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Bonjour! Bienvenue sur ces pages, que j'ai plaisir à ouvrir pour vous!
Vous trouverez sur ce blog différentes sortes de contributions:
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- annonce (An),
- billet (Bi),
- citation (Ci),
- confession de foi (CF),
- conte (Co),
- formation d'adultes (FA),
- humour (Hu),
- image (Im),
- liturgie (Li),
- poésie (Po),
- prédication (Pr),
- réflexion (Ré),
- sciences bibliques (SB),
- vulgarisation (Vu).
Bonne balade entre les mots!
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Bonne balade entre les mots!
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Ce blog fait partie d'un réseau de sites réformés "réseau-protestant.ch" qui vise à coordonner et rendre visibles et lisibles les publications web de la galaxie du protestantisme de Suisse romande. Voir sur ce blog la page https://textesdejjcorbaz.blogspot.com/p/blog-page.html>.
mercredi 24 septembre 2014
(Co, Bi) Le dragon
Ouvrir des portes
Il était une fois une petite fille qui vivait dans un beau pays entouré de montagnes impressionnantes.
Un jour, montrant le plus haut de ces sommets, la gamine demande: «Qu'y a-t-il là-derrière?» Mais personne ne lui répond. Tous les adultes paraissent très effrayés ou embarrassés par cette question.
À force de s'interroger, la petite fille n'y tient plus. Elle décide d'aller voir elle-même. Elle grimpe sur la montagne, sans demander la permission. Parvenue au sommet, elle voit effectivement quelque chose d'effrayant: un énorme dragon, menaçant, vit là, derrière la montagne.
Terrorisée, elle veut s'enfuir. Mais elle aperçoit à ce moment un berger près du monstre. L'homme vient à sa rencontre en lui faisant signe. Puis il prend la fillette par la main et l'invite à s'approcher du dragon. Elle le suit. O surprise, plus elle s'approche, et plus le monstre rapetisse. Pour finir, il est tellement minuscule qu'elle le prend dans sa main. Tout à fait rassurée, elle lui demande son nom. Le dragon répond: «la peur».
Aujourd'hui, il y en a tant et tant, de ces gens qui nous font peur. Requérants d'asile, mendiants Rom, étrangers, musulmans, jeunes excités... la liste est longue ! Or, tous ces gens, eh bien, le Christ, berger des coeurs, rêve de nous les présenter de très près. Saura-t-il faire fondre nos craintes?
Vous le savez, il n'a pas de baguette magique pour réussir. Ça dépend de nous, aussi.
Nous pourrions, peut-être, nous y aider les uns les autres?
JJ Corbaz
dimanche 14 septembre 2014
(Pr) Secte ou cadeau, l'offrande - prédic du 14 9 14
Matthieu 10, 1-8; 2 Corinthiens 8, 1-9 + 13-15; Matthieu 25, 31-40
Une paroissienne me disait un jour: "Pour moi, ce qui caractérise une secte, c'est qu'elle demande de l'argent..."
Oups! J'ai souri, euh... un peu jaune, en pensant à quel point notre Église a besoin de la générosité des siens aujourd'hui. Nous sommes de moins en moins soutenus par l'État, et donc nous devons solliciter de plus en plus le porte-monnaie, ou plutôt le portefeuille de chacun(e). Vous vous souvenez peut-être de ce superbe dessin de Burki, paru dans 24Heures il y a 5 ans:
L'Église Réformée du Canton de Vaud a été longtemps une institution dans notre pays. Les pasteurs étaient salariés par l'État, et les lieux de culte ou les salles de paroisses étaient entièrement pris en charge par les communes. Nous avons pris l'habitude de ce train de vie confortable.
Or, aujourd'hui, la situation a bien changé. Je souhaite vous en parler ce matin, pas tellement pour faire pression sur vous et vous inciter à donner davantage (ce qui est bien peu évangélique!), mais pour que vous puissiez mieux comprendre le pourquoi de nos sollicitations financières! J'aimerais que vous puissiez entendre cette prédication sans culpabiliser. À titre d'information. Et pour cela, je vous invite d'abord à faire un peu d'histoire récente.
En 1970, le peuple vaudois a accepté le "statut des catholiques", stipulant que l'État se charge du salaire d'autant de prêtres de l'Église catholique que de pasteurs protestants, en proportion de la population des deux confessions. C'était très équitable.
