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dimanche 25 octobre 2015

« La terre en partage - En route pour Zurich, Paradeplatz » - Prédication du 25 octobre


Lectures:  Matthieu 5, 5; puis 5, 13-16; Genèse 13, 1-12; Luc 19, 1-10


Le mur faisait presque trois mètres de haut. Inutile de dire qu’il était impossible de voir par-dessus. Et ils étaient les cinq au pied du mur, chacun debout sur sa caisse, les cinq à ne rien voir quand même, et à se plaindre que le mur était trop haut, et que sa caisse était trop petite...

Et puis, tout à coup, un des cinq a eu une idée: “Et si on empilait les caisses?” La collaboration était née!

Tout bête et tout simple... en théorie. Mais, dans la pratique, les caisses sont souvent plus difficiles à empiler qu’il n’y paraît. D’abord, c’est qu’on n’a pas l’habitude de se prêter les caisses. Jusqu’à présent, c’était chacun la sienne! D’ailleurs, celle du voisin est de moins bonne qualité que la nôtre, ça ne rate jamais! Et si je lui demande de me passer sa caisse, je risque de devoir un jour lui prêter la mienne! ...

Ce qui est déjà compliqué avec des caisses, pensez alors à quel point ça devient ardu quand il s’agit de la terre. Autant dans le sens de la planète que dans celui du sol à cultiver. La terre en partage: aïe Seigneur, tu pourrais pas nous demander quelque chose de plus facile? Quelques prières, ou un coup de main à la voisine?

Partager la terre. Partager les ressources naturelles, les richesses mondiales, de manière équitable. Vous avez dit: utopique?!


 
Quand mes quatre fils étaient petits, nous aimions jouer au Monopoly. Vous connaissez le principe du jeu: chacun dispose de la même somme au départ, pour acheter, construire ou faire des affaires. La même somme au départ, pour tous. C’est ensuite que les différences apparaissent, souvent de plus en plus gigantesques, en fonction du hasard ou du cours du jeu.

Eh bien, pour les richesses de la terre, dans l’immense Monopoly mondial, c’est déjà au départ que le déséquilibre des ressources est incrédiblement élevé!


Prenons les chiffres du Produit Intérieur Brut (PIB). Imaginez-nous, mes quatre fils et moi, autour d’une table de jeu avec ces données-là, le PIB authentique. Si les ressources de la terre entière sont représentées par ce panneau brun, eh bien l’un des cinq joueurs aura... Vous savez quelle partie de ce panneau il aura, le plus fortuné des cinq? Qui veut essayer d’évaluer la richesse des 20 % les plus aisés? Le quart du tout? La moitié? Les deux-tiers? ... Essaie encore! ...

Les richesses des 20 % les plus fortunés se montent à 82 % de la totalité! Oui, depuis ma main gauche jusqu’au premier trait noir, presque tout à droite. 82 %! Et les 20 % les plus pauvres, il leur reste seulement 1,2 % des ressources de la terre. C’est le tout petit liséré bleuté sous mon index, moins large que mon ongle...

C’est exactement comme si, au jeu du Monopoly, chacun des cinq joueurs commençait la partie avec des sommes différentes. Au lieu de 30’000.- chacun (comme le dit la règle du jeu), eh bien l’un aurait 123’000.- et un autre seulement 1’700.-, et il resterait aux trois autres entre 8 et 9’000.- chacun. Pas besoin de se demander qui va gagner!

Je n’ai jamais osé faire ce coup-là à mes fils. Ça les aurait dégoûtés du jeu!

Je n’ai pas osé non plus suivre les consignes de la Campagne DM-EPER de cet automne. En effet, elle recommande pour aider à comprendre ce déséquilibre, de prendre un pain, ou un gâteau, ou du chocolat, et de le partager entre cinq personnes selon les proportions “82 % pour le plus favorisé et 1,2 % pour le plus déshérité”. Je me suis dit qu’aucun de vous ne réussirait à manger les 82 % du dessert devant les autres... Ou bien? 




Inutile d’insister, vous avez compris. Je vous invite donc, maintenant, à entrer dans le second volet de cette prédication, consacré au Brésil (Le Liban, ce sera le 22 novembre, avec une invitée de là-bas).

Cet immense pays d’Amérique latine est justement le théâtre de déséquilibres parmi les plus élevés du monde. Le Brésil compte 203 millions d’habitants, dont le tiers vit en dessous du seuil de pauvreté. Et c’est bien sûr dans les campagnes que la situation est la plus terrible. 60 % des paysans connaissent la misère. Déficit de scolarisation et répartition inéquitable des terres, voilà les causes principales de ces déséquilibres sociaux.

