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jeudi 27 janvier 2022

(Bi) Le vilain petit

Toutes choses nouvelles

Simone se sent nulle et moche.
Ernestine souffre de ne pas se sentir à la hauteur de ce qu’elle aimerait être.
Joseph supporte mal la pression de son boulot, et fuit dans l’alcool. Il a terriblement honte de cela, et cette honte tend à le faire fuir encore davantage.
Coline se fait une montagne de tout ce qu’elle a négligé pendant des mois. Et elle procrastine d’autant plus.
Ivan sait bien qu’il vivrait mieux s’il arrêtait de fumer. Il a essayé si souvent, et si souvent replongé. Ses essoufflements à la montée, il les entend comme des reproches.

Et puis, il y a vous, qui me lisez, et qui connaissez bien ce sentiment d’être humilié.e par votre propre corps ; par vos limites ; par vos fatigues, votre santé, vos faiblesses…

Lorsque nous nous sentons, comme dans le conte, des vilains petits canards, réécoutons la chanson : « Ne tremblez pas, cœurs fidèles, Dieu vous fera cygne un jour » (« Les trois cloches », de Jean-Villard-Gilles) avec un clin d’œil à ma faute d’orthographe !


Le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse, lui fait dire (à Dieu, pas à Gilles !) : « Voici ! Je fais toutes choses nouvelles. »

Relève la tête ! Tu es son enfant passionnaimé.




Jean-Jacques Corbaz, pasteur  


vendredi 21 janvier 2022

(Bi, Re) De droite à gauche?

Une semaine pour apprendre à Les respecter


Un fabriquant américain voulait promouvoir son produit de lessive dans le monde arabe en utilisant la fameuse formule avant / après. L'annonce montrait à gauche une pile de linge sale, au milieu un bac de lavage, et à droite une pile de linge propre.
Ce n'est qu'après la parution qu'on réalisa que les Arabes lisaient de droite à gauche...

Nos grands-parents disaient : « L’enfer est pavé de bonnes intentions ».

Mais quelle peine nous avons à nous rendre compte que les autres sont différents de nous ! Et quelle entreprise impossible, que de s’approcher de ces autres avec intérêt… avec respect… avec le regard de celui qui découvre un trésor !


Or c’est ainsi que Dieu agit, pour nous. De Noël à Pâques, et au-delà, il vient parler nos langages humains précaires et balbutiants. Pour les ouvrir à l’infini de sa tendresse compréhensive. Il habite notre temps pour en faire toujours mieux un espace de vie... de paix... de lumière!

En cette Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens, réussirons-nous à le suivre, enfin déjà un tout petit peu ?

Un monde meilleur, ce n’est pas une utopie : c’est une promesse pour aujourd’hui, si je l’accepte.


Jean-Jacques Corbaz

 

lundi 17 janvier 2022

(Pr) « Touche pas à ma vérité ! »

 

Prédication du 17 janvier 2022   -   « Donne-moi de ton eau! »

Lecture: Jean 4, 3-15


Dans un petit pays au bord d’un lac vivaient deux confessions différentes: les protoliques et les cathestants. Ces deux groupes s’étaient abondamment fait la guerre; mais, avec le temps et l’âge, la sagesse les avait quelque peu calmés. Oh, pas d’enthousiasme fraternel, non, mais une sorte de tolérance polie, un petit air qui semblait dire qu’on se supportait, c’était déjà ça!

Chez les protoliques, on s’inquiétait de voir moins de monde qu’autrefois à l’église. Et chez les cathestants, on souffrait du même mal. Mais on continuait bravement à rassembler les rares fidèles, sans imaginer mettre un peu les forces en commun...

C’est ainsi qu’un jour, deux dames protoliques évoquaient la désaffection de leurs cultes, avec tristesse. “Mais, ajouta l’une d’elles, mais Dieu soit loué: chez les cathestants, c’est encore pire!”