Mais ce système nous a joué des tours! Car nos frères catholiques n'ont jamais reçu la totalité de ce à quoi ils avaient droit. En effet, ils n'avaient pas assez de prêtres pour occuper tous les postes que l'État devait leur payer. Le Canton a ainsi économisé environ 36 salaires pendant une trentaine d'années!
Et quand la nouvelle constitution vaudoise est entrée en vigueur, le statut a été modifié: les Églises reçoivent non plus les salaires de X postes, mais des subventions globales. La somme totale versée aux deux Églises sur les dernières années a alors été répartie, toujours en proportion de la population des deux confessions. Attention, la somme totale versée, donc sans les 36 postes catholiques reconnus mais non occupés. Par conséquent nous, réformés, avons perdu ainsi les salaires de 18 pasteurs, juste parce que les catholiques n'utilisaient pas l'entier de la dotation à laquelle ils avaient droit... Et cela, alors que la population du canton, même des protestants, augmente régulièrement. Et que les besoins spirituels croissent eux aussi de manière importante. Ne nous reste que le choix de payer nous-mêmes ces postes, ou de les supprimer...
Regretter le passé ne nous avancera pas. Et revenir en arrière est impossible. Essayons plutôt de trouver du positif dans ce qui nous arrive. Car cette "entrée choc" dans le 21è siècle peut nous amener à progresser dans trois dimensions (au moins!): elle peut nous faire progresser en responsabilité; elle peut susciter en nous davantage d'enthousiasme et de vigueur missionnaire; et enfin elle peut nous faire grandir spirituellement.
Reprenons l'un après l'autre ces trois bénéfices (si j'ose dire... Oui, j'ose: bénéfices!).
D'abord, ce changement de régime financier peut nous enrichir en responsabilité. Il est devenu impossible, aujourd'hui, d'entrer dans l'Église comme dans un hôtel cinq étoiles, tout confort. Chacune des personnes qui s'y engage est invitée à retrousser ses manches: soit en soutenant financièrement les activités de sa communauté chrétienne; soit en assumant des responsabilités dont certaines étaient autrefois du resssort des pasteurs, comme le catéchisme, ou les visites; ou quantités de démarches que seuls peuvent mesurer les membres d'un conseil paroissial. Autrement dit, si nous voulons que l'Eglise vive, c'est à nous de lui en donner les moyens, sans compter d'abord sur les autres.
Ensuite, ce changement peut susciter en nous plus de vigueur missionnaire et d'enthousiasme. En effet, nous aurons avantage à être plus nombreux à partager ces tâches et ce soutien. Il s'agira d'intéresser davantage de monde à nos actions, à notre message. Nous apprendrons à mieux communiquer, à mieux mettre en évidence nos valeurs, nos points forts. Par exemple des promesses de l'évangile vécues dans le respect de chacun(e), sans jugement ou exclusion; la priorité du spirituel sur le matériel; un amour reçu sans conditions. Nous gagnerons à nous présenter comme des artisans de changement, porteurs de projets pour notre société, et non plus comme des gens qui perpétuent un ron-ron que certains considèrent comme légèrement désuet.
Et puis, en faisant cela, nous retirerons automatiquement le troisième bénéfice, celui de grandir spirituellement. Car nous devrons nous remettre en question; ne rien considérer comme acquis; chercher toujours à nous rapprocher des vérités de l'évangile. Nous deviendrons plus pauvres au sens des Béatitudes, c'est-à-dire mieux conscients de nos fragilités; donc plus disponibles à la proximité de Dieu.
Voilà, je suis convaincu que le grand virage que nous prenons en ce début de siècle peut devenir une chance pour nous. Celle de former une communauté chrétienne plus vivante et plus rayonnante, pétillante, stimulante.
Nous l'avons entendu, Jésus disait à ses disciples: "Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement!" Pourrons-nous encore vivre notre foi ainsi, ces prochaines décennies? Ah, je l'espère. À mon sens, il serait regrettable de devoir faire passer les familles à la caisse pour un baptême, un mariage ou un service funèbre. Et ce sera toujours un "plus" pour nous de réaliser l'énorme gratuité du cadeau que Dieu nous offre. Ses promesses de pardon, de salut. Le fait que, chacun(e), nous sommes pour lui infiniment précieux.
