Pour vous y retrouver

Bonjour! Bienvenue sur ces pages, que j'ai plaisir à ouvrir pour vous!
Vous trouverez sur ce blog différentes sortes de contributions:
- annonce (An),
- billet (Bi),
- citation (Ci),
- confession de foi (CF),
- conte (Co),
- formation d'adultes (FA),
- humour (Hu),
- image (Im),
- liturgie (Li),
- poésie (Po),
- prédication (Pr),
- réflexion (Ré),
- sciences bibliques (SB),
- vulgarisation (Vu).
Bonne balade entre les mots!

Ces œuvres sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé.

Ce blog fait partie d'un réseau de sites réformés "réseau-protestant.ch" qui vise à coordonner et rendre visibles et lisibles les publications web de la galaxie du protestantisme de Suisse romande. Voir sur ce blog la page https://textesdejjcorbaz.blogspot.com/p/blog-page.html>.

lundi 20 janvier 2025

(Pr) L’unité des chrétiens, à construire de nos mains

 

Lectures: Sophonie 3, 14-20; Marc 9, 38-41

«Non, non, mon enfant, Jésus ne nous a pas donné des paroles mortes, que nous ayons à renfermer dans des petites boîtes (ou dans des grandes). Et que nous ayons à conserver dans (de) l'huile rance comme les momies d'Egypte. Jésus-Christ, mon enfant, ne nous a pas donné des conserves de paroles à garder. Mais il nous a donné des paroles vivantes. À nourrir. Les paroles vivantes ne peuvent se conserver que vivantes, nourries vivantes. Nourries, portées, chauffées, chaudes dans un cœur vivant.»

Ces lignes de Charles Péguy mettent le doigt sur une bizarrerie de l’humanité croyante: car la parole vivante du Christ, cette force étonnante de l’amour de Dieu qui sauve, nous avons sans cesse tendance à l’enfermer dans des habitudes, dans des règlements, dans des rituels qui la figent. Pire encore, ces rigidités nous poussent à nous retrancher, et à mépriser celles et ceux qui vivent leur foi dans des formes différentes des nôtres. Voire à les combattre.

Mais pourquoi donc?

La réponse à cette question pourrait nous mobiliser de nombreuses heures. Ce matin, je me bornerai à examiner quatre pistes de réflexion.

1. Premier élément: Ouin-Ouin se dispute avec sa femme. Le ton monte, la colère bouillonne. Chacun campe sur ses positions, de plus en plus durement. La situation devient difficilement tenable. Comment s’en sortir? Finalement, c’est Ouin-Ouin qui fait la concession: «Écoute, d’accord. Je me suis trompé. Tu avais raison, je me rallie à ton avis.»
«Trop tard, coupe Mme Ouin-Ouin, moi aussi, j’ai changé d’avis, maintenant!»

Parfois nous aimons le conflit. Ou tout au moins, ça nous arrange bien. Il est plus facile, en fait, de se retrancher dans une opposition catégorique plutôt que d’entrer en dialogue vrai, qui demanderait d’écouter l’autre, avec ses nuances et ses particularités. Qui nécessiterait de mettre la recherche de la vérité avant toute caricature partisane.

2. Deuxième élément. La vérité n’est jamais simple. Elle est multiple, changeante, mobile. Elle varie selon l’époque, selon le lieu. Et nous, nous sommes trop limités pour en percevoir toutes les facettes. Il en va de la vérité comme d’un grand miroir brisé en mille morceaux: chaque fois que quelqu’un en découvre un petit fragment, il proclame avec fierté: «J’ai trouvé la vérité»!

3. Troisième élément. Cette vérité qui nous dépasse s’est approchée de nous en Jésus Christ. Il veut nous attirer à lui, tous, ce qui ne pourra que nous rapprocher les uns des autres.

Si nous acceptons la réconciliation fondamentale que le Crucifié nous offre, cela nous conduira à nous réconcilier les uns avec les autres. En nous libérant de nos peurs, de nos blessures, de nos aveuglements, il nous ouvre la porte d’une existence allégée, donc plus accessible aux autres.

Prier pour l’unité des chrétiens, c’est d’abord se laisser attirer par le Christ, en Dieu qui veut «enlever les condamnations qui nous pèsent», comme l’écrit Sophonie. «Son amour te donne une vie nouvelle».

4. Dernier élément: le dialogue. Pour progresser dans la proximité de Dieu, nous gagnerons à aborder les croyants d’autres confessions ou traditions sans préjugés; à les interroger sur leurs valeurs et leurs priorités; à chercher ensemble à découvrir de nouvelles richesses chez eux…

Se regarder comme partenaires dans une recherche spirituelle, et non adversaires. Partenaires différents, avec chacun nos éclats de génie et nos rigidités; avec chacun nos prudences bénéfiques ou excessives; avec chacun nos raccourcis prophétiques ou simplistes (ou les deux!); avec nos espoirs et nos peurs…

Dites, et si nous osions jeter le masque, dévoiler les craintes qui nous donnent trop souvent l’air intolérant, avouer nos points faibles, que nous camouflons parfois sous des durcissements bien peu évangéliques?

Un dicton allemand affirme: «Wer keine Argumente hat, brüllt» (qui n’a pas d’arguments hurle)!

Les parents d’adolescents s’en aperçoivent fréquemment: cacher ses faiblesses sous la colère ou la rigidité des principes ne peut qu’éloigner son interlocuteur, surtout s’il s’agit d’un enfant qui devient adulte, et qui se pose des questions, et qui sent bien nos refus inavoués, nos failles.

Croyez-vous que les Églises puissent se regarder les unes les autres comme adultes? Et entrer en dialogue vrai?

Le véritable scandale, aujourd’hui, ce n’est pas la division des chrétiens, mais bien l’intolérance, le fanatisme; la culture des préjugés; le rejet de dialogue. Le malheur ne tient pas au fait que nous ne parvenons pas à penser et croire les mêmes choses, mais que, différents de foi et de pensée, nous ne soyons pas capables de vivre fraternellement.

On ne pourra pas dire, devant Dieu: «On ne s’aimait pas, Seigneur, pour des motifs religieux». Il vaudrait mieux pouvoir affirmer: «On ne pensait pas la même chose, Seigneur, mais, à cause de toi, on s’aimait.»
Amen

Jean-Jacques Corbaz


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire