Le vent souffle sur la banquise. La glace craque; la banquise se rompt. Le fond qui fond. Le monde entier devient-il eau? Fleuve gris sombre pour nos errances? Grondant, gémissant, hoquetant… La peur du vide…
Mon Dieu, mon amour impossible, ma rencontre désespérée, ruisseau de feu, banquise en flammes, mer de soif. Toi que j’ai cherché dans les dunes de neige et de glace, comme Frankenstein à la poursuite de son monstre. Comme Frankenstein qui vient mourir épuisé entre mes bras. Et le monstre qui vient le pleurer près de moi.
Le vent souffle, il s’époumone. Tant mieux. Tant mieux si je m’endors. Que je rêve de ta venue, enfin.
Le vent s’époumone, mais c’est toujours ton nom qu’il murmure. Effet connu, mais qui fait toujours son effet.
Ton nom. Ton nom et tes mille visages. Trop beau pour être simple. Trop lumineux pour être un. Trop Dieu pour t’approcher.
Mais prends un visage humain, une fois! Sois humain, quoi! Viens, fais-toi accessible, enfin. Enfin…
Le vent souffle sur la banquise, et fait ressortir ma fixité. Viens, montre-toi! Ça fait des siècles, ça fait des périodes glaciaires que je t’attends.
Tu viens. Bien sûr, tu viens. Mais est-ce que je t’aurai attendu, alors? Tu viens à en mourir. Mais qui de nous deux va mourir en premier?
Mais. Mais. Mais serais-tu déjà venu, et que je t’aie manqué??
Jean-Jacques Corbaz, 22.11.1976
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