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mercredi 20 novembre 2019

(Ci) Deux perles de "soif"


Amélie Nothomb:

"D'une manière générale, les morts sont moins bêtes que les vivants."

("Soif, p. 143)


"Il faut accepter ce mystère: vous ne pouvez pas concevoir ce que les autres voient dans votre visage."

(Ibid, p. 152)



mardi 19 novembre 2019

(Pr, SB, Vu) Dieu n'est pas juste juste!

Prédication du 18 novembrrr 2019  - "Qu'est-ce que je Lui ai fait?"

« La souffrance, l'injustice... et Dieu dans le livre de Job » 
 

Lectures:  Job 9, 14-24; Job 27, 1-6; Jean 9, 1-7



Je vous propose ce matin d’essayer de comprendre quelques éléments du livre de Job. Un livre difficile, qui se coltine avec la question douloureuse de la souffrance et de l'injustice, et de Dieu là au milieu. Nous en entendrons tout-à-l’heure deux passages.

Et, puisque nous ne pouvons pas lire les 42 chapitres de ce livre, permettez que je vous en rappelle les grandes lignes. Il s’agit d’un conte oriental, adapté par le judaïsme, pour méditer la question du mal dans le monde.

Job est un homme riche. Immensément riche. Honnête et bon, aussi. Un juste, à qui tout réussit. Il est sans reproches devant Dieu.

Mais tout à coup, sur l’instigation de Satan (l’Esprit du mal), tous les malheurs possibles tombent sur Job. Ses troupeaux et ses employés sont massacrés par des brigands. Ses 7 fils et ses 3 filles sont tués par un ouragan. Puis il est ruiné. Et enfin il tombe gravement malade.

Pourtant, Job refuse de maudire Dieu, il ne veut en aucun cas l’offenser.

Surviennent alors trois amis, qui viennent lui dire leur sympathie et le réconforter. La Bible raconte qu’ils restent auprès de Job 7 jours et 7 nuits sans parler, tant sa souffrance leur paraît grande.

Job alors se plaint de ses malheurs. Et ses amis se mettent à chercher les causes de ce qui est arrivé. En effet, on croyait à cette époque que tous les malheurs étaient envoyés par Dieu!

“Tu es puni parce que tu as péché”, lui dit-on. “Mais non, répond Job, je n’ai rien fait de mal”.

“Alors, tu as péché sans le savoir, ou bien ce sont tes enfants. Il n’y a pas de fumée sans feu!”. “Mais non, répond Job, je suis sûr que non”. Ecoutons sa réponse, au chapitre 9: Job 9, 14-24.

Etonnante actualité!

La discussion continue. Les amis continuent de faire valoir mille arguments, cela sans jamais remettre en question leur point de départ, qui est: Dieu a forcément de bonnes raisons de te punir.

De son côté, Job reste sur ses positions. Ecoutons ce qu’il affirme au chapitre 27. Ce passage sera au centre de notre prédication: Job 27, 1-6.

À la fin, Job se tournera vers Dieu lui-même. Et, effectivement, seul Dieu parviendra à faire bouger notre héros de ses positions, en lui montrant que l’homme est trop petit, dans le monde, pour comprendre tout ce qu’il s’y passe. La notion de justice absolue nous dépasse complètement.

Tout cela, Job le reconnaît. Alors, Dieu reproche aux trois amis de ne pas avoir dit la vérité sur lui, Dieu, sur sa justice. Puis il rétablit Job dans toutes ses richesses, à double même! Il lui donne de nouveau 7 fils et 3 filles, et le comble de bénédictions jusqu’à sa mort.

Pourtant, vous le savez, cette idée que nos malheurs sont une punition pour nos péchés va subsister longtemps. Vous connaissez sans doute ce passage de l’évangile: Jean 9, 1-7.



 


(prédication)

Face à la souffrance, face à l’injustice, comment réagir? Qu’est-ce que notre foi au Christ peut dire?

L’histoire de Job va peut-être nous aider à trouver quelques éléments. Mais n’attendez pas de cette prédication des réponses parfaites et définitives, des explications pleinement satisfaisantes: il n’y en a pas, ici-bas!

(1°) Première remarque: en effet, dans l’Eglise (comme ailleurs!), on est souvent très pressé d’expliquer les choses, de trouver des causes à ce qui nous arrive, à ce qu’on vit. Comme les trois amis de Job, on court à des raisonnements qui s’avèrent boiteux, parce qu’on parle de Dieu comme on parlerait d’un être humain. Mais il est impossible d’enfermer Dieu dans notre logique, comme il est impossible d’enfermer le feu... ou l’espoir!

Dans l’Eglise (comme ailleurs!), on explique, et on explique mal, parce qu’on part d’un principe qui n’est pas vrai toujours et partout. La base de notre raisonnement est fausse, ou plutôt: elle ne discerne qu’une petite partie de la vérité. Dieu est juste? Oui, mais sa justice va se traduire comment, face à nous qui ne le sommes pas?

Premier point, donc: face à la souffrance, face à l’injustice, ne pas essayer de vouloir tout expliquer; mais accueillir; mais constater (avec respect, avec amour, sans juger), constater tout ce qui fait souffrir cette personne, là, en face de moi.

