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dimanche 26 mars 2017

(Pr, SB, Vu) La croix: qu’est-ce que ça change?

Prédication du 26.3.17

Lectures: Jean 8, 1-12; Ephésiens 2, 14-16

  

C’était il y a quelques années. L’homme était juif, pratiquant. Il parlait de la Shoa (le massacre de six millions de juifs pendant la 2è guerre mondiale). Et il citait de nombreux passages de l’Ancien Testament (AT) où les prophètes annoncent que Dieu va se venger, et faire payer les nations coupables d’opprimer Israël.

Quelqu’un lui demanda: “Donc, Dieu va punir l’Allemagne?” 

Il eut alors cette réponse: “À vrai dire, je ne crois pas. Et cela à cause d’un juif!” 
- Comment?
“Oui, un juif. Vous, les chrétiens, vous l’appelez le Christ.” Après un bref silence, il ajouta: “Moi, j’ai beaucoup de sympathie pour celui-là.”

 


Cette anecdote illustre très bien ce que Jésus est venu changer à Vendredi saint. Le crucifié a tourné à l’envers nos religions et nos relations humaines, en y introduisant cet élément nouveau: le pardon. Il a changé la loi religieuse qui nous accusait, pour en faire une grâce, une parole qui nous sauve! Et c’est exactement cela qu’annonce l’épisode de cette femme, adultère, dans l’évangile selon Jean.

Il est peut-être dommage, aujourd’hui, que ce passage soit si connu. Cela risque de nous empêcher d’entendre son vrai message. “Ouais, ouais, on connaît la chanson, on doit pardonner; tout le monde il est gentil, etc.” Ou bien: “Ce Jésus angélique, bonasse, une fois de plus, il passe l’éponge. Très gentil, trop...”

Non! Pas du tout! La gentillesse n’a rien à voir, dans cette histoire. Ni la morale: Jésus ne dit jamais “Tu dois” ou “Il faut”, vous avez remarqué? Il ne nous demande pas ici de nous pardonner les uns les autres, pas plus qu’il ne nous laisse tout faire, débonnaire. Il ne banalise pas la faute de cette femme (et peut-être certains d’entre nous sont-ils aussi empêchés d’entendre ce passage comme il est à cause de tel adultère concret qu’ils ont en mémoire, et qui leur fait mal).

Essayons donc de déposer tout cela à côté de la porte d’entrée de notre récit, et de le découvrir comme Jean le voudrait.
   
D’abord, notre passage vient peu après le célèbre verset “Je suis  le pain de vie”. Le Christ est alors en plein affrontement avec les juifs; ces juifs qui, chez Jean, représentent la part d’incrédulité que nous avons en nous-même. Les chefs religieux d’Israël veulent faire mourir Jésus parce qu’il transgresse la loi de l’AT. Jugement sommaire, injuste, car l’accusé n’a pas la possibilité de se défendre.

Et puis, avant d’aller plus loin dans cette espèce de marche vers la croix, il y a comme une parenthèse, cette histoire de la femme adultère. Histoire qui est introduite par quelques détails significatifs. Observons-les.

(1°) Premier détail-signe: le lieu de l’action. Jésus se rend au Mont des Oliviers; un endroit lié à sa passion, vous le savez. Géographiquement, le Mont des Oliviers est situé face au Temple de Jérusalem. Il est à l’opposé du lieu traditionnel, classique, de la religion d’Israël. Le Mont des Oliviers symbolise donc que ce qui va se passer sera une contestation du Temple, et des traditions juives.

(2°) Deuxième détail-signe: le moment de l’action. “Tôt le lendemain matin...” Ça ne vous rappelle rien? Ce sont exactement les mêmes mots qui introduisent le récit de Pâques, quand une autre femme, Marie de Magdala, découvre que le tombeau est vide. La même porte d’entrée; et à nouveau une femme, d’ailleurs un peu méprisée: pas de doute, il y a une parenté proche entre ces deux histoires. Jean veut nous annoncer que des temps nouveaux ont commencé. Les anciennes valeurs sont périmées.

Résumons: opposition à la religion traditionnelle juive, et temps nouveaux qui se lèvent: c’est donc bien l’ancienne manière de vivre sa foi qui est périmée; ou condamnée: ce que l’évangile selon Jean appelle en général “la loi”, c’est-à-dire l’ensemble des prescriptions de l’AT; la religion des juifs - donc la religion de la part de nous-même qui n’accepte pas le Christ! La loi, qui se prétendait le chemin du salut. Mais qui n’est qu’un lieu de mort, selon Jean!

(3°) Troisième détail significatif: les scribes et pharisiens amènent une femme adultère. Pour qui a lu l’AT, impossible de ne pas penser à tous ces passages où les prophètes dénoncent Israël, l’accusant de se détourner de Dieu pour adorer des idoles, et comparant cela à un adultère. Il faut donc entendre ce récit, non pas comme une simple histoire sur la morale sexuelle, ni même sur le pardon, mais comme une prédication sur l’ensemble des relations entre Dieu et son peuple!

