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mardi 25 décembre 2012

(Pr) Prédication de Noël 2012: “Une case vide”

Prédication du 25.12.12: “Une case vide”

Luc 2, 1-18; Exode 3, 1-7;  1 Corinthiens 1, 27-30

Quand j'étais enfant, j'ai reçu comme cadeau de Noël un jeu qui m'a passionné: on l'appellait "le jeu de 15". Vous le connaissez peut-être: dans un tableau, il y a 15 éléments mobiles numérotés de 1 à 15. Ces éléments, qui sont au départ placés dans un ordre dispersé, il faut les remettre dans l'ordre arithmétique normal.

Le principe est simple, mais la réalisation peut s'avérer compliquée... surtout vers la fin, bien sûr!

Pourtant, c'est évident: le déplacement des éléments n'est possible que parce que le tableau comprend une 16è case... vide! Sans cette case vide, tout serait bloqué.

Et c'est vrai aussi pour nos vies: quand tout est plein, rien ne peut bouger. Il n'y a plus de place pour l'inattendu, l'imprévu. L'aubergiste de Bethléem, dont dont l'hôtel était complet, n'a pas pu accueillir l'enfant de Noël.

Au contraire, l'étable était libre, et les bergers disponibles. - Disponibles comme d'autres bergers avant eux, qui avaient aussi reçu la visite de Dieu: Moïse, dans le désert; puis David, le fameux roi.
                                                                    *                     *
En relisant pour aujourd'hui ce passage si connu de l'évangile de Noël, j'ai été frappé par une chose: il semble que les personnages principaux de ce récit, ce sont les bergers, plutôt que Joseph, Marie et Jésus. Je m'explique: la naissance se passe sans rien d'anormal, à part l'endroit où elle a lieu. Aucune intervention divine, rien de céleste ou de magique!

Les anges n'apparaissent pas à la famille de la crèche; non, ils se montrent aux bergers, et c'est sur ces derniers seuls que resplendit la gloire de Dieu! Ce sont eux, les gardiens de la nuit, qui vont annoncer la dimension divine de cette naissance à Joseph et Marie, ce qui provoque leur étonnement. Au fond, les bergers, parce qu'ils se sont mis en route pour Bethléem, ils sont devenus comme des anges eux-mêmes, car ils ont transmis la Bonne Nouvelle qu'ils venaient de recevoir. ...

Oui: parce qu'ils se sont mis en route! Parce qu'ils ont su dominer leur peur, la trouille immense et normale qui s'empare de toute personne, dans la Bible, quand Dieu lui apparaît (on pense à Moïse, à nouveau!); et parce qu'ils ont eu la disponibilité de se déplacer, d'aller à la rencontre de ce bébé-Bonne-Nouvelle; de cet enfant-Dieu-parmi-nous!

On sait que les bergers, en ce temps-là, étaient tout en bas de l'échelle sociale. C'étaient plus des gitans que des paysans: voleurs, marginaux, farouches, indomptables. Ils se tenaient à l'écart des lieux habités concernés par le recensement; et à l'écart de la religion officielle, à l'écart de la loi juive et de la pureté rituelle obligatoire! Catalogués donc comme pécheurs, irrécupérables! Et promis ainsi à la condamnation, au Jugement Dernier.

C'est quand même étonnant: c'est à ces gens-là, qui sont littéralement sans foi ni loi, c'est à ces gens-là que l'ange annonce: "un sauveur vous est né!" - "un sauveur est né pour vous!"

Et ce sont eux, encore, qui vont expliquer à la "sainte famille" le sens de ce qui vient d'arriver. Ce sont les premiers missionnaires! Comme si Dieu n'avait pas de meilleurs ambassadeurs sous la main que ces espèces de Roms... Il a de ces idées saugrenues, Dieu, parfois!

Par - foi. Effaçons le "s", dans "parfois", et il nous apparaît que Dieu fait son choix par foi! Par confiance. Parce qu'il sait que ceux-là obéiront. Parce qu'il sait que ceux-là seront disponibles. Les autres? Les pontifes, les orateurs, les chefs? Ils sont tous pris, tous occupés et suroccupés à l'occasion de ce gigantesque bastringue, hôtelleries bondées et stations de ski idem, car je ne sais plus très bien si je parle du Noël d'il y a 2000 ans ou de celui d'aujourd'hui. - Vous me suivez?

Les bergers sont le type des gens de tout temps qui ont dans leur coeur (ou dans leur agenda) une case libre pour recevoir Dieu. Et, mais oui, et par là-même pour aller vers les autres! Et c'est ainsi qu'ils découvrent que ce Dieu redoutable, ce Dieu qui faisait si peur quand il apparaissait, eh bien il se montre, en fait, sous les traits fragiles d'un bébé nouveau-né, tout frippé, tout dépendant... Qui fait tout sauf peur!
                                                              *                     *
Un qu'il faut craindre, par contre, c'est César-Auguste. Car le recensement, à l'époque, annonçait automatiquement une hausse d'impôts! En ce temps-là, se faire inscrire, c'était donner à l'empereur de Rome les moyens de se faire pressurer. "Ils vont pas nous louper!" "On va se ramasser 9 ou 15 % dans la poire!", se disaient les gens. Euh... les gens "normaux", bien sûr. Car les bergers, eux, n'avaient rien. Employés, quasi pas payés par les gros propriétaires, les gardiens de la nuit sont peut-être les seuls qui n'ont pas peur de se faire tondre!!

La case vide, toujours! ... Et moi, je médite sur cette opposition si bien marquée, dans l'évangile de Noël, entre les gens "normaux" et les bergers; entre les lieux habités et les vastes étendues où vivent les troupeaux; entre le plein et le vide; entre les auberges et l'étable; entre le boeuf et l'âne gris... - oh, pardon!

On a beaucoup parlé du goût de déception, de vide (ou de trop-plein!), du goût d'amertume que beaucoup de gens ressentent, après Noël. On a dit que ce goût venait, sans doute, de ce que nous avons..., de ce que nous vivons..., de ce que nous consommons trop de choses. Et c'est vrai. Mais même la pauvreté, mais même la peur peuvent être ce "trop" qui bloque tout mouvement. Qui ne laisse aucune place à Dieu. Aucune case libre!

Avec notre habitude de tout organiser et planifier, avec notre goût du perfectionnisme, avec nos agendas si chargés, nous risquons d'être complètement ligotés, privés de toute mobilité, de toute disponibilité. C'est dire l'urgence d'élaguer, de choisir, de retrouver du temps pour l'essentiel. Et cela toute l'année, pas seulement à Noël!

Garder une case libre pour laisser surgir l'imprévu, à l'image de cette assiette du pauvre aux tables de nos grands-parents. Garder une place pour laisser entrer le souffle rafraîchissant de l'Esprit, la grâce surprenante de Dieu, voilà ce que je souhaite à chacun(e) de nous, pour ce Noël et pour l'année qui vient.

Et si les gens dits "normaux", en nous voyant vivre à contre-courant, nous traitent de zinzin, en employant l'expression populaire "il lui manque une case"... eh bien dites-vous que c'est justement la folie que Dieu a choisie, en nous, pour annoncer sa sagesse.

Oui, la folie! Car c'était la seule qui était libre!
Amen

(après l'interlude):

Une case vide. Nous l'avons dit, Jésus n'en a pas trouvé beaucoup, à sa naissance. Mais, nous le verrons le 31 mars, mais il en a laissé une, béante, quand il a été ressuscité!




J-J Corbaz

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