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Bonne balade entre les mots!
dimanche 30 mars 2014
(Pr) Changer? De vie? Prédication du 30.3.14
Antoine, 5 ans, vient d'avoir un petit frère. Ce poupon tout nouveau bouleverse beaucoup de choses dans la vie familiale. Antoine entend des mots, des expressions inconnus. C'est ainsi que maman, un jour, regarde le bébé et s'écrie:
- Oh zut, je dois le changer.
- Comment, fait Antoine, il est déjà foutu?
Les mots ne veulent pas toujours dire la même chose. Mais certaines homonymies, en plus d'être parfois comiques, nous suggèrent des pistes inattendues. En effet, si le bébé n'est pas... euh... périmé, usé, pourtant, Dieu veut le changer, lui aussi! Il l'invite à changer de vie! Et ce n'est pas du tout simple!
Le verbe grec employé dans l'appel de Jean Baptiste et de Jésus est parfois rendu par «Convertissez-vous» ou par «Changez de comportement». Mais il désigne quelque chose de beaucoup plus large qu'une bonne morale: une réorientation totale de l'être. Une transformation globale. C'est la personne toute entière, avec ses choix de vie et ses priorités, qui entre dans un processus de changement.
Et puis, il y a une difficulté supplémentaire, à propos de ces invitations à faire mieux. En effet, quand on me demande de changer, souvent je comprends «Tu fais tout faux»... Ou même «Tu es un idiot»!
Or, Dieu nous appelle à changer, mais sans nous culpabiliser. Sans nous faire de reproches, sans nous peser sur la tête. Dieu nous invite à mieux faire, parce que nous avons tout à y gagner: notre vie peut devenir plus légère, plus fluide, meilleure. Notre capacité à résister au découragement, à l'angoisse ou à la bêtise (mais oui!), elle peut grandir! Notre aptitude à résister au stress aussi, nous en parlions dimanche dernier (voir “Du stress, des babouins et de la méditation”)
Mieux encore: quand il nous invite à nous améliorer, Dieu s'y engage avec nous! Il ne nous regarde pas d'en haut, comme un juge ou un examinateur. Non, il s'implique lui-même dans ce changement souhaité. Il nous y accompagne. Cela devient son oeuvre, à lui aussi.
C'est dans ce sens qu'il faut comprendre l'appel de Jésus à changer de vie. Non pas «vous faites tout faux», mais bien plutôt «Engagez-vous, avec moi, sur un chemin de renouvellement. Laissez pousser dans votre quotidien les germes d'une existence différente, plus heureuse. Une existence où des poussières d'éternité commencent déjà à se manifester». Ce n'est pas une culpabilisation. Au contraire, c'est une bonne nouvelle, dit Jésus.
Un autre écueil qu'il nous faut éviter, c'est de croire que ce changement s'effectue une seule fois, une fois pour toutes. Martin Luther insistait déjà beaucoup sur la nécessité de ne jamais s'arrêter de changer de vie, avec Jésus. De même que les Eglises réformées n'ont jamais terminé leur conversion, de même les croyants inspirés par l'évangile seront toujours à nouveau en train de se réorienter vers le Père de tendresse. Non pas à l'image d'une locomotive qui a pris le bon aiguillage, et qui n'a qu'à avancer sans remise en question; mais plutôt comme un voyageur dans la forêt vierge, qui doit sans cesse faire le point, parce qu'il sait qu'à chaque instant il dévie de sa route, oh, légèrement, mais que ces quelques millimètres trop à gauche ou à droite, au début, peuvent se transformer en kilomètres et kilomètres d'écart, à la longue.
Pour éviter donc de nous retrouver un jour à côté de notre but (ou à côté de nos pompes!), nous aurons avantage à laisser régulièrement une place au Christ, à côté de nous. Voire en nous. Une place où il puisse nous interpeller; nous stimuler; nous rassurer; nous remettre en question; nous apaiser; tout ça au moment où nous en aurons besoin.
En effet, accomplir la volonté de Dieu, c'est infiniment difficile. J'ai d'ailleurs l'idée que vous le savez bien! ;-) Il ne suffit pas de respecter un petit catalogue d'interdictions et d'obligations; de dire «Je n'ai ni tué ni volé, donc...». Donc quoi? Dieu est parfaitement content de moi?!? Euh... pas si sûr!
Un petit exemple: l'attitude à propos de l'argent. Pour un enfant de 8 ans, on peut en rester à «Tu ne voleras pas». Mais pour un adulte, intelligent (comme nous le sommes tous) (!), la question devient: «Quel est le meilleur usage de mes biens? De ceux que je peux gagner; ou de ceux que je peux renoncer à gagner? De ceux que je peux économiser; ou de ceux que je peux renoncer à économiser? Comment Dieu sera-t-il le plus heureux de mes choix, dans ce domaine-là?».