Laissons là notre pays imaginaire, mes amis. Et demandons-nous pourquoi, chez nous, ici, dans nos Eglises, nous lui ressemblons encore trop souvent... Pourquoi nous éprouvons une peine du diable (et je pèse mes mots!), une peine du diable à rechercher ensemble la Vérité au lieu d’imaginer l’avoir déjà trouvée toute pure, rien que nous?

Répondre à cette question pourrait nous mobiliser de longues heures. Dans le cadre de cette célébration, j’aimerais relever déjà quatre éléments de réponse, quatre pistes qui peut-être pourraient former un chemin, qui sait?

Premier élément: C’est comme une fois, y avait Ouin-Ouin qui se disputait avec sa femme. Le ton monte, la colère chauffe. Comment va-t-on s’en sortir? Finalement, Ouin-Ouin décide de faire la concession. “Ecoute, d’accord, je me suis trompé. Tu avais raison”. “Trop tard, coupe Mme Ouin-Ouin, moi aussi, j’ai changé d’avis maintenant”!

Parfois, il est plus facile de s’opposer que d’entrer en dialogue vrai, parce qu’alors ça implique d’écouter l’autre, et d’être également attentif à mes propres erreurs possibles.
  

Deuxième élément: la vérité n’est pas un bloc de pierre, immuable. Elle est multiple, changeante, mobile. La vérité varie selon le lieu ou l’époque. Et nous, nous sommes trop limités pour en percevoir toutes les nuances. Je vous le dis, “il en va de la vérité comme d’un grand miroir brisé en mille miettes. Chaque fois que quelqu’un en découvre un fragment, il proclame: “J’ai trouvé la vérité”!

La vérité n’est pas un savoir qu’on puisse posséder; non, c’est une personne, le Christ, qui nous accompagne.

Troisième piste: «Donne-moi à boire». C’est une demande que font tous les êtres humains. Or Dieu est capable lui aussi de nous dire en Jésus: «Donne-moi à boire»; alors que, vous le savez, les juifs et les Samaritains se détestaient à l’époque davantage encore que les protoliques et les cathestants! Et ce Dieu qui vient à notre rencontre, bien sûr il est en même temps celui qui propose l’eau vive: «L’eau que je donnerai deviendra en vous une source jaillissant en vie éternelle».

Vous voyez, la rencontre entre Jésus et la Samaritaine nous invite à goûter l’eau d’un puits différent de celui auquel nous sommes habitués; et elle nous invite à en proposer du nôtre. La diversité nous enrichit les uns les autres. La Semaine de prière pour l’unité chrétienne, qui commence demain, c’est un moment privilégié pour nous rencontrer, et dialoguer. C’est une occasion de reconnaître la richesse et la valeur du puits de l’autre, celui qui est différent.

Il y a au Brésil un proverbe qu’on cite chaque fois qu’on reçoit un visiteur: «Celui qui boit de cette eau y reviendra sans cesse». Offrir un verre d’eau, ou un café, ou une boisson typiquement brésilienne, comme le chimarrão ou le téreré, eh bien c’est une tradition qui manifeste la volonté d’accueillir et de dialoguer avec l’autre. De créer une relation qui dure. Dans toutes les régions du Brésil, on continue de répéter le geste biblique qui consiste à offrir à boire à celui qui arrive, en signe de bienvenue, de partage et de lien à tisser.
  
Quatrième piste: L’évangile de ce matin le souligne, pour pouvoir dialoguer sans percevoir l’autre comme une menace, il est important que chacun connaisse et comprenne suffisamment sa propre identité. Si nous nous sentons à l’aise avec notre culture au sens large, alors nous pourrons expérimenter l’autre comme étant complémentaire et lui dire simplement «donne-moi à boire de ton eau».

