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mardi 30 janvier 2024

(Li, Po) Cantique: Dieu de paix nous te chantons (mélodie du cantique PEC 357)

Dieu de paix nous te chantons,
Nous venons t’offrir nos fêtes,
Pour la gloire de ton nom,
Pour nos vies que tu rachètes,
Pour l’amour et pour la joie
Que tu sèmes autour de toi.

Saint, saint, saint notre Seigneur,
Le Passionné, notre Père,
Trois fois saint notre sauveur,
Maître de toute la terre,
L’univers à l’infini
Célèbre et danse avec lui.

Sauve ton peuple, Seigneur
Qui règnes dans la faiblesse,
Toi qui respectes nos peurs,
Viens nous libérer sans cesse,
Conduis-nous par ton amour,
Nous attendons ton retour.

Etends ton règne de paix
D’ici jusqu’au bout du monde,
Fais venir ce temps parfait
De bonheur, de joie profonde
Où ta justice et ton coeur
Seront en nous seul Seigneur.

Gloire à Dieu, le créateur,
Gloire à Jésus, notre frère,
Mort pour nous, libérateur,
Gloire à l’Esprit de lumière,
Un seul Dieu, un feu d’amour,
Aujourd’hui et pour toujours.


Jean-Jacques Corbaz, 5.10.1976  


(Li, Po) Cantique: Le ciel et la terre - PEC 362


Le ciel et la terre célèbrent en choeur
La gloire du Père, du Dieu créateur.
Beauté de la vie, chaleur de l’amour,
Grandeur infinie du monde alentours.

C’est Dieu qui nous donne le soleil d’été,
Les fruits de l’automne, l’hiver apaisé,
Le printemps qui danse, promesse, folie,
Source d’espérance, lumière de vie.

Notre Dieu nous aime sans désespérer,
Il s’offre lui-même pour nous relever.
Vérité parfaite, maître de l’amour,
Créateur de fête, aujourd’hui, toujours.


Jean-Jacques Corbaz, 10.10.1976  


(Li, Po) Cantique: Merci mon Dieu (mélodie du cantique PEC 359)

 

Merci mon Dieu, mon ami, pour la vie que tu donnes
Tu nous appelles à l’amour, au respect qui pardonne
Mais avant tout, tu nous aimes plus que tout,
Tu t’es offert en personne.

Merci mon Dieu, mon ami, tu fais toujours justice
Aux orgueilleux, aux puissants, à ceux qui te trahissent
Car chaque jour, tu redis tes mots d’amour
Sur la croix de ton supplice.

Merci mon Dieu, mon ami, car tu restes fidèle
Nous te tournons les talons pour vider nos querelles
Mais tu reviens, tu nous montres le chemin
C’est ton sang qui nous appelle.

Merci mon Dieu, mon ami, notre vie vaut la peine
Tu nous envoies pour aimer dans un monde de haine
Vers l’opprimé, la victime et l’affamé
Notre vie est riche et pleine!

Jean-Jacques Corbaz, 5.10.1976  

(Li, Po) Cantique: Psaume 25 - mélodie: PEC 15

Je tournerai mon visage
Vers toi, mon Dieu, mon ami,
La source de mon courage
Quand je suis seul et meurtri.
Tu es sûr comme un rocher
Et ta présence est fidèle,
Mais je dois toujours chercher
Ta voix, sans cesse nouvelle.

Seigneur, montre-moi la route,
Soutiens-moi dans tes sentiers!
Eclaire-moi dans mes doutes,
Fais briller ta vérité!
Ton pardon est un cadeau
Qui rend meilleurs ceux qui prient,
Un présent toujours nouveau
Promis pour toute la vie!

Ton amour est sans limites,
Tu prends soin des égarés,
Des petits et des petites,
Pour voir le bien triompher.
Le mal s’infiltre partout,
Viens stimuler ma confiance,
Garde-moi toujours debout,
Tu es ma seule espérance!


Jean-Jacques Corbaz, 3.10.1976   


(Li, Po) Cantique: Psaume 33 - mélodie: PEC 20

Criez de joie, chantez sans gêne,
Vous qui vivez par le Seigneur!
Votre louange est belle et pleine
Quand elle vient du fond du coeur.
Prenez la guitare,
Les tambours barbares,
Pour un chant nouveau!
Applaudissez même,
Ainsi, Dieu vous aime,
Vivants, justes et beaux!

Nos coeurs pleins de reconnaissance
Béniront le nom du Seigneur.
Nous offrirons nos existences
Pour faire un monde à son honneur.
Par sa délivrance,
Il crée une danse
Pour ses rachetés.
Même dans nos luttes,
Ce qui nous rebute
Peut se transformer.

Le Seigneur aime la justice,
La lumière et la vérité.
Il voudrait que nos voix s’unissent
Pour mieux célébrer sa bonté.
Que toute la terre
Ne vive et n’espère
Que par son amour.
Que toutes nos vies
Puissent être remplies
De paix pour toujours.


Jean-Jacques Corbaz, 3.10.1976   


(Li, Po) Cantique: Psaume 42-43 - mélodie: PEC 24

 

J’ai besoin que tu conduises
Ma vie dans un temps de paix.
Vois, on m’écrase et me brise
Je suis seul, abandonné.
Dieu sauveur, vivant d’amour,
Viens, mon coeur est bien trop lourd!
Près de moi, prends ma défense,
Charge-toi de mes souffrances.


Autour de moi, la violence,
La haine et la mort sont rois.
J’en appelle à ton alliance,
Je ne veux de roi que toi!
Redresse les opprimés,
Ceux qui ont le coeur blessé!
Donne-nous plus de confiance,
Fortifie notre espérance!

