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mardi 7 mars 2023

(Bi) Refrain connu: 1 Jean 4, 8

Dieu est amour.
Cent fois écrit, mille fois dit, plus souvent encore répété. Tellement qu’on s’est habitué.
Dieu est amour.
Imprévisible, comme un amour. Immense, jusqu’à tout remplir; pour, à l’instant suivant, sembler n’avoir jamais existé. Sans passé, sans futur, tout plein de lui-même. Et pourtant, il n’est rien s’il n’est pas porté par les humains. Il n’est rien sans moi, sans toi.
Dieu, comme l’amour.
Sans force, de tant s’appuyer sur l’autre. Sans obligations, sans règles et sans lois: l’amour s’improvise, se vit, se chante, il ne s’impose pas. Il se développe, mais il ne s’enseigne ni ne s’explique. On en parle, mais tellement mieux avec un poème! Le décrire, c’est le caricaturer. Le vivre, c’est le grandir.
L’amour est Dieu. Dieu est amour.

Jean-Jacques Corbaz, janvier 1981   


(Po) Sabot de Vénus

 

Fleur de sourire,
Orchis aux mains nues,
Cheveux emmêlés,

Pétales qui s’ouvrent, qui s’offrent,
Peau tiède au premier soleil de mai,
Boutons dénoués,

Senteurs d’espérance
Appellent doigts qui butinent
Imprévisibles, comme enfiévrés,

Ophrys à merveilles,
Fleur d’ivresse, destinée à vivre à jamais,
Amoureuse d’éternité,

Rassure-toi:
Tes jours sont contés.


                                                                Jean-Jacques Corbaz
                                                             Écrit en décembre 1981

 

(Po) Ta mienne folie

Je sais que ta folie est belle,
Bien qu’irréelle,
Je sais aussi que c’est la mienne,
qu’elle m’entraîne,
brise les chaînes,
change les peines
en grains de sel…

Je crois que ta joie est sereine,
Féconde et pleine.
Je crois aussi qu’elle m’appelle,
qu’elle m’emmène
à l’horizon d’espoirs rebelles,
enzyme ou graine,
ferment d’un royaume éternel!

Je sais, je crois, que ta mienne folie est celle
qui prépare un nouveau Noël.


Jean-Jacques Corbaz, décembre 1986  

lundi 6 mars 2023

(Li, Hu) Dans le dernier wagon

 Chaque année, les parents de Martin l'emmenaient chez sa grand-maman pour les vacances d’été, et ils rentraient chez eux par le même train le lendemain.

Puis un jour le garçon dit à ses parents :

"Je suis assez grand maintenant. Et si j’allais chez grand-maman tout seul cette année ?"

Après une brève discussion les parents sont d’accord.

Les voici debout sur le quai de la gare, le saluant, lui donnant un dernier conseil par la fenêtre, tandis que Martin continue à répéter:

"Je sais, vous me l’avez déjà dit cent fois...!"

Le train est sur le point de partir et le papa chuchote:

"Martin, si tu te sens soudainement mal ou effrayé, c’est pour toi!"

Et il lui glisse quelque chose dans sa poche.

 

Maintenant, le garçon est seul, assis dans le train, sans ses parents, pour la première fois...

Il regarde le paysage par la fenêtre qui défile.

Autour de lui des inconnus se bousculent, font du bruit, entrent et sortent du compartiment, le contrôleur lui fait des commentaires sur le fait qu'il soit seul.

Une personne lui jette même un regard triste...

Du coup, le garçon se sent de plus en plus mal à l'aise...

Et maintenant il a peur.

Il baisse la tête, il se blottit dans un coin du siège, les larmes lui montent aux yeux.

À ce moment-là, il se souvient que son papa lui a mis quelque chose dans la poche.

D'une main tremblante il cherche ce morceau de papier, il l’ouvre. Son papa a écrit: "Mon fils, je suis dans le dernier wagon..."

  

 

Dieu, lui aussi, nous laisse nous dépatouiller avec les aléas de la vie, parce qu’il sait bien que nous tenons à notre liberté par-dessus tout.  Il respecte notre désir d’autonomie. Mais il nous a glissé un écrit qui s’appelle la Bible, et qui nous dit : "Mon fils, ma fille, si tu as peur, si tu es mal…  je suis dans le dernier wagon..."   

