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dimanche 14 décembre 2014

(Co) Le Noël de M. Noël - conte

Conte de la fête de Noël, Orges, le 13 décembre 2014

Il s’appelle Noël. C’est un jeune garçon tout mignon, aux cheveux blonds, comme un ange. Il s’appelle Noël parce qu’il est né, vous l’avez deviné, un 25 décembre. Sa maman le trouve si beau, il est pour elle un vrai cadeau. C’est peu dire qu’elle l’aime: elle l’adore! Elle l’appelle “mon petit roi”, “mon doux trésor”.

Chaque année, pendant le mois de décembre, elle décore la maison: des branches de sapin, mmmh, ça sent bon! Des bougies, des guirlandes… “Tout ça, c’est pour toi, mon petit roi. Pour ta fête, parce que je suis tellement heureuse avec toi”. Elle lui montre les maisons des voisins, tout illuminées; et les rues de la ville, les places, les magasins, tout rayonnants de couleurs et de lumière. Dans un grand élan d’amour et de tendresse, elle lui dit même, une fois: “Tout ça aussi, c’est pour toi. Toute la ville est décorée en ton honneur. Tu nous donnes à tous tellement de bonheur!”. Et le garçon, bien sûr, finit par penser que c’est lui et lui seul que tout le monde fête le 25 décembre. Et sa maman elle-même, à force de le répéter, peut-être se met-elle à le croire aussi.


 

Hélas, les choses se gâtent pour Noël quand il commence l’école. Car la maîtresse, pour expliquer la fête du 25 décembre, précise que c’est la naissance de Jésus. “Jésus? Mais c’est qui?”. Tout étonné, Noël court vers sa maman: “Tu ne m’as jamais parlé de ce Jésus, qui est né le même jour que moi!? Pourquoi?”

La maman est embarrassée: “Euh c’est vrai, oui, j’ai oublié de te parler de lui. Mais je le connais si peu”. Et puis, voyant l’air déçu de son fils, elle ajoute très vite: “Mais tu sais, tu es bien plus important que lui. Les gens fêtent beaucoup plus Noël que Jésus”.

Le garçon est un peu triste, et surtout perplexe. Il découvre un univers qu’il ne connaissait pas. Il réfléchit, pendant plusieurs jours. Ce Jésus inconnu titille sa curiosité. Il aimerait en savoir plus.

Et puis soudain, il a une idée. “Maman, on pourrait inviter Jésus pour ma fête, puisque c’est aussi la sienne. Comme ça, je pourrai le connaître”.

“Oh, dit la maman, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Jésus est beaucoup plus vieux que toi. Vous n’avez pas les mêmes intérêts, ni les mêmes jeux. Vous n’aimez pas les mêmes choses”.

Mais Noël insiste. Et vous avez déjà compris que, quand Noël veut vraiment quelque chose, sa maman ne lui résiste pas longtemps. Elle finit donc par accepter. “D’accord, mon trésor. Nous l’inviterons le soir du 24 décembre, et tu pourras veiller jusqu’à minuit. Ainsi vous pourrez vous souhaiter tous les deux un joyeux anniversaire”.



Et voilà le grand jour qui arrive. En fin d’après-midi, la maman sort. “Je vais chercher Jésus”. Elle a décidé d’aller inviter un cousin célibataire, qui s’ennuie toujours le soir de Noël. Ça l’intimide un peu, car ledit cousin n’est pas toujours d’humeur agréable. Mais il fera un Jésus acceptable, pourvu qu’il accepte de jouer le rôle.

Dans la rue, les passants... passent, comme s’ils n’avaient que ça à faire. Pressés, les bras chargés de paquets, de victuailles, de bouteilles, de cadeaux... “J’espère, pense la maman, que le cousin ne va pas me remballer”.

Tout-à-coup, elle entend une voix: “Bonsoir Madame. Joyeux Noël!”. Elle se retourne, et voit un clochard, sur un banc. Il a une barbe, et les cheveux longs. Un grand manteau.

Un autre jour, elle aurait ignoré ce salut et serait partie rapidement, pour éviter que l’inconnu ne lui demande de l’argent. Mais là, elle le regarde, attentivement. “Au fond, il ferait un tout bon Jésus. Bien mieux que le cousin bougon” se dit-elle.

Alors, elle s’approche, et lui explique son idée. Le clochard en a les yeux qui pétillent. Un bon repas, une soirée bien au chaud, et rien d’autre à faire que de m’appeler Jésus?! Oh oui, d’accord! “C’est rigolo, sourit-il, parfois des passants m’appellent Jésus, à cause de ma barbe, de mes cheveux longs et de mon grand manteau.”
 



Ils arrivent à la maison. Noël est tout content de voir l’inconnu, il lui pose des tas de questions. Chic, le courant passe bien entre eux!

On se met à table. Le clochard raconte sa vie, et comment il en est arrivé à dormir sous les ponts. Il était acteur, comédien, il jouait dans des films, à la TV. Il vivait pauvrement, mais très heureux, avec sa jeune femme. Ils attendaient un enfant. Mais voilà, soudain, sa vie a basculé. Le drame. Sa femme s’est fait écraser par un automobiliste ivre. Elle est morte, et le bébé qui allait naître n’a pas survécu non plus.

Ayant tout perdu, “Jésus” a sombré dans une tristesse infinie. Il a cessé d’avoir du plaisir à jouer la comédie, à faire rire. Il s’est mis à boire, et à fuir les autres. Il a perdu son travail, puis son logement. Il n’avait plus que le vin pour le consoler. Et c’est ainsi qu’il en est arrivé à dormir en plein air, chaque nuit, et à mendier pour avoir de quoi boire et manger, un petit peu.

Tout en racontant sa vie, le clochard voit des étoiles scintiller dans les yeux
tout ronds de Noël, qui l’écoute avec passion. Et la maman, à côté de lui, qui s’intéresse à ses aventures aussi. “Jésus” retrouve le plaisir d’avoir un auditoire, de faire rire les autres; de les émouvoir. Il retrouve des anecdotes, des souvenirs...

À minuit, le clochard embrasse chaleureusement le petit garçon. “Joyeux anniversaire, Noël!” dit-il. “Joyeux anniversaire, Jésus!” répond l’enfant. Et, derrière eux, la maman essuie une larme sur sa joue.

Il est tard maintenant. L’homme doit s’en aller. Il remet son manteau, et Noël l’accompagne jusqu’à la porte. Au moment de se dire au-revoir, l’enfant lui dit: “J’ai encore une question: Jésus, c’est ton vrai nom?”. Le clochard sourit et répond: “Tu sais, chaque fois que tu ouvriras ta porte à quelqu’un qui a faim ou qui a froid, chaque fois que tu ouvriras ton coeur à un malheureux, chaque fois que tu feras du bien à quelqu’un qui en a besoin, eh bien il s’appellera Jésus, pour toi”.

Sur ces mots, le clochard s’en va, sans bruit. Il disparaît dans la nuit. 



 Jean-Jacques Corbaz







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