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dimanche 29 juin 2014

(Pr) La multiplication des pains, possible? du vent? "gonflé"!

Lecture: Matthieu 14, 13-21

Multiplier les pains, et la nourriture? Ah, ce serait le rêve! Si seulement Jésus revenait aujourd’hui, il pourrait nourrir tous les affamés du Tiers et du Quart Monde. Mieux même: il devrait multiplier l’argent. Ce serait génial!

Un jour, un petit malin a réussi à multiplier l’argent. Il a publié une annonce qui disait: “Si vous versez 1’000.- sur mon compte, je vous enverrai la recette infaillible pour devenir millionnaire en quelques semaines”. Et à ceux qui versaient la somme demandée, il envoyait son truc. Vous le voulez? Gratis? Son truc, il l’exprimait en trois mots: “Faites comme moi”!


Bon, cessons de fantasmer. Vous savez, les miracles servent en fait à illustrer les paroles et la vie de Jésus. Un peu comme les images dans un journal aujourd’hui. Et puis, on a découvert qu’il y a des miracles dans toutes les religions.

Je vous recommande donc de ne pas vous arrêter à l’histoire au premier degré qui nous est racontée. Ni pour en voir le compte-rendu historique d’un acte magique. Ni pour se bloquer, à l’opposé, en disant “Mais ce n’est pas possible que ça se soit passé ainsi”. Les miracles sont des illustrations de quelque chose de beaucoup plus profond et important.

J’aime ce proverbe qui dit: «Quand on montre la lune du doigt, l’imbécile regarde le doigt». Le miracle, c’est donc un doigt qui montre le sens que prend la vie de Jésus dans l’évangile. Ne restons pas braqués sur le doigt, nous ne pourrons pas voir ce qu’il nous désigne!

Si vous avez besoin de vous demander si ça s’est réellement passé, cette histoire de la multiplication des pains, alors, faites-le. Mais ce n’est pas là l’important.

L’important? Qu’est-ce que montre le doigt, ici? Ecoutez: notre récit commence par “Quand Jésus entendit cette nouvelle”. Quelle est l’information qui va déterminer toute notre histoire? Eh bien, c’est le fait que Jean Baptiste (l’ancien maître de Jésus, son précurseur) a été cruellement assassiné par le roi Hérode.

Le Christ veut alors s’isoler pour digérer l’évènement. Sans doute pressent-il que cette mort violente annonce la sienne. Il se rend compte... que le sien est bon (de compte!). D’ailleurs, de nombreux signes insistent sur les oppositions qu’il rencontre, sur les juifs qui complotent sa mort...

Mais les foules poursuivent Jésus. Impossible pour lui d’être seul. Ces gens ont tant besoin de guérison et de consolations. L’évangile souligne par trois fois que Christ est ému, touché par leur détresse. Alors, il cède, et reste avec eux dans cet endroit retiré. Personne ne voit le temps passer... Et le soir, quand tous les magasins sont fermés (euh, cherchez l’anachronisme!), le soir, il n’y a que 5 pains et 2 poissons pour ces milliers de personnes.

Pourtant, tous seront nourris. En abondance! Jésus répond, nous dit ce miracle, Jésus répond aux menaces de mort et aux détresses du petit peuple en multipliant la nourriture. Signe de consolation et de sécurité. Comme pour nous dire: “Vous voyez? Quand les difficultés, quand les obstacles s’additionnent, eh bien les pains se multiplient! Quand plus rien ne semble marcher, alors Dieu se révèle beaucoup plus présent, bien plus proche qu’on ne l’imaginait.”


Aujourd’hui, nous sommes pareils aux disciples de Jésus: bien conscients des détresses de cette terre, mais si peu puissants. Nous voudrions nourrir les affamés. Mais nous avons si peu à partager...

Vous avez remarqué? Jésus non plus, n’a rien! Mais rien de chez rien! Pour que le miracle ait lieu, il faut la rencontre de: nos pains mille fois trop petits - avec les mains vides du Christ! Il faut que nous reconnaissions nos insuffisances, que nous n’imaginions pas pouvoir sauver l’humanité avec nos seules forces; et il faut aussi que nous remettions entre les mains de Jésus ces bribes de nourriture. Ces bribes qui, ainsi, deviendront surabondance!

Quand les obstacles s’additionnent, les pains se multiplient. Face à la haine qui grandit contre lui, Christ a besoin de nos bouts de pain pour créer le festin! Sans nous, il n’est rien; sans notre foi, sans nos aveux d’impuissance. Comme nous ne sommes rien sans lui.