 

 

Trouvé sur internet, conclusion de J-J Corbaz 



(Pr, SB) Les souffrances, l’échec, le rejet nous parlent de Dieu

Prédication du 6 mars 2023


Lectures bibliques: Marc 10, 32-38; Jean 13, 1,3-5,12-17; Esaïe 42, 1-4


Il n’est pas facile d’avouer ses faiblesses. - Ou alors, c’est qu’on y trouve plaisir…  ça arrive!


Il n’est pas facile de voir en face ses échecs. - Ou alors, on les voit trop, et c’est la dépression!  

Il n’est pas facile de s’abaisser, de renoncer aux privilèges auxquels on aurait droit. - Ou alors, c’est du masochisme!


Le chrétien, lui aussi, a souvent de la peine à dire ses doutes, ses erreurs; ses difficultés à vivre comme Dieu le demande; ses difficultés à vivre comme lui-même le voudrait!


Mais plus encore, le chrétien a de la peine à regarder en face l’échec de Jésus. L’échec de Jésus, c’est-à-dire le fait qu’il est rejeté, que les humains ne le comprennent pas; le fait qu’il doive souffrir, qu’il doive être tué comme un vulgaire bandit.


De tout temps, les croyants ont essayé (plus ou moins inconsciemment, bien sûr), les croyants ont essayé de minimiser ces souffrances du Christ, d’oublier les personnes qui n’ont pas cru en lui. De tout temps, les croyants ont été tentés d’insister davantage sur sa gloire, sur ses admirateurs qui s’émerveillaient, sur la foi de ses disciples…


Alors que même Pierre, Jacques et Jean sont décrits dans les évangiles comme des gens qui ont douté, qui n’ont pas compris Jésus. Pierre, Jacques et Jean, qui sont pourtant des chefs de l’Eglise à l’époque de rédaction du Nouveau Testament.


Par trois fois, Jésus annonce à ses disciples sa passion, son rejet; ses souffrances, sa mort et sa résurrection. Et à chaque fois, ses proches réagissent par des signes évidents qu’ils n’ont rien compris. Mais alors, rien du tout!


1° Juste après la première annonce de la passion, c’est Pierre qui proteste, et qui reproche à Jésus que ce n’est pas possible. Ce que le Christ accueille par le fameux «Arrière de moi, Satan, tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les hommes».


2° Immédiatement après la seconde annonce, on voit les disciples se disputer pour savoir lequel d’entre eux est le plus grand! … Mais quel décalage! Ils sont com-plètement à côté de la plaque!


3° La troisième et dernière annonce de la passion, nous l’avons entendue. Elle provoque cette étrange demande de Jacques et Jean, de siéger aux côtés du Christ dans sa gloire; aux places d’honneur. … Mais c’est pas vrai! Ils n’ont rien compris. Mais alors, rien du tout!


Ce n’est pourtant pas que Marc veuille nous dire que les disciples sont particulièrement stupides, ou bornés. Mais ils représentent toute l’humanité, toutes les personnes qui essayent de suivre Jésus. Car cette peine que nous avons (quasi tous, et moi aussi!), cette peine que nous avons à voir en face l’échec de Jésus, c’est l’éternel débat entre Vendredi saint et Pâques, entre la croix et la résurrection, ces deux pôles de la foi chrétienne, ces deux pôles qu’on ne devrait jamais séparer. 


Dans les paroles de Jésus, Jacques et Jean n’ont entendu qu’un mot, celui de Fils de l’Homme. Une expression étrange qui vient de la tradition juive d’Hénoch, et qui désigne le juge de la fin des temps. Celui-ci viendra, est-il dit, rétablir toute justice de la part de Dieu. Il sera accompagné, affirme-t-on, de deux assesseurs (attention: pas des ascenseurs, des assesseurs - lol), assis à sa droite et à sa gauche.


 
Captivés par cette référence qu’ils connaissent bien, Jacques et Jean s’imaginent déjà en vice-présidents du Christ glorieux, jugeant le monde aux côtés de leur maître. Ils n’ont même pas entendu la suite: l’annonce des souffrances, de l’échec et du rejet de Jésus par les juifs stricts. Ils ont passé comme chat sur braise au-dessus de la mort de leur ami pour sauter directement à son triomphe glorieux: Jésus prend les devants, il monte à Jérusalem, et là il va rétablir la vérité et la seigneurie de Dieu, on va voir ce qu’on va voir!!