Comme la Russie, l’Inde ou la Chine, le pays est en plein essor. Mais hélas, ce ne sont que quelques milliers de familles qui s’enrichissent, tandis qu’à l’inverse des millions d’autres s’appauvrissent de plus en plus. Et le mouvement s’accentue.

Cet essor est dû en bonne partie à des cultures industrielles de soja, de canne à sucre et d’eucalyptus, qui hélas entraînent une dégradation du sol, de même que l’élevage intensif de bovins. Les profits tombent dans la poche des multinationales qui se sont implantées là-bas. Tandis que les cultures traditionnelles, adaptées aux caractéristiques des terres, ont tendance à disparaître. Chaque année, des milliers de paysans doivent renoncer à leur activité, parce qu’ils sont criblés de dettes ou victimes de la concurrence des géants de l’industrie agro-alimentaire.

Pour combattre cette évolution, l’EPER (Entraide protestante) soutient des projets en collaboration avec les Eglises locales: conseils et soutien aux petits paysans; création de coopératives agricoles pour commercialiser leurs produits; développement de cultures qui nécessitent peu d’eau dans les nombreuses régions très sèches (eh oui, au Brésil il n’y a pas que la forêt luxuriante d’Amazonie, il y a aussi d’immenses territoires qui souffrent chaque année de grosses sécheresses)... Savez-vous que par exemple les ananas demandent très peu d’eau?

L’EPER essaie aussi de promouvoir la culture de certaines plantes qui constituent des médicaments naturels et bon marché... Tout un travail de fourmi, au ras du gazon, qui permet à de nombreuses familles paysannes de subsister de manière digne. Chic alors! Petits moyens, grands effets!

Vous l’avez deviné, l’offrande de notre culte, ce matin, sera destinée à soutenir ces projets. De même que le produit de la vente des sachets de sel que je vais vous proposer à la sortie. Ce sel est le symbole de l’action efficace des chrétiens, vous êtes le sel de la terre, et la lumière du monde!


 

Il y a du boulot, bien sûr. La partie est loin d’être gagnée. Le mur est très haut, et nos caisses parfois minuscules et fragiles. Mais, empilées, elles vont nous donner de la hauteur, et nous permettre d’être plus forts, ensemble.

Un peu comme Zachée, dans l’évangile. Ce petit homme qui avait peur de perdre, tellement peur de perdre qu’il volait les autres pour se donner l’illusion de la sécurité matérielle.

L’évangile nous dit qu’un jour, poussé par la curiosité; poussé peut-être aussi par un besoin de changer, de découvrir d’autres valeurs, plus vraies, plus hautes... eh bien il a grimpé pour regarder de l’autre côté du mur. Et alors, miracle: d’avoir pris de la hauteur lui a permis de sentir l’infinie proximité de Dieu, comme une caresse! D’avoir pris de la hauteur lui a permis ainsi de se défaire de sa cupidité, et de son attachement maladif aux biens matériels.

Il a pu du coup découvrir d’autres valeurs. Il a pu partager. Etonnant, il s’est découvert généreux et sensible aux autres.

Il y a là, peut-être, quelque chose à cultiver en nous. Ou bien?
Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz




dimanche 18 octobre 2015

(Pr) « Lorsque j’étais oeuvre d’art » - Prédication du 18 octobre

 Lectures:  Proverbes 30, 7-9; Jacques 2, 1-7; Matthieu 7, 13-18


J’ai choisi de vous parler ce matin d’un roman qui m’a ému et fait réfléchir; il s’appelle «Lorsque j’étais une oeuvre d’art», écrit par Eric-Emmanuel Schmitt.
 


C’est l’histoire d’un homme, jeune, qui décide d’en finir avec la vie. Il se sent mal aimé, et surtout complètement nul: rien ne lui réussit. Il a l’impression de n’avoir aucune valeur. Le comble, c’est que même dans ses tentatives de suicide, il échoue. Plusieurs fois!

Ses deux frères aînés sont très beaux, et ils accomplissent une carrière facile comme mannequins. Ils deviennent riches sans peine, tandis que notre héros s’enfonce toujours plus. Il souffre de se sentir si quelconque, à côté d’eux.

