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mercredi 25 mai 2016

(Bi, Hu) Le seul défaut

"Quand Dieu créa la femme, il en était déjà à son sixième jour de travail...

Un ange apparut et lui demanda :
- "Pourquoi y mets tu autant de temps ?"


Et le seigneur répondit :
- "Tu as vu mon projet pour elle ? Elle doit être :

- complètement lavable, sans être en plastique
- avoir plus de 200 parties amovibles remplaçables
- pouvoir fonctionner avec un régime quelconque
- avoir un giron qui puisse accueillir 4 enfants en même temps
- avoir un baiser qui puisse soigner aussi bien une genou écorché qu'un coeur brisé
et elle fera le tout avec seulement deux mains."

L'ange s'émerveilla des qualités : "Seulement deux mains, impossible ! Et c'est seulement le modèle de base ? C'est trop de travail pour un jour... Attends demain pour la terminer"

Le seigneur protesta : "Je ne le ferai pas. Je suis si prêt de terminer cette création que j'y mets tout mon coeur. Elle se soigne toute seule quand elle est malade et elle peut travailler 18 heures par jour".

L'ange se rapprocha davantage et toucha la femme : "Cependant, tu l'as faite si délicate, Seigneur !"

"Elle est délicate", répondit Dieu, "mais je l'ai faite robuste aussi. Tu n'as pas idée de ce qu'elle est capable de supporter ou d'obtenir."

L'ange demanda :"Est-ce qu'elle sera capable de penser ?"

Dieu lui répondit : "Non seulement elle sera capable de penser, mais aussi de discuter et d'exécuter".

L'ange remarqua alors quelque chose et en allongeant la main, il toucha la joue de la femme:
"Seigneur, il semble que cette femme ait une fuite." "C'est une larme, ...corrigea le Seigneur.
"A quoi servent les larmes ?" demanda l'ange.
Et le Seigneur dit : "Les larmes sont sa manière d'exprimer sa joie, sa peine, sa désillusion, son amour, sa solitude, sa souffrance et son orgueil."
Ceci impressionna beaucoup l'ange : "Tu es un génie, Seigneur. Tu as pensé à tout. La femme est vraiment merveilleuse."

Eh oui ! Les femmes ont des énergies qui étonnent les hommes.Elles affrontent les difficultés, règlent les problèmes graves, cependant elles ont bonheur, amour et joie. Elles sourient quand elles voudraient pleurer, elles pleurent quand elles sont heureuses et elles rient quand elles sont nerveuses. Elles luttent pour ce en quoi elles croient. Elles se rebellent contre l'injustice. Elles n'acceptent pas un "non" pour réponse quand elles croient qu'il y a une meilleure solution. Elles se privent pour tenir la famille debout. Elles vont chez le médecin avec une amie craintive. Elles aiment inconditionnellement. Elles pleurent quand leurs enfants ont du succès et elles se réjouissent pour les chances de leurs amis. Elles sont heureuses quand elles entendent parler de baptème ou d'un mariage. Leur coeur se brise quand une amie meurt. Elles souffrent pour la perte d'une personne chère. Sans doute, elles sont fortes quand elles pensent ne plus avoir d'énergie. Elles savent qu'un baiser et une ambrassade peuvent aider à soigner un coeur brisé.

Il n'y a pas de doute, dans la femme, il y a un défaut :
C'est qu'elle oublie
combien elle vaut.

(auteur inconnu)

dimanche 22 mai 2016

(Pr) “Prophète de bonheur, tu te plantes” à propos d'Ezékiel.

Prédication du 22 mai: Ezekiel, vrai ou faux prophète? 

Lectures: Ezékiel 12, 21-24; Ezékiel 13, 1-
3 + 10-12; 2 Pierre 3, 8-9


Le passage d’Ezekiel que nous lisons aujourd’hui n’est pas spécialement “sexy”! Ce sont des versets qu’on aborde peu, ou qu’on lit en croix, en se disant qu’ils ne nous concernent pas.

Pour les comprendre, il faut déjà connaître les évènements de l’époque. Je commence donc par rappeler ce que dit l’Ancien Testament au sujet du peuple de Dieu.