Vous commencez à vous en rendre compte sérieusement, j'imagine, cela va changer de manière importante notre manière de vivre l'offrande. Nos engagements financiers pour notre paroisse, notre Eglise, vont être repensés. Et, peut-être, stimulés (je l'espère!)... Je repense à ce vieux pasteur du Midi qui lançait à ses paroissiens, un jour de fête de l'offrande: "Dieu ne s'intéresse pas à ce que vous donnez, mais à ce que vous gardez"!
Bien sûr, il y a (toujours!) la tentation du repli. La tentation de nous dire qu'au fond, nous pourrions diminuer nos versements à la caisse de l'EERV, à Lausanne, et que tant que notre paroisse fonctionne, c'est l'essentiel...
Mais ce serait ignorer que la caisse de l'EERV, à Lausanne, c'est nous aussi. Par exemple, l'Etat nous laisse maintenant gérer les ministres et autres personnes employées par l'Eglise. Cela signifie calculer les fiches de paie, remplir les formulaires pour l'AVS, pour les assurances accident, pour les impôts; trouver des remplaçants quand c'est nécessaire, pour les postes vacants, les maladies ou autres arrêts de travail; organiser la desserte la meilleure possible du canton, en tenant compte des particularités de tous... Pour accomplir ces tâches administratives qui étaient autrefois assumées par l'Etat, il faut salarier plusieurs personnes.
Et puis, les paroisses ne peuvent plus tout faire. Il y a de plus en plus de tâches qui doivent être empoignées au niveau cantonal ou au niveau régional: le journal Bonne Nouvelle; les sites internet; la présence dans les EMS, les hôpitaux et autres institutions; les aumôneries de jeunesse, des gymnases ou des Hautes Ecoles, qui font un superbe boulot pour la nouvelle génération; la préparation de matériel attractif pour les enfants et les catéchumènes, c'est important. Sans oublier les animations comme celles de St-François ou de Crêt-Bérard, qui sont suivies par un large public, pas toujours celui de nos paroisses... Il y en a encore des ratapées! Tout cela, ce sont nos contributions à la caisse de l'EERV qui permettent.
Enfin, n'oublions pas la solidarité, qui se développe continuellement, puisque les misères augmentent encore plus vite! Centre Social Protestant, entraides, Terre Nouvelle, réfugiés... Notre Eglise trouve essentiel de vivre sa foi aussi dans la dimension de la générosité pour les plus fragiles, les démunis, qui sont la présence du Christ parmi nous, selon l'évangile.
Oui, les besoins sont immenses. Et notre Eglise est sans cesse confrontée à l'impossible défi de vouloir d'une part être présente et agissante au mieux, le plus largement possible; et en même temps de "faire avec" les contributions des paroisses, et leurs pauvretés. Sachez-le: notre Eglise accomplit le maximum avec ce qu'elle reçoit, et elle traque le gaspi partout où elle peut!
Pour terminer, laissez-moi revenir à la paroissienne qui disait: "Ce qui caractérise une secte, c'est qu'elle demande de l'argent..." Je lui ai répondu en lui parlant de l'Eglise Libre que j'ai connue dans mon enfance. Elle n'était absolument pas soutenue par les pouvoirs publics, elle dépendait de la seule générosité de ses fidèles. Malgré cela (ou à cause de cela, peut-être?), elle a été un terreau extraordinairement fertile de conviction ouverte; d'engagement responsable; de mission enthousiaste et de rayonnement évangélique. Tout cela, sans le moindre esprit sectaire!
Amen
JJ Corbaz
Une paroissienne me disait un jour: "Pour moi, ce qui caractérise une secte, c'est qu'elle demande de l'argent..."
Oups! J'ai souri, euh... un peu jaune, en pensant à quel point notre Église a besoin de la générosité des siens aujourd'hui. Nous sommes de moins en moins soutenus par l'État, et donc nous devons solliciter de plus en plus le porte-monnaie, ou plutôt le portefeuille de chacun(e). Vous vous souvenez peut-être de ce superbe dessin de Burki, paru dans 24Heures il y a 5 ans:
L'Église Réformée du Canton de Vaud a été longtemps une institution dans notre pays. Les pasteurs étaient salariés par l'État, et les lieux de culte ou les salles de paroisses étaient entièrement pris en charge par les communes. Nous avons pris l'habitude de ce train de vie confortable.
Or, aujourd'hui, la situation a bien changé. Je souhaite vous en parler ce matin, pas tellement pour faire pression sur vous et vous inciter à donner davantage (ce qui est bien peu évangélique!), mais pour que vous puissiez mieux comprendre le pourquoi de nos sollicitations financières! J'aimerais que vous puissiez entendre cette prédication sans culpabiliser. À titre d'information. Et pour cela, je vous invite d'abord à faire un peu d'histoire récente.
En 1970, le peuple vaudois a accepté le "statut des catholiques", stipulant que l'État se charge du salaire d'autant de prêtres de l'Église catholique que de pasteurs protestants, en proportion de la population des deux confessions. C'était très équitable.
Mais ce système nous a joué des tours! Car nos frères catholiques n'ont jamais reçu la totalité de ce à quoi ils avaient droit. En effet, ils n'avaient pas assez de prêtres pour occuper tous les postes que l'État devait leur payer. Le Canton a ainsi économisé environ 36 salaires pendant une trentaine d'années!
Et quand la nouvelle constitution vaudoise est entrée en vigueur, le statut a été modifié: les Églises reçoivent non plus les salaires de X postes, mais des subventions globales. La somme totale versée aux deux Églises sur les dernières années a alors été répartie, toujours en proportion de la population des deux confessions. Attention, la somme totale versée, donc sans les 36 postes catholiques reconnus mais non occupés. Par conséquent nous, réformés, avons perdu ainsi les salaires de 18 pasteurs, juste parce que les catholiques n'utilisaient pas l'entier de la dotation à laquelle ils avaient droit... Et cela, alors que la population du canton, même des protestants, augmente régulièrement. Et que les besoins spirituels croissent eux aussi de manière importante. Ne nous reste que le choix de payer nous-mêmes ces postes, ou de les supprimer...
Regretter le passé ne nous avancera pas. Et revenir en arrière est impossible. Essayons plutôt de trouver du positif dans ce qui nous arrive. Car cette "entrée choc" dans le 21è siècle peut nous amener à progresser dans trois dimensions (au moins!): elle peut nous faire progresser en responsabilité; elle peut susciter en nous davantage d'enthousiasme et de vigueur missionnaire; et enfin elle peut nous faire grandir spirituellement.
Reprenons l'un après l'autre ces trois bénéfices (si j'ose dire... Oui, j'ose: bénéfices!).
D'abord, ce changement de régime financier peut nous enrichir en responsabilité. Il est devenu impossible, aujourd'hui, d'entrer dans l'Église comme dans un hôtel cinq étoiles, tout confort. Chacune des personnes qui s'y engage est invitée à retrousser ses manches: soit en soutenant financièrement les activités de sa communauté chrétienne; soit en assumant des responsabilités dont certaines étaient autrefois du resssort des pasteurs, comme le catéchisme, ou les visites; ou quantités de démarches que seuls peuvent mesurer les membres d'un conseil paroissial. Autrement dit, si nous voulons que l'Eglise vive, c'est à nous de lui en donner les moyens, sans compter d'abord sur les autres.
Ensuite, ce changement peut susciter en nous plus de vigueur missionnaire et d'enthousiasme. En effet, nous aurons avantage à être plus nombreux à partager ces tâches et ce soutien. Il s'agira d'intéresser davantage de monde à nos actions, à notre message. Nous apprendrons à mieux communiquer, à mieux mettre en évidence nos valeurs, nos points forts. Par exemple des promesses de l'évangile vécues dans le respect de chacun(e), sans jugement ou exclusion; la priorité du spirituel sur le matériel; un amour reçu sans conditions. Nous gagnerons à nous présenter comme des artisans de changement, porteurs de projets pour notre société, et non plus comme des gens qui perpétuent un ron-ron que certains considèrent comme légèrement désuet.
Et puis, en faisant cela, nous retirerons automatiquement le troisième bénéfice, celui de grandir spirituellement. Car nous devrons nous remettre en question; ne rien considérer comme acquis; chercher toujours à nous rapprocher des vérités de l'évangile. Nous deviendrons plus pauvres au sens des Béatitudes, c'est-à-dire mieux conscients de nos fragilités; donc plus disponibles à la proximité de Dieu.
Voilà, je suis convaincu que le grand virage que nous prenons en ce début de siècle peut devenir une chance pour nous. Celle de former une communauté chrétienne plus vivante et plus rayonnante, pétillante, stimulante.
