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samedi 27 février 2021

(Hu, Im) interdire la burqua?!

Imaginer améliorer la condition de la femme en interdisant la burqa? Ça me semble aussi efficace que vouloir améliorer la santé publique en interdisant la fièvre...

 
 

Traduction:
- Toute couverte sauf les yeux... Oh, quelle culture machiste, cruelle et dominatrice!
- Toute découverte sauf les yeux... Oh, quelle culture machiste, cruelle et dominatrice!
 
 

vendredi 26 février 2021

mercredi 17 février 2021

(Bi, Hu) Lettre ouverte à un camarade complotiste

 Citoyens, on vous « Trumpe » !!

 

Salut, Gaston !

 

Au tout début février, tu nous annonçais avec fracas que Joe Biden et un grand nombre de parlementaires US, membres de ce que tu appelles « conspiration » contre Trump, avaient été arrêtés depuis plusieurs semaines, et que le « gouvernement légitime » avait repris le pouvoir. Les informations officielles, que tu disais toutes manipulées bien sûr, allaient être reprises en main en fin de semaine par ce « gouvernement légitime », et la vérité vraie allait éclater au grand jour samedi 6.2.

 

Près de deux semaines ont passé, et toujours rien. Biden est libre comme l’air. Te serais-tu « Trumpé » ?!?

 

Gaston, te rends-tu compte que tu te couvres de ridicule à publier de telles affabulations ? Ce n’est de loin pas la première fois que tu annonces des choses qui ne se réalisent pas, à propos surtout de l’élection US ou du Covid.

 

Pire, ne vois-tu pas que certains naïfs te croient, il n’y a qu’à lire la plupart des commentaires sous tes posts ? Et qu’ainsi tu attises une forme de violence larvée qui pourrait éclater ? Faisant le lit des extrêmismes dans le jeu politique ?

 

Heureusement encore que tu as rapidement supprimé certaines de tes affirmations (à l’égard d’Obama par exemple) qui sentaient le Ku-Klux-Klan. Je pense que tu t’es rendu compte qu’elles violaient les normes pénales contre le racisme.

   


Au cas où tu continuerais d’avoir plaisir à propager des nouvelles surprenantes et à contre-courant (et au cas où tu manquerais d’imagination), je te suggère quelques annonces fracassantes :

 

- Roger Federer est le fils caché de Mao Zedong. D’ailleurs, la ressemblance est frappante, surtout quand il avait 6 mois (ensuite, il a eu recours à la chirurgie esthétique).

 

- Alain Berset est mort il y a 2 ans. Depuis, c’est un émissaire du gouvernement chinois qui a pris sa place et son apparence. On peut facilement le vérifier en fin de journée, quand son déo commence à lâcher, car cet émissaire sent le bouc !

 

- le monde réel n’est pas le vrai monde. Seuls ceux qui prennent du LSD ont accès à la réalité pleinement réelle. Les autres sont victimes d’une illusion.

 

- la terre est plate et c’est le soleil qui tourne autour d’elle (je sais, c’est une vieille lune…)

 

- Gaston A. est le nouveau Messie, chargé par Dieu de faire toute la lumière sur les impostures et les fake news qui dominent notre monde…

 

 

Allez Gaston, sans rancune, tu m’as bien fait rire. Au plaisir de se lire !

 

Jean-Jacques Corbaz

 

 

mardi 9 février 2021

(Pr, Re Bi) Des regards qui tuent à celui qui envisage

Il y a des regards qui tuent et d'autres qui relèvent; des regards qui pétrifient et d'autres qui envisagent.
Quels regards portons-nous les uns sur les autres? Quelles en sont les conséquences pour nous et pour les autres? La méditation de cette semaine passe nos regards au crible de ceux de la femme de Loth et de Jésus.