Lors d’un énième tentamen, il fait la connaissance d’un artiste excentrique et célèbre qui s’appelle Zeus (comme le dieu grec). Un de ces créateurs experts dans l’art de faire parler de lui, et à qui tout réussit. Peintre et sculpteur, il a de lui-même une opinion tellement élevée qu’il juge avec mépris même les oeuvres de la nature: à côté des siennes, c’est zéro, pense-t-il. Plus mégalo, tu meurs!

Bien sûr, tout le monde s’aplatit devant Zeus, d’autant qu’il est doté d’un pouvoir de persuasion redoutable.

Or donc, Zeus propose à notre héros un singulier marché: plutôt que de s’ôter la vie, eh bien, qu’il la lui donne! Ou plus exactement, qu’il lui donne son corps, dans le but que l’artiste le transforme, et en fasse un chef-d’oeuvre nouveau, une sculpture vivante! Zeus pourrait ainsi inaugurer une ère révolutionnaire de l’histoire de l’art: modeler un corps humain, avec son génie.

Notre héros finit par accepter. Il signe le contrat, sans se douter de l’évolution intérieure que cette transformation va entraîner.

Dans un premier temps, tout se déroule comme prévu: la sculpture humaine est une réussite, et devant elle tout le monde s’extasie et crie au génie. Expositions, exhibitions... Notre héros est heureux, il est enfin admiré, sur toute la planète.

Pourtant, peu à peu, il se rend compte qu’il n’est traité que comme un objet: son sculpteur lui interdit de parler (!), il est trimballé sans pouvoir donner son avis... En fait, ce n’est pas lui que les gens admirent, c’est la sculpture de Zeus. Ce dernier finit même par le vendre; après d’ailleurs un vol, enfin un prétendu vol organisé par Zeus lui-même, dans le but de faire monter la valeur marchande de son oeuvre!! Toute ressemblance avec certaines pratiques d’aujourd’hui n’est absolument pas fortuite!


Un jour, par hasard, notre héros fait la connaissance d’un autre peintre qui est l’opposé de Zeus: Hannibal est modeste, amoureux de la nature... Il crée des oeuvres magnifiques, qui reflètent la beauté du monde, sans tapage médiatique ni provocation. Il est étonnamment doué, mais peu connu, et donc pauvre. Et puis, détail surprenant, il est aveugle - tout en continuant de peindre!

Hannibal se lie d’amitié avec notre héros, sans se douter d’ailleurs qu’il a affaire à la sculpture vivante de Zeus  dont tout le monde parle (évidemment, à cause de sa cécité). Cet artiste si authentique lui explique ce qu’il ressent en créant, il le fait si bien que notre héros découvre la beauté, et la passion pour la vie. Il se met à comprendre l’art du vieux peintre, et à l’aimer. Il se passionne pour les émerveillements que reflètent les oeuvres d’Hannibal; il découvre auprès de lui, et auprès de sa fille, dont il tombe amoureux, un désir de vivre, et de donner... Il n’a plus du tout envie de se supprimer.

Malheureusement, il ne s’appartient plus. Il s’est livré à Zeus dans cet étrange marché; à Zeus et puis à ceux qui l’ont ensuite acheté. Il va même être mis aux enchères publiques, et... acquis par l’Etat... Et donc entreposé dans un musée!

Notre héros essaie alors d’obtenir un statut de fonctionnaire, mais le musée s’y oppose: car pour eux il est un objet, qu’ils ont payé, et c’est tout! On finit par organiser un immense procès dans le but de déterminer son statut: humain ou marchandise? Et, à cause du contrat qu’il a signé en faveur de son créateur, ce sont les arguments du musée qui l’emportent. Il n’est qu’un objet, rien de plus.

La solution viendra finalement de Zeus, grâce à la fille du vieux peintre. Celle-ci découvre que l’artiste mégalomane a commis autrefois un meurtre, bien caché. Sous la pression de la fille d’Hannibal, Zeus déclare que notre héros n’est pas son oeuvre; que c’est une imitation, un faux!

Du coup, le jeune homme est jeté au rebut, avec les ordures du musée. Mais donc il recouvre la liberté, puisqu’il n’appartient plus à personne! Il peut enfin se marier avec la fille du vieux peintre, et se consacrer à faire connaître l’oeuvre de l’aveugle, qui lui a ouvert les yeux.

Hannibal atteindra finalement la célébrité, mais seulement après sa mort. Il sera reconnu comme le plus grand créateur de sa génération, tandis que Zeus va peu à peu tomber dans l’oubli.
 


