Ce que nous construisons, jour après jour, heure après heure,
Goutte de sueur après goutte de sueur,
Goutte de sang après goutte de sang,
Ce que nous façonnons au fil du temps,
Tout peut disparaître à l’instant.
Ceux que nous éclairons, jour après jour, lueur après lueur,
À coup de rires, à coup de pleurs,
À coups de pied, à coups de dents,
Ceux que nous portons dans nos coeurs au fil des ans,
Tout d’un coup vont se perdre dans le néant.
La traînée que nous tissons, fils d’or et fils d’argent,
Fils de fer, cheveux d’ange, fils de joie,
La traînée que nous halons, un message, une voix,
Quand l’araignée sera morte se brisera.
J’ai traîné mes godasses, socques ou sabots d’argent
Et mes sentiers s’effacent, agonise le temps.
Reste-t-il un palace, un bel arc triomphant?
Ou ce bloc de molasse érodé sous le vent?
Je vous laisse mes traces, elles partent en avant
Si ténues mais tenaces, et je vais, frissonnant,
Je sais: tout être passe, et je vais, confiant.
Jean-Jacques Corbaz, 1er mars 1974
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