Nous l'avons entendu, Jésus disait à ses disciples: "Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement!" Pourrons-nous encore vivre notre foi ainsi, ces prochaines décennies? Ah, je l'espère. À mon sens, il serait regrettable de devoir faire passer les familles à la caisse pour un baptême, un mariage ou un service funèbre. Et ce sera toujours un "plus" pour nous de réaliser l'énorme gratuité du cadeau que Dieu nous offre. Ses promesses de pardon, de salut. Le fait que, chacun(e), nous sommes pour lui infiniment précieux.
Vous commencez à vous en rendre compte sérieusement, j'imagine, cela va changer de manière importante notre manière de vivre l'offrande. Nos engagements financiers pour notre paroisse, notre Eglise, vont être repensés. Et, peut-être, stimulés (je l'espère!)... Je repense à ce vieux pasteur du Midi qui lançait à ses paroissiens, un jour de fête de l'offrande: "Dieu ne s'intéresse pas à ce que vous donnez, mais à ce que vous gardez"!
Bien sûr, il y a (toujours!) la tentation du repli. La tentation de nous dire qu'au fond, nous pourrions diminuer nos versements à la caisse de l'EERV, à Lausanne, et que tant que notre paroisse fonctionne, c'est l'essentiel...
Mais ce serait ignorer que la caisse de l'EERV, à Lausanne, c'est nous aussi. Par exemple, l'Etat nous laisse maintenant gérer les ministres et autres personnes employées par l'Eglise. Cela signifie calculer les fiches de paie, remplir les formulaires pour l'AVS, pour les assurances accident, pour les impôts; trouver des remplaçants quand c'est nécessaire, pour les postes vacants, les maladies ou autres arrêts de travail; organiser la desserte la meilleure possible du canton, en tenant compte des particularités de tous... Pour accomplir ces tâches administratives qui étaient autrefois assumées par l'Etat, il faut salarier plusieurs personnes.
Et puis, les paroisses ne peuvent plus tout faire. Il y a de plus en plus de tâches qui doivent être empoignées au niveau cantonal ou au niveau régional: le journal Bonne Nouvelle; les sites internet; la présence dans les EMS, les hôpitaux et autres institutions; les aumôneries de jeunesse, des gymnases ou des Hautes Ecoles, qui font un superbe boulot pour la nouvelle génération; la préparation de matériel attractif pour les enfants et les catéchumènes, c'est important. Sans oublier les animations comme celles de St-François ou de Crêt-Bérard, qui sont suivies par un large public, pas toujours celui de nos paroisses... Il y en a encore des ratapées! Tout cela, ce sont nos contributions à la caisse de l'EERV qui permettent.
Enfin, n'oublions pas la solidarité, qui se développe continuellement, puisque les misères augmentent encore plus vite! Centre Social Protestant, entraides, Terre Nouvelle, réfugiés... Notre Eglise trouve essentiel de vivre sa foi aussi dans la dimension de la générosité pour les plus fragiles, les démunis, qui sont la présence du Christ parmi nous, selon l'évangile.
Oui, les besoins sont immenses. Et notre Eglise est sans cesse confrontée à l'impossible défi de vouloir d'une part être présente et agissante au mieux, le plus largement possible; et en même temps de "faire avec" les contributions des paroisses, et leurs pauvretés. Sachez-le: notre Eglise accomplit le maximum avec ce qu'elle reçoit, et elle traque le gaspi partout où elle peut!
Pour terminer, laissez-moi revenir à la paroissienne qui disait: "Ce qui caractérise une secte, c'est qu'elle demande de l'argent..." Je lui ai répondu en lui parlant de l'Eglise Libre que j'ai connue dans mon enfance. Elle n'était absolument pas soutenue par les pouvoirs publics, elle dépendait de la seule générosité de ses fidèles. Malgré cela (ou à cause de cela, peut-être?), elle a été un terreau extraordinairement fertile de conviction ouverte; d'engagement responsable; de mission enthousiaste et de rayonnement évangélique. Tout cela, sans le moindre esprit sectaire!
Amen
JJ Corbaz
dimanche 7 septembre 2014
(Pr, SB, FA, Vu) Les géants tombés de Genèse 6, prédication du 7 sept 2014
Lectures: Genèse 6, 1-4; Matthieu 20, 25-28
Que voilà un passage biblique étonnant! On se croirait en pleine mythologie grecque, avec des dieux qui s’unissent à des terriennes, et des demi-dieux, et des héros fameux... Mais qu’est-ce qu’on peut en tirer pour un chrétien, aujourd’hui? Qui sont ces Fils de Dieu? Et ces filles des hommes? Et ces géants, ces personnages célèbres?
