Tu t'inquiètes pour l'avenir de ton fils adolescent, qui vit avec son père. Comme je comprends ça! Surtout qu'à distance, tu es impuissante à changer quoi que ce soit.
Bon, tu sais qu'à cet âge, ce genre de problèmes scolaires c'est courant. Euh, d'accord, ça console pas vraiment... (soupir).
Est-ce que tu correspond avec lui par mail ou autre?
Puisque son père est si peu adéquat, il a d'autant besoin de toi. S'il te sent proche, affectueuse (sans conditions), solide et équilibrée, s'il sent que tu le respectes totalement, tu l'aideras énormément, même sans rien faire.
Je vais plus loin, et je le fais en tremblant, parce que la chose essentielle et décisive dépend aussi de toi, mais pas de tes efforts (et qu'elle n'est pas donnée, pour toi, vraiment pas...): c'est surtout si ton fils te sent heureuse qu'il aura les meilleures conditions pour s'épanouir. Dur, dur, dans les conditions où tu vis! Mais ton fils a besoin de modèles d'adultes bien dans leur peau, pour pouvoir le devenir.
Bien sûr, il peut en trouver ailleurs que chez ses parents! Tout ne dépend pas de toi ni de son père. Les jeunes se donnent souvent des pères de substitution qui les aident à vivre comme leur père aurait dû les aider.
Bon, j'imagine que tout ça, tu le sais déjà.
Evidemment, ne te casse pas la tête en te disant "Je dois devenir plus heureuse pour le bonheur de mon fils". Ne te culpabilise pas si tu n'es pas la mère-veilleuse que tu rêves d'être (!). Seulement (j'allais écrire "simplement", je me tapperais sur les doigts! car ce n'est absolument pas simple!!), seulement prends du temps pour toi, pour être bien avec toi, prends le temps de vivre amicalement avec toi-même, accorde-toi autant que possible des plaisirs qui te fassent du bien; c'est ainsi que tu offriras à ton fils de bonnes conditions pour la grosse tâche qu'il entame, à 13 ans: devenir adulte, et un adulte heureux.
Pour lui, à mon sens, tu ne peux faire qu'une chose: lui rappeler (mais autant que possible sans l'agacer ou le braquer, ce qui est difficile à doser):
- que tu l'aimes;
- qu'il est intelligent, et qu'il a les moyens de se préparer un avenir intéressant;
- que la réussite scolaire permet nettement davantage de choix pour cet avenir;
- et que la réussite de sa vie dépend de lui à 99 % (on peut discuter sur 97 ou 98)...
Il est en train de devenir adulte, et il commence à faire l'expérience de la liberté. Il n'a pas le mode d'emploi (même à nos âges, on n'a pas fini de le découvrir...), il va donc le trouver petit à petit, en tâtonnant, en se trompant... S'il choisit de faire confiance à ceux (celle) qui ont déjà vécu quelques essais et cassées de g..., ça lui sera sûrement utile!
Tiens, on pourrait lui raconter une histoire du style (je te donne la carcasse, tu peux l'habiller à ta convenance):
Un garçon (disons David) reçoit un jeu sur console (X-box ou game-cube, en fonction de ton fils, de ce qui le branche). Il essaie de progresser dans le jeu, mais c'est compliqué, il ne connaît rien. Il perd beaucoup de temps à découvrir comment ça fonctionne, comment évoluer pour avoir du plaisir. Ses copains lui demandent à quel niveau il en est, et, quand il avoue ne pas arriver au second niveau, ils se moquent de lui.
Triste, fâché, David décide d'arrêter avec ce jeu. Mais ses camarades de classe lui posent sans arrêt des questions, et le houspillent. Il a un peu honte de si mal s'y prendre.
Un jour, sa famille reçoit la visite de son cousin, plus âgé. Le cousin lui raconte qu'il a aussi eu énormément de peine avec ce jeu, qu'il a balancé plusieurs fois la console contre le mur, tellement il était frustré de coincer dans ce jeu. Mais le cousin ajoute que son meilleur ami lui a expliqué les principes de base, et ce qu'il ne fallait pas faire. Grâce à ces conseils, il a eu beaucoup de plaisir à jouer et a fait de grands progrès.
Du coup, David demande au cousin de lui donner les informations nécessaires. Et depuis qu'il connaît les subtilités de ce jeu, il s'est fortement amélioré, et il épate ses copains en leur disant toutes les difficultés de niveau qu'il a su vaincre.
Plus tard, David a découvert que ce qui s'était passé avec ce jeu, c'est la même chose pour la vie. Souvent, on s'y prend mal. On n'arrive pas à progresser comme on voudrait. On souffre de voir les autres nous mépriser parce qu'on est maladroit. Mais si on ose demander à des gens qui ont déjà passé par là, ils peuvent nous aider à réussir notre vie.
Même si ce n'est pas facile de demander. Tu sais, les deux choses les plus difficiles à dire au monde, pour chacun(e), ce sont "Je m'excuse" et "Aidez-moi, SVP".
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