Et pourquoi pleurer sans cesse,
Rester vaincu par la peur?
Dieu d’espoir et de promesse,
Tu viens ouvrir notre coeur.
Mon salut, c’est le Seigneur,
Plein d’amour pour ceux qui pleurent.
Il donne un sens à nos vies,
Mon Dieu je te remercie!


Jean-Jacques Corbaz, 3.10.1976   

 

(Li, Po) Cantique: Psaume 92 - mélodie: PEC 45

Venez faire la fête pour louer le Seigneur!
Il transforme nos coeurs et toute la planète.
Son amour est fidèle, de jour comme de nuit,
Venez chanter pour lui, oui sa chanson est belle.

Nous voyons sur la terre ce que tu as créé
Et, remplis de beauté, l’on ne peut que se taire.
Nous aimerions te suivre, Seigneur comme un ami,
Nous sommes si petits, et toi tu nous fais vivre.

Comme une mauvaise herbe, le mal nous envahit,
Ta confiance est trahie par tant de gens superbes.
Mais gardons l’espérance, tu restes le plus fort,
L’amour vaincra la mort pour que la Vie commence.


Jean-Jacques Corbaz, 3.10.1976   



(Li, Po) Tu nous aimes tant (chant - musique: gospel I’m so glad)

 

Notre joie vient de toi, Seigneur  (ter),
Auprès de toi, c’est la fête: tu nous aimes tant.
Notre liberté vient de toi, Seigneur  (ter)
Auprès de toi, c’est la fête: tu nous aimes tant.
Notre vie vient de toi, Seigneur  (ter)
Auprès de toi, c’est la fête: tu nous aimes tant.

Frappez dans vos mains, Dieu nous aime tant  (ter)
Auprès de lui, c’est la fête: il nous aime tant.

Notre paix vient de toi, Seigneur  (ter),
Auprès de toi, c’est la fête: tu nous aimes tant.
Notre vérité vient de toi, Seigneur  (ter)  
Auprès de toi, c’est la fête: tu nous aimes tant.
Notre espoir vient de toi, Seigneur  (ter)  
Auprès de toi, c’est la fête: tu nous aimes tant.

Frappez dans vos mains, Dieu nous aime tant  (ter)
Auprès de lui, c’est la fête: il nous aime tant.    


J-J Corbaz

lundi 29 janvier 2024

(Po) Je suis à toi (hiver)


 
La fine vapeur d’eau qui s’élève de la conduite
En un fragile nuage incertain, bruissant,
Et qui se givre en hésitant,
Et qui balance avant de figer son dessin glacé,
La fine vapeur d’eau me parle de toi.

La route blanche de sel qui hale mon long chemin d’hiver
En un pèlerinage cent fois recommencé,
Toujours à redécouvrir nouveau,
Et qui porte,
Et qui espère,
La route blanche de sel me mène vers toi.

Ma campagne arrondie qui descend sans crainte vers le Léman
En confiantes vagues de vignes, de bourgades,
D’adolescentes bourgades éruptives,
Et qui porte la maison de mon souvenir,
Et qui donne la vie,
Ma campagne arrondie te serre contre moi.

Tu es vapeur, tu es route, tu es campagne,
Jaillissante, vivante et blanche,
Toujours neuve, toujours à découvrir,
Et tu portes la vie,
Et tu te donnes, et tu souris,
Tout toi me parle de foi.

Comme au matin de janvier tu te déposes tendrement,
Heureuse, gémissante et pure,
Tout contre moi, moi contre toi.
Tu es vapeur frêle, route certaine, campagne à moi,
Et je découvre tes merveilles
Tout contre moi.
Je suis à toi.


Jean-Jacques Corbaz, 26 janvier 1976    

(Bi) Libre, nom de sort!

 

- Vous êtes libre!

Alfred regardait, sans comprendre. On enlevait des chaînes de ses pieds. On le regardait comme un homme (comment déjà?). On ouvrait une porte lourde, faite pour ne jamais s’ouvrir.

- Libre?

Il se serait mordu la langue d’avoir laissé la question sortir. Bien sûr, libre. Mais pour quoi? Pour faire quoi?

- Eh bien! Allez-y! Vous êtes libre, donc!

Alfred comprenait sans comprendre. Libre? Mais alors… comment… tout est possible! Tout est possible?

Cette liberté fraîche éclose l’immobilisait. L’oiseau élevé en cage qu’on pousse dehors. L’erreur qui devient vérité.

- Alors… Est-ce que je suis libre de rester prisonnier?

L’interlocuteur invisible fit la grimace. Quoi? Un rétif? Mais il devrait… Tout le monde le fait…

- Mais vous êtes libre, vous entendez? Libre!

À cet agacement ne répondit que le silence. Alfred regardait partout, comme traqué.


 - Mais, Monsieur le pasteur, je ne sais pas! Je n’ai jamais appris! Je ne peux pas! Dites-moi au moins comment faire! C’était si simple, avant. Votre liberté m’encombre, reprenez-la, je vous en prie!

«Autrefois esclaves du mal, vous avez été libérés pour la justice.» Romains 6
 
Jean-Jacques Corbaz, juin 1978   

(Po) Neige (barbe blanche)

Les lutins aux barbes blanches
Se sont groupés pour leur conciliabule souriant
Et nous n’avons plus de place où marcher.
C’est l’heure blanche
Quelques petites heures du matin pâle
Qui durent, grèges pétales,
Toute la nuit.

Les lutins aux mille barbes blanches
Ont recouvert nos sentiers d’habitudes
Et nous n’avons plus de peine où nous heurter.
C’est la mort blanche
Le coma gris souris
Qui nous estompe
Toute la nuit.