Des relations tendues, difficiles; tissées de trahisons. Un drame, par conséquent. Ce que précise l’évangile, quand il qualifie la manoeuvre des juifs de piège contre Jésus. Depuis les chapitres précédents, on a l’impression que le Christ est comme une mouche dans une toile d’araignée: plus il bouge, plus les fils se resserrent. Il n’y aura pas d’autre issue que la mort.
  

Vous commencez peut-être à sentir le parallèle: la loi de l’AT, qui condamne la femme adultère, elle va aussi tuer Jésus. C’est le même mouvement, le même encerclement, le filet qui se referme sur sa proie. À travers cette femme adultère, condamnée sans pouvoir se défendre, Jésus se montre à son tour écrasé et déjà tué par cette loi religieuse.

Car que fait-il, quand on lui pose la question-piège? Eh bien il se baisse; il s’abaisse, muet. Comme s’il entendait déjà la sentence sur lui-même: “au nom de la loi, je vous condamne!”

Jésus s’abaisse pour se montrer hors-la-loi, comme la femme. Il partage avec elle la condition de coupable. D’ailleurs, il la partage avec tous, puisqu’il invite chacun(e) à se reconnaître pécheur: “que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre!”

La loi nous réunit tous dans la même culpabilité. Et Christ s’y enfonce avec nous, du côté des adultères, du côté des victimes - et aussi des coupables!

Car c’est l’usage d’une loi pour mener au salut qui est péché; et c’est l’usage d’une religion comme moyen d’accusation qui est diabolique! Ce qui tue Jésus, dans l’évangile, ce sont nos lois, nos “méthodes-pour-sauver-les-uns-et condamner-les-autres”.
  

C’est par nos lois que nous tuons le Christ, et il ne s’agit pas que des lois juives (ou alors des lois des juifs, dirait l’évangile selon Jean, donc des lois venues de la part de nous-même qui rejette le Christ). Toutes nos lois sont visées, toutes celles qui nous semblent donner l’absolu et le salut! Probablement, aujourd’hui, pouvons-nous penser aux lois du monde économique, où seule la réussite est bonne: réussite scolaire, réussite sociale, réussite financière... L’échec, c’est “la honte”.

C’est par nos lois que nous tuons Jésus. Mais la nouvelle, la bonne nouvelle de Vendredi saint, c’est ceci: Christ, par sa mort, peut tuer nos lois (“Sur la croix, il a détruit l’instrument de condamnation” dit la lettre aux Ephésiens), il a aboli la loi. Celle-ci voulait condamner Jésus, mais c’est lui qui la condamne!

Vous avez remarqué? Par terre, il écrit par deux fois. Afin de montrer qu’il y a l’ancien régime, et le nouveau; l’ancienne loi, qui comptabilise les péchés, et la nouvelle religion, qui les biffe!

Jésus tire un trait sur nos anciennes vies, et nous invite à sortir de l’enfermement de toute loi, pour marcher vers la liberté. “Va”, dit-il à la femme. Sors de ce système périmé, et entre dans l’existence nouvelle des rachetés!
  

Vous voyez qu’on est à des kilomètres du Christ gentillet, coulant; et aussi du moraliste des “tu dois” et des “il faut”. C’est beaucoup plus difficile que ça! Il s’agit d’entrer dans une vie différente, nouvelle, où, toute loi à prétention d’absolu, Jésus la fait sauter! Comme une contredanse!

Ce qu’il prône, ce n’est donc ni le pardon trop facile, trop peu exigeant; ni la morale simpliste des commandements, des lois. Au contraire, Jésus nous invite à jeter un regard lucide sur nous-même; un regard exigeant, qui discerne ce qui, en nous n’accepte pas le Christ; mais un regard transformé par la solidarité et le pardon du crucifié; un regard neuf aussi, puisque le Juge a déserté le tribunal pour venir s’asseoir avec nous sur la chaise électrique - ou derrière les barreaux - ou sous le poids de nos condamnations villageoises; familiales; professionnelles....

Dites, si c’est à lui que nos jugements font mal; si c’est lui que nos jugements tuent... est-ce que ça pourrait nous aider à un peu moins nous condamner les uns les autres? Voire... à un peu moins nous condamner nous-même?

Je le crois. Je l’espère. Amen


Jean-Jacques Corbaz   



mardi 14 mars 2017

(Hu) physique de haut vol



J’ai donné un coup de fil à un ami, et je lui ai demandé ce qu’il faisait.

Il m'a répondu qu’il travaillait sur le traitement aqua-thermique des céramiques, du verre, de l'inox et du téflon sous un environnement contraint.

