Le vent souffle sur la banquise. La glace craque, la banquise se rompt. Le fond qui fond.
Frankenstein à la poursuite de son monstre. Frankenstein qui vient mourir épuisé entre mes bras. Et
le monstre qui vient le pleurer près de moi.
Marie Shelley à la poursuite de mon ombre. O mon Annie, mon amour impossible, ruisseau de feu,
banquise en flammes, mer de soif. Annie, mon petit clown pas assez triste, ma vie envolée à
l’albatros. Claudicante et ressuscitante. Tenace.
Qui suis-je, pour mériter de tels déploiements? Qui est-ce que je deviendrai? Quelle façade devrai-
je bâtir en hâte?
Le vent souffle chaud, c’est anormal. Meurtrissure. Le vent s’époumone. Tant mieux. Tant mieux si
je m’endors. Je ne suis au moins pas responsable de mes songes. J’ai le droit d’être pathétique.
Psychopathétique. En rêve.
Le vent s’époumone, mais c’est toujours ton nom qu’il murmure. Effet connu, stéréotypé, sans
originalité. Mais ça fait toujours son effet.
Ton nom, Annie. Ton nom et tes mille visages. Trop belle pour être simple. Trop lumineuse pour
être une. Annie. A comme angoisse, N comme nuée, N comme nuit, I comme immersion et E
comme escalier. Je colimaçonne entre tes spots lumineux. Je veux m’accrocher, mais c’est interdit.
Terre interdite.
Mais prends un visage humain, une fois! Sois humaine, non! Viens, fais-toi accessible, enfin! Enfin.
Le vent souffle sur la banquise, qui fait ressortir ma fixité. Annie. Théophanie. Montre-toi, quoi! Ça
fait des périodes glaciaires que je t’attends.
Tu viens. Bien sûr, tu viens. Mais est-ce que je t’aurai attendue? Tu viens à en mourir. Mais qui de
nous deux va mourir en premier?
Mais. Mais. Mais serais-tu déjà venue, et que je t’aie manquée?
Jean-Jacques, 28.12.75
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire