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mardi 11 juillet 2017

(FA, SB, Vu) Les doctrines ne doivent pas prendre la place de Jésus lui-même


Parlons de Jésus

La première chose à dire est que Jésus nous a enseigné l'amour et la compassion que Dieu montre toujours à l'égard de tout le monde, sans tenir compte des différences de race, de religion, du sexe ou de l'âge. Un amour et une compassion que Dieu conserve même à l'égard des coupables les pires qui soient sous le soleil.

Non pas qu'il soit indifférent au bien et au mal : Jésus s'est toujours montré parfaitement lucide. Mais lorsqu'il s'est trouvé en présence d'un escroc inexcusable, il ne lui a pourtant pas tourné le dos. Il n'a, d'ailleurs, tourné le dos à personne. Contrairement à son époque, il considérait les femmes comme égales des hommes. Il partageait les repas des exclus. Il montrait de l'estime au petit peuple et de l'attention aux enfants.

En se conduisant ainsi, Jésus nous révélait l'attitude de Dieu à l'égard des hommes, qui est aussi, naturellement celle Dieu attend de nous. C'est en regardant la manière dont Jésus se conduisait dans son humanité que nous voyons en lui la présence de Dieu. Jésus n'a jamais dit qu'il était Dieu, mais quand on le rencontrait, on avait l'impression de rencontrer Dieu. Il était la vitrine de Dieu.

Paul, qui a écrit les textes les plus anciens du Nouveau Testament, a dit : « Dieu était en Christ » (2 Corinthiens 5, 19). On a réduit plus tard cette phrase en disant : « il était Dieu ». Mais cela n'enlevait rien à son humanité.

L'exécution publique de Jésus

Jésus est resté fidèle à ses convictions jusqu'à sa mort sur la croix qu'il a subie en compagnie d'autres hommes condamnés par les Romains comme criminels. Ces exécutions publiques étaient malheureusement courantes à l'époque et avaient pour but de terroriser les opposants au régime.

Dans le cas de Jésus, ce furent des raisons à la fois politiques et religieuses qui motivèrent son exécution et mirent un terme à l'espoir de le voir instaurer un règne de justice et de paix. Mais on ne peut en rendre responsable le peuple juifs dans son ensemble.

La croix, symbole d'amour

Jésus a prié pour les bourreaux qui le crucifiaient et sa croix est devenue le symbole de l'Amour total. Elle a bouleversé toutes les valeurs humaines. Les soldats l'avaient traité de roi pour se moquer. Un écriteau sur la croix l'accusait faussement de s'être prétendu « roi des Juifs ». Mais on compris plus tard que c'était pourtant ainsi qu'il avait montré ce que pouvait être une véritable royauté, une royauté comme celle de Dieu, fondée sur l'amour et non sur la puissance. La croix est symbole du christianisme pour montrer que le règne et la puissance appartiennent à un crucifié impuissant.

La croix, symbole du mal

La croix est aussi devenue le symbole central du mal puisqu'on y a crucifié celui qui incarnait l'amour. Les hommes trouvent toujours de bonnes raisons pour écraser l'amour et la justice. Caïphe et Pilate voulaient préserver l'ordre dans l'Empire. C'est d'ailleurs souvent au nom du respect de l'ordre que l'on viole les droits de l'homme.

Les hommes qui se sont entendus pour clouer sur la croix la plus belle histoire d'amour que le monde ait jamais connue, n'ont pas seulement commis un crime contre la personne de Jésus, mais contre l'humanité tout entière, un crime contre Dieu lui-même. C'est ainsi que la croix qui est le symbole de l'Amour le plus absolu, est aussi celui du mal le plus destructeur.

A la fois symbole de l'amour et du mal, la croix est le symbole centrale de la foi chrétienne que d'ailleurs Paul résumait ainsi : « Nous prêchons le Christ crucifié » (1 Corinthiens 1, 23).

Il n'est pas étonnant, qu'au premier siècle où la religion s'exprimait normalement dans des temples et des sacrifices d'animaux, on ait cherché à rendre compte de la mort de Jésus en termes de sacrifice de purification et de régénération, de purification par le sang de la croix. Ce langage est évidemment aujourd'hui difficilement compréhensible et on pourrait trouver des images plus actuelles pour rendre compte du ministère de Jésus et de sa mort.