Mais, non! On va voir… tout autre chose! Le rôle du Fils de l’Homme, Jésus en n’a pas du tout la même vision que les disciples, ni que les juifs. Pour lui, surtout dans les évangiles de Marc et de Jean, le Christ n’est pas glorieux ailleurs que sur la croix! Le Christ n’est pas juge tout-puissant ailleurs que sur la croix! 


Pour être ses assesseurs, Jacques et Jean ne peuvent pas éviter de passer par les mêmes souffrances, ce que symbolisent la coupe et le baptême dont Jésus parle.


Et quand on dit qu’il prend les devants, c’est pour marcher d’un pas décidé au-devant de la mort, pour l’affronter, la mort!


Oui, ça nous choque un peu, mais l’évangile de Marc est tout entier centré sur le Christ souffrant et incompris. Par exemple, il ne décrit pas la joie des disciples après la résurrection, comme les trois autres, qui ont été rédigés une vingtaine d’années après. Pour Marc, Jésus est avant tout le crucifié, et c’est ainsi qu’il juge. C’est ainsi qu’il révèle notre salut. 


Et la clé de tout, le signe majuscule, c’est la simple phrase du centurion au moment de la mort de Jésus: «Cet homme était vraiment le fils de Dieu». Ce n’est que sur la croix qu’il se révèle pleinement de nature divine, radicalement autre que nous les humains.


Je me dis qu’aujourd’hui, nous avons beaucoup à apprendre de l’évangile de Marc et de sa théologie du rejet. Alors que notre monde semble aller de plus en plus mal, la Bonne Nouvelle selon Marc nous invite à un regard différent sur les événements contemporains.

La vraie gloire, le vrai bonheur, ils ne résident pas là où tant de gens les cherchent. On ne peut les trouver que dans le don de soi, dans l’acceptation des difficultés, sans peur d’être rejeté, à l’exemple de Jésus.


Vous le savez, il n’est pas facile de vivre sa foi chrétienne aujourd’hui. Pas forcément parce qu’on serait persécuté, ou insulté, ou rejeté; mais probablement déjà parce que nous nous sentons une minorité, parce que parfois on nous regarde comme des êtres curieux, voire comme des survivants d’une époque révolue. Des attardés. Des hommes des cavernes par rapport à une vision matérialiste et rationnelle du monde!


Alors, quand nous essayons d’expliquer que le coeur de notre foi, c’est un homme torturé et couronné d’épines, je vous laisse imaginer…


Ne baissons pas les bras! Lorsque nous souffrons, quand nous nous sentons profondément incompris, souvenons-nous que Jésus se trouve lui aussi sur ce chemin-là. Mieux, il nous révèle que c’est là que nous sommes au plus près de sa vérité, et de sa gloire.


Ce sera en nous rapprochant les uns des autres, dans ce cheminement difficile, que nous pourrons tenir bon face à l’incompréhension, au rejet et à l’échec.


La différence avec le masochisme est parfois mince, et on pourrait nous caricaturer ainsi. J’espère vous avoir aidé à comprendre les nuances que Marc y apporte, dans sa vision du crucifié. N’oublions pas qu’au bout du chemin, il y a Pâques, signe visible qu’en Jésus tout a changé et que rien ne peut nous abattre.

Lui nous a aimés jusqu’au bout. Accepterons-nous qu’il nous emmène… au moins un petit bout? Rappelons-nous: il est là, tout près de nous. Dans le dernier wagon!
Amen


Jean-Jacques Corbaz  



vendredi 3 mars 2023

(Po) C’est si petit

C’est si petit
Un homme
Face au monde infini
Face aux mille milliards d’atomes
Perdu dans son royaume
Un homme
C’est si petit.

C’est si petit
Un petit d’homme
Dans l’univers en somme
Que je voudrais n’avoir rien dit
Face à la mort qui menace et qui tonne
Fragile espace à qui rien ne pardonne
Un petit d’homme
C’est trop petit.

Toi, mon petit,
Mon petit d’homme,
Tu as rempli ma vie.
Face aux mille univers, qui dansent et qui rayonnent,
Tu es plus grand que notre nuit.
Et c’est cela que tu me donnes,
Mon petit d’homme,
Tu me donnes la vie.
 

Jean-Jacques Corbaz
 


* Écrit en décembre 1981, en pensant à la fête de Noël qui venait, mais aussi à toi, Cyril, qui avais transformé ma vie.

** Mille milliards: nombre approximatif d'atomes contenus dans une cellule humaine. Y compris celles du capitaine Haddock!