Les lutins aux mélopées blanches
Lancinantes au matin gris
Nous barbent, étranges,
Toute la nuit.


Jean-Jacques Corbaz, 28 janvier 1976    



lundi 22 janvier 2024

(Hu, Po) Matthey-Doriquement vôtre chanson pour le mariage de Marlyse et Bernard


 

 chanson pour le mariage de Marlyse et Bernard sur l’air d’«Helvétiquement vôtre» de Michel Bühler


Lui:
J’ai 24 ans, c’est donc le moment
De quitter l'domicile de mes parents
Mais comment le faire lorsque l’on n’a pas
Une maisonnette, un jardin bien à soi?
Plutôt que d’aller au Simplon en couvent
Celle que j’attends depuis si longtemps
Je l’épouse enfin, la fille Corbaz
Car comme moi
Elle aime nos montagnes, nos Alpes de neige.

Elle:
Deux ans que j’attends, c’est donc le moment
Que tu viennes enfin bêcher mon jardin
Six mois d’Amérique, je ne t’ai pas trouvé
Et quand je reviens, tu es là tout près
Tu aimes le chant, je t’emmène avec moi
Répercuter au loin l’écho des bois!
Tu es encore jeune, mais ça passera
Car comme moi
Tu aimes nos montagnes, nos Alpes de neige.

Les deux:
Nous avons ensemble bâti notre nid
La salle à manger, et celle du petit
Quand Toto viendra, ce s’ra joli tout plein
Mais nous serons plongés dans nos bouquins!
Lui:
Il faudra que tu te mettes à cuisiner
Elle:
Et toi à langer et à nettoyer!
Les deux:
Nous lui apprendrons nos jolies chansons
En espérant
Qu’il aime nos montagnes, nos Alpes de neige!


Jean-Jacques Corbaz, 3 avril 1976 


(Li, Po) Prière de Dieu

Approche-toi,
Tremblant, mais sûr de moi,
Approche-moi,
L’amour sera la seule loi.

Je sais, tu hésites, bien sûr!
Je sais, tu as peur de l’inconnu,
Je sais, tu es faible, bien sûr!
Mais je sais que tu cherches.

Approche-moi,
Moi, je te cherche.
Approche-moi,
Alors, c’est de toi que tu t’approcheras.
Approche-toi,
Ouvre-toi.
Moi, j’espère.

J’espère l’amour pour toi,
La beauté, la joie,
J’espère une présence pour toi
Jusqu’au feu qui te transformera.

Tu hésites? Tu as peur?
Je partage avec toi.
Tu es faible? pauvre et seul?
Je suis pauvre grâce à toi
Avec toi.

Approche-toi,
L’amour sera la seule loi.
Moi, je veux vivre en toi,
C’est ma prière du haut en bas.


Jean-Jacques Corbaz, 13.3.77   


(Po) Requiem

Dors, petit frère,
Les fées lutines sont déjà venues,
Ou alors elles ne viendront plus.

Dors, petit frère,
Le temps ouaté étend ses taches grises
Sur toi le vent n’a plus d’emprise
Et notre toit couvre ton corps.

Dors, mon frère, dors,
Avec ce jour, il n’est plus rien à faire,
Il ne faut plus penser au père
Parti là-bas, les gens disent il est mort.

Dors, petit frère,
C’est bien trop lourd de rester éveillé
Et de chercher à espérer.

Dors, petit frère,
La nuit du coeur est là, triste colère,
Demain tu seras le plus fort.
Il faut dormir auprès du père.
Dors, mon frère, dors.


Jean-Jacques Corbaz, 9.12.1976   


(Re, Po) Vides… (5 ans après)

Le sang, à mon poignet, battait calmement. Un peu moins d’une pulsion par seconde. Poussières de vie, égrenées, suspendues. Poteaux électriques portant un fil à peine visible. Et c’est le vide qui fait la vie.

L’amour, à mon espoir, battait calmement. Impulsions créatrices, vides suspendus? Le visage étonnant de l’impossible apparaissait, furtif ou prolongé, pareil à ton image, dans mes nuits bleues. Manquait, bien sûr, un chemin pour aller vers toi, fort et noir ruisseau. Mais reprenait ton nom, fou.

Flocons de neige, s’entassant, rêvassant, et sans un mot. Et moi, qui vit de mots, et moi qui joue avec: ne plus pouvoir que voler, qu’avaler la neige, et chercher à ne pas dire mes mots.

Le sang, à mon poignet, battait calmement. Et battait le silence.

Embrasser la neige

Embrasser ton visage, émergé des flocons, et aussitôt caché

Embrasser mes images

Et ma folie.

Le sang, à mon poignet, battait calmement. Ma vie est pleine de ces vides.

Je t’attends.


Jean-Jacques Corbaz, 2 janvier 1981  (5 ans après) 


(Li, Po) Vous mes amis…

 

Vous mes amis des quatre bouts du monde,
Petits sorciers qui bricolez vos rêves,
Vous mes fidèles des ailleurs entrevus,
Vous qui cherchez,
Sans espoir de trouver,
De pâles figures trop souvent déguisées,
Vous, que vous dire?

Un homme se lèvera,
Ce sera vous, ce sera moi,
Un homme enfin vivra
Qui nous dira la foi.

Un homme nommé souffle nous viendra
Pour se rire des sécurités imbéciles,
Un adulte se fera enfant
Et nous deviendrons tous vivants.

Un homme pour vous,
Vous mes amis des quatre bouts du monde,
Un homme-enfant pour nous,
Nous infidèles des ailleurs entrevus.