La résurrection

Les textes les plus anciens du Nouveau Testament mentionnent l'extraordinaire témoignage de Pierre affirmant avoir entrevu que Jésus était vivant ; il n'était pas resté dans le sommeil de la mort mais était passé à un niveau d'existence supérieur. Nous ne possédons aucune description de l'époque décrivant ce que Pierre a vu, mais d'autres témoins, des hommes et des femmes ont dit avoir eu de semblables expériences. La conviction que Dieu avait ressuscité Jésus devint dès lors l'affirmation centrale de la nouvelle foi chrétienne. Les disciples bouleversés et démoralisés par la croix se retrouvèrent missionnaires enthousiastes.

L'événement fut d'abord formulé : « Dieu a ressuscité Jésus des morts » ; « Jésus est monté au ciel et s'est assis à la droite de Dieu » ; « Jésus règne ».

Mais il peut aussi être exprimé : « Jésus vit avec Dieu » ; « Dieu considère Jésus comme son représentant » ; « Jésus incarne la volonté et l'être même de Dieu » ; « Dieu a dit "oui" à Jésus ».

Cela signifie en fait que tout ce que Jésus a dit et fait au nom Dieu est vrai ; c'est par lui que brille la lumière.

La bonne nouvelle de Jésus

Les titres de « Fils de Dieu » et de « Seigneur » ont été alors largement employés. Ils ont des avantages et des inconvénients : « Fils de Dieu » suggère bien la proximité de Dieu dont Jésus témoignait, à la conviction que Jésus fait partie de la famille de Dieu et à son affirmation que Dieu est, pour tous, un Père aimant. Si un homme est fils de Dieu, Jésus l'est davantage encore.

Par contre ce langage peut provoquer de la confusion en induisant l'idée que Dieu fait partie intégrante de l'arbre généalogique de Jésus. Il ne faut pas prendre littéralement les belles légendes de la naissance miraculeuse de Jésus qui entendent seulement signifier que Dieu était, depuis le début, impliqué positivement dans le ministère de Jésus.

La Trinité

Le dogme de la Trinité est l'un des éléments importants mis en place par l'Église pour structurer sa foi. « Les trois "personnes" que sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit n'en forment qu'une ».

- D'une part il n'y a qu'un Dieu.
- D'autre part on ne peut pas dire tout simplement que Jésus est Dieu, car ce serait ignorer sa nature d'être humain.
- Enfin, il arrive que l'on parle séparément du Saint-Esprit, en disant par exemple que « Dieu a envoyé l'Esprit ».

Dans les trois cas c'est bien de Dieu qu'il s'agit.

L'Esprit désigne traditionnellement la puissance créatrice de Dieu qui crée du neuf et ouvre à de nouveaux espoirs.

La question de Jésus est plus compliquée : est-il en même temps homme et Dieu ? Avait-il une double personnalité ?

Peut-être ne pourrons-nous jamais répondre précisément à ces questions. Elles n'ont, d'ailleurs, guère de signification. Il vaut mieux y renoncer et nous borner à comprendre que Jésus est un exemple de relation parfaite à Dieu, qu'il lui a manifesté une ouverture absolue qui apparaît clairement en particulier lorsqu'il le priait. C'est justement à cause de sa disponibilité à la présence divine que celle-ci brûlait de façon si brillante à travers lui.

Néanmoins les gens ne font souvent plus, aujourd'hui, de différence entre Dieu et Jésus. Certains prient plutôt le Père, d'autres Jésus. Mais c'est bien toujours Dieu qui écoute ces prières. C'est pourquoi bien des gens disent tout simplement : Jésus est Dieu. Se tourner vers Jésus est se tourner vers Dieu.

- La vie terrestre de Jésus montre son humanité.
- La vie actuelle de Jésus souligne sa divinité.

La confession de foi de l'Église s'est toujours efforcée de maintenir ces deux aspects.

Conclusion

La seule image que nous puissions avoir de Jésus est celle qui nous a été transmise par l'Église, mêlée de toutes les doctrines élaborées au cours des siècles. Et pourtant, nous en sommes témoins, cette image transforme avec puissance nos vies et nos pensées. Les doctrines ne doivent pas prendre la place de Jésus lui-même. Mais bien que son souvenir soit largement recouvert par de multiples interprétations théologiques, dont certaines sont souvent bien mal interprétées, c'est toujours par leur intermédiaire que nous rencontrons le Christ vivant.

