Pour vous y retrouver

Bonjour! Bienvenue sur ces pages, que j'ai plaisir à ouvrir pour vous!
Vous trouverez sur ce blog différentes sortes de contributions:
- annonce (An),
- billet (Bi),
- citation (Ci),
- confession de foi (CF),
- conte (Co),
- formation d'adultes (FA),
- humour (Hu),
- image (Im),
- liturgie (Li),
- poésie (Po),
- prédication (Pr),
- réflexion (Ré),
- sciences bibliques (SB),
- vulgarisation (Vu).
Bonne balade entre les mots!

Ces œuvres sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé.

Ce blog fait partie d'un réseau de sites réformés "réseau-protestant.ch" qui vise à coordonner et rendre visibles et lisibles les publications web de la galaxie du protestantisme de Suisse romande. Voir sur ce blog la page https://textesdejjcorbaz.blogspot.com/p/blog-page.html>.

jeudi 17 février 2022

(Ci, CF, Li) La réussite

La réussite...

La réussite c’est de s’être fait passer en dernier et d’y avoir trouvé plaisir.
La réussite c’est d’avoir eu le recul d’avoir pardonné et de s’en sentir délivré.
La réussite c’est contre vents et marées d’avoir pu ne pas tomber dans les pièges tendus de la vengeance et d’avoir trouvé la force ou la faiblesse d’aimer.
La réussite c’est d’avoir reçu moins ou plus qu’on a donné et de se sentir riche d’en être pauvre.
La réussite c’est une inversion des valeurs qui nous fait voir que ce qui est faible aux yeux du monde est fort à nos propres yeux.
La réussite c’est d’avoir pu transformer des montagnes en taupinières.
La réussite c’est de ne pas être tombé dans la tristesse mais d’avoir pu préserver la joie.
La réussite c’est d’accepter de perdre et de lâcher le premier pour gagner des sommets de lumière.
La réussite c’est de relancer sans cesse, encore et toujours la balle de l’amitié et de l’amour.
Car un jour tout disparaîtra, mais l’amour lui, ne disparaîtra jamais.

Guilhem Lavignotte, le 17 avril 2018

lundi 14 février 2022

(Pr, Co) Marie lui a fait découvrir l'amour

Pour la St-Valentin: l’histoire d’amour entre Marie et Jésus, vue par Marthe

Luc 10, 38 - 42

 

Je me suis souvent demandé comment Marthe avait vécu cette étonnante journée. Alors, grâce aux techniques modernes de communication, j’ai réussi à lui téléphoner pour lui poser la question. Voici ce qu’elle m’a raconté! 
 

Peinture de Patricia Diaz Lambert
 

Ce matin-là, je m’étais levée très excitée. J’avais mal dormi, mais je ne ressentais aucune fatigue; plutôt de l’impatience!

En effet, il n’arrive jamais rien dans notre village. Aucune célébrité n’y passe, ni spectacle ambulant. On n’y vit jamais de fête, ni d’événement spécial. On n’y voit rien que les mêmes gens, les mêmes visages, les mêmes histoires…

Ce matin-là donc, je m’étais levée très tôt, sans envie de flâner, sans me rendormir comme ça m’arrive souvent. Pourquoi? Parce qu’ils l’avaient annoncé hier, cet homme, ils avaient dit qu’il passerait avec ses disciples dans la journée, qu’il ferait halte dans notre village. Enfin!

Enfin quelqu'un qui aura quelque chose à dire, quelque chose à raconter. Il paraît qu’il raconte des histoires si simples et pourtant si belles, si parlantes. On dit qu’il connaît si bien les gens, qu’il parle si bien de la vie, qu’il fait du bien à tous ceux qui le rencontrent, au nom de Dieu.

Alors, je me suis levée, je me suis habillée; même si ce n’est pas shabbat, j’ai mis ma belle robe bleue, celle que je mets en principe ce jour-là uniquement, celle que j’ai faite moi-même avec beaucoup de soin… Je sais que la couleur me va bien, elle change de celle que je mets tous les jours, la brune qui est surtout pratique et pas salissante…

J’ai rentré les fruits que j’avais laissés dehors au frais, couverts par un tissu pour éviter que les insectes n’aillent dessus, j’ai pétri la farine et l’eau, préparé une pâte. J’y ai mis les fruits les plus beaux que j’étais allée cueillir la veille, et je me suis activée dans la cuisine pour préparer le meilleur repas possible.

La viande était belle, je l’ai bien assaisonnée et je l’ai mise à cuire. Ça sentait bon. L’odeur a réveillé ma sœur Marie qui est allée se mettre à la porte en guetteuse. Elle ne m’a pas aidée, occupée qu’elle était à attendre que le prophète et ses disciples arrivent au village.

Pendant que la viande cuisait, j’ai donné un bon coup de balai, et j’ai nettoyé à grandes eaux pour que la maison brille. Je suis sortie et j’ai cueilli quelques fleurs pour que la table soit plus jolie et que le parfum embaume l’air de la maison.

