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dimanche 9 août 2015

(Pr, SB, FA, Vu) « Pour ne pas être nu » - prédication du 9 août

Une pomme, deux poires et bien des pépins...

Lectures:  Genèse 3, 1-24; Matthieu 5, 3-9

 


L’histoire d’une découverte. Dans les deux sens du terme, une découverte!

D’abord, parce que l’homme et la femme apprennent à connaître leur condition humaine. Ils se découvrent tels qu’ils sont.

Et une découverte ensuite parce que cette condition humaine, c’est qu’ils sont nus. Ils sont à découvert! Fragiles. Périssables. Exposés.

Vous avez entendu, combien de fois l’expression “péché originel” apparaît dans notre passage? ... Oui, elle n’apparaît pas du tout! À aucun moment. Vous ne la trouverez d’ailleurs jamais dans la Bible, ni dans l’Ancien ni dans le Nouveau Testament.

Et ma seconde question posée en introduction aux lectures bibliques? Vous l’avez remarqué aussi: Dieu ne maudit pas l’homme. Ni la femme. Il n’y a que le serpent qui est l’objet d’une malédiction. Et puis le sol; la terre, qui est dure à travailler.

Dans les paroles de Dieu, il n’y a donc aucune colère (comme on le croit trop souvent). Il n’y a aucune volonté de punir ni de faire souffrir les humains. Non, Dieu ne fait que constater le malheur de notre condition. Il ne dit pas “Je vous envoie au diable!”, mais il annonce plutôt: “La transgression que vous venez de vivre, eh bien elle a des conséquences. Vous êtes maintenant dans la situation où vos actes vous ont conduit. Votre désir de connaissance et de puissance vous a menés, en fait, à découvrir votre vulnérabilité! En croyant devenir les maîtres du monde, vous vous êtes découverts petits, fragiles; éphémères. Bref: tout nus!”.

Précisons bien qu’en ce temps-là, il n’y a aucune connotation sexuelle dans le fait d’être nu. Aux temps bibliques, la nudité est le plus souvent une image de faiblesse; de précarité; ou de soumission à quelqu’un de plus fort. Elle représente aussi le dénuement des pauvres; ainsi que la fragilité du nouveau-né ou du mourant.

Oui, l’histoire d’une découverte: les humains se rendent compte qu’ils sont tout cela. - Alors qu’ils pensaient, eux, acquérir ce que l’AT appelle la connaissance du bien et du mal! Ce qui veut dire la connaissance universelle.

Et d’ailleurs, le mot hébreu qu’on traduit par connaissance, il veut dire beaucoup plus que cela. Il signifie le savoir, mais aussi le pouvoir. On pourrait le traduire par “prise de possession”, ou mieux encore par “maîtrise”.

Ainsi, c’est en voulant devenir maître de l’univers que l’être humain se découvre vulnérable et dérisoire dans le cosmos. Dites, n’y aurait-il pas quelques parallèles à tirer avec aujourd’hui? En voulant posséder la planète, et la lune, et l’énergie, et les ressources, et le temps, nous détraquons le climat, nous déréglons les équilibres du monde...
 


L’homme découvre qu’il est nu. Exposé. Alors, il essaie de se protéger: il fabrique des espèces de pagnes, avec des feuilles. Rudimentaire, mon cher Watson!

Avez-vous remarqué? Dieu ne laisse pas l’homme et la femme au fond de leur précarité. Il leur fait des vêtements plus résistants que les feuilles: avec des peaux de bêtes, il leur offre de quoi se protéger plus efficacement.

J’aime ce Dieu paternel, voire maternel, qui se soucie du bien-être des humains, et qui les accompagne, proche dans leur fragilité. Ce n’est pas “la chute”, il ne les laisse pas tomber!

Bien sûr, il les “met dehors” du jardin qu’il avait créé pour eux. Mais, là aussi, comprenons bien le mot hébreu que la Genèse emploie ici: le verbe “shalah" n’a pas un sens négatif a priori. Il signifie aussi “envoyer”, “envoyer en mission”, ou “renvoyer”, et même “laisser libre”. Mais oui, c’est le même verbe que dans le fameux “let my people go” de Moïse: “laisse mon peuple s’en aller libre”! Dieu n’est pas décrit ici comme celui qui punit, mais comme celui qui donne une nouvelle mission; qui ouvre un nouveau chapitre de vie. L’histoire d’une découverte! Comme une naissance.

Oui, il y a dans notre récit bien des parallèles avec l’accouchement: le bébé quitte lui aussi un monde où il est protégé, réchauffé, nourri sans effort. Obligé d’en sortir, il découvre un univers où règnent la douleur; le froid; la faim et la soif; la peur, la peur de manquer!

Vous le voyez, notre passage est un mythe au vrai sens du terme: c’est-à-dire un récit qui n’est pas exact historiquement, mais qui est rempli de vérités générales sur l’humanité dans son ensemble. Un mythe n’est pas une invention pure, c’est une oeuvre empreinte de réalité, qui rejoint l’être humain en tout lieu et en tout temps. C’est une réponse imagée et poétique, une réponse aux grandes questions qui habitent chacun(e): pourquoi sommes-nous venus au monde? Et pour quoi, en deux mots?
 

On pourra lire dans notre passage également bien des parallèles avec un autre âge-clé: je pense à l’adolescence (nouvelle naissance!). Là aussi, le jeune quitte un cocon, une existence tissée de sécurité, pour entrer dans une vie de travail, de peine. C’est un âge ultra-sensible, où nous ressentons tout spécialement notre fragilité; notre nudité. Un âge également où on a envie de transgresser les interdits, de désobéir, pour devenir... comme des dieux (euh, je veux dire: comme des adultes!).

J’aime le Dieu de notre récit, à la fois ferme et à la fois plein de compréhension pour cet Adam et cette Eve boutonneux, qui sont convaincus qu’ils vont créer un monde meilleur!

Bien sûr, notre passage est très marqué par quelques préjugés de l’époque: le travail à la sueur de son front, c’est la réalité de la Palestine d’il y a 3000 ans, essentiellement agricole. Et puis, surtout, mesdames, la soumission féminine aux mâles! C’est parce que ce sont là les manières de vivre de l’époque. C’est cette existence-là que notre mythe veut expliquer. L’expliquer, mais pas la pérenniser.
 

Car depuis, il y a eu Jésus Christ. Avec son message d’amour et de pardon, infiniment moins culpabilisant. Il y a eu le Sermon sur la montagne, qui prône la proximité avec Dieu, mais qui commence par dire “Heureux ceux qui se savent pauvres”; donc ceux qui ont conscience de leur nudité. Il y a eu aussi le superbe passage de Paul aux Galates, que nous avons entendu il y a deux semaines: “Devant Dieu, il n’y a plus ni Juif ni Grec; ni homme ni femme; ni esclave ni homme libre”.

Le NT veut nous aider à ne pas nous achopper aux particularités juives de ce récit de Genèse 3; mais à nous laisser guider dans une méditation bienfaisante (pour nous-mêmes) sur ces questions:
Comment vivons-nous notre vulnérabilité aujourd’hui?
... et nos désirs de changer le monde? ou de le maîtriser?
Quelles sont nos feuilles de figuier, c’est-à-dire ce que nous nous façonnons pour être moins exposés? Nos “cache-misère”?
Dans une société du paraître, qui prône la jeunesse, la santé, la performance... où va notre priorité?
Et puis enfin: quels sont les vêtements de peau que Dieu nous offre, pour améliorer notre sécurité?.

Je trouve que ce passage vieux comme le monde et connu comme le loup blanc nous donne à réfléchir! Je le crois, cette histoire de paradis qu’on disait perdu, elle peut nous rejoindre, aujourd’hui et demain. Cette vérité mystérieuse peut s’avérer pour nous un puissant levier d’espérance.

Le chanteur français Joël Favreau nous a donné ces belles paroles: “Le paradis sur terre, c’est pas ailleurs, c’est pas hier ou dans un an. Le paradis sur terre, c’est un chemin qui s’ouvre, ici et maintenant.” Amen                                          

 


(Puis, en introduction à la Cène):
Dieu ne nous laisse pas tomber. Pour nous donner force et sécurité, il nous relie les uns aux autres dans la communion des croyants, par son Esprit, afin de nous entraider. Et il nous relie à lui, à ses promesses, à son amour et son pardon infinis. À tous ceux qui se croient maudits sur cette terre à cause de leur sort, il offre Jésus, pendu sur la croix, image de malédiction, pour leur ouvrir les portes du Ciel!

Jean-Jacques Corbaz  



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