Pour vous y retrouver

Bonjour! Bienvenue sur ces pages, que j'ai plaisir à ouvrir pour vous!
Vous trouverez sur ce blog différentes sortes de contributions:
- annonce (An),
- billet (Bi),
- citation (Ci),
- confession de foi (CF),
- conte (Co),
- formation d'adultes (FA),
- humour (Hu),
- image (Im),
- liturgie (Li),
- poésie (Po),
- prédication (Pr),
- réflexion (Ré),
- sciences bibliques (SB),
- vulgarisation (Vu).
Bonne balade entre les mots!

Ces œuvres sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé.

Ce blog fait partie d'un réseau de sites réformés "réseau-protestant.ch" qui vise à coordonner et rendre visibles et lisibles les publications web de la galaxie du protestantisme de Suisse romande. Voir sur ce blog la page https://textesdejjcorbaz.blogspot.com/p/blog-page.html>.

mardi 31 mars 2015

(Ré) QUAND ON SE FOND DANS LE DÉCOR

QUAND ON SE FOND DANS LE DÉCOR 

Quand on cherche à se faire aimer depuis notre plus tendre enfance, on en vient à se perdre soi-même.
On finit par se fondre dans le décor pour essayer de correspondre aux attentes des autres.
On se suradapte, cherchant constamment à plaire aux autres pour être aimé. On en vient à prendre la couleur de notre environnement, et on y perd notre propre couleur. On s’est tellement perdu de vue, qu’on ne sait plus qui on est, ce qu’on aime, quels sont nos goûts, nos passions, nos rêves… À force de vouloir être aimé des autres, on a surtout oublié de s’aimer, soi.
Car à partir du moment où on réapprend à s’aimer, le regard que les autres posent sur nous a de moins en moins d’importance.
Apprendre à s’aimer, quand on ne l’a pas appris enfant, est un processus à petits pas, à petites doses, jour après jour, patiemment, comme on apprend à un enfant à marcher.
Et enfin un jour, vient un moment de bascule : ce jour-là, nous aurons tellement bien appris à nous aimer que plus jamais nous ne nous perdrons de vue!
Et on réalise alors que c’est beaucoup plus facile d’aimer et d’être aimé quand on s’aime soi d’abord.

dimanche 29 mars 2015

(Bi) Message du président du Conseil paroissial aux (futurs-ex) catéchumènes de Grandson



Chers catéchumènes.. ou plutôt chers nouveaux paroissiens

C’est avec beaucoup d’émotion que nous vous accueillons aujourd’hui comme des membres à part entière de notre Assemblée Paroissiale. Vous faites désormais partie de notre communauté non plus comme des enfants, mais comme des adultes.
Oui, je sais – et c’est aussi mon souvenir: je n’avais pas encore l’impression d’être tellement adulte quand j’ai terminé mon catéchisme.

C’est drôle. A votre âge, j’avais envie d’être déjà de l’autre côté, d’être adulte.
Et lorsque soudain on s’y trouve pour de vrai, on a ce petit pincement au coeur, cette impression que c’est bien, mais trop vite. On a attendu ce moment, mais on n’est pas toujours très sûr d’être prêt pour faire ce pas de géant.

C’est ce qui est bien dans l’église, et dans notre paroisse. Vous n’entrez pas dans un monde où il faut vous battre, où il faut briller, où il faut être le premier.
Vous entrez dans un monde qui vous accueille.
Vous ne vous trouvez pas non plus écrasés aujourd’hui par des devoirs et des charges, vous pouvez entrer dans ce monde avec la légèreté de la liberté et avec le soutien de ceux qui sont désormais vos frères et soeurs pour la vie.

Oh bien sûr, c’est comme dans une famille: on ne s’est pas choisis, et souvent, eh bien, il y a des choses qui nous ennuient ou nous énervent, il y a des disputes. Mais on est une famille, et c’est ce qui rend tout différent. On se regarde avec bienveillance, on s’accueille avec amour, sans jugement, sans exigences. 
Oui, je sais..
Ce n’est pas toujours comme ça en famille. Mais ça devrait être comme ça, et c’est pour ça aussi que l’église existe. C’est comme ça dans notre famille.