Au 8ème siècle avant J-C, le royaume d’Israël a bien changé. Après un temps de croissance et d’apogée, sous les règnes de David et Salomon il y a eu des conflits internes, et tout a régressé. Le pays s’est séparé en deux parties: le royaume du Nord (capitale: Samarie), et le royaume de Juda, au sud (capitale: Jérusalem). Il s’est affaibli.

Au contraire, l’un des grands rivaux locaux s’est fortement développé; il s’agit du royaume d’Assyrie (donc l’actuel Iraq). C’est devenu une grande puissance. Les Assyriens rêvent de conquête. Ils partent en guerre pour étendre leur territoire; s’emparent de la Mésopotamie, de Babylone, et de ce qui est aujourd’hui la Syrie et le Liban.
  

 
En 722, l’armée assyrienne envahit Israël, le royaume du Nord. Samarie tombe, la ville est pillée, les élites sont emmenées en exil. C’est la fin de cet Etat.

Vous imaginez que Jérusalem doit trembler! Le royaume de Juda sait qu’il sera la prochaine victime, et que la déroute est imminente. Il est un nain face au géant!

Jérusalem négocie donc, et se soumet à une espèce de vassalité: le royaume du Sud conserve une certaine indépendance, en échange évidemment de redevances et d’impôts.

Et ça marche, parce que l’Assyrie est victime de soulèvements dans plusieurs provinces, là-bas, spécialement à Babylone. Cette conjoncture permet à Juda de jouir d’une paix relative pendant une centaine d’années.
   


Et puis, le bruit des bottes se fait à nouveau entendre. Car Babylone, qui a vaincu l’Assyrie, reprend son flambeau de grande puissance et d’envahisseur! Jérusalem se retrouve vassale de la grande cité des bords de l’Euphrate, tout comme l’Egypte, par exemple.

Mais, en 602 avant J-C, voilà que le royaume de Juda se soulève contre Babylone, croyant en la force de ses armées - et, peut-être, au pouvoir de son Dieu? Hélas, l’histoire de David et Goliath ne se renouvelle pas: le géant écrase la dernière moitié d’Israël. En 597, les Juifs se rendent. Les élites sont déportées à Babylone. Et, parmi ces déportés, un prêtre du Temple de Jérusalem nommé Ezékiel.

C’est donc ici que nous retrouvons les passages que nous avons entendus tout-à-l’heure. Ezékiel, prêtre (donc sacrificateur) est en quelque sorte réduit au chômage, puisque, loin du Temple, aucun sacrifice ne peut être célébré. Il se recycle donc et devient prophète, i. e. porte-parole de Dieu; proclamateur des mises en garde et des promesses de l’Eternel!
   
 
Pendant ce temps, à Jérusalem, la vie ne s’est pas arrêtée. Seules les élites ont été déportées. Et les autres, petits paysans, artisans ou commerçants, continuent de vivre - et de payer leurs impôts à Babylone.

Mais ils espèrent. Ils prient en secret, ils rêvent, ils croient... Ils attendent le moment où Dieu interviendra pour les délivrer; pour chasser l’envahisseur et rétablir Israël dans la prospérité et la liberté!

Plusieurs prophètes, il est vrai, jouent les rabat-joie. Comme Ezékiel, ils annoncent que les épreuves ne sont pas finies, que le pire n’est pas encore arrivé. Les catastrophes ne sont pas derrière nous, mais devant!

Meuais non, disent beaucoup d’autres prophètes. Pas du tout!  C’est fini! Dieu va intervenir, il va nous secourir; on a mangé notre pain noir, les gars!

Alors le peuple, vous imaginez, ils préfèrent quand même nettement ce deuxième discours. Entre les prophètes de malheur et ceux qui annoncent le bonheur, le choix est vite fait!
  
 
Dieu dit: “Ezékiel, dis-moi, pourquoi autour de toi (à Babylone, donc, en exil) pourquoi les Juifs s’intéressent-ils à ce dicton, à cette redite que répètent les gens, là-bas, à Jérusalem? Ils disent: “Le temps passe, et les prophéties ne se réalisent pas”. Ça veut dire: “Vous pouvez causer, vous les prophètes de malheur, mais vos prédictions restent des paroles en l’air. Du vent, quoi!” - Eh bien non! Ce n’est pas du vent! Ça va arriver tout soudain, ces évènements”.