C’est vraiment multiplier trois fois rien avec du vent. Et pourtant ça rassasie 5’000 familles. Ça marche!

Moi, je ne sais pas faire de miracle sur commande. Mais je vais quand même vous montrer un truc étonnant, pour illustrer cette étrange multiplication. Dans cette petite enveloppe, il y a un objet; pas gros du tout, vous pensez bien! Pourtant, je vais le faire grossir plus de mille fois en quelques secondes. Regardez... (je sors un ballon de baudruche et le gonfle). C’est ce que Jésus a fait, et ce qu’il nous demande de faire... Ce n’est pas du vent!



Face aux menaces, quand la peur grandit, Dieu veut se montrer tout proche; pour nous aider à rester calmes et agissants, sans panique ni découragement. Il nous souffle (oui, souffle!) à l’oreille: “N’aie pas peur, je suis là. Aide-toi, et le Ciel t’aidera!”

Si nous savons ouvrir notre vie à son souffle, nous avancerons fort, comme un voilier qui tend sa toile à une puissance qu’il ne voit pas.

C’est ce que vivent bien des personnes engagées dans notre Eglise, ministres ou laïcs; chanteurs de gospel ou autre musiciens du sacré. Et c’est ce que chacun(e) de vous, chers amis membres de notre Conseil paroissial, peut essayer de réaliser.

Allez, pour vous en donner un signe, une dernière fois, je vous propose de concrétiser ce souffle, ici-maintenant-tout-de-suite! C’est vous, chers amis de notre Conseil paroissial, qui allez finir cette prédication. Vous me trouvez gonflé? Vous allez finir cette prédication en gonflant, vous aussi, chacun(e), un ballon coloré pour décorer cette église. Et pour dire, du même coup, que vous commencez à tendre vos voiles au souffle de Dieu, qui multiplie nos modestes forces!

(YM distribue un ballon à chaque membre du Conseil, qui le gonfle, le noue et l’attache à une colonne).


Amen

Jean-Jacques Corbaz 

lundi 16 juin 2014

(Po) Essence

Ciel! 
Et cent ciels! 
Et sans ciel? 
Que j'aime ta folie, ma toute belle!

En quelques mots, la terre est tournée vers le ciel,
 
En quelques maux, espère que nos vies soient plus belles,
 
En quelques mots plus clairs, 
d'humbles vases de terre 
(voire de cruches en pierre!), 
ouverts à son modèle,
 
En quelques mots prières, 
qui contemplent ou appellent, 
ou disent Notre Père,
 
En quelques mots, lesquels? 
En quelques mots, j'espère.
 
JJ Corbaz, 10.11.1977 et 16.6.2014  


dimanche 15 juin 2014

(Pr, Ré, Co) Réfugiés et enfants: fragiles!

Prédication du 15 juin 2014 « Comme un enfant? »

Lectures: Colossiens 2, 12-14; Genèse 33, 13-14; Marc 10, 13-16

Le roi de France Henri IV était très fâché. Bellegarde, son chancelier et ami, l’avait trahi, alors il ne voulait plus le voir. Un après-midi que toute la cour était à la chasse, Bellegarde était venu en cachette dans la chambre du roi, pour rejoindre une certaine demoiselle qui y travaillait. Or, tout à coup, Henri IV rentre sans prévenir. En catastrophe, Bellegarde n’a que le temps de se glisser sous le plumard, et le roi est déjà là. Il rejoint la belle au lit (vous savez qu’il était un grand coureur de jupons devant l’Eternel. Et peut-être même derrière son dos!)… Et là, euh... nous laissons quelques points de suspension…

Puis le roi s’assied et demande qu’on lui apporte à manger. Il se régale de confitures. Puis soudain, il prend un pot bien plein et le glisse sous le lit en disant, avec le sourire: «Tiens, Bellegarde, il faut bien que tout le monde vive!»


J’aime beaucoup cette histoire authentique. Henri IV, sans le savoir, nous donne une jolie version personnelle de la grâce de Dieu, de son pardon, de son respect pour nous. «Tiens, il faut bien que tout le monde vive!»

Eh oui, pour exister, nous avons besoin de tolérance et de souplesse. Puisqu’aucun de nous n’est parfait, il est bon que les autres parfois ferment les yeux sur nos écarts, sur nos fautes.