Tout ce que vous allez apporter autour de vous est un don, que vous consentirez librement. Un don que nous pourrons accueillir – un don pour lequel nous pourrons vous remercier. Cultivez la joie, cultivez la gratuité: ce que nous donnons par obligation n’a pas la même saveur.

Merci donc d’avoir choisi librement de nous rejoindre, de rejoindre notre église. De rejoindre tous les chrétiens et tous les croyants dans le monde.

Nous nous réjouissons avec vous de cette fin de catéchisme, qui marque pour vous la fin du monde de l’enfance et des obligations.
Et nous vous souhaitons la bienvenue dans un univers de liberté qui nous a été donné par la grâce de Jésus-Christ notre sauveur. Depuis aujourd’hui, vous avez votre place de plein droit parmi nous – et nous nous réjouissons de cheminer avec vous, dans la bienveillance et dans l’amour.


Boris Voirol


(Pr, Hu) Les miracles? Non mais allo, quoi! - prédic des Rameaux, 29 mars 2015


Lecture:  Jean 2, 1-10 

(voir aussi Luc 9, 10-17 et Matthieu 9, 32-34)


Lydia est en train de repasser, méticuleusement. Le téléphone sonne.

Lydia: Allo, j’écoute... J’ai pas le temps, mais j’écoute quand même.

David: All... Allah, euh... Allo?

Lydia: David, fils de ma jeunesse, mon préféré! C’est toi! Parle à ta mère!

David: Maman, ... (Mais arrête, tu me ch... chatouilles hi hi hi, me chchatouille...)

Lydia: On te chatouille?! Qui te chatouille? Si c’est une fille, je te préviens, je le saurai.

David: hihi, mais non, ch... ch’suis pas aa... avec une fihihille...

Lydia: Mais tu es saoul!? Tu as bu?!

David: Nan, ch’suis pas saoul... Juste un peu pom... pompette.

Lydia: Mauvais fils, mon préféré... Je t’avais bien dit de pas aller à ce mariage.

David: Mais M’man, j’voulais quand même pas rater les noces de Ca... Cana, aïe!

Lydia: Canaille?! À moi, ta mère, tu me dis “canaille”?

David: Pas cac... canaille... hihihi, Cana, CA.NA. Na!

Lydia: Allez, cherche pas de mauvaises excuses. Tu pouvais pas mettre un peu d’eau dans ton vin, non?

David: Mais justement, c’est ce que j’ai fait. J’t’explique... Moi, ben quand je suis arrivé, n’y avait plus de vin, z’avaient tout bu. Y avait plus que de l’eau. Z’étaient tous à l’eau... Allo, euh, alors, Jésus...

Lydia: Ça y est! Marie a encore lâché son fils aîné! Je lui ai toujours dit, un jour elle aura des problèmes avec lui. Enfin, Dieu la bénisse, c’est une sainte femme!

David: Mais attends... Attends! Qu... Que j’te raconte. Donc, y avait que de l’eau. Moi, j’voulais boire de l’eau, hein! Eh bien, Jésus, il a ch... changé l’eau en vin, là dis donc!

Lydia: Un miracle? Non mais allo, quoi?!! Et il pouvait pas faire le contraire, des fois?!

David: Tu... Tu r’igoles! C’était un grand vin. Un tout grand cru!

Lydia: Un grand cru! Et toi, t’as une grosse cuite!!! ... Allez, rentre à la maison tout de suite! ... Et laisse ton cousin conduire le chameau! ... Ah, et puis n’oublie pas de mettre ton casque, hein! (Elle raccroche et reprend son repassage). Purée la misère, si ça continue, ils vont tous finir mendiants, comme leur oncle Mardochée!






Sonnerie du téléphone

Lydia: Allo... J’ai pas l’temps, mais j’écoute quand même!

Jacob: Allo Maman?

Lydia: Jacob! Fils de ma vieillesse, mon préféré! Mais t’es où?

Jacob: À Jérusalem! À la poste!

Lydia: À la poste?! Mais qu’ess’tu fais, à la poste? Je suis morte d’inquiétude, moi, tu le sais, mon Jacob!