 



La puissance d'un regard
Des regards qui tuent à celui qui envisage
Que de choses se jouent au premier regard ! En une fraction de seconde, je peux déterminer dans les yeux de mon vis-à-vis quels sont ses sentiments à mon égard : regard de méfiance ou d’ouverture, hautain ou implorant, fermé ou curieux, résigné ou volontaire…
 
Mais avant de nous interroger sur les regards que nous croisons, arrêtons-nous sur ceux que nous portons nous-mêmes, tant sur les autres que le monde qui nous entoure !
Pour nous y aider, je vous propose de méditer deux regards fort différents.
 
Le regard qui pétrifie
Ce premier regard, c’est celui qui caractérise la femme de Loth dans le livre de la Genèse. D’elle, on ne saura jamais qu’une seule chose : alors qu’elle était en train de fuir la région de Sodome qui allait être détruite,    « la femme de Loth regarda en arrière et fut changée en statue de sel. »[1]
On ne nous en dira pas davantage. Mais ce regard m’interroge : de quelle nature était-il donc pour provoquer de si funestes conséquences ?


Car la seule chose dont nous puissions être sûrs à son propos, c’est que la transformation en statue de sel qui s’en est suivie n’est pas un châtiment divin qui se serait abattu sur cette pauvre femme; mais elle est bel et bien la conséquence directe de son regard.


Et la question se pose : cette pétrification de la femme de Loth est-elle due à ce qu’elle a vu, comme lorsqu’on est pétrifié de peur devant un film d’horreur, ou lorsqu’on est saisi par un tableau ou par une scène devant lesquels nous sommes littéralement « scotchés » - comme on dit ? Ou alors cette transformation est-elle due à l’intensité du regard de cette femme, qui cherchait à voir, encore et malgré tout, la région où elle avait vécu et qu’elle devait quitter à son corps défendant.
 
Un regard nostalgique…

La plupart des commentateurs penchent pour cette deuxième interprétation.[2] Ils comprennent le regard de la femme de Loth comme un élan de nostalgie si puissant qu’il la tiraille au point de la figer entre d’une part ses pieds qui sont en train de l’éloigner de sa maison et d’autre part ses yeux qui refusent de ne plus la voir.


Si l’on suit cette piste, nous pouvons alors nous interroger sur nos propres élans nostalgiques. Lorsqu’on ne se contente plus d’évoquer le bon vieux temps, mais qu’on continue d’y vivre encore, alors que ce temps est irrévocablement révolu. 


Cette attitude est étonnamment très présente dans les milieux d’Eglise, où l’on cultive plus souvent qu’à son tour la nostalgie d’un prétendu âge d’or, fait de temples pleins à craquer, d’une réelle emprise de l’Eglise sur la société, garante des mœurs et de la foi du plus grand nombre.
La pétrification qui s’ensuit est immédiate et tangible. Nos temples en sont d'ailleurs le plus parfait exemple, avec leurs bancs vissés au sol, leurs mobiliers liturgiques scellés, leurs chaires en voie de désaffection, leurs cantiques séculaires et leur aménagement frontal en complet décalage avec le reste du monde actuel. Combien de souvenirs d’enfance – aussi beaux et intenses soient-ils – ne conditionnent-ils pas ainsi l’immobilisme et l’inertie de nos vies d’Eglise ? Comme la femme de Loth, nous sentons bien qu’il faudrait nous réinventer, oser partir à l‘aventure, aller de l’avant, mais nous n’y parvenons pas, faute sans doute d’en éprouver le désir profond. Alors nous faisons semblant de changer, inventons de nouveaux concepts, de nouvelles théologies, célébrations, catéchèse, mais rien ne bouge vraiment, pétrifiés que nous sommes face à la perspective même de devoir quitter notre « glorieux » passé.
 
… ou un regard plein de fureur

Mais l’autre interprétation de la cause de la pétrification de la femme de Loth n’est pas non plus sans intérêt. 

