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dimanche 28 avril 2019

(Pr) Avant ou après la mort? Question d'accent.

Prédication du 28.4.19  -  «Christ ressuscite, t’es au courant?!?»
 

Lectures bibliques: Luc 24, 1-7; Apocalypse 21, 1-5
 


Christ ressuscite, salut la vie!

Il y a 28 ans, c’était le slogan de la campagne «Pâques 91». Peut-être vous en souvenez-vous? Ecrit en blanc sur fond bleu. Il m’a paru bon de le rappeler ce matin.


Christ ressuscite. Mais pourquoi donc proclamer ce qui semble pour beaucoup un lieu commun rabâché? On le sait bien, Monsieur le pasteur, tous les croyants sont au courant, depuis presque 2000 ans, qu’il est ressuscité! Et puis, par chez nous, on n’aime pas tant ces déclarations un peu trop triomphantes et trompettueuses...

  

 
Avez-vous remarqué? Je viens de faire comme beaucoup de gens, j’ai rajouté un millimètre d’encre dans ce slogan. On l’a entendu, on l’a lu trop souvent sous cette forme: “Christ ressusci, salut la vie!”

Même des pasteurs et des membres du synode ont fait l’erreur! Mais pourquoi veut-on toujours ajouter ce petit trait, cet accent sur le “e” de “Christ ressuscite”? Ça en modifie le sens de manière grave, cet accent aigu!

Qu’est-ce que ça change? Vous l’avez sans doute compris: l’accent aigu met le verbe au passé. Christ est ressuscité, on le sait bien, c’est un fait acquis. C’est du passé; bien délimité, bien cloisonné. En poussant un peu, on pourrait même dire: comme ça, on ne risque pas de se faire trop surprendre, trop bousculer.

Mais ce que ce slogan veut dire, c’est tout autre chose, c’est que Christ aujourd’hui ressuscite. L’essentiel n’est pas tant de le savoir, mais bien plutôt d’être au courant... Je veux dire: de se laisser entraîner par son courant, à la résurrection, comme une rivière. De se faire dynamiser, mettre en marche par elle, comme un train électrique qu’on branche sur la prise; qu’on met au courant!

   



C’est déjà l’expérience des femmes et des premiers apôtres, témoins de la résurrection, au matin de Pâques. Ou plutôt, témoins de pas grand-chose, puisqu’ils n’ont vu qu’un tombeau ouvert. Et vide. Mais pourtant, ce vide est devenu pour elles, pour eux, un gigantesque appel à mettre en route des forces inconnues, au plus profond d’eux-mêmes, des élans branchés sur le coeur, et pas sur la raison.

Pour ces disciples résignés, pour ces femmes qui allaient l’embaumer (méthode pour conserver les morts!), voilà... non: voici que Jésus, par les seules vibrations de son absence, Jésus provoque un bouleversement d’une stupéfiante nouveauté, qui les ouvre aux dimensions infinies de sa joie: Christ ressuscite, salut la vie!


Et cette présence mystérieuse, qui est décrite dans l’évangile de Luc comme deux hommes aux vêtements brillants, cette présence parle. Aux femmes qui apportaient les parfums des trépassés, elle dit: “Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant?” Vous vous trompez d’adresse! Jésus n’habite plus à l’impasse du cimetière, il anime la fête au boulevard de la liberté!

“Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant?” Et voilà, ces femmes ne savent tout à coup plus que faire de leurs aromates et de leur résignation. Elles repartent en courant. Elles sont maintenant au courant!

  


Pour nous, chrétiennes et chrétiens; pour nous, paroisse; pour nous, Eglise; en ce temps de Pâques, ces femmes ne sont-elles pas un signe? Signe que nous marchons en vain si nous ne voulons qu’embaumer Jésus dans nos routines ou nos résignations; si nous ne mettons notre foi que dans un mort? Dans un personnage qui a existé, c’est tout, et qui fait partie de l’histoire?


Depuis quelque 150 ans, des théologiens se demandent si la résurrection est un fait historique ou non. C’est une question intéressante. Mais il me paraît encore plus fondamental de s’interroger si la résurrection n’est qu’un fait du passé; ou si elle agit sur nous, aujourd’hui!?! Si elle nous met en marche (ou en course!) nous aussi! Si elle nous transforme!?

Comme le dit aussi cette jolie boutade: “Il serait plus facile pour nos contemporains de croire au miracle de Pâques... si les chrétiens étaient eux-mêmes davantage ressuscités!”


Comment l’événement que nous célébrons à grands coups de lapins en chocolat modifie-t-il vos vies? Quelles couleurs, quelles “légèretés d’être” vous offre-t-il, jour après jour? Quel regard vous permet-il de poser, sur le monde, sur l’histoire; sur les femmes et les hommes qui y espèrent?
  
La résurrection, ce n’est pas seulement pour après la mort; c’est surtout pour avant! Et je me dis parfois que les oeufs de Pâques seraient tellement plus évangéliques s’ils n’étaient pas cuits dur, mais s’ils allaient éclore d’une vie nouvelle!

“Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant?” On se trompe d’adresse, décidément, quand on le cherche dans les livres d’histoire, à la même page que Ponce Pilate. Vingt siècles ne parviendront pas à l’embaumer, pas plus que les femmes de notre récit avec leurs aromates. Lui, il échappe à tout enfermement, à toute limite.

Vivre avec lui, ce n’est pas être en retard sur le monde. Au contraire, c’est être en avance. C’est vivre à son heure à lui.  Et parfois même courir, comme les femmes de l’évangile, comme les douze, et comme ensuite les pèlerins d’Emmaüs retournant à Jérusalem.

Pâques, c’est toujours d’être remis en route. Ranimé, re-animé en joie, en espérance. En pétillements de vie et de tendresse, que nous ne recevons jamais si bien que quand nous les donnons. Et que nous ne donnons (of course!) jamais si bien que quand nous les recevons. Lorsque l’échange anime la fête!
  

Christ ressuscite, salut la vie! Salut comme bonjour, et bonjour comme salut, ça veut dire: on est sauvé!

En sortant de cette église, nous laisserons-nous mettre au courant nous aussi? Porterons-nous sa vie rayonnante? Commencerons-nous, aujourd’hui déjà (ou aujourd’hui encore!) à ressusciter? Amen

Jean-Jacques Corbaz  



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