Jacob: I’ m’est arrivé quelque chose de super cool! Chtoïnggg! On aurait dit un miracle!

Lydia: Un miracle? Ne me dis pas que toi aussi, tu as rencontré le fils de Marie!?

Jacob: Mais ouais! Comment t’as deviné, Mom’?

Lydia: Aïe Aïe Aïe, purée de la misère! Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu? Jacob, dis, tu as fais les commis, au moins? T’as acheté le pain et les poissons?

Jacob: Ouioui, Mom’! Et après, ch’suis allé au meeting avec lui!

Lydia: Au meeting!?? Eh dis, tu vas pas faire de la politique, à ton âge!? T’as rien signé, au moins?

Jacob: Non! Non, mais... euh...

Lydia: Mais quoi?? Vas-y, parle à ta mère!

Jacob: Ben... J’ai donné le pain et les poissons.

Lydia: Quoi!?! Purée de misère! Et qu’est-ce qu’on va manger ce soir? Il n’a pas autre chose à faire, le fils de Marie, que de retirer la nourriture de la bouche des enfants?

Jacob: Mais, Moman, j’pouvais pas lui dire non! Il fallait bien les nourrir, tous ces gens sans pique-nique.

Lydia: Arrête! Tu vas faire croire à ta mère qu’avec cinq pains et deux poissons, il a fait des sandwichs pour tout le meeting?!

Jacob: Mais ouais!!

Lydia: T’as pas honte de mentir à ta pauvre mère?

Jacob: Mais, Mom’, c’est pas grave, tu sais: j’en ramène douze paniers!

Lydia: Et d’où tu les sors, ces paniers? Tu les as volés?

Jacob: Nan, j’les ai pas volés! C’est les restes...

Lydia: Les restes! Et tu crois que ton père va manger les restes d’un meeting!? Allez, va, tu laisses ces paniers et tu rentres tout de suite à la maison! (Elle raccroche, et reprend son repassage). Quel malheur, purée! Ils vont tous finir à la rue, comme leur oncle Mardochée!

 




Sonnerie du téléphone. Elle décroche.

Lydia: Mais qui c’est, maintenant? Punaise, j’ai plus de fils. Allooo... J’ai toujours pas l’temps, mais j’écoute quand même!

Mardochée: (dans un souffle) Allo, Lydia? C’est Mardochée.

Lydia: (scandalisée) Allors là, mon pauvre ami, c’est raté, hein! Parce que mon frère Mardochée, il est sourd et muet depuis sa naissance... Alors, avant qu’il téléphone, il faudrait un miracle! Vous pouvez repasser!

Mardochée: Justement! Ecoute, Lydia, c’est Mardochée. Hier soir, le fils de Marie... il m’a guéri! J’ai retrouvé la voix!

Lydia: Mais taisez-vous. Taisez-vous! Vous n’avez pas honte de vous moquer de la souffrance des gens? Allez faire vos blagues ailleurs, gros malotru... Alors là, il dépasse les bornes. Je vais appeler sa mère.

 



Elle raccroche; puis compose un n° de téléphone

Lydia: Allo Marie? C’est Lydia, là. Dis-moi, tu pourrais pas garder ton fils à la maison? Il arrête pas, hein, mais il arrête pas. Il pense qu’à boire et à manger! Il a de mauvaises fréquentations, il fait de la pub mensongère au téléphone. Oui, là, à l’instant, j’t’assure, il pique sa colère au temple... Mais dis-moi, c’est qui ton fils, hein, c’est qui pour faire tout ça? (silence). Un nabi? C’est quoi, ce nabi, là? (silence) Un prophète? (silence) Et y en a qui disent que c’est le fils de Dieu? Le fils de Dieu!! Rien que ça, non mais allo, quoi?!! ... Et t’en as pas ras le bol, de tout ce commerce? Ton fils, il ne pourrait pas faire une croix sur toutes ces histoires?
        
                              
Olivier Arnéra, Patricia Chalm, Christian Dupont et Jean-Jacques Corbaz
        
                              
Merci aux anges... et à la téléréalité!