Un vieux pasteur, un jour de grande offrande, lançait à ses paroissiens: «Dieu se soucie moins de ce que vous donnez que de ce que vous gardez!»
Nous sommes en plein dans la campagne de Carême, qui veut nous sensibiliser à acheter de manière plus équitable. À tenir compte dans nos emplettes des personnes mal rémunérées des pays pauvres qui les produisent. Quand j'achète des jeans, ou un maillot; un ordinateur; ou un ballon de foot... eh bien, quels sont mes critères de choix? Est-ce que je me renseigne sur les conditions de production?
Vaste programme, comme disait l'autre!
Comment faire de l'argent un serviteur, et pas un maître? Comment concilier mes besoins de sécurité matérielle avec ceux des autres, et avec la solidarité et la générosité dont Dieu a besoin, lui aussi? ...
Aïe, je sens que je peux vous entraîner dans des abîmes de réflexions. Puissiez-vous les vivre, ces cogitations, non pas tout seul, ni de manière culpabilisée, mais en cheminant avec l'Ami majuscule. Lui qui, avant de nous inviter à changer de vie, nous garantit son pardon. Le baptême en est sans doute la plus belle expression!
Une dernière remarque: plus j'avance dans l'existence, plus je me dis que le Dieu de Jésus Christ, au fond, c'est le représentant des autres humains sur terre. Il est comme l'avocat de toutes celles et de tous ceux qui risquent de se retrouver victimes des égoïstes; des violents; des profiteurs et spéculateurs... Il est en somme «la voix du monde sans voix» comme on le disait du célèbre évêque brésilien Dom Helder Camara. La voix qui proclame ce verset de l'évangile: «Chaque fois que vous avez fait du bien à ces petits, qui sont mes frères, sachez-le: c'est à moi, Jésus, que vous l'avez fait». Amen
Jean-Jacques Corbaz
jeudi 27 mars 2014
(Bi) Antistress
Il n'y a pas de potion miracle, ça se saurait. Mais il existe un chemin de prévention et de guérison. On l'appelle prise de distance, ou méditation, ou prière. On la pratique sur toute la terre, dans toutes les religions. Voire chez les athées. Mais la foi nous y aide.
Prenez quelques minutes chaque jour. Pas besoin de plus, surtout au début. Sortez de vos préoccupations, fermez la porte aux soucis. Et cultivez des pensées agréables. Des souvenirs heureux. Mettez-vous en contact avec des présences sécurisantes, bienfaisantes. Peu importe que vous recherchiez Dieu ou telle personne qui a eu sur vous un effet positif; un saint ou quelqu'un qui ensoleille votre vie.
Essayez, vous verrez, c'est étonnant. Votre quotidien s'enrichira en sérénité. Et ce calme retrouvé vous donnera envie de prolonger ces oasis.
Jean-Jacques Corbaz
samedi 15 mars 2014
(Bi) L’Adolphin
Dans son film « Manon des sources », Marcel Pagnol montre un brave curé méridional qui a la surprise, un dimanche, de voir à l’église tous ses paroissiens venus prier parce que la source est tarie. Il leur parle alors du cousin Adolphin, qu’on ne voyait dans sa famille que quand il venait mendier.
Mon
père, dit le curé, ne
refusait jamais. Mais je l’ai souvent entendu dire :
« L’Adolphin, c’est pas un beau caractère ! »
Eh bien,
poursuit le curé,
ce que vous faites aujourd’hui à Dieu, c’est le coup de
l’Adolphin. Il ne vous voit presque jamais, et brusquement, vous
arrivez tous les mains jointes, le regard ému, tout estransinés de
foi et de repentir. Allez, bandes d’Adolphins, il ne faut pas
imaginer que Dieu soit plus naïf que mon pauvre père, et qu’il ne
comprenne pas jusqu’au fond de votre petite malice. Il sait bien
que vous êtes là parce que la source ne coule plus. Il y en a qui
sont inquiets pour le jardin ou pour les cochons, d’autres parce
qu’ils ne savent plus quoi mettre dans leur pastis. Allez, tout ça,
c’est des prières adolphines, ça ne peut pas monter au ciel :
ça n’a pas plus d’ailes qu’un dindon plumé !
Jean-Jacques
Corbaz
dimanche 9 mars 2014
(Pr, Hu) «TentaPassion»
Lectures bibliques: Matthieu 4, 1-11; Genèse 2, 7-9; Ephésiens 5, 1-2
C'est comme une fois, y avait Oin-Oin qui était convoqué devant la justice. Il avait traité sa voisine de grosse vache. Sermon du juge, amende salée et menace que, s'il recommence, la peine sera aggravée.
- Vous m'avez compris? conclut le magistrat.