Bill Loader,
professeur de Nouveau Testament à la Murdoch University de Perth (Australie)


Traduction Gilles Castelnau


mardi 4 juillet 2017

(Pr) Derrière la croix, un trésor. Prédication du 2 juillet 17

Lecture: Marc 9, 2-10


Dans un EMS, deux femmes âgées, toutes ridées, discutent.
- Tu te souviens, dit l’une, quand on était jeunes; comme nous avons prié pour ressembler à Brigitte Bardot?
- Oh oui, fait l’autre. J’en ai pleuré. Ça ne marchait pas...
- Mais, fait la première: maintenant, on est exaucées!
 


Voilà. Avec Dieu, il faut être patient. Pour lui, mille ans sont comme un jour. Quand c’est pas le moment, c’est pas le moment! Et les vérités d’aujourd’hui ne sont pas toujours celles de demain!

C’est ce que nous dit aussi le récit de la Transfiguration. Quelle étrange histoire! Pourquoi Jésus se montre-t-il tout à coup sous cette apparence d’une blancheur éclatante, avec Moïse et Elie à côté de lui? Et pourquoi demande-t-il à ses disciples de garder le silence sur ce moment?

Pour trouver réponse à ces questions, il faut savoir que tout l’évangile de Marc, qui rapporte notre récit, est construit sur le schéma d’une intronisation royale égyptienne. Au pays du Nil,  le nouveau souverain était proclamé en trois phases:

1° Les dieux annoncent à l'heureux élu qu'il a été choisi par volonté divine.

2° Les dieux proclament à la cour l'identité du nouveau roi.

3° Le peuple accepte et reconnaît solennellement son souverain, qui du coup devient comme dieu, lui aussi.

L’évangile de Marc place la première phase au moment du baptême de Jésus (lorsque la voix du ciel annonce "Tu es mon fils bien-aimé...": Marc 1, 11).

- la deuxième phase a lieu lors de notre récit de la "Transfiguration" (la voix du ciel proclame aux disciples "Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le": Marc 9, 7).

- et la troisième, à l'instant de la mort de Jésus (l'officier romain, pourtant païen, reconnaît "Celui-ci était vraiment le fils de Dieu": Marc 15, 39).

Ce schéma montre une chose capitale, pour Marc: on ne peut connaître vraiment le caractère divin de Jésus que face à la croix. Tous, disciples et païens, sont sur le même pied: ils ne peuvent savoir vraiment "qui est cet homme" qu'au vu de la manière dont il a accepté de mourir. Jésus n'est roi que sur la croix, ce qu'accentue encore la couronne d'épines!
  

Avant sa mort à Golgotha, tout le monde se méprend au sujet du Christ. Et Marc multiplie les récits de controverses avec les Juifs, scribes ou pharisiens, qui se fourrent le doigt dans l'oeil à son propos. Sa famille (3, 20-21) croit qu'il est devenu fou (ici pas de Marie qui reçoive une annonciation et croie d'emblée, comme chez Luc). Même ses plus proches compagnons se posent beaucoup de questions à son sujet (par ex. 4, 40-41).

Le comble, c'est quand Jésus annonce sa mort et sa résurrection   (et il le fait trois fois): juste après, les disciples manifestent par leur réaction qu'ils n'ont rien compris; que le sens profond de Vendredi saint et Pâques leur échappe:

- la première fois, Pierre fait des reproches à Jésus à propos de ce qu'il a dit (8, 31-33);

- la deuxième, les disciples se disputent pour savoir lequel d'entre eux est le plus grand (9, 30-34);

- et la troisième fois, Jacques et Jean lui demandent de pouvoir siéger avec lui dans sa gloire. Alors qu'il vient d'annoncer sa mort et ses souffrances à venir (10, 33-37)!

Ce n'est pas que les disciples soient spécialement obtus, pour Marc. Mais ils révèlent, par leur attitude, l'impossibilité pour tout être humain de comprendre véritablement qui est Jésus, fils de Dieu, tant qu'on ne l'a pas contemplé mourant sur la croix. Tant qu'on n'a pas vu de quel bois sa royauté était réellement constituée.