Commentaire
 
On imagine souvent que les miracles ont aidé les gens à croire. Or, c’est plutôt le contraire: les miracles provoquent l’incrédulité, voire le rejet; comme chez Lydia, l’héroïne de notre saynète. Ou alors, ils font que les gens comprennent de travers qui est Jésus. À l’image de ceux qui l’acclament le jour des Rameaux, quand ils le prennent pour un roi, un chef d’armée qui puisse chasser les légions ennemies et les délivrer de l’occupation des Romains.

Le miracle n’a pas pour but de stimuler la foi. Il est plutôt une illustration des paroles de Jésus. À une époque où les photos n’existaient pas, les miracles rendaient les enseignements du Christ plus vivants, plus facilement accessibles. Ils donnaient un exemple concret de ce que pouvait devenir la vie avec Dieu. Ils le faisaient pour les croyant(e)s, pour celles et ceux qui avaient déjà adhéré à la foi.

Ainsi, le miracle de l’eau changée en vin. Peu importe d’ailleurs que ça se soit passé réellement comme cela ou pas. Mais j’aime bien le message de cette histoire imagée. Est-ce qu’on ne voit pas trop souvent Jésus comme un personnage sérieux, austère, moralisant? Voire dé-moralisant!?

L’évangile nous dit que les gens ont déjà beaucoup bu. Le Jésus rabat-joie qu’on imagine trop souvent, il aurait plutôt dit: “rentrez chez vous, la noce a assez duré, je vous attends demain à l’église!”

Mais non! Jésus est là, dans la fête. Il veut que chacun(e) s’amuse, et ait du plaisir! Donc, il change de l’eau en vin, pour que la noce continue! Et pas juste quelques bouteilles, histoire de dépanner les copains. Non, 6 vases de 100 litres! 2’000 fois 3 décis! Pour que la fête continue. Longtemps. Pour que la noce soit arrosée, joyeuse et mémorable!
 


Chers anciens catéchumènes, Jésus est là, donc; avec vous, dans la fête de cette journée. Ils avaient bien compris l’enseignement de cette histoire, nos grands-parents; eux qui autorisaient leurs enfants à boire leur premier verre de vin le jour de leur confirmation!! M. Perdrix, vous confirmez?

Jésus est là, tout près de vous, autant dans la joie que dans les difficultés. Chers anciens catéchumènes, faites comme David, ne laissez jamais se transformer votre vin en eau! (Je parle du David de notre saynète, et pas du fils de vigneron qui va confirmer tout à l’heure...).

Jésus est là, tout près de vous, pour vous rendre plus libres, plus heureux. Il vous accompagne, dans le vin d’ici comme dans l’eau de là (si j’ose dire!), dans les réjouissances d’aujourd’hui comme dans les responsabilités à venir.

C’est sa tendresse qui me fait vivre
Comme les îles au parcours du voilier.
Je ne sais que la suivre
Emerveillé.

Amen


JJ Corbaz 











dimanche 22 mars 2015

(Pr) Failles, valeurs, tu croix? Prédication du 22.3.2015


Lectures bibliques:  Luc 6, 20-26, 1 Corinthiens 2, 1-4, Psaume 121

Je commence par une mauvaise nouvelle: j’ai raté ma vie! C’est triste. À 65 ans bientôt, hélas, j’ai raté ma vie!

C’est d’autant plus rageant que, jusqu’à tout récemment, je ne le savais pas! Je m’en suis aperçu en lisant le journal! Ça m’a fait un coup, vous imaginez!

Comment je m’en suis rendu compte? Eh bien, en lisant une affirmation de Jacques Séguéla, personnage incontournable de la publicité française. M. Séguéla m’apprend qu’à 50 ans, tout le monde a une montre de luxe (celle dont il parle vaut dans les 4500 euros!)... Et il ajoute: “Si on n’en a pas une à 50 ans, c’est qu’on a raté sa vie”.

Et voilà comment j’ai découvert, abruptement, que j’avais passé à côté de l’essentiel de l’existence! Hem!