J’ai eu envie de prêcher sur ces versets énigmatiques pour essayer de voir avec vous si de tels textes ont leur place dans notre culte. Alors, attachez vos ceintures, vous donnerez votre réponse vous-mêmes dans 20 minutes!
Quand un passage est obscur, le mieux est de consulter plusieurs traductions; voire si possible de revenir au texte original, dans la langue où il a été écrit. Comme j’en vois parmi vous qui ne maîtrisent pas tout à fait (!) l’hébreu, la langue de l’Ancien Testament (AT), je vous en propose tout de suite une traduction littérale, au mot-à-mot, la plus fidèle possible à l’original.
(1) Et il arriva, quand l’être humain commença à se multiplier sur le sol, et des filles leur furent nées,
(2) que les fils des dieux virent les filles de l’être humain, qu’elles étaient belles (ou bonnes), et ils prirent pour eux des femmes de tout ce qu’ils choisirent.
(3) Et YHWH dit: “Mon esprit ne demeurera pas dans l’être humain pour toujours, car lui aussi est chair, et ses jours sont de 120 ans.”
(4) Les “tombés” étaient sur la terre en ces jours-là, et aussi après, chaque fois que les fils des dieux venaient vers les filles de l’être humain et qu’elles enfantaient pour eux; ce sont les héros d’autrefois, les hommes de nom (ou de renom).
Quelques mots d’explication sur certains termes. D’abord, bien sûr, ces “fils des dieux” (ou fils de Dieu?). Il faut savoir que le mot “fils” (en hébreu: “BEN”) désigne un individu membre d’un groupe. Par exemple, un “fils de célibataire”, dans la langue de l’AT, ne veut pas dire un enfant illégitime, mais un individu qui fait partie de l’ensemble des célibataires. En français, on dira simplement “un célibataire”. Un “fils de cheval”, c’est un cheval (mâle ou femelle, d’ailleurs). Et quand la Bible parle, souvent, des “enfants d’Israël” (vous vous souvenez d’avoir beaucoup lu cette expression dans l’AT), c’est le même mot “ben” au pluriel; les “enfants d’Israël”, il ne s’agit pas des gamins du peuple, mais de l’ensemble des hommes, des femmes et des enfants. En français, là encore, on dira juste: les Israélites.
Au vu de cela, on comprend mieux que les “fils des dieux” peuvent être traduits par “les dieux”; les individus appartenant à l’ensemble “Dieu(x)”. Mais on n’est pas beaucoup plus avancé...
Un détail important: le passage que nous lisons aujourd’hui est dû à un auteur de l’AT qu’on appelle le Yahwiste; parce qu’il nomme toujours Dieu “YHWH”, c’est-à-dire l’Eternel, ou le Seigneur. Or: les “fils de dieux” ne sont pas, en hébreu, fils de YHWH, mais fils d’Elohim. Elohim, un mot au pluriel qu’on traduit dans l’AT par “Dieu”.
Par conséquent, le mot “dieux”, ici, ne désigne pas le Seigneur, l’Eternel.
Il reste donc trois possibilités:
(1) soit les fils des dieux seraient des dieux, au pluriel; les divinités d’une religion polythéiste (à plusieurs dieux), comme les Grecs ou les Romains. Mais dans la Bible, ce serait étonnant.
(2) soit notre expression désignerait des anges, des êtres célestes qui vivent auprès de Dieu. C’est le choix de la Bible en français courant, qui traduit “les habitants du ciel” au lieu de “fils des dieux”.
(3) enfin, troisième possibilité: à plusieurs reprises, l’AT utilise le mot elohim, dieux, pour désigner des humains, mais des humains spécialement puissants, au pouvoir étendu. Le roi d’Israël est souvent appelé “dieu”, ainsi que les principaux magistrats, les juges; les roitelets de provinces, les chefs d’armée. Pourquoi on les appelle “dieux”? Parce que leur pouvoir élevé les a promus à un rang proche de celui de Dieu, ils sont un peu ses représentants, sa famille.