Et c’est exactement ça la raison du secret demandé par Jésus aux disciples. Après les miracles, comme après les annonces de ses souffrances, Jésus doit mettre le “black out” parce que c’est trop tôt. Personne ne peut comprendre encore. Ce n’est qu’après sa mort que les choses deviendront claires.

Par conséquent, nous suggère l’évangile de Marc, tout converge vers Vendredi saint et Pâques. Les événements de ces trois jours sont la clé pour connaître l'essentiel du Christ. Sans eux, on risque fort de se méprendre à son sujet; de le confondre avec un chef politique; ou un magicien tout-puissant; ou un savant qui aurait réponse à tout. Seule la croix nous montre le caractère résolument non-violent de Jésus. Son abaissement consenti. Et donc son respect absolu de notre liberté.

Disons-nous bien que nous ne sommes pas plus clairvoyants que les "douze", nous lecteurs du 1er ou du 21ème siècle. Nous risquons toujours de confondre le Christ avec une de nos "idoles", une des projections de nos désirs.

Le Dieu de l'évangile nous aime trop pour restreindre notre liberté. Il n'est pas tout-puissant, il est d'abord solidaire de nos souffrances, de nos doutes, de nos échecs. Il se tient du côté des victimes et des rejetés.

  

La Transfiguration joue donc un rôle central dans l’évangile: elle annonce Pâques. Il s’agit de préparer les disciples à affronter l’arrestation de Jésus, ses souffrances et sa mort. Dieu soulève en quelque sorte le voile pour montrer ce qu’il y a derrière les épreuves à venir: au-delà de ces jours de tempête, il y a la pleine lumière de ce qu’on appelle ailleurs le Paradis. La condition divine du Christ est une porte ouverte sur un avenir de salut, de guérison; de bonheur, de fête sans limite.

Cet avenir promis, c’est l’accomplissement de tout ce qu’annonce l’Ancien Testament. Moïse et Elie symbolisent ici, le premier la “Loi”, et le second les “prophètes”, soit les deux catégories de paroles qui sont au centre des Ecritures juives. Ils assurent au croyant que ce Jésus resplendissant de présence divine, c’est bien le Sauveur envoyé par Dieu.

Et c’est pour cela que Pierre veut dresser des tentes: il aimerait tant pouvoir rester dans cette atmosphère de bonheur parfait, cadeau du Père. Il aurait tant de plaisir à jouir longtemps des félicités célestes, plutôt que de redescendre affronter les souffrances et la peur, celles de Jésus, et plus tard les siennes...

Mais non: quand c’est pas le moment, c’est pas le moment, comme pour Brigitte Bardot! La Transfiguration n’est pas un but à atteindre, ni une récompense finale. Elle est là comme une annonce des réalités qui nous attendent, après la croix. Dieu en somme entrouvre la porte pour donner du courage à ses amis: voyez, derrière les épreuves et la mort, vous attend un trésor!

La Transfiguration est une promesse. Elle est comme un remontant, comme des vitamines qui permettront aux chrétiens de traverser les épreuves avec courage, en restant debout. Elle s’adresse aux compagnons de Jésus, mais aussi aux croyantes et croyants de tous les temps après lui: sachez-le bien, au-delà des injustices, des persécutions, des catastrophes, aujourd’hui encore, derrière la croix et la mort, vous attend un trésor.
  

Il est là, notre bonheur, à nous chrétiens. Et j’ai apprécié que, comme par hasard, le “Réformés” de juillet-août, que vous venez de recevoir, consacre plusieurs pages à ce thème du bonheur. Lisez-les! Et surtout, (ré)apprenez toujours mieux à être heureux, grâce à Dieu!
 

Deuxième coïncidence: lorsque je lui ai demandé de jouer pour notre culte sur son accordéon, Jacques-Louis Rochat m’a spontanément proposé la belle chanson de Gilles “Le bonheur”. Et que nous la chantions avec lui. J’ai accepté avec joie! Et c’est ainsi que, cette prédication, nous allons la conclure tous ensemble en chantant: “Le bonheur”. Merci!                                    
  
Gilles


Jean-Jacques Corbaz