Bon, je me suis “consolé” en pensant que je n’étais sûrement pas le seul. Et que beaucoup de mes paroissiens, comme moi, n’avaient pas les moyens de s’offrir un joujou-caillou-bijou aussi coûteux! ... Sans parler des affamés des Tiers et Quart Monde! Re-hem!!

Voilà! Ces réflexions nous posent une nouvelle fois, vous le voyez, l’immense question des valeurs; des priorités dans la vie. Jacques Séguéla a son critère pour la réussite. Et vous? Quel est le vôtre?

Je vous laisse quelques instants pour y réfléchir...

L’évangile de Luc, lui aussi, a son idée. Il l’exprime dans ses béatitudes, qui sont moins connues que celles de Matthieu (moins connues sans doute parce qu’elles sont un peu plus profilées, voire agressives; moins douces et lisses!).

Le bonheur, dit Luc, ne vient pas des richesses; ni de tout ce qui pourrait nous rassasier; ni même de ce qui nous fait plaisir. Non, le bonheur, il est dans un manque. Dans un creux; une faille.

Avoir faim... pleurer... être rejetés, voire insultés! Oulà, il y va fort, l’ami Luc!!

Alors, bien sûr, il nous faudra éviter un premier gros écueil: c’est celui du masochisme. Car Luc ne nous invite en aucun cas à rechercher la misère; le chagrin; les moqueries et les persécutions. Pas du tout! Ils ont fait beaucoup de mal au christianisme, ces gens bien intentionnés qui pensaient que, plus ils souffraient ici-bas, plus ils seraient heureux dans l’au-delà!

Le message de Luc est bien différent: il prône en fait un renversement des valeurs; comme il l’exprimait déjà, dans son premier chapitre, par le cantique de Marie (“il a jeté les puissants en bas de leur trône, il a renvoyé les riches les mains vides, et mis en déroute les orgueilleux...”); le cantique de Marie, qui ne figure que dans l’évangile de Luc, ce qui indique qu’il s’agit d’une situation particulière, ou d’une insistance spéciale de l’auteur.

Un renversement des valeurs, ou un changement de regard, comme nous y invite chaque année la campagne de Carême. Et comme nous y invite aussi, en 2015, notre calendrier paroissial. Les croyants sont appelés à considérer les autres à l’envers des priorités humaines. En général, on admire les plus riches, on félicite les plus glorieux... on donne crédit aux puissants... on vole au secours de la victoire (hum!!).

À l’époque de Jésus, c’était comme ça! Et aujourd’hui... Est-ce mieux? Après 2000 ans de christianisme, est-ce que nous nous laissons davantage guider par les valeurs spirituelles? ... Je vous laisse en juger!


 

Vous savez, changer de regard sur les hauts et les bas de l’existence humaine, ce n’est pas de l’opium du peuple, ni une consolation à bon marché! Non. C’est dire que l’essentiel, il est ailleurs que dans les richesses terrestres. L’essentiel, il est dans un amour, donné en Christ. Il est dans un salut, immérité, un salut accordé à chacun(e), sans restrictions! Il est dans une présence, dans une amitié, une tendresse offertes. Que je ne peux (et c’est là la pierre de touche), que je ne peux recevoir que si je suis en manque... que si j’ouvre les mains pour l’accueillir... que si j’attends du secours. Comme l’auteur du psaume 121.

En effet, si je suis rassasié des biens de ce monde, comment pourrais-je avoir envie des trésors de l’évangile? Si je me suffis à moi-même, après quoi pourrais-je soupirer de toutes mes forces? Si je n’ai peur de rien, si je ne me sens pas fragile, quelle promesse d’En-Haut me sera nécessaire, et vitale?

Mais attention au second écueil: ne déduisons pas de ce qui précède que les riches sont automatiquement loin de Dieu, voire condamnés à perdre leurs biens pour trouver le Christ. Car on peut posséder des millions, et quand même se sentir pauvre de l’essentiel, et donc s’ouvrir à Dieu! On peut avoir largement de quoi manger, et connaître le manque, les creux, les failles dont nous parlions. Ce n’est pas une question de compte en banque; c’est, encore une fois, affaire de priorités!