Le « spectacle » auquel elle assiste en se retournant tient en effet du film d’horreur. Le livre de la Genèse le décrit ainsi : « le Seigneur fit tomber du ciel sur Sodome et Gomorrhe une pluie de soufre enflammé. Il soumit à un total bouleversement ces deux villes et leur population, ainsi que toute la région et sa végétation. »[3]


Le regard que la femme de Loth pose sur ce cataclysme n’est pas neutre. Si Dieu déchaîne ainsi sa colère sur les habitants de Sodome, c’est notamment parce que Loth, son mari, n'avait pas trouvé d'autre solution que de proposer à tous les mâles de cette ville de violer leurs deux filles pour préserver les anges qu’ils avaient accueillis chez eux.[4]


On imagine la fureur de cette femme qui n’avait pas eu son mot à dire pour tenter de sauver ses filles et ses hôtes des pulsions déchaînées de ces hommes en rut.


Son regard peut donc aussi être teinté de vengeance, voire d’une certaine satisfaction de voir ces violeurs en puissance anéantis par les foudres divines.


Difficile ici de ne pas faire le lien avec l’actualité horrifiante qui recèle son lot glauque et quasi-quotidien de maltraitance sexuelle d’enfants. Si cette actualité ne peut que susciter de l’indignation, ainsi qu'un élan de solidarité envers les victimes, le regard vengeur de la femme de Loth nous met en garde. Il nous rappelle que si la justice humaine a pour but de sanctionner des comportements fautifs, le jugement des cœurs revient en définitive à Dieu seul. Et que nous n’avons pas à nous en mêler, ni même à y assister.


Lorsqu’on lit aujourd’hui les récits d’exécutions publiques du Moyen-Age, on ne peut qu’être rebuté par la curiosité malsaine des spectateurs qui se pressaient alors pour assister au spectacle.


Les réseaux sociaux ont remplacé aujourd’hui les places publiques. Mais la curiosité malsaine et morbide est restée la même. Lorsqu’ils sont trop pleins de nostalgie ou de haine, nos regards tendent à nous pétrifier, à l’instar de la femme de Loth, et nous donnent alors l’allure de morts vivants.
 
Le regard qui envisage

On trouve fort heureusement un autre regard dans les récits bibliques : le regard de Jésus lui-même. Il en est fait mention dans le dialogue que le Nazaréen mène avec celui que l’on a pris l’habitude d’appeler « l’homme riche ». Ce dernier interpelle Jésus pour lui demander ce qu’il doit faire pour obtenir la vie éternelle. La réponse de Jésus le plonge dans une tristesse infinie, puisqu’il lui enjoint de vendre tous ses biens et de le suivre.


C’est trop demander à notre homme, qui repartira chez lui d’humeur sombre. Et pourtant l’évangéliste Marc prend soin de nous dire qu’avant de lui répondre, Jésus l’avait regardé avec amour.[5] 


Que dire de ce regard de Jésus sinon qu’il envisage ce que pourrait devenir cet homme ? Il n’est ni complaisant, ni mièvre, ni sévère, mais juste brûlant d’un amour à la hauteur de la quête de son interlocuteur : la vie éternelle.


Le regard qui envisage ouvre ainsi des perspectives exigeantes, propose des défis dont l’enjeu est de continuer à grandir sur le chemin qui mène à Dieu et donc à la plénitude d’une vie comblée.


Ce regard, nous sommes invités d’abord à le recevoir, à le laisser nous envisager au sens premier de ce terme et à nous faire emporter par lui au-delà de ce que nous imaginions. Et puis à le partager en le portant à notre tour sur celles et ceux que nous rencontrons.


Plus fort que les regards qui pétrifient, le regard qui envisage ouvre un avenir marqué par la confiance et par l'audace, une vie ouverte à la surprise et à la Vie, à l’itinéraire aussi louvoyant que sa destination est certaine.


C’est un chemin de partage, d’humanisation, de compagnonnage.
Ce regard posé par Jésus sur l'homme riche nous dit à sa manière : si aujourd’hui vous le sentez posé sur vous, n’endurcissez pas vos cœurs au point de devenir semblable à une statue de sel, mais laisse-le dissoudre ce sel qui vous habite pour donner du goût à votre vie et à celle des autres !
 