Un homme nommé lumière d’espérance
Un homme qui nous viendra, inlassable,
Mais sans jamais nous arriver.
Un homme dont la gloire
Sera de toujours nous appeler.

Un homme se lèvera,
Ce sera vous, ce sera moi,
Un homme pour nous,
Nous les amis des quatre bouts du monde,
L’un d’entre nous.
Mais un Dieu à genoux.


Jean-Jacques Corbaz, 26.10.1976   


dimanche 21 janvier 2024

(Li, Po) Te voilà (contemplation)

Voilà: les failles de la terre
Nos failles
Deviennent musique.

Voilà: flamme nue de Dieu, tu es parmi nous.
Nos yeux
Nos larmes
Nos cris
Peuvent sourdre de ta source.

Voilà: nos épées peuvent devenir socs de charrue
Nos fusils semoirs
Et nos souffles ténus la fraîcheur qui fait vivre la terre.

Voilà: devant toi
Devant ton amour gratuit
Ta justice patiente
Devant ton espérance vive,
Nos silences se font chant
Nos présences se font offrande.
Devant ta paix, nous te dédions nos vies
Nous les ouvrons à ce qu’elles veulent naître
Différent
Nouveau.

Voilà: tu nous reconnais, nous pouvons sourire
À notre tour, nous reconnaissons la beauté, nous renaissons ensemble.
Tu es beau, ça veut dire ‘je t’aime’
Avec ma fragilité
Et mon espoir.Voilà: transparence
Le visage des hommes oubliés se dessine au coeur de ta lumière
Le monde ouvert à être transfiguré
Et nos regards ouverts à ta beauté.

Voilà: au coeur du silence
Au coeur de la contemplation, qui nourrit nos luttes
Et de nos luttes qui deviennent fête
Au coeur du silence:
Te voilà
Et: nous voici!

                                                                        

Jean-Jacques Corbaz, juillet 1977   



(Bi) Comme un corps

  

 

La communauté chrétienne est comme un corps. C’est l’apôtre Paul qui développe cette image (1 Corinthiens 12). Chaque partie a besoin des autres, on le sait.

Aujourd’hui encore, plus que jamais, dans ce temps où le repli a le vent en poupe. Car la peau, blessée, a besoin du tube digestif pour se réparer. L’os cassé dépend du sang pour se régénérer. Et le sang, pour porter la guérison, a besoin des poumons… Le corps veut se renouveler sans cesse pour porter plus loin ce trésor de la Vie.

De même, la communauté chrétienne est appelée à se renouveler continuellement pour transmettre plus loin ce trésor de l’Evangile et de l’amour passionné de Dieu pour nous. Pour chacun-e. Nous avons tous besoin les uns des autres, de toutes confessions, de tous bords.

 

Nous vivons ces jours la Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens. Du 18 au 25 janvier, chaque année, nous sommes invités à prier, donc à travailler sur nous-mêmes pour progresser dans un accueil, une bienveillance, un respect mutuels qui nous fasse du bien à tous.

 

Antoine de Saint-Exupéry a écrit en 1942, donc en pleine guerre mondiale, ces mots adressés à un ami juif, mais que je voudrais aujourd’hui inscrire en lettres d’or sur les murs de chacun de nos lieux de culte : « Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente ». Si tu es différent de moi, tu ne m’enlèves rien. Au contraire, tu m’enrichis. 


Respect. Tendresse. Pardon. Grandir ensemble. Tout cela nous est donné. Saurons-nous en rayonner?

 

 

Jean-Jacques Corbaz, pasteur   

 

 

samedi 20 janvier 2024

(Po) Dans le port d’Am (chanson en hommage à mon plus grand poète)


1.
Dans le port d’Amsterdam, faut un grain de folie
Pour voir d’la poésie dans le regard des filles
Quand c’est du vague-à-l’âme.
Dans le port d’Amsterdam,  y a surtout des bateaux,
Y a surtout de la came, des fauchés, des prolos,
Et c’est pas rigolo.
Ils rêvent «liberté», et ne vivent que fuite,
Ils pensent «amitié» mais ce n’est qu’une cuite
Refrain:
Mais toi, Jacques, mon ami, mon poète mon frère,
Pourquoi n’es-tu pas ici, pourquoi dois-tu te taire?
Tu sais, Jacques, mon ami, compagnon de mystère,
Je me sens tout petit, impuissant sur ta terre, ah, ah, ah, mh, mh, mh…

2.
Dans le port d’Amsterdam, je cherche l’aventure
Mais ne trouve qu’un mélodrame à quelques encablures
Des relents de friture.
Dans le portrait du monde, tout nu, sans maquillage,
Je me vois dans ma ronde, inutile et sans âge
Comme un pieux bavardage.
Je veux créer «poème», ne peux que crier «froid»,
Je crois dire «je t’aime», ne pleure qu’«aime-moi»
Refrain

3.
Dans le port d’Amsterdam, je cherche ta tendresse,
Les yeux mouillés de larmes, dans la bêtise épaisse
D’une immense tristesse.
Tu parlais d’une flamme, n’était-ce pas la crainte
Ou l’espoir d’une étreinte, sans envie et sans plainte,
Juste poser les armes?
Nous aimerions «amour», et ne vivons que fesses,
Nous espérons «caresse» et ne savons que labour
Refrain final:
Mais toi, Jacques, mon ami, mon poète mon frère,
Pourquoi n’es-tu pas ici, pourquoi dois-tu te taire?
Tu sais, Jacques, mon ami, compagnon de mystère,
Je me sens tout petit, impuissant sur cette terre,
Mais toi, Jacques, mon ami, tu es moins solitaire,
Car la tombe où l’on t’a mis, c’est le ventre de ta mère,
Tu sais, Jacques, mon ami, dans ton drôle d’enfer,
Je t’invente un paradis, mon Jojo, six pieds sous terre,
Tu n’es pas mort!
Tatatam, talalam, tatatam, tatatim,
Tatatam, talala, tatatim, timtatim,
Tatatam, talalam, tatatam, tatatim,
Tatatam, talala, tatatim, timtatim…

Jean-Jacques Corbaz, mai 1984  


Musique:


 


(Po) Chanson pour ma fin

Quand la mort me recouvrira d’ombre,
Si j’ai peur, sois là, tiens-moi la main,
Chante-moi cet air de mon enfance,
Avec lui, je suis bien,
Avec toi, je suis bien.