- Voui, M. le président, répond Oin-Oin. Mais j'ai une question. Si la loi m'interdit de traiter de vache Mme ici-présente, est-ce que j'ai le droit de dire "Madame" à une vache?
- Ah oui, répond le juge, bien sûr! Ça, vous avez le droit!
- Alors, fait Oin-Oin en se tournant vers la plaignante, dans ce cas, au revoir, Madame!!
Les tentations de mon ami Oin-Oin ne sont pas les mêmes que celles de Jésus. Et les vôtres, et les miennes, sont bien différentes encore.
Ne nous méprenons pas donc en entendant l'évangile de ce jour, dont le choix n'a rien à voir avec les Brandons. Vos Eglises n'ont aucunement le désir de vous faire la morale en ce jour de fête! Bien sûr. Elles ont envie de vous parler de Jésus.
Lui, le Christ, a donc été tenté. Comme nous tous. Et le récit de ce matin, truffé d'éléments symboliques, est une fable qui veut illustrer ceci: Jésus est un homme. Même s'il est fils de Dieu, mystérieusement, il est pourtant totalement homme. Dieu lui avait confié une mission, celle de dire au monde la passion du Créateur pour chacun(e); sa volonté de paix, de respect même, pour tou(te)s; et ses promesses: alors que la terre entière avait une «sainte frousse» de ses divinités, Dieu, lui, souhaite bannir en nous toute peur d'une punition, avant ou après la mort; il rêve de vivre avec nous des relations tissées de confiance (confiance, c'est ce que veut dire le mot «foi») et de liberté.
Cette mission n'est pas facile, vous l'imaginez! Il y a des difficultés, et des risques énormes; ça fait peur. D'ailleurs, Jésus finira par y laisser sa peau, sur une croix.
La tentation du Christ, vous voyez, c'est justement d'éviter ces risques, et ces souffrances qui l'attendent.
Arrive ainsi un personnage de carnaval qu'on appelle le diable, c'est-à-dire le séparateur, celui qui détourne du chemin choisi. Une personnification de la tentation. Il propose à Jésus d'utiliser les pouvoirs divins afin d'échapper à sa condition d'homme.
Mais lui refuse. Pas question d'éluder les lois physiques qui régissent nos vies. Pas question de regarder de haut le monde, et les humains. Lui, Jésus, n'est pas un souverain magicien. Il ne joue pas avec d'autres règles du jeu que nous. Il est solidaire de nos difficultés, de nos limites. Ce qui nous blesse le blesse aussi, tout autant. Puisque l'homme saigne, alors, Dieu saigne également.
Vous voyez que nous sommes en plein dans le thème de la Passion, aux deux sens du terme: la Passion soit les souffrances de Jésus, que nous commençons à méditer en ces premiers jours de Carême; et la passion infinie de Dieu, son amour fou, oui, irrationnel, incroyable, jamais vu, pour ses drôles de créatures à deux pattes et un coeur!
Pas question d'éluder les lois physiques universelles qui régissent nos vies. Et vous voyez qu'on répond déjà, ici, à une de ces objections qu'on entend tout le temps: pourquoi Dieu n'intervient-il pas contre les drames de la terre?
La réponse, étonnante, est donc là: parce qu'il est solidaire! Parce qu'il refuse d'être plus fort que nous. Parce qu'il ne veut pas de lois physiques à géométrie variable, pas de chouchou, pas de passe-droit ni de privilège.
Il préfère souffrir avec nous. Il préfère mourir avec nous. Elle est là, sa passion!
En ce jour des Brandons, vos Eglises n'ont aucunement le désir de vous faire la morale. Bien au contraire! Elles souhaitent surtout vous dire la stupéfiante relation que Dieu rêve de vivre avec nous, pour nous: un amour fou, qui se donne jusqu'à la mort tant il nous respecte. Un élan du coeur qui bouleverse tout sur son passage. Celles et ceux qui ont vécu une passion qui donne de vouloir mourir pour celui ou celle qu'on aime comprendront la violence de la tendresse de Dieu, comme un tsunami! Comment on peut donner sa vie, passionnaimant. Traverser l'enfer, et revivre encore, infiniment!
Eh bien, les amis, ce que nous vivons là n'est qu'un souffle ténu à côté de ce que Christ a vécu, pour nous!
Pas de morale, non, mais juste un cadeau. Juste une invitation et un élan. Et puis, juste une question, au fond: et si ce désir du Père nous donnait envie de nous passionner un peu plus les uns pour les autres? Amen.
Jean-Jacques Corbaz
samedi 8 mars 2014
(Bi, Hu) de droite à gauche!
jeudi 6 mars 2014
(Ci, Po) Hâte-toi pas, pas-à-pas
Observations, 1951-1956 Ph. Jaccottet