoir participé à une conférence réussie. Mais c’est alors qu’une petite souris demande la parole. “S’il vous plaît, dites-moi: qui va accrocher les grelots au cou des chats?”

Hem! Un silence accablé tombe sur l’assemblée. Echanges de regards; coups d’oeil appuyés en direction de quelques souris réputées pour leur courage. Mais personne ne se propose... Le silence, peu à peu, se transforme en brouhaha. Evidemment, la conférence se termine en queue de poisson. Fiasco total!




Ce conte est l’oeuvre d’un écrivain juif israélien, Itzhak Orpaz. Ce matin, je l’entends comme une invitation à nous regarder nous-mêmes avec lucidité. Avec humilité, disait-on autrefois.

N’est-il pas vital et urgent que les habitants de notre terre, chacun(e), reconnaissent leur fragilité; leurs limites; leur vulnérabilité... comme les souris de notre histoire?

C’est cela aussi que nous suggère la fameuse image du colosse aux pieds d’argile. À l’image du prophète Daniel, nous avons, nous chrétien(ne)s, la vocation d’expliquer ce mystère; de l’interpréter pour nos contemporains.

Aux temps bibliques, cette métaphore parle de politique.  Comme le dit Daniel dans les versets qui suivent notre passage, la tête en or représente le roi d’alors, Nebucadnetsar, souverain de Babylone. Il est puissant, glorieux... et même béni par Dieu, raconte la Bible.

Les parties de la statue faites d’argent et de bronze désignent des royaumes qui viendront après lui. Moins forts, moins resplendissants... mais solides quand même. Les parties en fer annoncent, elles, un règne de guerres et de massacres, qui écrasera et pulvérisera tout sur son passage. Mais cette dernière puissance sera mélangée, à sa base, avec de l’argile. Signe que certains éléments de ce royaume, trop friables, contribueront à sa ruine.
  


Les exégètes ont vu dans ces pouvoirs successifs les royaumes de Babylone (l’or, nous l’avons dit); puis de Perse (l’argent) et de Grèce (médaille de bronze - oh pardon!). Le fer pourrait alors désigner l’Empire romain, la nouvelle puissance qui écrase tout au temps où est rédigé le livre de Daniel. Mais il y a d’autres interprétations, et beaucoup de variantes historiques ou politiques.

Peu importe en fait le contexte. Si cette image du colosse aux pieds d’argile a si bien traversé le temps, c’est qu’elle parle fortement à nos imaginations. Et je crois que le Saint Esprit y joue son rôle! À travers elle, Dieu peut nous dire quelque chose, aujourd’hui.

C’est ainsi qu’au 20è siècle, on a souvent vu derrière le royaume de fer une représentation du nazisme. Ou du stalinisme. Ou de l’ex-URSS. Plus récemment, certains y ont reconnu les USA.

Mais ce passage biblique nous parle aussi d’autre chose que de pays en guerre. Car cet or qui devient de l’argent, puis du bronze, puis du fer, et qui enfin se mélange avec de la terre cuite: n’est-ce pas une image universelle d’un temps de réussite éclatante, qui pâlit peu à peu; puis se durcit dans une défensive qui écrase la contradiction; puis qui s’écroule à cause de quelques points faibles soudain apparus au grand jour?

On pourrait penser à nos entreprises humaines; nos puissances, économiques ou commerciales; aux systèmes qui sont censés résoudre nos problèmes; à nos constitutions, nos lois (tiens, au hasard, la 5è république en France!). On pourrait faire des parallèles avec la fragilité climatique de notre planète, et cette espèce de sclérose qui nous empêche d’agir efficacement (merci les jeunes de nous mettre en face de nos responsabilités!).

Après l’éclat des débuts, oui, tout se ternit; puis se durcit; l’agressivité augmente. Jusqu’à ce qu’un grain de sable ne vienne tout flanquer par terre.

Même nos structures d’Eglises pourraient être concernées, oui même elles, qui s’avèrent aujourd’hui en décalage avec la société qui est en train d’émerger...

On pourrait lire enfin, derrière cette métaphore, nos vies humaines: l’éclat de la jeunesse; l’argent et le bronze des âges mûrs; puis la rigidité grandissante qui s’empare de nous quand nous vieillissons; jusqu’à ce que la mort nous mélange à la terre!
 


Il y a un temps pour tout, disait déjà l’Ecclésiaste. Un temps de grandeur, et un temps de décadence. Individuellement et collectivement, nous connaissons tou(te)s le même phénomène.

Mais si nous en parlons, dans ce culte, en présence de Dieu, c’est que nous ne voulons pas nous arrêter là! Comme l’exprime le Nouveau Testament (NT), en particulier les trois passages  que nous en avons entendus tout à l’heure, notre fragilité, notre “pieds-d’argilité”, elle est habitée par le Père de Jésus Christ! Il veut nous aider à discerner où est l’essentiel; la vraie valeur; soit reconnaître notre vulnérabilité, et y sentir le souffle bienfaisant de la présence toute proche de Dieu.

Comme les pèlerins d’Emmaüs, les croyants du NT se découvrent accompagnés; protégés; bénis. De découvrir la vérité sur leurs rêves de toute-puissance; de se savoir souris face à des chats; de reconnaître que la statue a des pieds d’argile, eh bien ça ne les effraie plus, ces pèlerins. Leur relation nouvelle avec le Christ les rassure et les inspire. Ils repartent pour Jérusalem. Demain, ils gagneront le monde.

Non pas découragés, mais merveilleusement encouragés à accomplir leur métier d’adultes et de croyants au milieu des humains. Préparés par la Parole et nourris par la communion; pour se glisser dans les mille et une conversations des vivants, pour se “faufiler entre” et pour rayonner de l’incroyable Espérance majuscule du matin de Pâques.

Reconnaître nos fragilités. Ne pas s’y résigner, mais au contraire lutter pour que cette terre soit un peu mieux à l’image des espoirs du Créateur. Car c’est dans nos faiblesses que s’affirme et resplendit la force de Dieu.
  


Dans nos tempêtes, dans nos peurs, le Christ est là, qui nous dit: “souris!“

Pensez-y, la prochaine fois que vous serez appelés à accrocher un grelot au cou d’un chat! Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz






 





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