Ta chanson dissipera mes craintes,
Toi aussi, tu oublieras tes peurs,
En fredonnant, tu diras ta tendresse,
Mieux qu’avec des discours,
Les mots seraient trop lourds.

Si mon corps, usé par les années,
Ne peut plus entendre ce qu’on dit,
Ta chanson, plus loin que mes oreilles,
Touchera cet enfant
Que je reste, tremblant.

Je serai sans forces, sans mémoire,
Mes idées ne s’associeront plus
Ce refrain pourra seul me traduire
Ton amour et ta paix.
Moi, je frissonnerai (bis).

Quand la mort me recouvrira d’ombre,
Si j’ai peur, sois là, tiens-moi la main,
Chante-moi cet air de mon enfance,
Avec lui, je suis bien,
Avec toi, je suis bien.


Jean-Jacques Corbaz, mars 1989  


Musique:


 


lundi 15 janvier 2024

(Po, Li) Parmi nous des signes

Parmi nous des signes
Le vieux pont de pierre tendu vers les deux berges
La frêle couverture de neige matinale
Le long vallon plat qui suspend le regard
Et le regard lui-même, porteur de nos espoirs.

Parmi nous des signes
La veillée trop courte, le matin redonné
Un clocher en prière et ses maisons autour
Le sentier dans les bois, qui m’invite à marcher
Et la marche elle-même, tendue vers l’avenir.

Parmi nous des signes
Des signes oubliés, des signes retrouvés
Le jour, la vie, la joie, l’amitié partagée
La beauté parmi nous.
Comme lustre elle allume au ciel une lune de cuivre
Nous invite à chanter pour elle, à danser pour la suivre
Nous fait signe d’aimer
Nous fait signe de vivre 

Amis de notre Dieu 
Amis de notre terre
Laissons-nous prendre comme un feu
Laissons-nous éclater lumière!
Devenir signes
D’un élan retrouvé
Devenir dignes
Du Christ ressuscité!


Jean-Jacques Corbaz, 5.12.1977   



(Pr) Prédication du 15 janvier 2024 - Les faiblesses de Paul, apôtre

Les chrétiens de Corinthe ont été «séduits» par des gens appartenant à une espèce de secte. Ecoutons comment l’apôtre Paul leur parle, pour essayer de les ramener dans le «droit chemin».

Lectures bibliques: 2 Corinthiens 11,
18-31; Marc 8, 31-33

L’apôtre Paul était spécialement attaché à la communauté, à l’Eglise de Corinthe, qu’il avait fondée quelques années auparavant. Mais voilà qu’en son absence arrivent d’autres apôtres, des sortes de gourous.

Ceux-ci attaquent les méthodes de Paul devant la communauté. Ils lui reprochent de ne pas être un chrétien légitime, dans la Vérité vraie. Ils affirment péremptoirement que Paul n’a pas assez de mérites, qu’il n’a pas accompli des performances spirituelles qui prouveraient son autorité. Bref, ces apôtres sectaires voudraient remplacer l’évangile selon St-Paul par leur évangile à eux!

Dans la 2è lettre aux Corinthiens, les chapitres 10-13 constituent la réponse que Paul envoie à l’Eglise qu’il aime toujours, lorsqu’il apprend ce qui s’y passe. Il se défend. Evidemment. Mais il le fait en utilisant l’ironie. Il qualifie ses adversaires de «super-apôtres» et il met en avant, dans son ministère, exactement le contraire de ce que nous présenterions, à sa place!

Le 99 % des gens, quand ils sont contestés, soulignent fortement leurs mérites, toutes les bonnes raisons qu’ils ont eues d’agir comme ils l’ont fait. Ils rappellent leurs succès, ils développent leurs réussites et ils minimisent leurs échecs. Je pense que je ferais exactement comme cela.

Or Paul prend le chemin inverse. Au lieu de rappeler toutes les conversions qu’il a suscitées, toutes les Eglises qu’il a fondées, ainsi que la somme de reconnaissance et d’autorité que son oeuvre lui a valu - et lui vaut encore -, il met en avant quoi? Les humiliations qu’il a vécues. Ses défaites. Ses peurs. Ses souffrances. Les épreuves liées à l’annonce de l’Evangile. Les dangers qu’il a courus, en voyage, face aux persécutions. Les naufrages. La faim, le froid… La liste n’en finit pas!

«S’il faut me vanter, je me vanterai de ma faiblesse…»

Pour Paul, la gloire, la vraie réussite, la légitimité devant Dieu ne se trouvent pas dans le succès, les performances; ou les hourras de la foule. Les gens qui volent d’exploit en exploit; devant qui on se pâme; ceux qui n’échouent jamais ne sont pas automatiquement dans la Vérité de Dieu.