Une fois mes efforts récompensés par la beauté de notre habitation et la bonne odeur qui se dégageait, je me suis recoiffée, ne laissant aucune mèche dépasser de mon chignon. Au contraire de toi, Jean-Jacques, a-t-elle précisé d’un ton moqueur, toi qui a toujours les cheveux mal peignés!

Enfin, je me suis assise, mais pas longtemps, car l’excitation m’empêchait de rester calme. Marie ne me parlait toujours pas, elle restait à la porte comme si je n’étais pas là, comme si je n’existais pas, comme si je ne comptais pas, comme si ce que j’avais fait n’était rien.

Elle ne bougeait pas, restait assise, calme en apparence. Mais moi qui la connais bien, je sais qu’elle était tendue, son cou raide d’être tourné toujours dans la même direction.

Tout à coup, je l’ai vue bouger. Elle s’est levée brusquement, les joues rosies par l’émotion qui semblait la gagner. Je n’ai pas eu besoin de regarder dehors, j’ai su qu’ils arrivaient, lui et ses disciples, j’ai su… et mon cœur s’est mis à palpiter, à tressauter, je me suis sentie défaillir. Mon rôti serait-il assez bon? La sauce assez épicée? Ma robe assez belle? Mes cheveux assez soignés? La maison assez accueillante?

Je ne sais pas très bien comment j’ai réussi à sortir de chez nous pour aller à la rencontre de la petite troupe, je ne sais pas quelle force m’a soutenue pour aller    lui proposer de venir chez nous pour se restaurer. Toujours est-il qu’il est entré, qu’il s’est installé et qu’il s’est mis à parler. Marie s’est assise à ses pieds, subjuguée par ses paroles.
 

Peinture de Patricia Diaz Lambert
 
J’ai dû retourner à mon fourneau. Mais est-ce que ça n’était pas injuste que je prépare tout et que je ne puisse pas profiter de mon hôte? Est-ce que ça n’était pas injuste que je doive tendre l’oreille pour percevoir un ou deux mots?

Marie n’avait rien fait, elle agissait comme si je n’existais pas. Et il lui parlait à elle qui ne s’était pas donné de soin particulier, qui avait mis sa robe de tous les jours et qui allait pieds nus. À elle qui ne l’avait pas invité, qui n’avait rien préparé de bon et qui attendait le repas comme si j’étais sa servante…

J’ai senti la colère monter en moi. J’ai essayé de me calmer, de rester concentrée sur l’arrosage de la viande, de chercher à entendre quelques bribes de ce qui se disait dans la pièce principale, mais je n’ai rien pu comprendre… Ma colère est encore montée,  je sentais que je ne pourrais plus la contenir longtemps. J’ai tenté d’appeler ma sœur, pour qu’elle vienne au moins m’aider à porter la nourriture, pour qu’elle m’aide au moins une fois dans la journée et que je puisse aller m’asseoir aux côtés de cet homme; mais elle n’a pas répondu, je ne suis même pas sûre qu’elle m’ait seulement entendue. J’ai donc interpelé Jésus en lui disant: «Seigneur, ça ne te fait rien que ma sœur me laisse seule pour accomplir tout le travail? Dis-lui de m'aider!»
 
Peinture de Patricia Diaz Lambert
Enfin, il m’a regardée. Il s’est levé et s’est approché de moi. Il m’a parlé de Sara, qui avait improvisé un repas pour des inconnus sans se soucier à l’avance de qui viendrait à la porte de sa maison; sans faire de choses particulières pour certains et rien pour les autres. De Sara qui priait calmement et qui œuvrait dans l’ombre sans se soucier de recevoir les lauriers. De Sara enfin qui avait reçu ce dont elle rêvait parce qu’elle avait su rester humble. Il me dit: «Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses, mais une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas enlevée.»

Alors j’ai compris que j’en avais fait trop. Qu’importe la jolie robe, les cheveux bien mis. Qu’importe la qualité de la viande ou la beauté des fruits. Qu’importe la maison reluisante et le bouquet de fleurs. Qu’importe…

Non, ce qui importait, c’était le message de Dieu, son enseignement donné par Jésus. L’important, c’était de savoir l’amour de notre Père à tous, la grâce qu’il nous faisait en nous envoyant celui que les prophètes avaient annoncé. Son message de paix et de calme espérance.

Alors j’ai posé mon repas sur la table, sans plus m’en soucier. Je me suis assise et je l’ai écouté. Mais dans mon cœur résonnaient les paroles qu’il m’avait adressées. J’ai senti un sourire poindre sur mes lèvres, le premier de la journée. Je me suis enfin détendue; et j’ai ressenti le même trouble que ma sœur avait eu en le voyant apparaître au loin.

J’ai compris la chance que j’avais de pouvoir connaître cet homme.
Amen
 
Peinture de Patricia Diaz Lambert



auteur (auteure?) inconnu.e  - à peine réécrite par JJ Corbaz