[1] Genèse 19,26
[2] Jésus lui-même semble avoir adopté cette interprétation lorsqu’il déclare « Souvenez-vous de la femme de Lot » (Luc 17,32) en parlant de la fin des temps et de la tentation de revenir chez soi plutôt que de se laisser emporter dans le mouvement créé par le retour glorieux du Christ
[3] Genèse 19, 24-25
[4] Gn 19,8
[5] Marc 17,21



Christian Vez



 

(Hu) Le jardinier de la reine

 

Le jardinier de la reine était créatif et génial. Sa maîtresse, au contraire, aurait tant voulu laisser quelque chose à la postérité. En vain. Poème, histoire, roman peut-être ; ou simplement un bon mot ou une citation marquante… Elle était incapable de créer quoi que ce soit d’original ou de remarquable.


Un jour, le jardinier vint vers sa reine et lui annonça, très fier : « Majesté, votre nom sera célèbre ! J’ai trouvé quelque chose qui rendra votre souvenir plus durable que la roche des montagnes ! »

La reine, éblouie, voulut savoir de quoi il s’agissait ; mais le jardinier refusa d’en dire davantage. « Dans six mois, en août, vous verrez. Vous ne serez pas déçue !  »

Six mois durant, la reine se tortura l’imagination pour tenter d’en savoir plus. « A-t-il trouvé le moyen pour moi d’être la plus riche des souveraines ? Ou la plus heureuse ? Mais je serai heureuse quand je pourrai créer quelque chose qui laisserait mon nom aux générations à venir. Peut-être mon jardinier a-t-il trouvé comment me faire tourner des textes qui marqueront le monde ? Oui, sans doute, ce doit être cela, il a dit que je ne serai pas déçue. »

Les six mois écoulés, le jardinier emmena la reine dans ses jardins secrets. Là, il lui présenta un frêle arbrisseau. « Qu’est-ce ? » s’étonna la souveraine.

« Un nouvel arbre, majesté, que donne des fruits nouveaux. Une variété inédite de prunes, que j’ai créée pour vous, et qui portera votre souvenir aux générations à venir. Quel est votre nom ? »

« Claude », balbutia la reine, abasourdie.

« Eh bien, je nomme ces fruits des ‘REINE-CLAUDE’ en l’honneur de votre majesté, conclut fièrement le jardinier.

Chancelante, la reine regagna ses appartements. Lorsque sa femme de chambre lui demanda pourquoi elle était si défaite, elle lui expliqua tout. « Et ce jardinier qui clamait que je ne serais pas déçue ! Six mois durant, je me suis réjouie, croyant qu’il avait trouvé le moyen de me faire inventer ne serait-ce qu’une phrase célèbre ! Six mois durant, je me suis réjouie… pour des prunes ! »

J-J Corbaz


voir d'autres étymologies inattendues:

http://textesdejjcorbaz.blogspot.com/2021/03/hu-le-premier-fauteuil-roulant.html

http://textesdejjcorbaz.blogspot.com/2021/02/hu-le-concert-manque.html



(Hu) Le concert manqué

Boris Kustodiev - Portrait de Fyodor Chaliapine
Voulant écouter avec un ami un concert de la célèbre basse russe    Fyodor Chaliapine, Alfred lui demanda quels soirs il était libre.

L’ami en question, méticuleux à l’extrême et très lent, mit si long à lui répondre, ergotant sur son agenda pendant plusieurs semaines qu’à la fin, Alfred ne trouva plus une seule place de libre à Lausanne. Seule solution : attendre un nouveau concert qui impliquerait de se déplacer jusqu’à Moscou, Londres, Paris ou New York.

Fâché, Alfred eut alors ce mot historique à l’égard de son ami : « À cause de toi, je devrai aller écouter Chaliapine ailleurs ! »

Ce trait s’est transmis jusqu’à nous, amputé de ses premiers mots, pour désigner un homme qui perd du temps à des détails sans importance. On lui dit « Chaliapine ailleurs » ; ou, en abrégé, « pinailleur ».