Bien au contraire! Car Jésus lui-même, on le sait, a traversé la souffrance, la peur, l’échec à Vendredi saint, et déjà bien avant! Notre vocation chrétienne, derrière le Christ, c’est de vivre les hauts et les bas de l’existence, les joies et les pleurs, les réussites et les catastrophes, la fierté et la honte, tout ça dans la communion avec Dieu, liés, reliés, alliés à son amour. Son amour qui nous porte dans le bonheur comme dans la peine.

Ce à quoi Dieu nous appelle, ce n’est pas de bannir la peur de nos journées; mais au contraire d’exposer nos peurs, nos doutes, nos maladies à l’amour divin qui les dépasse et les rachète. «Si notre coeur nous condamne, écrira aussi l’apôtre, eh bien sachez que Dieu est plus grand que notre coeur».

C’est ce que nous prêche aussi toute l’histoire de Job. Au plus profond des catastrophes, proclamer la bonté de Dieu toute seule ne veut plus rien dire. Il y a tout un chemin à parcourir, entre révolte, abattement, accusations des autres, accusations de soi, tout un chemin pour trouver un sens à sa vie comme elle est, avec ses réussites et ses loupures.

 

Voilà à quoi Dieu nous appelle, aujourd’hui. Etre des reflets fidèles de l’espérance en Christ, au milieu des zones d’ombre comme dans les secteurs de lumière!

Nous ne connaissons que trop bien ces gens brillants, qui ont l’air parfaits, mais qui en réalité sont imbuvables! Insupportables. Le pire défaut, c’est peut-être de n’avoir aucun défaut! C’est inhumain!

Nous avons aussi trop entendu des témoignages chrétiens du genre: «Je me suis converti à telle date; et depuis, je suis toujours comblé de bienfaits, parfaitement heureux. Les problèmes ont disparu de ma vie.»

Non, cacher ses défauts, minimiser ses défaites ou ses faiblesses, ça n’aide pas. Bien sûr, les sectes qui pratiquent ainsi fleurissent! On voit des groupes religieux prospérer qui promettent la lune, le paradis, pluss encore l’amour, la réussite, la gloire… 

Ça marche. Euh… un petit moment! Mais après, quand on se heurte à la dure loi de la réalité, on retombe de haut. L’histoire tragique de l’Ordre du Temple solaire, il y a quelques années, en est un exemple dramatique.

Aujourd’hui, notre société aime disposer de réponses toutes faites aux problèmes de la vie. Les marchands d’illusions trouvent un public facile! Quand ils proposent des choses simples, séduisantes, brillantes de promesses, les gourous de tout poil font fortune.

Dans nos Eglises dites raisonnables, on est peut-être parfois tenté de les imiter. Oh, juste un peu… Prêcher le succès en occultant les difficultés; faire mousser les avantages et minimiser les inconvénients. Pour gagner un plus grand auditoire ou pour intéresser les indifférents…

Une telle envie est compréhensible. Je me souviens d’un conseiller de paroisse qui, pour se trouver un successeur, disait: «Ce n’est pas grand-chose, juste 3 ou 4 séances par année». Une telle envie est compréhensible, mais elle comporte aussi des risques. Elle enferme plus qu’elle ne libère. Elle conduit, à long terme, à la désillusion ou à l’aveuglement.

«S’il faut me vanter, je me vanterai de ma faiblesse». Voilà à quoi Dieu nous appelle, aujourd’hui. Bien sûr, ce ne sera pas forcément aussi dangereux et impressionnant que l’apôtre Paul. Il ne faudrait pas, d’ailleurs, que les épreuves et les souffrances ne remplacent la gloire et les succès, qu’on s’imagine mériter le salut par ses peines ou par ses échecs. À ce taux-là, ce serait blanc bonnet-bonnet blanc!

«S’il faut me vanter, je me vanterai de ma faiblesse». Jeudi prochain 18 janvier commence la Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens. Il s’agit d’un temps pour se rencontrer, pour dialoguer malgré les différences entre nos confessions. Davantage pour parler de nous que pour critiquer les autres, bien entendu! Oserons-nous, nous aussi, nous vanter de nos faiblesses?

C’est un fait, la vie chrétienne intègre les joies autant que les difficultés, les réussites comme les défaites pour les exposer au soleil de Dieu, qui les dépasse et les rachète. «Ne vous conformez pas aux habitudes de ce monde, écrit aussi l’apôtre Paul, mais laissez Dieu vous transformer par un changement complet de votre intelligence. Vous pourrez alors comprendre ce que Dieu veut, ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait». Amen


(après l’interlude):
Dieu s’est mêlé dans nos faiblesses jusqu’à s’y emmêler; jusqu’à ne plus pouvoir en sortir. Il l’a fait par amour pour nous, jusqu’au bout. 


Jean-Jacques Corbaz  


vendredi 12 janvier 2024

(Po, Re) Le penseur à sa table

Le penseur à sa table se regarde les yeux fermés. Une vie qui se regarde, est-ce encore une vie? Le penseur à sa table médite dans le noir.

Le penseur à sa table arpente son domaine, qu’il voudrait conquérir, qu’il voudrait maîtriser. Le chemin qu’il parcourt va d’artère en déveine, et son coeur plein d’espoir aspire à la beauté.

Le penseur à sa table ignorera les craintes. Voit le monde alentours, les objets et les gens… Le penseur en pensant leur laisse son empreinte, multiples carreaux gris qui deviennent vivants.

La nuit, rien ne dort. Jamais la vie ne s’endort. Jamais le ciel ne prend la moindre vacance. La pensée à sa table est un vieux croque-mort qui embaume le jour de blonds et longs silences.

Le penseur à sa table voudrait couvrir le monde, mais le monde en pensée n’est qu’à peine vivant! Le penseur à sa table est à peine pensant: il voudrait exister, et se tue en pensant.

