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lundi 9 octobre 2023

(Pr) Ni juif ni grec - Le baptême: une étiquette?

 

Prédication des 8 et 9 octobre 2023

Lectures bibliques: Galates 3, 26-29; Jean 3, 16-17


Tante Julia, après une vie exemplaire et bien remplie, avait quitté ce bas-monde pour celui qu’on dit meilleur. Arrivée à la porte du ciel, elle est accueillie par saint Pierre, dans la plus pure tradition.

«Chère Madame, lui dit-il, vous avez le droit d’entrer au paradis. Venez, je vais vous indiquer votre chambre.»

Mais tante Julia, qui est plutôt curieuse de nature, l’arrête: «Je m’excuse! Est-ce qu’auparavant, je pourrais voir comment ça se passe en enfer, et aussi au purgatoire?»

Mais oui, pas de problème. En enfer, d’abord, elle est relativement «déçue en bien». C’est un peu comme sur la terre, il y a beaucoup de gens qui discutent, qui s’amusent. Certains même dansent, car il y a un orchestre qui joue pas mal du tout.

Elle passe ensuite au purgatoire: c’est à peine différent. Peut-être la musique est-elle un petit peu meilleure, l’ambiance plus décontractée, et la vue plus belle. Peut-être aussi y a-t-il un peu moins de monde…

Quand elle arrive en vue du paradis, tante Julia pétille de curiosité, vous imaginez! Mais à sa grande surprise, à la porte, elle n’entend pas de musique. Alors elle pose la question à saint Pierre: «Comment ça se fait? Vous n’avez pas d’orchestre?»

«Oh, répond l’apôtre, vous savez, ça ne vaut pas la peine de payer des musiciens, pour 3 ou 4 personnes seulement!»
 


Voilà le genre d’histoire qui aide à comprendre ce que c’est que le paradis. Mais à condition de le prendre exactement à l’envers! Ce serait moins drôle pour la plaisanterie, mais ce serait beaucoup plus conforme à la Bible si c’était l’enfer qui était désert!

Car que dit le Nouveau Testament? Tous, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus de différence entre homme et femme, entre esclave et patron, entre juifs et païens. Toutes et tous, vous recevez les promesses de Dieu, vous êtes promis au paradis! En étant baptisés, vous avez toutes et tous accédé à la condition nouvelle, dans le coeur du Christ. Le baptême efface les différences entre croyants. Il fait de nous un seul peuple, les membres d’une même famille.
 


 
Il y avait chez les Galates une Eglise, c’est-à-dire une communauté de chrétiens. C’était un groupe très vivant, qui avait été fondé par l’apôtre Paul quelques années auparavant. 

Mais voilà qu’arrivent en Galatie des croyants juifs qui ont d’autres théories que les chrétiens. Pour ces croyants juifs, il est nécessaire de continuer d’observer les lois de l’Ancien Testament, avec notamment l’interdiction de travailler le jour du sabbat, ainsi que la circoncision et le respect absolu de la pureté.

Le discours de ces gens est simple: vous n’êtes pas encore des croyants véritables. Paul vous a fait franchir une étape en vous convertissant de vos religions païennes; mais vous devez encore obéir à d’autres règles, ci et ça, pour être des croyants de première catégorie, des vrais!

Malheureusement, l’Eglise des Galates a écouté ces gens, et a cherché les per-fectionnements qu’ils proposaient. À la grande colère de Paul quand il l’apprend, bien sûr! Il leur remonte sèchement les bretelles dans sa lettre. Et il leur rappelle, notamment dans le passage que nous avons lu tout-à-l’heure, il leur rappelle qu’il n’y a pas de chrétiens de deuxième zone. Par le Christ, il n’y a plus de différence entre homme et femme, entre esclave et patron, entre juif et palestinien du Hamas. Toutes et tous, vous recevez les promesses de Dieu! Le baptême efface les différences entre croyants. 