J-J Corbaz

 

voir d'autres étymologies inattendues:

http://textesdejjcorbaz.blogspot.com/2021/02/hu-le-jardinier-de-la-reine.html

http://textesdejjcorbaz.blogspot.com/2021/03/hu-le-premier-fauteuil-roulant.html

 


lundi 8 février 2021

(Bi, Pr, Re) Confinement : prison ou occasion d’une naissance ?



Pour la plupart d’entre nous, ce confinement est un mal nécessaire. Nous tentons de le traverser dans une sorte d’apnée, avant de reprendre souffle et vie dès que ce sera possible. 

Pourtant n’oublions pas que, même confinée, une vie reste une vie ! Et qu’il nous appartient de savoir quel sens lui donner. Pour nous inspirer, je vous propose l’histoire du prophète Jonas, dont la Bible relate qu’il a vécu deux confinements pour le moins contrastés.
 

 

Jonas, confinement 1


Le premier a lieu dans la cale d’un navire. Il y est descendu pour échapper à Dieu, qui l’avait chargé d’une mission trop dangereuse. Prophète rebelle, Jonas se réfugie à fond de cale pour dormir, malgré la tempête qui se lève et menace de tout détruire. Comme un adolescent qui s’enferme dans sa chambre, Jonas fuit dans le sommeil malgré les secousses du bateau balloté par l‘ouragan. 

Quand le capitaine enfin le sort de ce quasi-coma volontaire, Jonas reconnaît que la tempête est due à sa désobéissance, et que la seule issue est de le jeter par-dessus bord. C’est ainsi que se termine son premier confinement. Les marins se débarrassent de lui pour se sauver. Jonas passe de la cale du navire à la mer qui l’engloutit.
 


Jonas avalé par le grand poisson. Chapiteau du XIIe siècle de la nef de l'abbatiale de Mozac

Il semble que l’apparition du virus soit due au comportement des humains. En s’approchant trop des animaux sauvages, tels les pangolins et les chauves-souris, en empiétant sur leur habitat, l’humanité a été contaminée par un virus qu’elle aurait pu éviter. Tout comme Jonas reconnaît sa responsabilité dans le malheur qui s’abat sur le navire, notre comportement a contribué au malheur de la maladie et des souffrances qu’elle occasionne, au malheur de la mise à l’arrêt des activités humaines, de la solitude et de la précarité.
 


 

Jonas, confinement 2


Comme pour Jonas, un second confinement succède à celui que nous avons vécu au printemps. Un grand poisson avale notre prophète. L’imagerie traditionnelle présente cet être marin comme une baleine, mais le texte biblique est beaucoup plus vague. On peut y voir un animal femelle, une sorte de matrice de laquelle Jonas naît mystérieusement. 

Au cœur de son second confinement, il se décide enfin à crier à Dieu. Comme un pari qu’il y a quelque part une oreille, une bonté première pour recueillir les larmes et briser l’enfermement.
 


 

La (re)naissance de Jonas


Après ce temps de gestation dans le sein du poisson, Jonas en est expulsé sur la terre ferme, comme un bébé du ventre maternel au terme de la grossesse. Alors que le premier confinement du prophète s’était conclu par sa « mort » largué par-dessus bord dans la tempête, le second s’achève par cette naissance étonnante. 

Puis recraché. Même chapiteau (autre face).

Il y a là de quoi nous inspirer sur notre manière de vivre ce nouveau confinement : et s’il était un appel à exorciser nos peurs, nos culpabilités et nos souffrances pour retisser les fils de notre confiance et de notre espérance ? 

Cet appel n’empêche certes ni le ras-le-bol, ni la fatigue, la peur, ni la propagation du virus, ni aucun des désagréments de ce temps de crise ; mais il ouvre une brèche dans notre isolement, il nous propose un vis-à-vis - silencieux mais attentif - qui nous permet de renaître à notre tour.


d'après Christian Vez

Jean-Jacques Corbaz