Depuis que Jésus est venu, nous savons que Dieu, lui aussi, ferme les yeux sur nos manquements, tellement il nous aime. S’il tenait compte de tout le mal que nous faisons, nous ne pourrions pas exister devant lui. Ni devant nous-mêmes. Ni devant autrui.

Alors, il nous a donné Jésus pour nous sauver. À Vendredi saint, sur la croix, il nous dit en fait comme Henri IV à Bellegarde: «Tiens, il faut bien que tout le monde vive!» Et à Pâques, fête de la vie re-donnée, il nous tend une fois encore son fils, vivant, ressuscité, pour nous ouvrir le chemin de la vraie vie. «Tiens, tu vivras!»

Mais des paroles suffisent rarement. Si notre amour ne s’exprime qu’en phrases et en mots, il est difficile d’y croire, profondément.

Pour Dieu, c’est la même chose. Alors, il a inventé un signe, pour montrer son pardon, son amour. C’est le baptême. L’eau, c’est le symbole de ce qui nettoie, qui purifie; et qui permet de vivre; justement: que tout le monde vive! L’eau du baptême représente ainsi la présence aimante du Christ pour Maëlle, pour Inès, et pour toutes les personnes du monde qui acceptent cet amour qui nous rend libres. Jésus nous purifie, il nous enlève les conséquences de tous nos péchés.

En nous pardonnant, Dieu nous fait revivre. L’eau du baptême en est le signe. Mais alors, me direz-vous, pourquoi y a-t-il encore tant de gens morts de trouille, écrasés par la culpabilité, et les remords ?

La réponse nous est donnée par ces paroles de Jésus sur les enfants: «Celui qui n’accepte pas le Règne de Dieu comme un enfant ne pourra pas y entrer». Et ce n’est pas facile!

Accepter Dieu comme un enfant, ça veut dire quoi? Il ne s’agit pas, comme certains le pensent, d’être naïf, de tout gober ce qu’on nous dit. Car les enfants posent parfois de bonnes questions! Non, ce qui caractérise l’enfant, c’est qu’il est dépendant. Il sait qu’il ne peut pas se débrouiller tout seul, pour vivre. Il a besoin de ses parents, ou d’autres adultes, pour lui donner nourriture, confort, sécurité. «Les enfants sont délicats, à protéger» disait Jacob dans le livre de la Genèse.

Face à Dieu; face au monde aussi; face au mal, et à nos limites: si nous croyons pouvoir nous en tirer tout seuls, eh bien nous ne pourrons jamais entrer dans cet univers où Dieu règne.

Mais si, comme les enfants, nous savons que nous avons besoin de quelqu’un de plus fort, de plus grand que nous; si nous acceptons de lui demander de nous aider: alors nous pourrons recevoir le cadeau de sa présence, de sa force, de sa sécurité, comme nous l’avons chanté: “Fais-nous sentir ta présence, ta puissance, baptise-nous de feu!”. Il nous répondra: «Tiens, il faut bien que tout le monde vive!» Amen                      



(après l’interlude)

Aujourd’hui, dans toute la Suisse, c’est le dimanche des réfugiés. Les Eglises de tout le pays nous invitent à penser à ces personnes qui fuient leur patrie, victimes de conflits armés ou de persécutions. À prier pour elles, et pour celles et ceux qui s’engagent, ici, pour les accueillir de manière humaine. Dans notre région, nous sommes particulièrement concernés, avec l’aménagement de l’ancienne place d’armes des Rochats en centre d’accueil pour les requérants d’asile.

Une petite histoire en forme de conte, à ce propos.

Ouvrir des portes
Il était une fois une petite fille qui vivait dans un beau pays entouré de montagnes impressionnantes.
Un jour, montrant le plus haut de ces sommets, la gamine demande: «Qu'y a-t-il là-derrière?» Mais personne ne lui répond. Tous les adultes paraissent très effrayés ou embarrassés par cette question.
À force de s'interroger, la petite fille n'y tient plus. Elle décide d'aller voir elle-même. Elle grimpe sur la montagne, sans demander la permission.
Parvenue au sommet, elle voit effectivement quelque chose d'effrayant: un énorme dragon, menaçant, vit là, derrière la montagne.
Terrorisée, elle veut s'enfuir. Mais elle aperçoit à ce moment un berger près du monstre. L'homme vient à sa rencontre en lui faisant signe. Puis il prend la fillette par la main et l'invite à s'approcher du dragon. Elle le suit. O surprise, plus elle s'approche, et plus le monstre rapetisse. Pour finir, il est tellement minuscule qu'elle le prend dans sa main. Tout à fait rassurée, elle lui demande son nom. Le dragon répond: «la peur».