Vous vous souvenez? Les trois amis de Job sont restés sans parler pendant... vous vous souvenez? 7 jours et 7 nuits! En serions-nous capables? 7 jours et 7 nuits! Et la suite montre bien qu’ils ont encore parlé beaucoup trop tôt!

(2°) Deuxième remarque. Dans tous ces 42 chapitres, il y a une chose étonnante: toujours, les trois amis parlent de Dieu. Job, lui, parle à Dieu. Et celui-ci l’approuve.

Job crie vers Dieu son amertume, sa révolte: il ne mérite pas cela! Ne fait-il pas comme beaucoup de nos contemporains, quand ils disent: “Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour que cecicela?”

Il y a une différence, pourtant, qui est essentielle: Job ne dit pas: “Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu?” - mais il plaide: “Seigneur, tu sais bien que je suis innocent; alors, pourquoi tout ce qui m’arrive?” Job parle toujours devant Dieu, en sa présence. C’est lui qui affirme, au milieu de ces dialogues avec les trois amis, ce verset bien connu: “Je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu’à la fin il se lèvera sur la terre. Je sais que mon Rédempteur est vivant, c’est en lui que j’espère”.

Job donc ne fait pas de discours sur les raisons de Dieu, comme les trois amis. Il crie à lui. Avec confiance. Avec foi!

Second point, donc: lorsque je suis confronté à l’injustice et à la souffrance, Dieu est heureux que je crie vers lui. Que je proteste, que je questionne, que j’affirme ne pas être d’accord. Dieu m’encourage à hurler ma plainte. Si je lui dit: “Tu es un salaud”, ça vaut mille fois mieux que de renoncer.

(3°) Troisième remarque, et troisième étonnement: dans tous ces dialogues où il crie à l’injustice, Job ne perd jamais la conscience de sa valeur. Notre passage se termine par ces mots: “Je ne renie rien, je n’ai pas honte de ma vie”. Après tout ce qui lui est arrivé!

“Non, rien de rien, non je ne regrette rien: ni le bien qu’on m’a fait, ni le mal, tout ça m’est bien égal”! Oui, Job me fait penser à Edith Piaf. J’imagine que vous connaissez un peu la vie de cette chanteuse, qui s’est cassé la figure à peu près autant de fois qu’elle est tombée amoureuse!
 

 

Troisième point donc: dans le pétrin, dans la mouise, tâcher de garder confiance en notre propre valeur. Face à des victimes, face à des gens brisés par la vie, tout faire pour les aider à conserver la conscience de ce qu’ils valent de positif. Les tuiles qui les accablent n’enlèvent rien au fait qu’ils sont des humains à part entière, qui ont droit au respect, à l’équité, à la confiance. Et qui ont le droit de se respecter eux-mêmes, de se faire confiance!

(4°) J’arrive au bout. Mais il faut parler du Nouveau Testament. Car Jésus, lui, est venu nous dire, et venu vivre au milieu de nous à peu près cela, ce que le livre de Job tente de nous faire comprendre. Face à cet aveugle de naissance, les disciples, comme les amis de Job, se disent: “Il y a bien une raison. Qui a péché, pour qu’il naisse ainsi?”

Là, Jésus est très clair: son handicap ne vient ni de son péché, ni de celui de ses parents, ni de personne. Jésus n’est pas venu expliquer le mal, l’injustice et la souffrance, comme les hommes le croyaient: il est venu accueillir ceux qui souffrent, exactement comme le soulignait notre première remarque. Accueillir ceux qui souffrent avec respect, avec amour, sans jugement.

Jésus, ensuite, est venu présenter ces souffrances devant Dieu, tout à fait dans le sens de notre deuxième remarque. Ces injustices, ces révoltes, il vient les crier avec nous, pour nous, il les portera sur la croix, pour les tourner vers le Père dans un geste d’offrande! Il vient nous aider à prier, à clamer nos douleurs, à mettre Dieu dedans. Jésus n’est pas venu expliquer le mal, l’injustice et la mort; non, il est venu les remplir de la présence de Dieu!

Enfin, Jésus est venu nous dire que, dans nos catastrophes, dans l’horreur même, dans l’enfer terrestre que tant d’humains traversent, Jésus est venu nous dire que, même là, nous sommes les enfants de Dieu. Surtout là! Nous sommes enfants de Dieu, donc des gens infiniment dignes d’être aimés, des personnes d’une valeur inestimable, dans le droit fil de notre troisième remarque!

Jésus rend la vue à l’aveugle que tous accusaient, rejetaient. Il ira jusqu’à donner sa vie à notre place, pour nous prouver que Dieu nous aime à la folie, justement là, dans les souffrances les plus terribles.

Et Vendredi Saint nous ramènera au raisonnement des trois amis de Job; mais... à l’envers: car à Golgotha, Dieu n’est pas juste, mais alors pas du tout! Son amour est si grand qu’il en efface sa justice, pour ne pas nous condamner!

Il refuse que sa justice l’entraîne dans une logique de punition. Dieu n’est pas juste, mais il aime. Il nous aime! Amen                                          

Jean-Jacques Corbaz