(Entre parenthèses, c’est cette étrange coutume qui explique qu’on a rapidement appelé Jésus, lui aussi, “fils de Dieu”). Fermons la parenthèse, et lisons le Psaume 82, où Dieu juge les puissants du monde en les appelant dieux, eux aussi.
Dieu est là, entouré de son conseil;
au milieu des dieux il rend la justice:
«Jusqu'à quand jugerez-vous avec partialité,
en acquittant les coupables?
Faites plutôt justice au faible, à l'orphelin,
respectez les droits du pauvre, du misérable.
Relâchez le faible et le malheureux,
arrachez-le aux griffes des méchants.
«Mais vous ne comprenez rien,
vous êtes dans le noir, avançant à tâtons;
et toute la terre est ébranlée.
Je le déclare, vous êtes des dieux,
vous êtes tous des fils du Très-Haut,
pourtant vous mourrez comme les hommes,
vous “tomberez” comme n'importe quel chef. (Ps. 82, 1-7)
La tradition juive a, le plus souvent, choisi cette troisième possibilité concernant les “fils des dieux” de notre passage. Et la plupart des chercheurs, aujourd’hui, confirment cette interprétation. Avec eux, lisons donc, derrière ces gens énigmatiques qui couchent avec des terriennes, non pas des êtres célestes, des anges (lesquels d’ailleurs n’ont pas de sexe, dit-on... hum!), mais des hommes puissants, des gens haut placés, qui ont beaucoup de pouvoir.
Et qu’ont-ils fait, ces hommes? Ils voient que les femmes sont attirantes; alors ils les prennent pour se marier. C’est la seule fois, dans l’AT, que le mariage est décrit par ce mot tout seul, prendre. Partout ailleurs, on raconte ou bien que les parents offrent leur fille, ou bien que l’homme et la femme se donnent l’un à l’autre (et vous connaissez les dialogues romantiques du Cantique des cantiques); ou bien encore c’est Dieu qui conduit les époux l’un vers l’autre. Ici, aucune mention du don: les puissants prennent, ils s’emparent des femmes, c’est tout.
Il ne s’agit donc ni de femmes fatales, ni de sexe contre nature entre être humains et divins. Nos versets dénoncent le fait que les détenteurs du pouvoir en ont abusé (qui a dit “Berlusconi”?! - ou le roi David!?); ils ont utilisé leur puissance pour leur propre avantage au lieu du bien de tous, au lieu de la justice, comme l’affirme le Ps. 82 que nous venons de lire. Arrogance et orgueil, quand on se croit tout-puissant.
Ces haut placés ont agi comme si Dieu n’existait pas. Et c’est pourquoi le Créateur reprend son esprit. Deuxième énigme, cette sentence: YHWH dit: “Mon esprit ne restera pas dans l’être humain pour toujours, car lui aussi est chair, et ses jours sont de 120 ans.”
Ce n’est pas une punition décidée souverainement, donc! Mais c’est la conséquence logique du choix des puissants: “Ils ignorent mon existence, alors je ne peux plus leur donner la force qui les fait vivre”. Pour le Yahwiste, l’homme est fait de terre (Adam veut dire, en hébreu, “le terreux”), l’homme est fait de terre, + de l’esprit de Dieu. Donc si l’Eternel enlève son souffle de vie, l’homme retourne à l’état de poussière.
Troisième partie de notre passage; et troisième mystère. Je cite: “Les “tombés” étaient sur la terre en ces jours-là, et aussi après, chaque fois que les fils des dieux venaient vers les filles de l’être humain et qu’elles enfantaient pour eux; ce sont les héros d’autrefois, les hommes de nom (ou de renom).” Mais qui sont donc ces héros, ces géants? Et que veut nous dire l’auteur par cette phrase?
Ce verset utilise volontairement un style qui ressemble aux mythologies orientales: emphatique. Mais il le fait pour souligner le contraire: ces hommes de renom, ces héros fameux, on ne dit justement pas comment ils s’appellent! Quand on connaît l’importance du nom pour les juifs, c’est un indice révélateur. Ces géants, littéralement ces “tombés”, (le mot qui désigne les gens de très grande taille vient du verbe “tomber”), ces surhommes, on n’en a pas gardé de souvenir important, ils sont insignifiants, puisque leur nom, prétendument fameux, il est... tombé dans l’oubli! Vous voyez qu’il y a, quand on parle en hébreu de ces géants, un jeu de mots intraduisible en français!