Aujourd'hui, il y en a tant et tant, de ces gens qui nous font peur. Requérants d'asile, mendiants Rom, étrangers, musulmans, jeunes excités... la liste est longue ! Or, tous ces gens, eh bien, le Christ, berger des coeurs, rêve de nous les présenter de très près. Saura-t-il faire fondre nos craintes?

Vous le savez, il n'a pas de baguette magique pour réussir. Ça dépend de nous, aussi.

Nous pourrions, peut-être, nous y aider les uns les autres? Et nous dire: «Tiens, il faut bien que tout le monde vive!»

Jean-Jacques Corbaz  

 

dimanche 8 juin 2014

(Vu, FA, SB) Pentecôte pour les nuls


Pentecôte pour les nuls

La fête de Pentecôte célèbre le jour où le “Saint Esprit” a été donné aux apôtres, les disciples de Jésus qui ont ensuite apporté sa parole dans le monde connu de l’époque.

Le livre des Actes des Apôtres décrit cet événement (Actes 2, 1-13). Il le situe le 50 ème jour après Pâques (la résurrection de Jésus).

La religion juive connaissait déjà la fête de la Pâque (sans “s”) et celle de Pentecôte, 50 jours après.

-La première célébrait la sortie d’Egypte: des esclaves, menés par Moïse, s’étaient enfuis du pays où ils étaient opprimés, avec l’aide de Dieu, dont ils découvrent alors la dimension libératrice.

-La seconde était une fête des récoltes, principalement des moissons. On y remerciait Dieu pour la nourriture qu’il permettait d’obtenir du sol (un sol souvent sec, pas toujours très fertile).

Le parallèle entre la Pâque et la résurrection de Jésus est facile à faire: Dieu montre les deux fois son projet de liberté, de vie et de joie pour chacun.

La Pentecôte chrétienne se réfère peut-être aux paroles de Jésus: “La moisson est grande, et il y a peu d’ouvriers”, qui évoquent de manière imagée l’importance d’annoncer la bonne nouvelle de l’amour passionné de Dieu au plus grand nombre de personnes possible.








Le “Saint Esprit”

Qu’est-ce que c’est? Beaucoup de croyants sont peu au clair à ce sujet, confondant le “Saint Esprit” avec une force magique, ou surhumaine.

Dans l’Ancien Testament, on parle parfois de l’Esprit de Dieu dans ce sens. “Être saisi par l’Esprit” peut signifier entrer en transes, ou être agité par des mouvements désordonnés incompréhensibles rationnellement.

Le Nouveau Testament garde dans certaines circonstances ce sens-là. Et on voit, dans le christianisme primitif, se développer des cultes de type “charismatique” (= où l’on se complaît dans des agitations ou des transes de toutes sortes, qu’on attribue à Dieu): guérisons; danses extatiques; paroles enflammées; et “parler en langues”, c’est-à-dire transes verbales (on parle de manière anarchique, ce ne sont plus des mots connus, mais des syllabes en liberté, dans n’importe quel ordre). Des études scientifiques ont été menées à ce sujet, et on n’a jamais pu montrer un sens objectif à ce “parler en langues” (des personnes prétendent pouvoir les interpréter, mais trois interprétations du même discours enregistré donneront trois résultats tout à fait différents...), ni une efficacité mesurable à ces guérisons en-dehors d’un effet “placebo” évident.

Mais le plus souvent, le Nouveau Testament donne une autre valeur au “Saint Esprit”. Chaque fois que Jésus en parle, il rejoint cette deuxième dimension: une force intérieure, spirituelle (le mot spirituel vient d’ailleurs d’esprit), liée à la relation avec Dieu. Le rôle du “Saint Esprit”  est de:
- relier à Dieu;
- rappeler la vie et les paroles de Jésus;
-stimuler notre engagement dans la mission chrétienne;
-donner davantage de courage, de sérénité et de forces intérieures face aux tâches que Dieu nous confie ou face aux difficultés (comme les persécutions);

- rassembler les croyants, les relier les uns aux autres, les rendre solidaires, mais également faire de ces personnes imparfaites des éléments d'un ensemble harmonieux: le peuple de Dieu, ses bien-aimés;
- en bref, donner de la joie, du pep, de l’enthousiasme! Et je rappelle que ce dernier mot signifie en grec “avoir Dieu en soi”!


(Pr) ”Pentecôte: Enfants de Dieu, roues et moteur..."