J’ai été touché par ce roman, qui pour moi pose des questions essentielles. Par exemple:
- qu’est-ce qui fait ma vraie valeur?
- quelle importance a pour moi le regard des autres?
- l’être et le paraître (comme nous y invite aussi la lettre de Jacques)...
- quelles sont pour moi les vraies richesses?
- réussir sa vie, c’est quoi? ...

Cela fait beaucoup d’interrogations, que je vais laisser à votre méditation, pendant le silence, puis le jeu d’orgue qui vont suivre. Beaucoup d’interrogations, auxquelles je joins encore des questions sur l’appartenance: à qui es-tu? (comme on disait quand nous étions petits)... Qui a des droits sur toi?

Ceux qui sont entre les mains de managers, de pygmalions de toutes sortes: les sportifs (avec le problème du dopage); les artistes; les vedettes en herbe; acteurs, chanteurs... pour tous ces gens: où s’arrête le pouvoir des autres sur eux? qu’est-ce qui fait leur véritable richesse? (donc celle qui ne se monnaie pas de façon sonnante et trébuchante).
 



Pour conclure, j’ai envie de vous partager quelques lignes de ce roman, dans les dernières pages:

“Le vieux peintre, Hannibal, nous a quittés dans son sommeil, avec autant de discrétion qu’il en avait mis à vivre. Depuis, sa cote s’est envolée, les amateurs l’ont découvert, les critiques le reconnaissent. (... ) Il s’est éteint presque pauvre, riche de l’estime de quelques-uns, entouré par notre amour et notre confiance. Suis-je pour quelque chose dans sa découverte? Il est présomptueux de le penser. Toujours est-il que j’ai passé des années à écrire des articles sur lui, expliquer les émotions que me donnaient ses toiles, raconter comment il a changé ma vie. (...) Avec lui, avec ma femme, mes enfants, j’ai l’impression d’avoir mon rôle. Des êtres ont besoin de moi, des vivants comme des morts. Qu’ai-je d’irremplaçable? Ça. Mes pensées. Mes soucis. Mes attachements. Mes amours. ...

“J’ai découvert que l’univers est beau, plein, riche, si j’accepte, moi, d’être médiocre, vide, pauvre. Hannibal fut mon père, pas seulement mon beau-père, car il sut, en un instant, me charger du désir de vivre en me donnant le sens de l’émerveillement. ...

“ Jeune, j’ai voulu que la beauté soit en moi, j’ai été malheureux. Maintenant, je sais qu’elle est partout autour de moi, je l’accepte. Et je dis merci.”


Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz



Bénédiction finale:
“Pour Dieu, chacun(e), nous sommes une oeuvre d’art! Ce qu’il a de plus précieux! Du petit enfant, devant qui tous s’extasient, jusqu’à la personne très âgée qui se sent une charge pour les autres; toutes et tous, nous sommes le Trésor du Père, sa beauté majuscule. Allons dans la paix, Dieu nous bénit, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Amen” 


jeudi 15 octobre 2015

(FA, Vu) Oser parler de la mort aux enfants




Oser parler de la mort aux enfants 

(article paru dans "Bonne Nouvelle" d'octobre 2015)


Rosette Poletti : « L’enfant a besoin de réponses simples. »
Rosette Poletti : « L’enfant a besoin de réponses simples. »

Rosette Poletti, infirmière spécialisée dans l’accompagnement en fin de vie, théologienne et psychothérapeute, livre ses conseils pour aborder la mort avec les enfants.


«Attendez que l’enfant vous interroge pour lui parler de la mort. Donnez-lui des réponses claires et simples, conseille Rosette Poletti, infirmière, théologienne et psychothérapeute. Nous projetons nos peurs sur l’enfant. Mais il est bien moins angoissé que nous. Il est surtout curieux. » « Prenez soin de vous. Ne lui cachez pas votre douleur, mais trouvez un lieu extérieur pour l’exprimer. Mieux vous irez, mieux ira votre enfant. » L’enfant accepte plus facilement la mort que les adultes. « Il a l’humilité d’accepter qu’il y a des choses qu’on ignore, comme le mystère de la mort. Sa capacité à l’ici et maintenant lui permet de sortir de sa tristesse par une sollicitation extérieure aussi simple qu’une sortie à la patinoire. » 
On oublie aussi souvent que l’enfant est quotidiennement confronté à la mort. Que dire devant le cliché du petit Aylan Kurdi, réfugié syrien retrouvé noyé sur une plage de Turquie ? « Dites à votre enfant qu’il est tombé du bateau et qu’il s’est noyé. Dites-lui aussi que vous prenez des bateaux plus solides et que vous mettez des gilets de sauvetage. Minimisez sans éviter la réalité. »


Une question d’âge

Avant 2 ans, l’enfant sait que la personne est partie. Il a besoin de sécurité et d’un cadre stable. 
De 3 à 5 ans, il prend conscience que le défunt ne reviendra pas, mais ne comprend pas le « pour toujours ». Il faut donc être attentif à ce qu’on dit. Evitez les phrases : « Il nous a quittés. Il s’est endormi. » « Dites-lui que la personne est morte. Il peut l’intégrer », explique Rosette Poletti. 
Entre 8 ans et 9 ans, l’enfant pose des questions concrètes : « Comment respire-t-il sous terre ? Que va-t-il lui arriver ? » Pourquoi ne pas lui expliquer que son corps est là sous terre, mais que son âme est ailleurs, dans le ciel par exemple auprès de Dieu, esquisse l’infirmière. L’enfant peut demander à voir et même toucher le corps. Préparez-le : « Tu sais, il sera tout froid, parce que le sang ne circule plus. » A ce stade, sa pensée est encore abstraite. 
A partir de 11 ans, l’enfant comprend la mort et son irréversibilité. Il comprend aussi qu’il va mourir. Vient alors la question : « Toi aussi tu vas mourir ? » « Oui. Tout le monde meurt, mais pas tout de suite. » Et d’ajouter que vous ignorez l’après ou qu’on rejoint Dieu et Jésus dans le ciel et qu’il y a là tout ce qu’il faut pour être heureux. « Tout dépend des croyances. Mais il est important de se mettre d’accord sur ce qui sera dit. » 

L’importance des rites 

« Les rites funéraires sont essentiels », insiste Rosette Poletti. L’enfant peut participer au service funèbre, même quelques minutes. L’emmener au cimetière pour y déposer des fleurs ou un dessin peut susciter des questions. « Ce sont autant d’occasions à saisir comme la mort d’un animal de compagnie pour aborder le sujet et accompagner l’enfant. » Pour Rosette Poletti, la peur de l’enfant est l’oubli du défunt. Elle encourage les cérémonies du souvenir. « Se réunir fait du bien. C’est l’occasion de voir que la vie continue et qu’on se souvient de la personne. La relation se transforme, mais ne s’arrête pas, c’est là le but du deuil », conclut-elle. 
// bn


Voir aussi sur ce blog Isaline et les croix - La mort et l'enfant 



  • Un spectacle « Oscar et la dame rose », par la Compagnie de la Marelle. Comment expliquer à un enfant de 10 ans qu’il va mourir ? Oscar est à l’hôpital et personne ne lui dit la vérité sur sa maladie. Seule Mamie Rose lui parle sans détour. Elle lui propose d’écrire à Dieu. Ces lettres décrivent dix jours de la vie d’Oscar qui seront peut-être les derniers. En tournée dans le canton jusqu’en décembre. Toutes les dates sur www.compagnielamarelle.ch 

 

Octobre 2015

jeudi 1            19h      Bienne Maison Saint-Paul
vendredi 2      20h      Daillens Salle villageoise
dimanche 4    17h      Romont Salle Hôtel de Ville
jeudi 8            20h      Plan-les-Ouates Temple
vendredi 9      20h15  F - Ferney-Voltaire Temple
vendredi 16    20h      Couvet Salle de spectacles
samedi 17      17h      Berne Foyer Calvin, Marienstr.8
dimanche 18  17h      Lamboing Salle du Cheval-Blanc
mardi 20         20h     Le Locle Maison de paroisse
mercredi 21    20h     Neuchâtel Temple du Bas
jeudi 22          20h     Saint-Imier Salle Saint-Georges
vendredi 23    20h     Moutier Le Foyer
samedi 24       20h     Tramelan Maison de paroisse
vendredi 30    20h     Genève Temple Servette-Vieusseux
samedi 31      19h30  Bex Temple

 

Novembre 2015

dimanche 1    16h       Puidoux Crêt-Bérard
jeudi 5            19h30   Plagne Centre communal
vendredi 6      20h      Yverdon-les-Bains Maison de paroisse
samedi 7        20h       Vuippens Eglise
dimanche 8    17h30   Onex Temple
mardi 10        20h       Domdidier Aula du Cycle d'orientation
jeudi 12         20h       Saint-Aubin-Sauges Salle de spectacles
vendredi 13   19h30   Motier-Vully Maison de paroisse
samedi 14      17h      Baden Eglise réformée
dimanche 15  17h      Meyrin Centre paroissial oecuménique
mercredi 18    20h15 Carrouge /VD Grande salle
jeudi 19          20h     Crissier Salle de spectacles de Chisaz
vendredi 20    20h     Saint-Georges Salle communale
samedi 21       20h     Nyon Salle de La Colombière
dimanche 22   17h     Gland Salle communale
mercredi 25    20h     Peseux Temple
jeudi 26          19h     Lausanne Espace Culturel des Terreaux
vendredi 27    20h     Vevey Centre paroissial Sainte-Claire
samedi 28      17h      Lausanne Espace Culturel des Terreaux

 

Décembre 2015

mercredi 2     20h   Montreux Eglise Saint-Vincent
vendredi 4     20h   Vallorbe Temple
samedi 5        20h   Saint-Prex Salle de la Paix
dimanche 6    17h   Sainte-Croix Salle communale
jeudi 10          20h   Villeneuve Théâtre de l'Odéon
vendredi 11    20h   Villeneuve Théâtre de l'Odéon

 

Janvier 2016

mercredi 20   20h30   Moudon Théâtre de la Corde

 

Février 2016

mercredi 17   20h30   Payerne Théâtre Le Beaulieu

 

Mars 2016

lundi 7   20h    Morges Théâtre du Casino

 

Avril 2016 – France et Pays d’outre-mer

jeudi 14        20h       Erstein Cinéma Amitié
vendredi 15  20h       Saint-Louis Eglise Saint-Pierre, Neuweg
samedi 16     19h30   Dornach Temple
dimanche 17 17h       Aspach près d'Altkirch Salle polyvalente
lundi 18         20h15  Mutzenheim Ried Brun, Salle spectacles
mardi 19        20h      Hunspach Salle socioculturelle
mercredi 20   20h      Haguenau Foyer Capito
vendredi 22   00h      La Réunion Festival Komidi

 

Mai 2016

jeudi 26        20h      Cully Salle Davel
vendredi 27  20h30  Grenoble Centre oecuménique Saint-Marc

 

Juin 2016

jeudi 2         20h15   Wasselonne Espace Saint-Laurent
vendredi 3   20h15    Brumath Maison des Oeuvres
 

(Im) Quelques photos de ma fenêtre, mardi 13 octobre








(Hu) Prière homo...




mercredi 7 octobre 2015

(Ci) honnête ou escroc?

"Face au questionnement sur l’existence de Dieu, se présentent trois types d’individus honnêtes,
le croyant qui dit «Je ne sais pas mais je crois que oui»,
l’athée qui dit «Je ne sais pas mais je crois que non»,
l’indifférent qui dit «Je ne sais pas et je m’en moque.»
L’escroquerie commence avec celui qui clame «Je sais !».



La nuit de feu - Eric-Emmanuel Schmitt

dimanche 4 octobre 2015

(Pr, Hu) Dieu de grand-père, Dieu de grand-mère (de Gorki à R. Devos) - prédication du 4 octobre 2015

Lecture:  Esaïe 65, 1-2 


Monsieur le pasteur est très fier de sa treille, qui donne de magnifiques raisins. Mais, alors qu’il va bientôt pouvoir les cueillir, un matin, il voit qu’on lui en a volé la moitié! Furieux, il appose un gros panneau à côté de sa vigne, où il écrit: “Dieu voit tout”. Mais le lendemain, toutes les grappes restantes ont disparu. Et une main anonyme a ajouté, en-dessous de “Dieu voit tout”: “Mais il ne dénonce pas!” ...



Deux images de Dieu, bien différentes: celui qui épie les fautes; et celui qui pardonne. Lequel est ton Dieu, à toi?

Cette question va nous accompagner au long de ce culte, ce matin. Mais aussi tout au long de cet hiver de catéchisme. Quel est ton Dieu?

Le célèbre écrivain russe Maxime Gorki, né en 1868, a déjà longuement médité sur cette question. Dans son livre “Ma vie d’enfant”, il raconte l’histoire de sa relation avec Dieu. Maxime Gorki était un ami de Lénine, mais il est toujours resté adepte d’une foi chrétienne paisible et joyeuse. Ecoutez ce qu’il écrit:

“Je compris très vite que le Dieu de grand-père n’était pas le même que celui de grand-mère. Impossible de s’y tromper, la différence était flagrante.