Voilà le message de Dieu que transmet Ezékiel. Le Seigneur a patienté quelques années, mais c’est fini: la déroute est imminente.

Et de fait, cette année-là, le nouveau roi de Jérusalem, Sédécias, se révolte contre Babylone. Confiant sans doute dans les belles paroles des prophètes qui annoncent que Dieu va résoudre tous les problèmes. Seconde rébellion, et, ça ne rate pas, seconde défaite. En 587, c’est vraiment la fin. Le vainqueur frappe encore plus fort. Les principaux édifices de Jérusalem sont rasés, le Temple lui-même est détruit, la belle cité est presque rayée de la carte. Cette fois, c’est vraiment l’horreur.   Fin de l’épisode.

   

Or donc: en quoi ces évènements d’il y a quelque 2600 ans nous concernent-ils, nous Vaudois de 2016?

Pour moi, ils m’entraînent vers trois pistes de réflexion.

(1°) D’abord, ils me parlent de la peine que nous avons (je dirai même une peine du diable, en pesant mes mots!), la peine que nous avons à ne pas prendre nos désirs pour des réalités. Les faux prophètes aujourd’hui ne manquent pas, qui lissent dans le sens du poil, qui murmurent ce que chacun souhaite entendre, qui effacent les difficultés.

Dans le domaine de la foi, cela donne facilement des sectes, soumises à des gourous beaux parleurs. Ou bien ces théories gentillettes qui nous chantent que tous les problèmes vont se résoudre grâce à leurs techniques de relaxation ou de méditation. Ben tiens, c’est normal, que toutes les difficultés s’effacent, quand on les oublie, quand on se saoule de belles paroles. Mais on a beau oublier la réalité, elle est toujours là...

Ne pas prendre nos désirs pour des réalités, cela signifie aussi lire la Bible avec le moins de préjugés possible, en essayant de la comprendre pour aujourd’hui, avec les yeux neufs d’un(e) croyant(e) riche de tout l’héritage du passé, mais aussi tâchant d’y trouver des pistes nouvelles faces aux défis de 2016, qui ne sont plus ceux d’hier. En cette année où nous nous préparons à commémorer les 500 ans de la Réforme, il me semble spécialement indiqué de rouvrir régulièrement les pages de notre livre saint, et d’y puiser des trésors nouveaux de foi, d’espérance et d’amour, qui permettent d’accéder à un vrai bonheur..
   


(2°) En second lieu, les débats d’Ezékiel avec ses faux prophètes me font réfléchir à ceci: comment prenons-nous au sérieux les paroles de Dieu? Est-ce qu’elles sont là juste pour faire joli, dans quelques grands évènements (baptêmes, mariages...), comme des ballons multicolores dans une fête? Est-ce que notre foi, notre écoute de Dieu, c’est pour nous évader des difficultés de la vie, ou bien au contraire pour mieux les affronter, ces difficultés?

Notre culte est-il une jolie rengaine qui revient, toujours la même, ou une manière de laisser Dieu empoigner avec nous notre quotidien, chaque fois un peu différent, pour le transformer à la lumière de ses promesses?

Souvent, dans les compte-rendus de manifestations (je pense par exemple à des réceptions de personnalités politiques), on résume dans les journaux le contenu de chaque discours, sauf celui du pasteur ou du prêtre. Comme s’il n’était là que pour le décor; de toute façon, ça sonne creux, ça ne se réalise pas. Alors oui, comment porter l’évangile de manière percutante, aujourd’hui, pour qu’il soit pris au sérieux?
  
 
(3°) En dernier lieu, ces aventures d’Ezékiel évoquent pour moi la portée, l’actualité des évènements de l’évangile: que ce soit Noël ou Pâques, Vendredi-Saint ou Pentecôte, est-ce que nous n’avons pas trop tendance à penser que c’est du passé; que c’est loin de nous, tout ça?

Les contemporains d’Ezékiel se disaient “Il ne prêche pas pour aujourd’hui, ses prédictions concernent un temps éloigné, ça ne va pas se réaliser de sitôt”.