Par contraste, il y a juste avant notre passage une liste impressionnante de noms: les ancêtres de Noé sont tous cités, et nommés quatre fois en quatre phrases consécutives! Davantage encore, Noé lui-même, le véritable héros de l’histoire qui commence avec notre passage, Noé, on voit son nom écrit des dizaines de fois. Comme pour dire: ces prétendus surhommes, ils ne sont rien de rien, à côté de Noé; et même à côté du moindre de ses ancêtres.
Et voilà que nous débouchons tout naturellement sur le récit du déluge. Les hommes ne sont que chair, c’est-à-dire qu’ils sont faillibles, mortels. Ils agissent comme si Dieu n’existait pas. Alors, l’Eternel va leur retirer son souffle de vie.
Après avoir dû limiter l’existence humaine à 120 ans, le Seigneur décide de balayer de toute la terre ces hommes qui le renient. Voici le passage qui suit immédiatement les quatre versets que nous essayons de comprendre:
Le Seigneur vit que les hommes étaient de plus en plus malfaisants dans le monde, et que les penchants de leur cœur les portaient de façon constante et radicale vers le mal. Il en fut attristé et regretta d'avoir fait des hommes sur la terre. Il se dit: «Il faut que je balaye de la terre les hommes que j'ai créés, et même les animaux, grands ou petits, et les oiseaux. Je regrette vraiment de les avoir faits.»
Mais Noé trouva grâce aux yeux du Seigneur.
Pause. Merci de m’avoir suivi jusqu’ici! Mais il faut revenir à notre question de départ: qu’est-ce que ce passage peut nous dire, à nous chrétiens, aujourd’hui?
Selon notre exégèse, le Yahwiste nous propose l’alternative: ou bien vivre en relation avec Dieu; ou alors choisir notre propre bien, et prendre ce qu’on veut, et ainsi se couper de l’esprit du Créateur. Ceux qu’on croyait à première vue des fils de Dieu, ce sont en fait des types d’hommes comme on en voit beaucoup aujourd’hui: ceux qui font leurs choix; ceux qui regardent, et qui s’emparent, qui veulent faire carrière, et saisir les bonnes occasions, et s’enrichir sans tenir compte des autres, ni de l’Autre avec majuscule! Les Khadafi de la politique, ou de l’économie, ou de la religion! Mais aussi les roitelets du quartier, ou du club, ou de la famille! Arrogance et orgueil, quand on se croit tout-puissant. Pas toujours facile d’échapper à ce travers, même dans nos petites responsabilités, dans nos bribes de pouvoir! Pas simple de résister aux tentations de manipuler les autres, de les faire passer là où ça nous arrange, de chercher notre seul intérêt.
Lorsque les (soi-disant) “grands” de ce monde n’ont pour priorité que leur égoïsme, ils se condamnent à la plus dure des chutes: retomber pour n’être plus que poussière.
À l’opposé nous est proposé l’exemple de Jésus. Lui n’a pas cherché son propre bien, son intérêt. Il s’est abaissé jusqu’à la mort, la mort sur la croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au rang de souverain; il lui a donné le nom qui est au-dessus de tous les autres noms, afin qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse, dans le ciel, sur la terre et sous la terre, et que chacun reconnaisse Jésus comme Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. (Philippiens 2, 8-11)
Puissions-nous, dans nos pouvoirs, nos valeurs et nos choix, nous inspirer de ce seul vrai Fils de Dieu. Amen
Dessin: Auderset |
(après l’interlude: traduction JJC):
(1) Lorsque les hommes commencèrent à proliférer sur la terre, et qu’ils donnèrent vie à des filles,
(2) les puissants du monde virent que ces femmes étaient attirantes. Ils s’en emparèrent pour se marier avec elles. Ils les choisirent selon leur bon plaisir.
(3) Alors, le Seigneur constata: “Mon souffle de vie ne va pas donner indéfiniment sa force à l’homme. Il est limité; il ne vivra pas plus de 120 ans.”
(4) C’était l’époque où il y avait des géants sur la terre. Il y en eut encore par la suite, d’ailleurs: chaque fois que les puissants s’approchaient des femmes du peuple, et qu’elles leur faisaient des enfants. Ce sont les héros d’autrefois, aux noms célèbres, fameux... Vous les connaissez, non?
Jean-Jacques Corbaz
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