                                                  *                    *


Ce Carême nous est ainsi offert, j’ai envie de dire: pour creuser nos manques. Pour aiguiser nos soifs de l’essenCiel. Pour ne pas colmater nos creux, nos déchirures; mais pour les habiter, et y découvrir là justement le Christ, qui s’y trouve depuis toujours! Notre trésor!

Dans nos failles, oui, dans nos déchirures, il est infiniment proche de nous. C’est le message de sa Passion, de son Carême. Lorsque nous nous sentons fragiles comme du papier, il vient nous donner l’empreinte de son amour solidaire.

(je déchire un grand papier qui, une fois déplié, forme  une croix)



 
Dans nos failles, dans nos déchirures, oui Christ est là! Tout près! Sa croix en est le signe fort! Il est là, notre trésor!

Pendant ce temps du Carême, de la Passion du Christ, j’ai envie de vous inviter à un effort particulier. Seriez-vous d’accord de faire un essai? Non pas prendre le sac et la cendre et vous rabaisser, bien sûr; mais plutôt vous alléger! Elaguer dans votre vie ce qui pourrait vous éloigner des appels de l’évangile. Faire des choix, pour permettre au crucifié d’être plus près de vous. Peut-être acheter moins, et vivre plus proche des autres. Laisser davantage de place à nos richesses humaines: tendresse; patience; accueil; sourire, et paix. Méditation, prière...

D’accord? Allez, je vous fais un prix: un fabuleux bonheur du Bon Dieu, à l’essai jusqu’à Pâques. Combien ça coûte!? Bien sûr, c’est gratuit! Amen 

Jean-Jacques Corbaz











samedi 14 mars 2015

(Pr) Mettez un puma dans votre regard! - prédication du 12 mars


Lectures:  Actes des Apôtres 3, 2-8; Esaïe 58, 6-8


Ça commence par un drame; vécu. Aux Etats-Unis, une jeune femme, qui se balade en montagne, est attaquée par un puma. Elle perd la vie, laissant deux orphelins. Pour aider ces malheureux enfants, on organise une collecte. On réunit ainsi 9’000 dollars.

Puis les autorités décident, par sécurité, de faire abattre ce puma agressif. La bête est débusquée et tirée. Il s’agit d’une femelle; mais on découvre qu’elle avait un petit. Le bébé puma est alors confié à un zoo; et les amis des animaux organisent à leur tour une récolte de fonds pour lui. Vous devinez peut-être à la suite: la seconde collecte rapporte 21’000 dollars, donc nettement plus que celle pour les enfants... ...
 


Dites, n’y a-t-il pas quelque chose de détraqué dans nos relations humaines? Dans nos partages?

Je n’ai pas envie de faire la morale à quiconque. Mais plutôt de rappeler ce que la Bible nous dit à ce sujet: l’importance du regard que nous portons les uns sur les autres. Plus que l’argent, c’est la relation que Dieu nous invite à partager.

Pierre et Jean fixent les yeux sur l’homme infirme, et Pierre lui dit: “Regarde-nous”. Le paralysé se tourne vers eux et les dévisage avec attention... Vous voyez, c’est ce regard, échangé, qui va permettre la guérison; cette disponibilité réciproque à la rencontre, autant de la part de Pierre et Jean que de l’homme infirme.

Et vous l’avez compris: c’est exactement ainsi que Jésus, déjà, a tendu la main, et le coeur, à celles et ceux qui en avaient besoin.

Un regard, un geste, un pas vers l’autre. Ne croyez-vous pas que cette approche est à notre portée? - Je ne veux pas dire que nous ferons forcément des miracles, bien sûr! Mais, ce que cette parole nous dit, c’est que nous ne ferons du bien aux autres, vraiment, que si nous prenons le temps de les regarder, et d’échanger. Pas de la sensiblerie à 21’000 dollars, mais une authentique relation, où tu reçois autant que tu donnes; un contact qui se noue; une étincelle, c’est la forme que prend parfois le Saint-Esprit.
 