J’ai été très impressionné.
Pour mieux comprendre, je lui ai demandé des précisions; et il m'a déclaré qu’en fait il lavait la vaisselle à l’eau chaude... sous la surveillance de sa femme.


dimanche 12 mars 2017

(Vu) La prière, à quoi ça sert?













(Vu) Le Notre Père expliqué pour les enfants

Le Notre Père expliqué pour les enfants 

Notre Père
Dieu, nous pouvons te parler comme à un papa,
Tout ce que nous te disons, tu trouves que c’est important. 


Qui es aux cieux
On ne te voit pas, c’est peut-être parce que tu es en chacun de nous.

Que ton nom soit sanctifié
Nous te faisons une place spéciale dans nos vies,
Comme à quelqu’un d’extraordinaire et de fragile à la fois. 


Que ton règne vienne
Quand nous nous aimons les uns les autres, alors tu es là, au milieu de nous. L’amour, c’est toi. 

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel
Tu veux ce qu’il y a de mieux pour nous.
Et nous, nous voulons comprendre et suivre ce chemin que tu nous montres.


Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Donne-nous tous les jours le goût de la vie.
Nous avons besoin de ce pain-là pour nourrir notre cœur. 


Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés
Ce n’est pas facile de demander pardon.
Toi, tu nous pardonnes toujours, et nous voudrions faire comme toi. 


Et ne nous soumets pas à la tentation
Tu es là, alors nous avons confiance, et nous n’avons plus peur. 

Mais délivre-nous du mal
Quand nous sommes tristes, tu es près de nous et tu nous redonnes l’envie de sourire.

Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles
Tu es grand, tu es fort, nous sommes heureux d’être proches de toi, Pour toujours. 

Amen
C’est bien vrai ! 


(tiré d'un livre dont j'ignore l'auteur).

 

jeudi 2 mars 2017

(Pr, Bi) La prière, école d’intranquillité


Parmi les pratiques qui marquent l’expression religieuse, la prière est sans doute la plus connue… et la plus étrange. Et même lorsque la familiarité des lieux de foi s’estompe, la voilà qui demeure, comme une trace impérissable et toute personnelle de la vie spirituelle ou de l’espérance tenace. Balbutiement sans protocole ou intention bien formulée, elle constitue une expérience accessible à chacune et chacun – et le Jubilé de la Réforme que nous marquons en 2017 se plaît à rappeler cette liberté du croyant devant Dieu qu’il tutoie. Lieu commun des religions, la prière se pare parfois des habits de la méditation, lorsqu’il arrive à la foi de s’effacer devant la quête quasi séculière du soi intérieur.

Mais que penser de cette sorte d’évidence qui consiste, soit à parler à Dieu (pour peu qu’il écoute), soit à le laisser parler en nous (pour peu qu’il parle)? La prière n’est-elle, comme on le croit volontiers, que le refuge de l’âme devant les inquiétudes du temps? Est-elle cet effort dérisoire pour changer Dieu, ou bien cette formule magique qui viendrait conjurer l’expérience de la fatalité (dans les futilités du quotidien comme dans les grands drames de la vie)? Prier, est-ce quémander et supplier pour être exaucé? Il y a fort à parier que le Dieu que nous prions alors soit à l’image de nos désirs insatisfaits et de nos luttes défaites: un Dieu taillé à l’image de l’humain et de son manque. Pour tout dire: une idole. On prête au philosophe anarchiste Proudhon le propos suivant: «L’homme devient athée quand il se sent meilleur que son Dieu.» Devant ce constat, il faut oser une autre prière que celle qui nous rassure et nous anesthésie.

Ça tombe bien: le début du mois de mars marque la période choisie pour la Journée mondiale de prière – cette année, c’est le vendredi 3. A l’école des femmes qui, depuis la fin du XIXe siècle déjà, puis plus nettement depuis l’entre-deux-guerres, façonnent ce rendez-vous et donnent à prier comme à penser, la prière est un chemin volontaire de paix, certes, mais elle est surtout une école d’intranquillité: elle rappelle à qui ose l’entendre que prier, c’est rester en éveil, lutter, s’engager, agir pour la transformation positive du monde. Cette année, les femmes des Philippines nous alertent sur l’expérience de l’injustice sociale et témoignent que la prière est ce geste qui change la vie. La devise du mouvement tint d’ailleurs dans ces mots lucides: «s’informer pour prier, prier pour agir».

La prière est une protestation et une confiance: elle se conquiert et elle se reçoit. Parfois, parfois seulement, carême ou pas, elle est une formule liturgique d’un culte ou d’une messe. Le plus clair du temps, elle est un combat, ainsi qu’en témoignent, dans la Bible, les Psaumes et le livre de Job. Un combat pour la dignité de chacune et de chacun, dans toutes les facettes de l’existence. Dès lors, prière et engagement ne font qu’un.

Blaise Menu  (modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres de l’Eglise protestante de Genève)


 
* Modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres de l’Eglise protestante de Genève (TDG)