Ne ferions-nous pas pile l’erreur inverse? À savoir qu’au lieu de penser “Ce n’est pas pour aujourd’hui, mais c’est pour après-demain”, nous nous disons, nous: “C’est pas pour aujourd’hui, mais c’est pour avant-hier”! Ce qui en fin de compte revient exactement au même: à cantonner la parole de Dieu, et ses promesses (surtout ses promesses!) dans un temps qui n’est pas le nôtre, qui est bien séparé du nôtre, eh bien on lui coupe les ailes, on lui enlève tout impact.

Les faux prophètes, écrit Ezékiel, sont en train de recrépir un mur sans voir que ce mur commence à s’écrouler. Chers amis, quels sont nos murs pourris, aujourd’hui? N’y aurait-il pas à méditer, ensemble, sur les défis de notre temps, pour que la foi chrétienne se transmette encore, et mieux si possible, aux générations à venir?
    

Finalement, est-ce qu’Ezékiel ne nous appelle pas à considérer avec plus de sérieux les exigences de Dieu face à nos fausses sécurités, nos valeurs matérielles, nos conforts égoïstes, si souvent éloignés de la volonté de Dieu? Ne nous encourage-t-il pas à nous laisser bousculer par le Saint-Esprit pour que nos rêves, nos attentes soient un petit peu moins les nôtres (rien qu’à nous), et un petit peu plus ceux du Christ?

Merci d’y réfléchir! Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz 



dimanche 15 mai 2016

(Pr) Allez les uns vers les autres (les parrainages)

Prédication du 15 mai, Pentecôte: la solidarité et les parrainages


Lectures: Actes des Apôtres 2, 1-8; Psaume 100, 1-5; 1 Corinthiens 12, 4-13


L’histoire que voici est authentique, hélas! Elle s’est passée aux Etats-Unis, en Alabama, dans une église réservée aux Blancs (les Noirs ont leur chapelle un peu plus loin). J’avais 20 ans. Un Blanc entre, et voit une femme, noire, agenouillée sur le sol. “Qu’est-ce que vous faites ici?”, lui demande-t-il, furax. “Eh bien, je nettoie le plancher”, répond la femme. “Ah, bon. Faites. Mais... gare à vous si vous en profitez pour prier”!!
   

L’histoire est abominable. Sauf si nous essayons de la vivre à l’envers, aujourd’hui, les uns avec les autres. Différents, mais soeurs et frères. Avec nos diversités, de langues, de pays, de culture, de races... autour de Dieu: et si, justement, nous en profitions pour prier? Ensemble?

En effet: depuis que le Saint-Esprit a été versé à Pentecôte, les êtres humains ne sont plus de “simples” bénéficiaires des promesses du Ciel. Nous sommes appelés à nous mettre en route les uns vers les autres; à nous parler de Dieu, de l’évangile, de confiance et d’espoir!

Non pas vivre des rites immobiles. Ni réciter son catéchisme comme une leçon d’histoire. Mais nous parler, du fond du coeur, du fond de notre vie, nous parler les langues de Dieu, les langues de feu de la Passion.

Non pas donc en termes compliqués ou en phrases savantes. Mais en langue de tous les jours, en mots d’ici, tout simples, tout vrais; qui permettent à chacun de comprendre les mystères de Dieu dans la langue de ses parents, comme le dit le livre des Actes. Parler aussi avec chaleur, enthousiasme et respect. En langues vivantes d’amour.
   


Pentecôte est un temps pour aller les uns vers les autres. Temps du printemps, en route vers l’été, temps du soleil qui invite à sortir. À partir. Temps de la communication. De la communion.

Une image: Jésus a traversé notre temps comme un météore. Ou, si vous voulez, comme un caillou lancé dans un lac. Plouf! La pierre a disparu. Elle est devenue invisible, mais il reste une trace de son passage: il reste les cercles, concentriques, qui entourent le point où le caillou a traversé la surface.

Vous le savez, ces cercles se déplacent. Ils grandissent! Ils ont toujours le même centre, mais ils vont porter de plus en plus loin le mouvement de l’eau, animée par mon projectile. Ce n’est plus la pierre qui fait bouger le lac, c’est l’eau elle-même qui transmet à l’eau, plus loin, le mouvement qu’elle a reçu.
   


