Sonder l’insondable. Combien de questions nous
assaillent chaque fois que nous sommes face à un meurtre ? Combien de
demandes traversent notre esprit devant le visage, souvent avenant, de
celui qui a volé le dernier souffle, après avoir infligé d’atroces
souffrances, dans ces moments où nous avons devant les yeux les corps
sans vie de Lucie, Marie, Adeline et tant d’autres ?
Vous et moi cherchons à comprendre. Nous prêtons l’oreille aux
psychiatres de service: «L’expertise permettait un diagnostic absolument
rassurant», qu’ils disent ! Dommage qu’a posteriori il ne soit plus
possible d’en dire autant, affirment certains, sous le choc. C’est au
tour des autorités et de la justice de s’exprimer: «Il y a des lois, des
règles, des procédures.» Pourtant l’irréparable s’est produit.
Sont-elles inadaptées ? Ou alors, inappliquées par laxisme, par mesure
d’économie ou par incompétence ? Les procès s’ouvrent sur la place
publique. On cherche le coupable, l’instance à mettre au pilori. On
remet tout en question, oubliant que la certitude tout comme la vérité
ne sont pas de ce monde. Que tout peut basculer en un rien de temps et
que personne ne peut le prédire.
Alors ? Nous avons deux choix. Sous
l’emprise de l’émotion, de la rage et du chagrin, arrêter les programmes
de réinsertion, songer à mettre tous les délinquants dans une cellule
et jeter la clé. Mieux, promouvoir la réintroduction de la peine de
mort. Nous aurons le sentiment d’avoir éradiqué le mal avec celui qui
l’incarnait. Ou, dans ces moments de désarroi, nous pouvons penser aux
personnes qui, grâce aux programmes de rééducation et réinsertion – que
notre pays n’est de loin pas seul à avoir mis en place – ont rebondi. Ne
balayons pas, d’un seul coup, un système qui a aussi fait ses preuves
pendant des années. Corrigeons-le, renforçons-le, explorons de nouvelles
pistes et ne cédons pas à la tentation d’échanger une vie contre une
autre, un mort contre un autre. Chaque mort est un mort de trop, qu’il
soit la victime ou le meurtrier que nous transformons en victime.
// Paolo Mariani, responsable de la communication de l'Eglise réformée vaudoise
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