Le matin, quand grand-mère se réveillait, elle priait sans se préparer spécialement; et presque chaque jour elle trouvait de nouveaux termes de louange. Son enthousiasme me donnait envie de l’écouter.

Le Dieu de grand-mère était toute la journée avec elle: même aux animaux, elle parlait de lui. Je sentais que les gens, les chiens, les oiseaux, les abeilles, les plantes, tout obéissait sans effort à ce seigneur qui était bon de la même manière pour chacune de ses créatures.

Grand-père, lui, m’enseignait que Dieu est un être tout-puissant, omniprésent, toujours prêt à venir en aide aux hommes, certes; mais grand-père ne priait pas comme sa femme.

Le matin, avant de réciter ses oraisons, il se lavait soigneusement; s’habillait comme s’il allait passer un examen; se peignait méticuleusement...

Il priait debout, la tête rejetée en arrière, les sourcils haussés, la barbe à l’horizontale. Il récitait ses prières comme s’il répondait à un professeur. Par coeur. Sa voix était nette et impérieuse.

Un jour, grand-mère, en plaisantant, lui dit:

- Ta prière doit ennuyer Dieu, tu lui répètes toujours la même chose...

Le visage de grand-père devint rouge de colère. Il se mit à trembler, puis il lança une assiette à la tête de sa femme:

- Va-t’en, vieille sorcière!

Quand il me parlait de la force invincible de Dieu, il en soulignait la cruauté avant toute autre chose. J’avais de la peine à croire que Dieu soit cruel...

À l’église, je pouvais distinguer à quel Dieu j’avais affaire: tout ce que le prêtre et le diacre récitaient s’adressait au Dieu de grand-père, tandis que la musique et les chants célébraient celui de grand-mère.

Le seigneur de grand-père m’inspirait de la peur et même de la haine. Il n’aimait personne. J’avais le sentiment très net qu’il ne croyait pas en l’homme.

À cette époque, la pensée de Dieu composait la principale nourriture de mon âme. C’était ce que j’avais de plus beau dans ma vie. Dieu était ce qu’il y avait de plus lumineux, de meilleur, l’ami de la création.”


 

Voilà. J’aime bien ces lignes de Maxime Gorki. Et je partage ses sentiments. Beaucoup de mes contemporains adorent un Dieu qui n’a pas grand-chose de commun avec celui que j’aime, et que j’ai envie de vous faire découvrir, vous les catéchumènes de 7 à 177 ans!

Cet été, pendant mes vacances, je suis entré dans une vieille église. Dehors, grand soleil. Mais à l’intérieur, c’était très sombre. Je distinguais à peine les bancs. Pourtant, peu à peu, mon oeil s’est accommodé. Je distingue de mieux en mieux les formes; les sculptures, les piliers, les voûtes... De très belles choses m’apparaissent, alors que deux minutes avant j’étais incapable de les voir.

Une seule chose pourtant a changé depuis que je suis entré. Et ce n’est pas l’église, c’est seulement mon regard.

De même, souvent la vie m’apparaît comme toute sombre et je n’y distingue rien de beau. Et si c’était mon regard qui ne me permet pas de discerner la beauté et le bonheur?

Je me dis parfois que le monde est plein de gens heureux qui ne voient pas qu’ils sont heureux. Or Dieu non plus, nous ne savons pas le voir. Nous pensons que c’est tout noir, là aussi!

La vérité ne crève pas les yeux. C’est plutôt nos yeux qui ont à peu à peu crever les choses qui nous cachent la beauté, et la vérité.

Voilà le catéchisme qu’il nous reste à entreprendre. Toutes et tous, non?

Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz





Après la prédication:
Merci à Maxime Gorki, mais aussi à Philippe Zeissig, à qui j’ai emprunté des fragments de ma prédication. Et encore, merci à l’immense humoriste Raymond Devos, à qui j’emprunte deux sketches que j’aime beaucoup. Je les lui emprunte, mais promis: je les rendrai!


J’ai lu quelque part :
 « Dieu existe, je l’ai rencontré ! »


Ça alors ! Ça m’étonne !
 
Que Dieu existe, la question ne se pose pas !

Mais que quelqu’un l’ai rencontré
 
avant moi, voilà qui me surprend !