Dans 24 Heures du 10 mars, Geneviève Morand écrit que les pensées qui nous habitent en Occident sont à 80 % des pensées négatives; lesquelles nous conditionnent à teindre la réalité en gris, ce qui nous déprime encore plus. Aïe, seulement 20 % de pensées positives! D’où l’importance, poursuit-elle, l’importance de créer des lieux de bienveillance et de non-jugement, où chacun se sente accepté et accueilli pour ce qu’il est.

Dites, on dirait qu’elle parle pour nos lieux d’Eglise!! Car n’est-ce pas notre vocation, justement, de favoriser l’existence de tels lieux de bienveillance? De les rendre chaleureux, empreints de respect et de pétillance positive?

On raconte qu’il y a bien longtemps, une communauté monastique “péclotait” de manière grave. Les frères se jalousaient, se moquaient les uns des autres ou s’ignoraient glacialement, le sens communautaire était en miettes.

Le prieur, désespéré, se rendit à Rome devant le saint-Père. Que faire? supplia-t-il.

Je ne sais pas, répondit le Pape. Je ne vois pas ce qu’il faudrait faire. Et ça me désole, parce que, je peux vous le dire, vous qui en êtes le prieur, votre couvent est exceptionnel. En effet, l’un de vous, je ne sais lequel, l’un de vous est le Christ revenu ici-bas.

Le brave prieur repartit, déçu, et intrigué. Il rentra dans sa communauté avec l’étrange message. Sa mission avait échoué.

Mais, plus le temps passait, plus les frères devenaient réellement des frères les uns pour les autres. En effet, sachant que l’un d’eux était le Christ incognito, chacun redoublait de prévenance attentive pour chacun, en se demandant si celui-ci, justement, ne serait pas le Seigneur.

Au bout de quelques mois, la communauté était devenue un modèle pour les autres. À Rome, le Pape souriait. Et Dieu, de même, soupirait de plaisir.

Le regard, je vous dis. Le regard. ...

Pendant la seconde partie de ce Carême, pourquoi n’essayeriez-vous pas, vous aussi? Ce temps pourrait devenir... passionnant!
Amen                                          
 


Jean-Jacques Corbaz  


(en lien avec le thème du calendrier paroissial EERV 2015)

dimanche 8 mars 2015

(Pr, Hu) Réchauffement et Passion, prédication du 8 mars

Lectures:  Genèse 1, 9-13; Romains 12, 1-2; Marc 9, 2-7

J’aime bien cette petite histoire presque raciste... Vous verrez! Est-ce que vous connaissez la différence entre l’enfer et le paradis? En fait, elle n’est pas très grande. Au paradis, d’abord: les policiers sont anglais (très cool!); les cuisiniers français (mmmh!); l’administration est allemande (hop là!); les banquiers sont suisses (bien sûr); et puis, mesdames, c’est un Italien qui vous fait la cour.

En enfer? Eh bien, c’est la même chose. La même chose, sauf que tout est mélangé. Alors, m’a-t-on dit, les policiers sont allemands (streng!); les cuisiniers, anglais (gloups!); les banquiers sont italiens (eh, ma!!); l’administration est française (oh, oh!); et puis, mesdames, il paraît que c’est un Suisse qui vous fait la cour! Hem!




Vous voyez l’importance de mettre les bonnes personnes aux bons postes. Qu’il s’agisse de l’Eglise; ou d’organiser les Brandons; qu’il s’agisse de vivre ensemble, en famille ou en société; en équipe de sports ou en formation musicale, - ou sur cette planète... Dans chaque domaine, tout l’art est de faire jouer la complémentarité. Du moment que personne n’est parfait... Ou que les gens parfaits sont difficiles à dénicher!

Tiens, ça me rappelle l’histoire de mon ami Pascal. À 44 ans, il n’est toujours pas marié. Un jour, je lui demande pourquoi, ya pourtant bien des filles qui te tournent autour!? “Eh ben, qu’il m’a répondu, tu comprends: j’ai toujours cherché la femme idéale. Alors...” - “Ha, j’ai fait, bien sûr, tu ne l’as jamais rencontrée, elle n’existe pas!” - “Oh mais oui, je l’ai trouvée, qu’il répond. Mais euh... elle cherchait... l’homme idéal!”