Le penseur se relit, et se trouve un peu grave. Revit ses joies, recrée ses peurs, ses buts, ses quêtes. Pour déjouer la mort se fabrique une fête, ébauche une musique -mais n’est pas plus vivant.

Le penseur à sa table s’imagine en poète. Il se rêve amusant, ou génie, ou enfant… Il aimerait renaître, et renaître espérant: il ne peut que penser, c’est son drame peut-être; et penseur ou pensé, il n’est que moitié d’être. Il n’est qu’à demi-mort ou à demi-vivant.


Jean-Jacques Corbaz, 9.12.1976   

 

 

mercredi 10 janvier 2024

(Re, Po) Cameroun souvenirs

Cameroun, Ndoungué, Yaoundé,
Magiciens évocateurs de mon étrange été qui a duré presque une année,
Souvenirs de nuits chaudes, de musiques et de danses,
Souvenirs d’amitiés, de barrières franchies

Douala
Ville noire où les noirs travailleurs m’invitent pour la fête
Ville passage que l’on traverse en transpirant
À deux pas du Wouri, épais, calme et puissant.
Douala Port-Nègre, presque Europe déjà,
Et New Bell à côté qui grouille sa misère
Où putains, taxis et chalands guettent le client blanc.

Yaoundé
Ville brune aux tribus par quartiers
Ville colline aux côtés contrastés:
-Djoungolo la blanche, Eglise et faculté
Et les enfants qui jouent au foot sans s’arrêter;
-Messa-bamiléké, au culte ou au marché;
-L’université grise, la décharge et le lycée, comme enlacés;
-Le centre-ville, petits grands magasins;
-Ambassades, centres culturels, repères européens;
-Palais présidentiel, silencieux, bien gardé,
Violence froide;
-Ndjong-Melen, Bastos, Nlongkak,
Petits restaurants familiaux où la porte est un rideau,
La bouteille un caldor en fer avec de l’eau,
Le sol de terre battue et ses bancs inégaux;
-Etoa-Meki, marché dans la nuit,
Les femmes s’éclairent et se réchauffent avec un grand feu
Où le maïs devient si bon;
Et puis le Mont-Fébé, monastère accroupi
Qui nous domine, avec sa croix bleutée.
Yaoundé puissante de nuit
Où je rêvais, où je courais
Sans peur et sans bruit.

Ndoungué
Village organisé, station croquée en pente,
petits chemins humains, plantations infinies,
Montagnes arrondies, sol fertile où se perdre
Jusqu’à la ville, presque à côté,
Ndoungué qui vit surtout par mes amis.
Ndoungué communauté, Ndoungué les frères.

Cameroun aux mille visages
Je ne serai jamais plus comme avant. 



Jean-Jacques Corbaz, 21.12.1976   



lundi 8 janvier 2024

(Po, Li) Dieu se laisse (un monde commence)

Les héros ne sont pas ceux qui font mal
Les plus grands se mettent à genoux
Dieu se laisse tutoyer

Des hommes s’envolent, tremblants au premier soleil
Des singes armés d’une mitraillette gonflent leur poitrine
La paix se laisse apprivoiser

La mort est au chômage
Le vent soulève tes paupières
L’amour se laisse dévorer

Nous traversons le silence
Les apprentis de Dieu balbutient des mots d’espoir
L’océan intérieur modèle ses errances
L’homme devient parole de Dieu

La peur est à l’embauche
Pourtant, la vie se fraie un chemin furtif
La chasse n’est pas un sport, et les chevreuils n’ont pas de fusil
Quelques plumes dansent
À l’ironie des coqs, ergots dressés
Les dauphins se laissent approcher
La paix qui s’offre

Et toujours Dieu
Dieu se laisse tutoyer


Jean-Jacques Corbaz, juin 1978   



(Hu, Po) La cigale et la fourmi de Mgr Marcel Lefebvre


L’Eglise catholique romaine, ayant fricoté
Avec les protestants plus d’un été
Se trouva bien dépourvue
Quand la fin du monde fut venue.

Pour obtenir son salut éternel,
Elle alla intercéder auprès de Saint Marcel.
«Que faisiez-vous, lui dit Lefebvre
-En la matière étant orfèvre-
Dans notre vieux monde d’en bas?
Observiez-vous les saintes lois?
Pour gagner le salut divin,
Il fallait chanter en latin,
Prier comme Saint Augustin
Et réciter Thomas d’Aquin.
Il fallait aider les puissants
À écraser les innocents
Et vous écrier ‘Vive le roi’.
C’est ça que veut la sainte foi.»

«Aux temps derniers, lui dit l’Eglise,
Avec les pauvres j’étais assise
Et partageais mon peu de pain.»

«Vous partagiez? Que c’est vilain!
Lui a répliqué Saint Marcel
Ce souci d’amour fraternel
Vous fera rôtir dans le feu.
Dieu lui-même est mort à ce jeu.
Allez partager en enfer,
Plus bas que 600 pieds sous terre!»

                   *       *
Paul VI se réveilla avec un cri d’horreur,
Son oreiller plein de sueur…


Jean-Jacques Corbaz, septembre 1977   


(Li, Po) Viens encore (monter vers toi)

Notre Père qui es dans le ciel,
- Nous, nous sommes sur la terre
Et nous aimerions bien monter vers toi.

Monter au ciel pour te rejoindre
Finies les guerres
Les morts sans raison
Les maladies
Finies
Avec elles, finies nos peurs
Nos craintes de ne pas être aimé
Où d’être dominé
Finie la grande bêtise humaine
Qui nous paralyse,
Finies.

Notre Père, fais-nous monter au ciel près de toi.