Dans notre passage, Jésus est un étranger qui arrive fatigué et assoiffé. Il a besoin d’aide. La femme, elle, est sur son territoire; le puits est celui de son peuple et de sa tradition. C’est à elle qu’appartient le seau et c’est donc elle qui peut accéder à l’eau. Mais elle a soif, elle aussi, d’autre chose. Ils se rencontrent, et chacun bénéficie de la richesse de l’autre. Jésus ne cesse pas d’être juif pour avoir bu l’eau de la Samaritaine. Et celle-ci ne renie pas ses traditions en écoutant le Christ.

Notre fameux «donne-moi à boire» nous dit ainsi que Jésus et la Samaritaine se demandent l’un à l’autre ce dont ils ont besoin. En prononçant ces quatre petits mots, nous reconnaissons que les personnes et les communautés dans leur diversité ont besoin les unes des autres; et les cultures, et les religions et les populations, si diverses.

Oui, Samaritains et juifs, réformés et catholiques, nous avons besoin les uns des autres pour vivre notre mission de croyants. Nous avons besoin de dialogue vrai et de lucidité, sur les autres et sur nous-mêmes; et de beaucoup, beaucoup d’amour dans le regard.

Puisse l’Esprit de Dieu nous pousser en avant, nous protoliques et cathestants, euh réformés et catholiques d’ici; qu’il nous donne soif de boire au puits de l’autre!


Vous savez, le vrai scandale, aujourd’hui, ce n’est pas la division des chrétiens; mais c’est l’intolérance et le fanatisme religieux. Le vrai scandale, c’est de cultiver les préjugés et refuser le dialogue.

J’ai trouvé sous la plume d’un certain Jacques Baudet ces lignes que je vous laisse méditer: « La division des chrétiens, comme d’ailleurs tout ce qui divise les humains, est un grand malheur. Le malheur ne tient pas au fait que nous ne parvenions pas à penser et croire les mêmes choses; mais que, différents de foi et de pensée, nous ne soyons pas capables de vivre fraternellement. Voilà le scandale.
On ne pourra pas dire, Là-Haut: “On ne s’aimait pas, mon Dieu, pour des motifs religieux”. Il vaudrait mieux pouvoir affirmer: “On ne pensait pas la même chose, Seigneur, mais à cause de toi, on s’aimait”. »

Amen                                                       


Jean-Jacques Corbaz     


jeudi 13 janvier 2022

(Bi, Re) Sans nous, Il ne peut rien !

Davantage encore que le CoVid, l’année qui vient de s’achever aura été marquée par deux phénomènes, qui sont d’ailleurs liés : la peur et l’intolérance.

Peur d’attraper le virus, bien sûr. Peur aussi de le transmettre, pour celles et ceux qui sont responsables. Peur de voir ses proches gravement atteints. Peur de voir son commerce (ou son établissement, ou ses finances, ou tout ce que vous voulez…) chavirer sous le poids des contagions.

Et cette crispation entraîne logiquement une énorme intolérance. Je souffre de lire tant d’avis tranchés, retranchés, barricadés derrière des certitudes récitées comme des articles de foi. Trop de personnes ne cherchent plus à écouter l’autre, à s’enrichir de ses arguments, qui permettraient de construire une pensée plus nuancée, et donc plus proche de la vérité. Comme autrefois en matière de religion, et plus récemment dans le domaine de la politique (je pense notamment aux débats télévisés en France), on ne cherche qu’à asséner nos croyances, et à démolir celles des autres. On n’argumente plus, on invective.

À Noël, nous avons fêté le Prince de la paix. Le Premier des pacifiés. Celui qui a risqué sa vie pour nous entraîner, derrière lui, sur des chemins de dialogue vrai, de regard bienveillant sur autrui ; de fraternité, quoi. Et qui y a laissé sa peau, rejeté par l’intolérance (déjà !) et les esprits fermés de son temps.

Je sais qu’il souffre de ne pas pouvoir mieux décrisper nos poings pour en faire des mains ouvertes. Seul, il ne peut rien; il a besoin de notre bonne volonté.

Joli défi pour 2022, non ?!




Jean-Jacques Corbaz, pasteur