Voilà comment vont les choses sur notre terre, les amis! Il y a juste une personne qui a trouvé l’homme idéal! Une! C’est Dieu! Mais oui, lui, il a trouvé l’homme idéal, et la femme idéale. Savez-vous qui c’est? Voui, c’est vous! Chacun(e) de nous, nous sommes l’homme idéal, et la femme idéale, pour Dieu!

Bon, je crois qu’il est un petit peu dingue, mon ami Dieu (pas Pascal!).

?L’homme idéal, et la femme idéale, ces gens mal foutus que nous sommes?

Oui, il est un peu fou, tu sais. Il est fou de nous... Nous sommes sa passion. J’en connais qui sont un peu comme lui, mais juste pour une personne, une personne passionnaimée. J’en rencontre un dans mon miroir, d’ailleurs.

Rien que pour une personne, c’est déjà dément. Plètement ouf. Mais alors, pour toute l’humanité, avec ses tares et ses barres... Comme dit mon filleul Didier en rigolant: si tous les cons volaient, on ne verrait plus le soleil!


 

Déjà à la création du monde, ça a commencé, cette passion. Quand il a fabriqué notre terre, comme le raconte la vieille légende qu’on peut lire au tout début de la Bible, eh bien chaque fois qu’il créait quelque chose, Dieu disait que c’était bon. Paf, la pluie pendant les vacances: “c’est très bon!”. Paf, les bêtes féroces qui te bouffent tout cru: “mais c’est très bon!”. Paf, les humains pires que les bêtes féroces: “yes, c’est très bon!”... Mais il est ciré, mon ami Dieu!

Et puis, ça a encore empiré avec l’âge! Car à l’époque de Jésus, les Romains qui voulaient convertir tout le monde à leur djihad, qui trucidaient ceux qui refusaient de s’agenouiller devant leur empereur Allah noix... Tu sais ce qu’il a dit, Dieu, à propos des Romains? “Touche pas, c’est mon pote, aussi! Respecte les Romains qui te zigouillent, autant que toi-même”. Non mais allô, quoi!?!

Il les a même laissés faire du petit bois avec son propre fils. Croix de bois, croix de fer, les Romains l’ont emmené en enfer. Et Lui, il n’a rien dit. Tellement il est passionné par toute l’humanité.

C’est pour ça, d’ailleurs, qu’on appelle ce temps du Carême (juste avant l’anniversaire de cette mise à mort, à Vendredi Saint et Pâques), on l’appelle, vous savez comment? Le temps de la Passion. Oui, les Brandons, c’est le début de ce temps de la Passion. Quarante jours pour nous souvenir de l’amour fou de Dieu. Pour nous. Pour toi. Pour moi, même.

Quarante jours pour réaliser cet amour fou de Dieu. Et puis, qui sait, pour essayer de devenir un peu comme lui? Un peu plus passionné(e)s par notre terre? Aimer à la folie (un petit peu, déjà!) cette humanité ratée. Devenir un peu plus dingues de la nature, de ce qu’il y a autour de nous. Se laisser transformer comme Jésus l’a fait, c’est à ça que nous appelle le récit plutôt taré de la Transfiguration du Christ...

Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire la morale en vous priant de mieux respecter le climat. Vous savez bien ce qu’il faudrait faire, et que nous ne faisons que trop peu, parce que... eh ben, ce n’est pas facile de changer nos habitudes... Et si vous ne le savez pas, eh bien vous lirez le calendrier de Carême!



Je vous dis juste aujourd’hui, en cette fête des Bransons de Grandon, je vous dis juste: souvenez-vous du grand don que Dieu nous fait, de sa folie pour nous, pour toi, de sa passion. Alors, si ça vous donne envie de vous lâcher un petit peu plus, de devenir un peu plus fous, vous aussi. Fous de notre terre, qui pourrait être si accueillante... eh bien, il ferait du coup un peu meilleur sur notre planète.

Ça pourrait donner à plus de monde (et même à Dieu, et même à vous) ça pourrait donner à plus de monde une vieille essoreuse. Pardon? Faudra que je me rachète des lunettes. Non, je voulais dire: une vieillesse heureuse! Amen                                          

Jean-Jacques Corbaz