C’est cela, le Saint-Esprit: la force qui nous donne le mouvement que le météore Jésus-Christ a provoqué, il y a quelque 2000 ans. La force qui nous permet de nous transmettre, les uns aux autres, la dynamique qui grandit, qui va toujours plus loin, tout en gardant le même centre: le centre, c’est le Crucifié ressuscité au temps de Ponce Pilate! Le Saint-Esprit, c’est la force, donc, qui nous unit les uns aux autres, malgré nos différences.

Le temps de Pentecôte est un temps pour nous parler de l’amour de Dieu. Le temps du téléphone, de la lettre, de la visite... de la prière partagée, à haute voix ou sur un bout de papier comme celui que vous avez reçu en entrant dans cette église. Le temps d’un courant qui passe d’un point à un autre, d’une personne à une seconde personne...

Savez-vous, amateurs de paraboles, que le courant électrique circule toujours entre deux pôles différents? D’un pôle positif à un pôle positif, le courant ne passe pas. De même pour le vent: il faut des différences de pressions, ou de températures, sinon c’est le calme plat. De même encore pour les ruisseaux, les rivières: il faut une différence d’altitude pour que l’eau coule!

De même, toujours, le courant de Pentecôte circule entre des humains différents, multiples et parfois complémentaires! Il nous rend capables de communiquer, malgré nos diversités, de nous comprendre, à l’image des croyants du livre des Actes; Il nous permet de nous rejoindre, de nous aimer. Comme Dieu l’a fait pour nous, en premier!
  
 
Pentecôte est un temps où l’on prend conscience de nos différences. Mais pas pour essayer de les effacer ou de les nier, donc: au contraire, pour que nous en discernions les richesses; pour nous appuyer sur elles afin de faire circuler le contact, le courant de l’Esprit de Dieu.

Pentecôte est un temps pour ceux qui sont autres, qui sont étranges, ou étrangers. Pour ceux qui m’apportent un regard neuf sur tel aspect de ma vie. Pour ceux qui utilisent d’autres mots, ou ceux qui disent autre chose avec les miens. Pour ceux qui me permettront d’évoluer. De grandir.

Pentecôte est le temps de la rencontre. De l’unité dans la diversité: c’est Dieu qui parle toutes les langues des hommes, il se met à leur portée.

Pentecôte est le temps de l’Eglise: “ré-union”, “comme-union” des hommes, des femmes, des enfants de toutes langues, de toutes races, de toutes sensibilités.  Le temps du corps du Christ, formé d’oreilles, de bouches, de mains; de cerveaux, de coeurs, de tripes, et même d’autres parties moins glorieuses, et pourtant nécessaires. Qui toutes vivent parce qu’elles sont reliées par le même sang.
   
Alors, mes frères et mes soeurs, mes amis: laissons-nous porter un peu plus loin par ce souffle de Dieu. Dans ce temps de Pentecôte, allons vers les autres. Et si possible vers les autres autres, les différents, les étranges ou étrangers.

Pour nous parler, nous écouter, nous découvrir mutuellement. Et, dans ce dialogue, faire fleurir la présence du Christ, sa tendresse infinie pour chacun(e).

Du plus petit jusqu’au plus grand, du plus noir jusqu’au plus blanc, du meilleur au plus méchant, j’ai envie de paraphraser une belle chanson de Michel Bühler:

“Prenons le temps de nous parler, 
D’essayer de sourire et de nous écouter,
De nous comprendre et nous aider, 

Ensemble nous pourrons croire à l’éternité.
Prenons le temps de nous parler,
Prenons le temps de nous aimer”.


Bon vent! Que ta liberté te rende heureux! Amen                                          

Jean-Jacques Corbaz 



dimanche 8 mai 2016

(Po) Pour la fête des mères... et des pères... et de Dieu!


   
   
       Chant des enfants pour la fête des mères (et des pères, et de Dieu…)

(sur la mélodie de « Simplement au bord de l’eau »)

Aujourd’hui, Maman, je voudrais
Chanter un poème :
Merci pour tout ce que tu fais,
Ma Maman je t’aime.
Tu donnes ce dont j’ai besoin
Pour grandir et pour vivre bien.
Aujourd’hui, Maman, je voudrais
Te dire « je t’aime ».

