Une interprétation très répandue de la crucifixion de Jésus consiste à lui accorder une valeur sacrificielle. Elle remonte à la première Eglise, qui a présenté la croix comme un sacrifice qui accorde le pardon.
Mais cette façon de présenter la mort de Jésus, reprise et schématisée au fil des siècles, pose la question de l’image de Dieu qu’elle reflète: un Dieu qui a besoin du sang et de la souffrance de son fils pour apaiser sa colère et accorder son pardon. Une telle vision est souvent perçue comme choquante; d’aucuns la considèrent comme du pur paganisme. En réalité, ce n’est pas là le message de la Bible.
Cette question est reprise par Antoine Nouis, théologien et pasteur de l’Eglise réformée de France, dans un petit ouvrage très stimulant et accessible: Lettre à mon gendre agnostique, pour lui expliquer la foi chrétienne (éditions Labor et Fides, Genève 2010).
L’auteur rappelle qu’une juste compréhension des évangiles amène à inverser le sens de la logique sacrificielle: «Dans les évangiles, nous trouvons une union, une identification entre le Père et le Fils qui sont un (Jean 17, 21). Il n’y a pas confusion entre eux mais une communion très forte... Lorsque Jésus meurt sur la croix, c’est Dieu qui souffre de la souffrance de son fils et s’offre de son offrande pour le monde. Relue ainsi, la croix n’est pas l’acte de compensation d’un Dieu assoiffé de rétribution mais le don d’un Dieu qui se livre lui-même. Si nous croyons que le Père était avec le Fils sur la croix, alors ce n’est plus Dieu qui a besoin d’un sacrifice mais Dieu qui s’offre en sacrifice. Cette interprétation nous conduit à parler de mort sacramentelle du Christ plutôt que de mort sacrificielle. La différence entre le sacrifice et le sacrement est que le premier est l’œuvre de l’homme pour Dieu, alors que le second est l’œuvre de Dieu pour l’homme» (p.63 s.)
(Bonne nouvelle La Paudèze et Lavaux, avril 2011)
Fenêtres de la chapelle de Romont - photo Luc Ramoni |
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