Le petit village attendait, sans trop y croire, le début de l’histoire. Il espérait cet évènement qui lui ouvrirait les portes de la vie, le tirerait du néant.
Oh, pas les grands journaux ni la TV. Encore moins les livres d’histoire. C’est trop prétentieux. Et puis, c’est trop souvent triste. Pas non plus de grand savant, de profondes théories. Entrer dans l’histoire sans rien y comprendre, c’est un peu vexant, et ça n’apporte pas grand-chose.
Non, juste une petite nouvelle, comme on en fait tous les dix ans. Juste un joli récit, sans prétention, mais qui fasse un peu rêver. Qui fasse doucement sourire de plaisir par des gens qui s’y reconnaîtraient. Juste un poème, ou une chanson tendre, quelque chose qui ne demande qu’à grandir sans bruit derrière les consciences, et qui pourrait, avec un peu de chance - et beaucoup d’amour - devenir une légende, un peu de l’âme du pays. Comme une graine qui demande protection pour pousser, puis fleurir.
Le petit village avait beaucoup à donner au pays, s’il pouvait. Il suffirait qu’une main se tende, qu’on lui demande. Le petit village, pour un rien, serait devenu grand, très grand. - Enfin, pas trop grand tout de même. Restons simple. Mais un gentil village qui rende les gens heureux.
Le petit village attendait, sans trop y croire, le début de l’histoire. Il l’espérait, il rêvait…
Et c’est à force de rêver que, paisiblement, il s’est endormi.
Et c’est à force de rêver que, tout doucement, il est entré dans ce récit.
Sans bruit.
Mais il y est, c’est moi qui vous le dis.
Je l’ai rencontré.
Ici.
Jean-Jacques Corbaz, Yaoundé, le 20 janvier 1975
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