Aujourd’hui, Papa, je voudrais
Chanter un poème :
Merci pour tout ce que tu fais,
Mon Papa je t’aime.
Tu donnes ce dont j’ai besoin
Pour grandir et pour vivre bien.
Aujourd’hui, Papa, je voudrais
Te dire « je t’aime ».

Aujourd’hui, Seigneur, je voudrais
Chanter un poème :
Merci pour tout ce que tu fais,
Seigneur Dieu je t’aime.
Tu donnes ce dont j’ai besoin
Pour grandir et pour vivre bien.
Aujourd’hui, Seigneur, je voudrais
Te dire « je t’aime ». 


                        Jean-Jacques Corbaz 


dimanche 1 mai 2016

(Pr) “Elie, Jésus et le téléphérique”

Prédication du 1er mai

Lectures: 1 Rois 19, 9-13; Jean 13, 3-9


Chers amis, chers catéchumènes, c'est bien pratique, le téléphérique! ça vous emmène sans effort à 3000 m. d'altitude, jusqu'à un endroit où la vue est à couper le souffle. Pas besoin de peiner pendant des heures, grimper des sentiers raides, pierreux, malaisés...


C'est beau, la technique!
   

Mais l’ennui, c'est que nous nous habituons à ce genre de facilité. Nos vies sont truffées de combines pour économiser des efforts. Alors, nous finissons par trouver normal de toujours disposer de solutions rapides et faciles. Nous aimerions une vie pleine de téléphériques, et dans tous les domaines.
  
Par exemple, pour croire en Dieu. On veut bien la foi, mais à condition qu'on nous emmène, vite fait, jusqu'au sommet, là où tout nous sera révélé d'un coup! On attend du pasteur qu'il soit pour nous un téléphérique de la religion, capable de nous déposer en trois phrases sur les hauteurs, où il n'y aurait plus de questions!

Comme disait avec un humour involontaire ce curé pour indiquer le chemin de son centre paroissial: "On peut arriver directement au Christ-Sauveur par un raccourci depuis la gare"...

Hélas (comme disent les Grecs quand ils sont dans la mélasse)! Hélas. Pour vivre une relation avec Dieu qui nous soit réellement bienfaisante... pour en recevoir liberté et paix... eh bien, c'est une construction de longue haleine! C'est un apprentissage qui demande du temps.

Il y a quelques mois, l’une de vous, âgée de plus de 30 ans, m’a demandé d’être baptisée. Je ne lui ai pas répondu: “Bon, ce sera pour la semaine prochaine”! Je lui ai proposé un parcours de deux ans, plusieurs heures par mois, pour commencer à explorer les dimensions de la foi au Christ. Pour commencer!

Chers catéchumènes de 7è et 8è, cinq ans de caté, mais ça n'en finit pas, devez-vous penser parfois. Et voilà qu'aujourd'hui, je viens vous dire que ça ne suffit pas! Certes, ces tranches de votre adolescence vous permettent de découvrir plusieurs sentiers de montagne intéressants -pour rester dans notre image-; certains parmi vous commencent à voir quelques paysages superbes; mais, pour l'ivresse des sommets et le panorama complet, hem, il y a encore de belles parois à gravir!

Cet apprentissage demande du temps, et il s’agit aussi d’être aidé. Eh bien, l’Eglise (la communauté chrétienne), ça sert à ça! L’Eglise, c’est un groupe de personnes qui cherchent, et qui s’entraident pour progresser dans la découverte de Dieu. Qui s’encouragent et se donnent des tuyaux les uns aux autres.
    


Trop souvent encore, nous cherchons Dieu là où il n'est pas. Comme dans l'histoire du prophète Elie, que nous venons d'entendre. Nous imaginons que Dieu se trouve dans le fracas de la tempête... ou dans le tremblement de terre... ou dans le feu... Mais non: il se tient dans un souffle, un souffle si faible, si ténu que souvent, on ne le perçoit même pas.

