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vendredi 20 mai 2022

(Hu, Bi) Le meilleur argument

Le meilleur argument

Le diable réunit ses ministres pour parler de stratégie: quelle est la meilleure tactique pour contrer Dieu? Un premier démon propose son idée:
 

- J'irai dire aux hommes que Dieu n'existe pas.
 

Sans hésiter, le diable répond: Non, ça ne prendra pas. Ça ne marchera jamais!
 

Un deuxième suggère:
 

- Je pourrais aller les convaincre que Dieu existe, mais qu'il ne s'intéresse pas aux humains...
 

Le diable n'est pas enthousiaste: je ne crois pas que ce soit efficace. Quelqu'un a-t-il une meilleure idée?
 

Un troisième démon se propose alors:
 

- Moi, je leur soufflerai que Dieu existe, qu'il les aime; qu'il veut les sauver... Mais qu'ils ont tout leur temps!

- Yes! fait le diable. Vas-y! Ça, c'est la bonne tactique! 

lundi 16 mai 2022

(Pr) 'Tirez pas sur Thomas, c'est votre frère!

 Prédication du 16.5.22  -  « Le jumeau »

Lectures bibliques: (le soir de Pâques, dans l’évangile selon Jean, la première apparition du Ressuscité aux disciples) Jean 20, 19-31; Ezékiel 37, 1-14


 
Thomas, l’incrédule ! L’exemple type de celui qui doute. Quand on traite quelqu’un de « Thomas », ce n’est jamais très flatteur. Nous avons tous plus ou moins l’impression que  ce disciple est un homme à part, différent des autres. Un croyant… pas très catholique, un peu mécréant sur les bords. Tous les autres ont cru, et pas lui. Est-ce que c’était un tiède, un mauvais apôtre ? Un réfractaire à la lumière de Pâques ?

Eh bien non ! Il faut le dire clairement : il n’y a rien, dans les évangiles, qui permette de placer Thomas sur le banc des accusés. Il n’y a aucun reproche du Christ, ni des autres disciples. Au contraire même : le Ressuscité entre dans son « jeu » ; il lui présente ses mains et son côté, pour qu’il voie et qu’il croie.

Personne ne fait le moindre reproche à Thomas ; car la seule différence avec les autres apôtres, ce n’est pas une foi plus tiède, ou plus méfiante. La seule différence avec les 10 autres, c’est qu’il n’était pas là lors de la première apparition du Ressuscité, le jour de Pâques. Il n’était pas là pour voir Jésus. Et c’est tout !

Dès lors, l’évangile n’a aucune intention d’accabler Thomas. Il n’est l’exemple type que d’une espèce de croyant très répandue : le chrétien qui n’a jamais vu le Ressuscité lui apparaître. Il est le frère de toutes celles et de tous ceux qui disent : « J’ai de la peine à croire. Cette résurrection est si étonnante que j’en doute parfois. Ou souvent. » Thomas est l’exemple type de celui qui place sa confiance en Dieu, ça oui ! Et qui marche avec Jésus, ça aussi ! Mais, quand on aborde le chapitre « résurrection », ça devient quand même nettement plus incertain. Plus opaque. Là, on avance bien davantage comme dans un tunnel, dans le noir ! « Si seulement je pouvais voir, me dit-on souvent, ce serait quand même bien plus facile de croire ! »

L’évangile de Jean, qui aime bien les clins d’œil et l’humour, précise une chose étonnante : que Thomas, en araméen, ça veut dire « le jumeau ». Est-ce que Thomas ne serait pas présenté comme le frère jumeau de l’Eglise ? L’Eglise qui elle aussi a entendu parler de l’événement de Pâques, mais qui n’a jamais vu le Christ ressuscité de ses yeux ? Est-ce que, plus précisément, la communauté de Jean ne s’identifierait pas à ce disciple qui a besoin de voir pour croire ?

Car il y a un deuxième indice (on est un peu comme dans un roman policier, où le lecteur est invité à avancer dans ses découvertes grâce à des détails infimes). Le deuxième indice, c’est que la première apparition de Jésus (sans Thomas) a eu lieu le jour de Pâques. Soit un dimanche. Et la seconde apparition de Jésus s’est produite pile une semaine plus tard : donc le second dimanche de l’histoire chrétienne ! Le groupe des disciples rassemblés là, nous suggère ainsi Jean, c’est l’image de la communauté des croyants réunie pour le culte dominical !