Parce que j’ai eu le privilège


de rencontrer Dieu juste à un moment
 où je doutais de Lui !
Dans un petit village de Lozère


abandonné des hommes, il n’y avait plus personne.

En passant devant la vieille église,


poussé par je ne sais quel instinct, 
je suis entré...
Et là, j’ai été ébloui, par une lumière


intense... insoutenable !

C’était Dieu... 
Dieu en personne, 

Dieu qui priait !

Je me suis dit : Mais qui prie-t-il ?


Il ne se prie pas lui-même ?

Pas lui ? Pas Dieu ?

Et non ! Il priait l’homme !

Il me priait, moi !

Il doutait de moi

Comme j’avais douté de lui !

Il disait : -O homme !


si tu existes, donne-moi un signe de toi !

J’ai fait : Mon Dieu je suis là !
Il a dit : Oh, miracle !


Une apparition humaine !

Je lui ai dit : Mais, mon Dieu...

Mais comment peux-tu douter

de l’existence de l’homme,

puisque c’est toi qui l’a créé ?
Il m’a fait : Oui... Mais il y a si longtemps


que je n’en ai pas vu dans cette église...

je me demandais si ce n’était pas une vue de l’esprit !
Je lui ai dit : Te voilà rassuré, mon Dieu !


Il m’a fait : Oui !

Oui, je vais pouvoir aller leur dire là-haut : 

« L’homme existe, je l’ai rencontré ! »

Raymond Devos



 

Envoi en caté:
(on ne peut pas "rater" le caté. Mais on peut rater sa vie...

Pour la relation avec Dieu: nous sommes toujours insuffisants, mais toujours, c'est Dieu qui rachète nos "loupés" pour nous rendre dignes d'être les plus aimés du monde!)

Je me suis fait tout seul

Mesdames et messieurs, je dois vous dire tout d'abord


que je me suis fait tout seul et ...

et que je me suis raté.

Je me suis raté, quoi !

J'ai d'autant plus de mérite à l'avouer que ça ne se voit pas tellement !


- Encore que personne ne m'ait jamais dit:

"Vous vous êtes réussi !" -

En réalité, je me suis fait plus moche que je ne suis !

Tout au début, tandis que je me faisais, je voyais bien que je ne me faisais pas bien.

Mais comme à chaque fois que je disais que je me faisais mal, les gens disaient : "C'est bien fait !",

... J'ai continué à me faire mal en croyant bien faire.

Et puis, quand j'ai vu la tournure que je me prenais... j'ai tout arrêté.


Et je me suis laissé dans l'état où vous me voyez !

Alors, on a dit :

"Non seulement il est raté, mais en plus, il n'est pas fini!
"
Eh, bien, j'aime mieux ça !

J'aime mieux ne pas être fini !

Un homme fini, il est fini !

On a beau me dire : "Il est réussi !"

Je réponds : "Oui ! Mais il est fini !"

Au fond, je préfère être inachevé, comme une symphonie !

Il y a de belles symphonies inachevées.

- Encore que une personne ne m'ait jamais dit :

"Vous êtes une belle symphonie inachevée ! ". -

L'avantage, quand on s'est raté, c'est qu'ensuite, on peut tout rater impunément, personne ne vous en fait grief !


On se sent sûr de soi, on est serein !

Exemple :


A l'école, le jour des examens, tous mes camarades avaient peur de ne pas réussir !

Moi, je n'avais pas peur !

Ils se présentaient, tout tremblants, à l'examen.

Moi, j'étais confiant !

J'étais sûr de rater !

Et: ça ne ratait pas; l'examen, je le ratais haut la main !

(J'ai toujours réussi à rater tous mes examens.)

Je ne sais pas comment vous expliquer.

Pour un raté ... (eh bien) rater, c'est estimer avoir réussi là où les autres considèrent qu'ils ont raté !

Exemple :


chaque fois que je fais un pas en avant et que je le rate,
(eh bien) j'ai la sensation de progresser !


- Encore que personne ne m'ait jamais dit :

"Sur le plan raté, vous avez fait des progrès !" -
Et pourtant, j'en ai fait !

Je rate mieux qu'avant !

Avant, je ratais une fois sur deux !

Maintenant, je rate à tous les coups !

Finalement,


il n'y a qu'une chose que je sache bien faire :

c'est rater !

Si bien que, si c'était à refaire, s'il fallait que je me refasse, je me raterais de la même façon !

Parce que, dans le fond:
On ne se refait pas !

Raymond Devos