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lundi 7 mars 2022

(Pr) Prédication du 7.3.22 - «Porter sa croix»

Lectures bibliques: Luc 9, 18-25; 2 Cor. 4, 6-9

  

Dans un journal de Montréal, j’ai lu ce texte de Pierre Foglia, qui m’a bien fait sourire :

Un plombier britannique compte traverser l’Atlantique à la rame…

La nouvelle a pu vous échapper, cachée qu’elle était dans un cahier éloigné du journal. C’est pourtant une nouvelle importante, une nouvelle qui nous dit que l’homme s’ennuie. Rien de moins.

Le dimanche matin, il lave sa voiture, mais que voulez-vous qu’il fasse d’autre le dimanche après-midi sinon traverser l’Atlantique à la rame ?

Dieu a créé l’homme pour le défi, pour le record, pour le parcours du combattant, pour le dépassement. Disons-le, Dieu a créé l’homme pour l’impossible. Or qu’est-il arrivé ? On l’a vu, l’homme, après avoir bien répondu à la volonté de Dieu au tout début, après s’être épuisé à frotter des pierres pour faire du feu, après avoir mené vaillamment quelques guerres de cent ans et gagné quelques trophées dans la boue… l’homme a inventé la serviette de plage, l’huile à bronzer, et il a aussi inventé les athlètes professionnels pour gagner des trophées dans la boue à sa place.

Mais le voilà maintenant qui s’ennuie, parce que ce n’est pas pour ça que Dieu l’a créé. Je vous l’ai dit, Dieu a créé l’homme pour le défi.

Attendez-vous donc à rencontrer de plus en plus de plombiers sur l’Atlantique. Et si par hasard l’écoulement de votre baignoire est bouché, prenez patience. Rappelez-vous qu’un plombier moyennement en forme met environ quatre mois pour traverser l’Atlantique à la rame !

(Pierre Foglia)
 


Donc, l’homme s’ennuie. On pourrait aussi diagnostiquer, sans doute, qu’il perd quelque chose d’essentiel pour sa vie, une valeur indispensable à son existence.

Jésus dit : « Si quelqu’un veut venir avec moi, qu’il cesse de penser à lui-même, qu’il porte sa croix chaque jour et me suive. Car l’homme qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. À quoi sert-il de gagner le monde entier, si on se perd soi-même ou qu’on va à sa ruine ? »

Ce trésor, cette seule vraie richesse, qu’est-ce que c’est ? On manque de mots pour les décrire. Notre vocabulaire humain n’est pas assez riche pour cela. Mais l’évangile nous dit qu’on ne peut les gagner que d’une seul façon : « porter sa croix ».

Et porter sa croix, nous croyons parfois bien savoir ce que ça signifie. Nos grands-parents le disaient volontiers pour qualifier une existence difficile, supportée vaillamment malgré tout. Subir des épreuves telles qu’une maladie, un handicap… élever un enfant pas comme les autres… être accablé d’un conjoint acariâtre… tout ça sans se révolter, bien sûr !
  
Evidemment, cela c’est une minuscule partie de « porter sa croix ». Mais l’essentiel nous a encore échappé : « Si quelqu’un veut venir avec moi, qu’il cesse de penser à lui-même, qu’il porte sa croix chaque jour et me suive », dit Jésus.

Il y a trois mouvements qui se succèdent, dans ce verset, et qui sont inséparables :

(1) c’est d’abord « renoncer à soi-même », ou « cesser de penser à soi » ; c’est-à-dire ne plus se placer au centre de ses propres préoccupations. Et c’est sans doute le plus important : celui qui est centré sur sa propre personne finit toujours par tourner en rond, que ce soit dans son appartement ou sur l’océan, à la rame, le dimanche après-midi.

Cesser de penser à soi-même, et (2) porter sa croix. Cela chaque jour, précise encore l’évangile. Il s’agit donc d’un acte quotidien, et non lié à des épreuves particulières. Et ce mouvement n’est lié qu’à une seule épreuve : et c’est celle de Golgotha ! En effet, on ne peut comprendre ce verset sans lire celui qui le précède immédiatement, par lequel Jésus annonce sa mort et sa résurrection. Porter sa croix, c’est donner sa vie ! Et c’est pourquoi le verset qui vient juste après dit encore quasi la même chose : « Car l’homme qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera ».

Porter sa croix, en somme, c’est donc vivre à l’envers des valeurs du monde. C’est se détacher de toute richesse, de tout confort, de toute valeur matérielle ; se détacher même de sa vie ! – comme l’a fait Jésus à Vendredi saint. C’est aussi se détacher des images de réussite, de respectabilité, d’honneur ou de gloire humaine ; se décentrer de sa propre vie terrestre pour viser une vie nouvelle, une vie où la justice, le respect de l’autre et la paix sont plus importants que la puissance ou la fortune.

Mais attention, ne glissons pas sur une pente où de nombreux lecteurs de la Bible se sont encoublés ! Car s’il est clair que notre passage est très critique à l’égard du matérialisme, pourtant on le trahirait aussi en le claironnant, ce passage, comme une condition absolue pour être chrétien – ou pour être sauvé. Ce qui ne ferait que rejeter beaucoup de gens en les accablant de culpabilité. Vous le savez, Jésus est mort justement pour éviter ça ! Pour ne pas nous peser sur la tête !

De plus, vous aurez peut-être remarqué aussi le paradoxe d’un pasteur qui vous prêche « celui qui perdra sa vie la gagnera »… alors qu’il… gagne sa vie en faisant ça !!

Nous sommes tous empêtrés dans nos contradictions, dans ce qui nous empêche de parfaitement  suivre Jésus; et moi le premier, vous le voyez !

Alors, plutôt que d’entendre ce message comme une condamnation, essayons de le comprendre comme un appel à nous améliorer. Comme une description de ce qui nous reste à faire pour parvenir à vivre l’évangile ; à vivre au centre, à l’essentiel de la foi ! Suivre Jésus. (3) C’est le troisième mouvement.
  
Suivre Jésus, et nous laisser inspirer par sa manière d’être. Voilà l’invitation qui nous est donnée pour ce temps du Carême, ou de la Passion. Regarder autour de nous, le monde et les autres, comme des parcelles de ce trésor dont parle la lettre aux Corinthiens. Donner autour de nous un sourire, une main ouverte, une parole de courage ou d’amitié.

Si nous y parvenons, déjà un peu, alors « porter sa croix » n’aura plus la couleur d’une épreuve ; cela deviendra plutôt une expérience enrichissante, tissée de douceur et de lumière, de celles qui anticipent déjà la résurrection de Pâques !

Alors donc, lorsque vous vous ennuyez ; lorsque revient en vous l’envie de vous éclater, de vous lancer dans des défis spectaculaires ; de braver l’impossible ou traverser l’Atlantique à la rame, alors : ouvrez votre Bible à l’évangile selon Luc chapitre 9, verset 23, et dites-vous que le défi ultime, le record le plus fameux, c’est d’arriver à jouer avec Jésus au jeu de « qui perd gagne », soit de cesser de penser à soi, porter une croix qui soit du même bois que celle du Christ, et le suivre sur les chemins risqués d’un amour qui se donne sans calcul.

Cette vie-là sera pleine et belle, porteuse de sens pour nous comme pour les autres. Elle ne connaîtra pas l’ennui, et sera passionnante, dans tous les sens du terme ! Amen.


Jean-Jacques Corbaz 


 


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