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lundi 5 février 2024

(Pr) Le juge et moi

Prédication du 5 février 2024  

Lectures bibliques: Romains 2, 1-8; Romains 3, 21-24; Matthieu 7, 1-5

 
Une ancienne paroissienne, infirmière scolaire, se fait un jour interpeller par un élève au moment où elle termine sa conversation avec un vieux professeur. L’adolescent lui lance: «Quoi? Madame, vous parlez avec ce c…?!» (vous avez complété le dernier mot vous-même!). Sur quoi mon amie, souriante, lui rétorque: «Mais oui… Je parle bien avec toi!»

Pas besoin d’être au tribunal pour juger! Nous le faisons (nous le faisons tous!) à longueur de journée: untel est un idiot, machin est incapable… Le jugement (humain) est partout, il est inévitable. C’est un réflexe spontané, je dirais même que nous en avons besoin pour vivre.

- Quoi? Besoin pour vivre? Vous y allez un peu fort, M. le pasteur!

Peut-être, mais il est important de le préciser: juger n’est pas que négatif: pour s’engager dans une relation avec quelqu’un; pour faire un achat; pour prendre une décision personnelle, il faut bien juger, c’est-à-dire examiner les faits, peser le pour et le contre, et puis choisir.

Mais, bien sûr, la lettre aux Romains parle d’un autre genre de jugement. Celui plus malsain qui nous amène à proférer des considérations sur les autres sans nuances. Celui qui nous conduit à des condamnations définitives, à l’emporte-pièce: «Machin, il est nul!»; «Elle est méprisante»; voire, dans certains milieux chrétiens: «Celui-là, il ne sera pas sauvé».

Alors, bien sûr, n’allons pas tomber dans le panneau en disant: «Tous ceux qui jugent les autres sont dignes de la colère de Dieu» (hem!). La paille et la poutre, nous connaissons!  😉  😄   

Disons plutôt, avec le Nouveau Testament, que Dieu peut nous aider à faire mieux. Ou à faire moins mal. Dans les deux sens du terme, « faire moins mal»! Dieu peut nous aider à parler de manière plus nuancée, moins définitive. Nous aider à juger en triant mieux nos informations et nos émotions. Savez-vous que «juger», en grec (soit la langue du Nouveau Testament) veut justement dire «trier»?

Dieu veut nous aider aussi à éviter le mécanisme bien connu où l’on pointe du doigt les faiblesses des autres pour éviter de se remettre en question soi-même. Vous connaissez l’histoire de l’employé qui, parce qu’il s’est fait brimer par son chef, houspille sa femme le soir à la maison. Sa femme qui à son tour se met à hurler contre les enfants, lesquels passent leurs nerfs sur le chat, et ainsi de suite… 

Dieu veut nous aider à croire un peu moins que nous serions meilleur qu’autrui; plus juste; plus digne d’être aimé. Ou plutôt croire un peu moins que les autres seraient moins bons que nous; moins justes; moins dignes d’être aimés.

 

Pour bien comprendre notre passage, je vous propose de revenir un peu en arrière. Car le premier chapitre de la lettre aux Romains, juste avant le passage que nous avons lu, se termine par une longue diatribe affirmant que les humains sont coupables devant Dieu: ils manquent de reconnaissance, ils se prennent pour le centre du monde; ils sont idolâtres; ils travestissent la vérité; ils se comportent sans respect pour les autres, donc sans respect non plus pour le Créateur; injustice; mal; méchanceté; jalousie; violence; vantardise; tromperie; désobéissance… la liste n’en finit pas! Tous ces gens sont sans excuse, écrit l’apôtre.

Et puis, ô surprise, le chapitre suivant commence par cet appel que nous avons entendu: «Toi aussi, tu es sans excuse, toi qui juges les autres». 

J’ai l’impression que Paul, en relisant son premier chapitre, imagine ses correspondants qui opinent lourdement pour approuver cette longue série d’actes qui déplaisent à Dieu: «Oh oui, ma bonne dame, c’est affreux, tous ces méchants, ces mauvais… Oui, oui, vous avez mille fois raison: ils n’ont aucune excuse!».

Stop! dit l’apôtre. Si tu réagis ainsi, c’est toi qui te mets en position inexcusable! Face à la justice de Dieu, il n’y a pas de différence entre les uns et les autres. Ou plutôt la seule différence, c’est nous qui la créons, suivant que nous prétendons ou non pouvoir nous placer nous-même du côté des «bons», des «sans péché»; de ceux qui condamnent.

Car tous ont péché, dit la lettre aux Romains. Oui, vous tous, vous êtes du côté des réprouvés, de celles et ceux qui méritent la punition du Ciel.
Mais, si nous n’avons pas d’excuse, pourtant nous avons un sauveur. Si tous ont péché et méritent la condamnation, sachez-le bien, tous sont rendus justes, gratuitement, par Dieu en Jésus Christ. Tous sont pardonnés. Ouf!!

Si nous sommes ainsi sauvés malgré nos nombreux manquements, cela pourrait drôlement nous aider à moins juger les autres, vous ne trouvez pas?! 

Alors, plutôt que de manier l’anathème et l’excommunication (y compris et surtout contre ceux qui pratiquent l’anathème et l’excommunication!!), laissons Dieu être Dieu, transcendant, inaccessible souvent à nos raisons humaines. Et surtout, acceptons sa grâce incompréhensible, pour nous et pour autrui! En sachant que l’objectif du Christ n’est pas de nous punir et de nous envoyer expier nos fautes, mais bien de nous rétablir, de nous sauver, de nous remettre sur pied face au Père! De nous guérir de nos culpabilités  et de nous ressusciter pour la joie éternelle!

Ces considérations voudraient nous aider à décoller notre regard de la vie des autres, quand nous sommes tentés de les juger trop catégoriquement. Décoller notre regard de la vie des autres pour mieux nous préoccuper de rendre notre existence meilleure, face au Créateur et avec son aide.

Elles voudraient aussi, ces réflexions, m’aider à me méfier du jugement d’autrui… et même du mien propre! C’est le roi David qui disait déjà: «Je préfère tomber entre les mains du Dieu vivant qu’entre celles des hommes». Souvenons-nous que même quand le Créateur nous expose au jugement, c’est encore pour la vie!

J’aime dire que l’annonce du jugement de Dieu en Christ est une bonne nouvelle. Oui! Et je précise aujourd’hui que cette bonne nouvelle n’est pas seulement pour moi, mais qu’elle s’adresse à chacun.e! Amen

Jean-Jacques Corbaz


Je vous laisse encore cette petite phrase de Henry Thomas Buckle et attribuée parfois à Socrate: «Les grands esprits discutent des idées. Les esprits moyens discutent des événements. Et les esprits plus petits discutent des gens!» 

Henry Thomas Buckle



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