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samedi 24 décembre 2022

(Pr, Co) Jojo. Conte de Noël

Jojo en Chine  Conte du 24 décembre 2022 

Lecture biblique: Luc 2, 1-20


Il était une fois, il y a bien des années, un petit garçon pas très sage qui sʼappelait Jojo.

Jojo était un gentil copain, il aimait beaucoup jouer avec les autres. Il savait bien se faire apprécier des enfants de son âge... mais nettement moins de ses professeurs à lʼécole, ou de son pasteur au catéchisme ! Car Jojo nʼétait pas très attentif, il préférait écouter ses rêves dʼaventure plutôt que ce qu’on lui enseignait. Il sʼimaginait volontiers en train de courir les mers sur un bateau de pirates, ou dʼexplorer les continents inconnus... Mais il avait énormément de peine à se concentrer sur lʼorthographe, le calcul ou la discipline !

À seize ans, Jojo est sorti de lʼécole avec des notes... eh bien, pas fameuses du tout ! Il a eu de la peine à choisir un métier qui lui plaise. Pour finir, il a décidé de devenir marin. Pour partir très loin, comme les aventuriers de ses rêves. Il sʼimaginait capitaine de navire, avec une belle casquette et des galons dorés; et tout un équipage sous ses ordres.
 



Évidemment, la réalité nʼa pas été aussi belle ! Quand Jojo est arrivé dans un grand port, cʼétait à Rotterdam, aux Pays-Bas, personne nʼa voulu lʼembaucher pour être commandant de bateau. Normal, il nʼavait encore jamais navigué ! La seule place qu’il a fini par trouver, ça a été comme mousse. Il devait laver le pont du navire, vider les poubelles, porter des bidons dégoulinant de graisse froide... bref, des tâches vraiment peu agréables.

Par chance, il a pu voir beaucoup de pays. Son bateau passait dʼun port à lʼautre: New York... Rio de Janeiro... Buenos Aires... Amsterdam... la Floride... lʼAustralie... le Japon... la Terre de Feu... En quelques années, il a parcouru ainsi la terre entière. En travaillant, bien sûr. Les marins avaient tellement à faire qu’ils ne pouvaient jamais descendre pour visiter les régions où ils accostaient.

Malheureusement, Jojo est resté mousse longtemps. Comme il nʼavait pas appris grand-chose à lʼécole, il nʼa jamais pu se faire engager pour des activités plus intéressantes. Alors, un jour, il en a eu assez. Marre de toujours nettoyer la saleté et dʼobéir aux autres. Il a quitté son navire en décidant de ne pas revenir à bord, et il est parti à la découverte du pays où il se trouvait.
 
 Cʼétait en Chine. Dans une boutique de fripier, Jojo a acheté des habits; pas chers, des vêtements tout simples de Chinois. Et il sʼest mis à vivre comme les indigènes, pauvrement, mais sans manquer du nécessaire.

Grâce à son heureux caractère et sa gentillesse, Jojo sʼest facilement intégré dans son nouvel univers. Bien sûr, il lui a fallu apprendre à parler le chinois. Mais, quand on est heureux, quand on se fait des amis, cʼest nettement plus facile qu’à lʼécole ! Il a dû aussi sʼadapter à des manières de vivre très différentes de tout ce qu’il connaissait. Par exemple, les Chinois nʼarrivaient jamais à prononcer les “J” de son nom: ils l’appelaient Yoyo !! Quand ils le saluaient, ils disaient: “Bonyour, Yoyo !” Pourtant, Jojo ne se fâchait jamais. Il leur répondait chaque fois avec son grand sourire. Et, grâce à son amabilité, il nʼa eu aucune peine à se faire accueillir chaleureusement, il sʼest vite senti comme un vrai Chinois.

                                         *                 *

Cependant, il lui manquait quelque chose. À chaque fin dʼannée, il y repensait: comme cʼétait beau, la fête de Noël, à lʼéglise de son village; avec le sapin, les chants, et les cadeaux... Il aurait tellement voulu pouvoir revivre cette atmosphère magique de son enfance; lʼodeur chaude des bougies et des branches dʼépicéa, le goût des biscômes et des petites cloches en chocolat, la surprise des paquets brillants aux ficelles dorées...

Alors, un jour, Jojo a pris sa décision: la prochaine fois que ce sera le 25 décembre, je vais fêter Noël avec mes nouveaux amis ! Je leur apprendrai !

Mais quand les Chinois ont reçu lʼinvitation, ils ont été tout étonnés. Ils ont demandé: “Noël ? Quʼest-ce que cʼest, ce machin ?” Ils nʼen avaient jamais entendu parler !

Jojo a donc essayé de leur expliquer: 

- Eh bien, vous verrez. On prend un sapin, on le décore avec des bougies et des guirlandes,on chante, on se donne des cadeaux...


- Ah ? ont fait les Chinois. Dʼaccord, nous verrons.

Et le jour de Noël, ils sont venus. Jojo nʼavait pas trouvé de sapin, mais lʼarbre quʼil avait installé dans sa maison faisait quand même lʼaffaire. Il lʼavait décoré comme il pouvait, avec quelques fils argentés et des étoiles de toutes les couleurs.

Après un bon goûter, Jojo a essayé de leur chanter “Voici Noël”, mais il ne se rappelait plus bien des paroles, alors il faisait “lalalala...” De toute façon, les Chinois ne comprenaient pas le français, ils ne voyaient pas la différence !
  