 

 

Mais attention! En voulant fuir cette erreur de croire qu’il y a des niveaux différents dans la foi, et que Dieu nous punirait plus ou moins à notre mort, on pourrait tomber dans l’autre extrême, une erreur tout aussi répandue: penser que c’est l’acte du baptême qui nous sauve, comme ça, magiquement! Parce qu’on serait, comme Obélix, tombés dedans quand on était petit! Le baptême n’est pas une potion miraculeuse qui permettrait à quelqu’un d’être sauvé à partir du jour de son baptême, alors que la veille il ne l’aurait pas été!

Car qu’est-ce qui sauve? C’est l’amour de Dieu et son pardon pour toutes et tous, encore une fois. Et l’indice, je dirai même la preuve de cet amour et de ce pardon, c’est la mort de Jésus sur la croix. Le baptême n’est qu’un signe de ce salut, et non le salut lui-même. De même qu’une carte de géographie représente une région, mais ce n’est pas la région elle-même. Si je brûle un plan de Paris, je ne brûle pas la ville, bien sûr!

Dieu aime et sauve les personnes qui ne sont pas baptisées tout autant que les autres. Le baptême est un signe que nous sommes unis au Christ, et aussi par conséquent unis les uns aux autres. Il est le rappel de cet immense amour de Dieu qui efface le péché, qui nettoie, qui nous purifie de tout ce qui pourrait nous séparer du Christ.

Le péché d’ailleurs, à mon sens, le péché c’est uniquement douter que Dieu soit bon, ne pas croire qu’il nous sauve toutes et tous dans son amour passionné.
 

 

Mais crac, débol! Il est arrivé au baptême exactement ce que j’ai fait subir à mon anecdote au début de cette prédication. Petit à petit, le baptême a glissé, a changé complètement de sens. Il n’est plus resté le signe de ce pardon qui nous unit, le geste sacré qui veut lutter contre les particularismes, contre les différences et les étiquettes; au contraire, on a fait du baptême une étiquette de plus! Et un acte qui nous place dans des catégories bien précises: vous êtes un couple mixte? Donc l’enfant que vous avez reçu, vous allez le baptiser protestant ou catholique? Ou dans une Eglise évangélique, par immersion?

Voilà le paradoxe de notre époque, où l’être humain a séparé ce que Dieu avait uni. Je veux dire: nous avons fait du signe de l’unité un acte qui divise! Du geste qui conteste les étiquettes, on a fait une étiquette supplémentaire!

Il y a quelques années, en Irlande, (vous connaissez les tensions là-bas entre les confessions chrétiennes), on demandait à un inconnu: «Est-ce que vous êtes catholique ou protestant?» L’homme répondit: «Je suis incroyant.» Les Irlandais répliquèrent: «Oui, mais incroyant catholique ou protestant?»
  


 
Je souhaite que cette lettre aux Galates, aujourd’hui, nous aide à mieux nous laisser unir au Christ, à mieux nous laisser revêtir le Christ; et cela avec une foi qui ne soit pas étiquette, mais authentique. Avec une foi vraie, qui conteste les différences et les a priori, qui unisse et qui rassemble. Et qui envoie, en communauté, plus loin, porter le reflet de cette fraternité.

Ne nous laissons pas enfermer dans des lois, dans celles de l’Ancien Testament ou dans celles d’aujourd’hui, mais laissons-nous dynamiser par l’Esprit de Dieu, porter par son souffle. Dans une foi, dans un baptême qui lavent les différences et les préjugés pour être véritablement agissants, concrètement.
 

C’est Hervé Bazin qui a eu ces mots un peu cruels et grinçants: «L’homme est porté à croire. Il lui faut sécréter de la certitude, comme le colimaçon de la coquille. Pour s’enfermer dedans.»

Je vous laisse digérer cette phrase piquante: «L’homme est porté à croire. Il lui faut sécréter de la certitude, comme le colimaçon de la coquille. Pour s’enfermer dedans.»

Puissions-nous trouver dans la foi au Christ non pas une certitude du genre coquille ou carapace, qui enferme, mais une colonne vertébrale, qui nous aide à vivre debout! 

Amen

Jean-Jacques Corbaz  



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