Vous aussi, sans doute, chers catéchumènes. Quand vous étiez enfants, vous cherchiez Dieu dans les histoires dorées de Noël... dans les anges à plumes... dans une prière magique... dans les miracles ou les contes extraordinaires... Dans les images donc que la Bible emploie pour nous parler des infinies subtilités de la vie spirituelle; et des enthousiasmes qu’elle peut susciter. Peut-être aussi cherchiez-vous Dieu dans une morale; une obéissance; une Loi, comme les croyants de l'Ancien Testament.

Aujourd'hui, vous avez grandi, et c'est réjouissant! Je vous souhaite de continuer à chercher, du côté d'une amitié solidaire davantage que d'une baguette magique. Chercher du côté d'une lumière, d'un sens à la vie, d'un courage, davantage que d'une rigidité qui interdit, qui tranche ou excommunie. Le Dieu en qui je crois, il n'exclut jamais, son amour est plus grand que toute loi!
   


Serez-vous capables, comme Elie, de le reconnaître dans le souffle fragile d'une amitié infiniment discrète (plus discrète que ça, tu meurs)? En fait, écoutez: Dieu n'est pas ailleurs que là où vous êtes! Pas besoin de parcourir le ciel! Mieux je connais le Christ, et plus je comprends que le sommet de la montagne, il est à l'intérieur de moi!!

Il ne s'agira donc pas de guetter des anges munis d'ailes emplumées; ni d'être à l'affût de miracles scientifiquement démontrables; ni de preuves de puissance, à l'image de ces foules qui prenaient Jésus pour un roi, nous en avons parlé le jour des Rameaux. On risquerait dans ce cas d'attendre longtemps!

Il s'agira plutôt de discerner, dans vos journées très ordinaires, les signes légers qui parlent de présence et de confiance. Qui insufflent un amour plus fort que la mort, tel celui du Ressuscité.

Il ne s'agira donc pas de prier comme les hommes des cavernes, pour essayer de changer Dieu... pour lui demander telle ou telle chose qu'il ne donnerait pas sinon! Cette prière-là, elle est souvent vouée à l'échec! Entre Dieu et nous, vous pensez, il n'y a qu'une seule personne à fléchir, à améliorer: c'est nous!

Il s'agira donc surtout de prier pour nous changer, nous! Pour mieux devenir capables de favoriser la paix... la confiance... le respect... la solidarité! Et alors, cette prière-là, elle va nous mettre en route! Elle va faire du bien!


Je suis dur, ce matin! Voilà que je vous prive (1°) de téléphérique, (2°) d'ailes, et encore (3°) de baguette magique!
 
Mais, comme je n'ai pas envie de vous laisser à pied, je vous propose un autre moyen de transport!
  
(Appeler Claude pour qu’il amène l’objet symbolique: un VTT)

Un VTT. De quoi progresser dans la montagne, à la découverte de Dieu, et donc de vous-même! Ou plutôt à la découverte de vous-même, et donc de Dieu!

Peut-être, en m'écoutant (si vous n'avez pas roupillé!), vous avez pensé "Tout ça, ça ne tient pas debout!" Durant ces années de caté, en lisant la Bible, en parlant de la religion... vous vous êtes dit: "ça ne tient pas debout!"

Eh bien, ce vélo, lui non plus, tout seul, il ne tient pas debout! Il n'a pas de pied; pas de béquille! Tout seul, il ne tient pas debout, mais si Claude se met dessus et pédale, vous verrez comme il tient debout! Et comme il peut le conduire, vite, et très loin!

C'est la même chose pour la foi chrétienne: si vous la regardez les bras croisés, elle ne rime à rien, et elle ne vous sera d'aucun secours. Mais, si vous y mettez votre force, et votre envie d'avancer, et votre pétillance, alors, elle pourra vous emmener très loin, vers des paysages à couper le souffle! Sans béquille! Elle multipliera votre énergie, comme les pignons de mon vélo!

Allez, bon voyage! Et bonne Ascension!  Amen

Jean-Jacques Corbaz
   



(Vous avez peut-être deviné que les images de montagne sont des allusions à l'Ascension que nous allons fêter jeudi; et que la métaphore du vélo est un clin d'oeil au Tour de Romandie, qui se termine aujourd'hui).