Les Chinois sont des gens patients et polis. Ils ont donc écouté patiemment et poliment. Mais plus la soirée avançait, plus Jojo voyait ses amis sʼennuyer. Il leur a demandé: “Comment trouvez-vous cette fête ?” “Eh bien, ont-ils répondu, il semble que Noël est une étrange coutume, cʼest vraiment bizarre de fêter un arbre tout décoré...” Jojo leur a expliqué que, chez lui, cʼétait la plus belle fête de lʼannée, mais les Chinois faisaient une tête qui avait lʼair de dire: “Ces Européens, quand même, quels drôles de gens !”

Jojo était très déçu. “Jʼai dû oublier quelque chose, pensait-il, ce nʼest pas possible que mes amis nʼaiment pas Noël !” Quand tout-à-coup une idée lʼa traversé: les cadeaux ! Ils avaient oublié de lui offrir des cadeaux ! Cʼétait ça qui manquait ! Pourtant, quand Jojo le leur a dit, les Chinois ont presque fait la grimace. “Comment ? Vous, les Européens, vous êtes vraiment malins: vous organisez une fête pour qu’on vous apporte des cadeaux ! Nous savions que vous étiez égoïstes, mais pas à ce point !”

Après le départ de ses amis, Jojo est resté tout pensif, triste et plein dʼinterrogations. Il se disait en lui-même: “Cʼest vrai que Noël, cʼest encore autre chose qu’un sapin et des cadeaux. Mais qu’est-ce que jʼai oublié ? Quʼest-ce qui est important, pour fêter Noël ? Tout-à-coup, une nouvelle idée lui est venue: “Mais bien sûr, suis-je bête ! Jʼaurais dû leur parler de Jésus ! Parce que Noël, cʼest la fête de Jésus !

Alors Jojo a couru faire le tour de ses amis pour leur dire: “Jʼai trouvé, je sais pourquoi vous nʼavez pas compris ce que cʼest, Noël. Jʼavais oublié de vous parler de Jésus, la naissance de Jésus !”


- Jésus, mais cʼest qui ? ont répondu les Chinois. 

- Comment, vous ne le connaissez pas ? Vous nʼavez jamais entendu ce nom? Jésus, le fils de Dieu, celui qui est né dans la crèche ?!
 

"Garçon!!? Y a un humain dans mon repas!!"

Mais les Chinois étaient tout surpris, et plus Jojo parlait, moins ils comprenaient. Impossible de leur faire sentir comme Noël était une fête importante pour lui. “Cʼest pourtant simple, pensait-il, en Suisse, tout le monde sait ça ! Ah, si seulement ces Chinois étaient allés au catéchisme, le pasteur aurait pu le leur expliquer !”

Malheureusement, il nʼy avait là-bas ni pasteur ni catéchisme à des centaines de kilomètres à la ronde, ni personne qui nʼait jamais entendu parler de Jésus. Et Jojo nʼarrivait pas à se souvenir de ce qu’on lui avait enseigné au caté, puisquʼil avait si peu écouté. La seule chose qui lui était restée, cʼétait une parole de Jésus qui disait: “Tout ce que vous avez fait aux plus petits des humains, qui sont mes frères, cʼest à moi que vous lʼavez fait.” Et le pasteur leur avait fait écrire cette phrase que Jojo nʼavait jamais très bien admise: “Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.” Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir? Tout de même, cʼest plus agréable de recevoir des cadeaux, non ?

Jojo aurait peut-être oublié toutes ces questions autour de Noël; mais les Chinois sʼen souvenaient, eux ! Ils souriaient lorsqu’ils rencontraient leur ami européen, et ils lui demandaient malicieusement quand il allait encore fêter son arbre et ses cadeaux. Les enfants, pour rigoler, avaient même pris lʼhabitude dʼappeler un “Jésus” ce qu’ils ne comprenaient pas. Quand leurs parents leur parlaient de choses trop compliquées, ils disaient: “Cʼest un Jésus, ce nʼest pas pour nous !” 


Lʼannée suivante, lorsque décembre est revenu, les questions et les moqueries des Chinois sont reparties de plus belle. Mais, le soir de Noël, Jojo a eu tout-à-coup une illumination: “Jʼai trouvé !” a-t-il dit. Il a pensé à toutes les personnes de son village qui avaient besoin qu’on les aide, ou qu’on les encourage, et il est allé chez eux pour leur donner un coup-de- main: le vieil oncle Li, il lʼa aidé à transporter son bois pour lʼhiver, tout un tas de bûches qui lui tiendront chaud; sa voisine, malade, Jojo a été lui préparer un bon repas, pour qu’elle reprenne des forces; et la famille des Chen, qui habite si loin de la rivière, il a aidé les enfants à porter le seau, bien trop lourd pour eux.

Les Chinois étaient de plus en plus étonnés. ils se demandaient: “Mais qu’est-ce qui lui arrive, à notre Européen, pour qu’il agisse ainsi ?” Et quand quelqu’un lui a posé directement la question, Jojo a répondu en souriant: “Eh bien, cʼest Jésus !” 

- Jésus ? Comment ça, Jésus ?


- Mais oui, Jésus, Noël, et Dieu. Je mʼétais trompé, lʼannée passée: à Noël, l’important, ce nʼest pas le sapin, cʼest d’aider les autres. 

- Alors là, si cʼest ça, Noël, ça devient vraiment intéressant, ont fait les Chinois.

Et vous savez, depuis ce jour, il y a tout un village de la Chine lointaine qui fête Noël, chaque 25 décembre; sans sapin, sans cantiques, sans pasteur, mais: avec beaucoup de générosité.

Et Jojo, parmi eux, Jojo a parfois envie de revenir une fois chez lui, en Europe, pour parler à ses copains dʼenfance de ce qu’il a découvert, à lʼautre bout du monde, là où personne ne savait rien sur Jésus, ce qu’il a découvert: le vrai sens de Noël.
  




Bernard Reymond, adapté par Jean-Jacques Corbaz  



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