 

Oui, Thomas est bien le frère de beaucoup d’entre nous, qui avons de la peine à croire à la résurrection, tellement c’est énorme, je veux dire é-norme au sens étymologique, hors des normes !

Encore une fois, l’évangile ne veut pas accuser ni culpabiliser aucun de ces chrétiens qui doutent : c’est normal ! C’est humain !

Un qui n’est pas normal, par contre, qui n’est pas humain, c’est le Christ. D’abord, il entre dans une maison dont tous les accès sont fermés à clé. Il n’a donc plus un corps matériel comme nous. Mais ensuite, il montre ses mains et son côté, donc il a encore l’apparence du crucifié. Et rebelote une semaine plus tard.

Remarquez bien : Thomas n’a pas le temps de toucher les plaies du Christ ; il s’écrie, avant même d’avoir esquissé le moindre geste, cette confession de foi résumée : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Ce n’est pas d’avoir touché qui lui a permis de croire, mais c’est la manière dont Jésus est entré dans son « jeu ». Du reste, il n’aurait probablement pas pu sentir avec ses mains le corps du Ressuscité, puisqu’il est d’une nature différente du nôtre (il a de nouveau traversé les murs de la maison verrouillée). Mais l’attitude accueillante de Jésus, malgré ses doutes, a permis à Thomas de retrouver la relation qu’il vivait auparavant avec lui. C’est par l’amour, par l’affectif, que Thomas a découvert la foi, après la résurrection.
 

Thomas nous ressemble, alors que Jésus est si différent, qu’il transcende nos limites humaines, nos petitesses, nos fermetures. Thomas est notre frère, comme les autres disciples du reste. Vous avez remarqué ? Au soir de Pâques, alors qu’on a trouvé le tombeau vide depuis l’aube, quels sont les sentiments des apôtres ? Ils ont peur ! Ils se sont enfermés par crainte des juifs, nous dit Jean. On est bien loin des trompettes pascales !

Mais voilà que Jésus leur apparaît, et qu’il leur dit « La paix soit avec vous ». Et cette salutation, qui ressemble à celle des anges à Noël « Ne craignez pas », il la leur répète une seconde fois. « La paix soit avec vous ». Que votre cœur soit paisible.

Et puis, oubliez SVP l’évangile de Luc, parce que c’est ici, chez Jean, la Pentecôte. Je veux dire que dans le quatrième évangile, c’est ici que Jésus donne le Saint-Esprit aux apôtres. Le jour même de Pâques. Car c’est la victoire sur la mort, c’est la présence immortelle de Jésus qui donne l’Esprit Saint : ‘Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Puis il souffle sur eux et leur dit : « Recevez le Saint-Esprit »’.

Le Ressuscité souffle sur ses disciples un peu comme on souffle sur un voilier jouet, pour le remettre en route quand il s’est échoué. Allez ! On repart ! En route !

C’est beau, n’est-ce pas ? L’ennui, c’est que, huit jours plus tard, les disciples n’ont pas avancé d’un millimètre ! Ils sont toujours au même endroit, les portes sont toujours bouclées hermétiquement ! Voilà qui nous sommes, nous les humains : si lourds à mettre en marche, si engourdis ! Si terre-à-terre !

Et voilà ce que l’évangile de Jean veut dire à sa communauté, qui est spécialement petite et fragile ; et qui le sait trop bien, à la fin du premier siècle. L’Eglise johannique ressemble furieusement au peuple d’Israël au temps d’Ezékiel : ils disent « nous sommes des ossements desséchés, notre espérance est morte, il n’y a plus rien à faire ». Et déjà, dans ces temps reculés, Dieu avait soufflé sur ces os secs, sur ces tombeaux, et il avait fait renaître la vie.
 
Au temps de Jean, on sait bien qu’Israël a revécu. Mais on a peur pour le christianisme.

Aujourd’hui, on sait bien, aussi, que la foi au Christ a traversé 2000 ans depuis lors. Mais est-ce que nous avons peur pour demain, nous aussi ?

Est-ce que nous nous sentons parfois trop faibles ; démunis ; remplis de doutes et de craintes ? Pour l’avenir de l’évangile ou pour le nôtre ?

Si nous éprouvons ces sentiments, alors, c’est pour nous que Christ est mort et ressuscité. C’est à nous qu’il dit, aujourd’hui encore : « Je souffle sur vous, recevez le Saint-Esprit. Je vais ouvrir vos tombeaux, je mettrai en vous un Esprit nouveau, et vous vivrez ! ». Amen


Jean-Jacques Corbaz