Pourtant
Pourtant à tant prier, nous ne sommes pas montés,
C’est toi qui es descendu!
Rendre possible, ici, une vie nouvelle
Rendre possible, ici, une humanité nouvelle!

Viens encore dans nos coeurs Seigneur pour nous le rappeler!


Jean-Jacques Corbaz, 10.11.1977   



samedi 6 janvier 2024

(Po) Chanson: je vous aime

Je vous aime  (chanson pour les miens)

Si tu savais comme on s’ennuie
Au long de ces après-midi
De froid, de brouillard et de pluie,
Sans amour,


Si tu savais comme on est bien
Avec ces demi trois fois rien,
Petit sourire ou gros câlin,
Chaque jour;


Si tu savais tous ces soleils,
Ces éclairs et ces arcs-en-ciel,
Que la tendresse offre au réveil
Quand on aime, 


Tu comprendrais pourquoi je dis
Et je redis, et reredis
Ces mots comme une litanie:
Je vous aime!



 



Je vous aime dès le matin,
Je vous aime sur les chemins,
Quand je m’arrête et quand j’ai faim,
Je vous aime!


Je vous aime l’après-midi,
Dans la fatigue ou dans l’envie,
Dans vos palaces ou vos taudis,
Je vous aime!


Un oiseau chante dans les blés,
Je rencontre un vieux saisonnier,
Des enfants crient à la récré,
Je vous aime!


Le soir sans bruit est arrivé,
Le noir la nuit me fait rêver
Un ver-luisant fait son métier,
Je vous aime!

 



Je vous aime pour aujourd’hui,
Et je vous aime pour demain,
Et pour tous les jours qui suivront
Jusqu’au bout des générations,
Je vous aime!


Je vous aime avec mes deux mains,
Avec ma joie et mes soucis,
Mes coups du sort et mes chagrins,
Et mes espoirs, et mon refrain,
Je vous aime!


Je vous aime à vous le chanter,
À vous le rire et le crier,
Jusqu’à ce que ma voix, cassée,
Aille mourir dans le néant,
Je vous aime!


Et je vous aime à vous le taire,
À rester comme en un désert,
Intimidé par ce mystère,
Fragile et nu comme un enfant,
Je vous aime!


Et quand je vous aurai quittés,
Fatigué d’avoir tant chanté,
Quand je serai mort: obstiné
Pourtant ces mots je les vivrai:
Je vous aime!


Au ciel, sur la terre et sur l’eau,
Auprès de Dieu, très près, là-haut,
Mon coeur poursuivra sa chanson
Dans les coeurs des qui m’aimeront:
Je vous aime!



Tilalala, Tililili,
Titalala, Latilili, Lalila,
Titalala, Talilili,
Latatila, Latitili, Latila,


Tilalala, Tililili,
Titalala, Latilili, Lalila,
Titalala, Talilili,
Latatila, Latitili, Latila...   

               

Musique:
                                    


 

Jean-Jacques Corbaz, janvier 1999, avec un petit salut à La Manic de Georges Dor 


vendredi 5 janvier 2024

(Bi, Po) L'outil

 

«Tout va mal», disions-nous. «Prions!»

Et, merveille incroyable, Tu as répondu!
«Tu vas voir l’outil du miracle, celui qui transformera le monde» nous as-tu promis.

Et nos voix se sont tues,
nos mains se sont tendues:
le Royaume arrivait.
Et, dans ce grand paquet,
il n’y avait...
qu’un miroir.


Jean-Jacques Corbaz, 12.3.77  



(Li) Prière de confession des péchés et paroles de grâce


Prière de confession des péchés

Seigneur, j’ai parfois honte d’être un homme:

On a fait des guerres pour prêcher l’amour;

On a utilisé l’argent des pauvres pour servir les plus riches;

On a prôné l’égalité tout en soutenant des dictatures;

On a prêché le respect les armes à la main
    et le pardon en culpabilisant les autres;

On a cherché des marques d’honneur au nom d’un évangile d’humilité; 

On a dit «Dieu est amour» pour encourager la guerre.

Seigneur, je sais que tout cela t’est profondément étranger. Comment pourras-tu, bien que je sois plongé dans ce monde, me considérer comme ton enfant, comment pourras-tu ne pas me rejeter?

Pourtant, Seigneur, je sais que tu ne me rejetteras pas.
Aide-moi à mériter ton pardon.


Paroles de grâce

Dans ce monde ce compromissions, Dieu s’est plongé, en Jésus Christ. Il porte nos écarts, nos manques, nos absences de fidélité, nos incohérences. Nous n’avons plus à payer: nous n’avons plus qu’à accepter que c’est Dieu qui a payé!

Jean-Jacques Corbaz, avril 1982 


(Po) Campagne hiver

Campagne intime, plaine blanche,
Qui rétrécit, somnolant sous la neige,
Où les chemins s’ouvrent à genoux.
Quelques traces m’invitent au loin…

Campagne à pleines branches,
Arbres bruns-noirs blanchis, givrés,
Arbres frileux à longues manches
Craquant sous le poids de l’hiver.

Campagne dure, étrange,
Quand le manteau se fait marteau,
Vais-je dire les grosses branches abattues,
Arbres manchots,
Et le gros pommier
D’un coup tombé…

Campagne noire à larme blanche,
Où seul le vent glacé parle de vie.
Campagne noire, campagne blanche,
Campagne grise pour me surprendre,
Campagne douce aux mains de fer
Pour dépasser les nuits d’hiver,
Ta force est d’être sans colère.

Et mon pardon, c’est d’espérer
Que le printemps me sera redonné.

Jean-Jacques Corbaz, janvier 1980