Prédication de Pentecôte, 8.6.14 - ”Enfants de Dieu, roues et moteur..."

Lectures: Actes 2, 1-8; 1 Jean 3, 1-3; Romains 8, 14-17; Matthieu 12, 46-50

Il y a bien des années, un missionnaire arrivait chez les Inuit, dans le grand Nord. Ce pasteur leur parla de Dieu et de Jésus Christ. C’était la première fois que l’évangile était annoncé dans ces banquises.
Les Inuit furent émerveillés par cette religion, savez-vous pourquoi? Parce que les chrétiens appelaient Dieu “leur Père”.
Cette surprise étonna beaucoup le missionnaire; il était tellement habitué à prier le “Notre Père” qu’il ne réalisait plus vraiment à quel point c’était révolutionnaire!
“Oui, dirent les Inuit, on nous avait beaucoup parlé d’un dieu qui fait peur, qui gronde et qui punit. Mais un dieu qui serait notre père, alors ça, c’est merveilleux, c’est extraordinaire!”


 

J’aime cette histoire, à cause de la surprise des Inuit; et à cause de celle du missionnaire! Est-ce que nous ne sommes pas souvent comme lui, habitués à nommer Dieu notre Père, trop habitués pour en sentir toute la force? Serions-nous “vaccinés” contre les mots qui disent l’amour paternel de Dieu, au point de ne plus réaliser ce que ça implique comme tendresse; comme désir; comme responsabilité; comme envie de faire grandir?

Eh bien oui! Nous avons durant des siècles entendu des sermons qui nous exhortaient à la responsabilité; à l’amour du prochain; à la foi; à la confiance en Dieu... Et c’était juste, c’est sûr! Aussi juste que de dire qu’une bonne voiture doit avoir des roues!

Mais aujourd’hui, fête de Pentecôte, la Bible nous dit que d’abord, Dieu nous aime; que d’abord, Dieu est responsable de nous; qu’il éprouve pour nous tendresse, émotion, désir; envie de faire grandir; confiance; donc foi! Et tout cela, dans notre image de la voiture, tout ça c’est le moteur, qui fait tourner les roues!

Un chrétien sans amour, sans responsabilité, sans justice, c’est comme une auto sans roues, bien sûr! Mais un chrétien qui n’est pas, avant tout, enraciné dans l’amour de Dieu, dans son affection paternelle, dans son pardon, c’est comme une voiture sans moteur!
Bon, une voiture sans moteur, ça peut rouler: à la descente! Mais à la première montée, à la première difficulté, ça ne va plus!

Nous, chrétiens, nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier, en Jésus Christ. Parce que le Saint-Esprit a fait de nous des enfants de Dieu. D’abord, avant de nous demander quoi que ce soit, le Créateur nous adopte. Comme des parents: bien avant de rien demander à leur enfant, ils lui en donnent, des choses, en nourriture; en confort; en affection; en sécurité...
Dieu fait de nous ce qu’aucune autre religion n’a jamais fait, auparavant: il se lie avec nous d’un amour infini. Et il fait de nous ses héritiers; ses fils et ses filles.

Car, nous l’avons entendu: nous sommes maintenant déjà des enfants de Dieu, effectivement, puisque nous croyons en lui. Nous n’avons rien à faire pour mériter ce titre; il n’y a pas de condition; pas de petites lettres dans le contrat; pas de prières à réciter, ni de bonnes oeuvres à accomplir; aucune démarche à mener, comme chez les témoins de Jéhovah. C’est gratuit!
        


Nous sommes aujourd’hui enfants de Dieu, et nous deviendrons encore bien plus, quand le Christ reviendra faire toutes choses nouvelles: nous le verrons tel qu’il est, face à face. Plus rien ne nous séparera de sa clarté, de son bonheur et de sa paix. Nous vivrons avec lui dans une proximité parfaite.

Et c’est cette espérance, dit la première lettre de Jean, c’est cette espérance qui nous rend purs. C’est-à-dire: c’est cette espérance de vivre avec lui dans une proximité parfaite qui nous aide à être meilleurs, dans notre vie de tous les jours. Puisque nous sommes non seulement enfants de Dieu, mais ses héritiers, ceux qui deviendront presque lui-même, alors nous pouvons vivre déjà avec assurance, ici-bas. Avec confiance. Dieu s’est lié avec nous pour la Vie; je veux dire: pour la vie éternelle!

C’est ce moteur-là qui fait tourner nos roues. Ce sont ces feuillages-là qui nous donnent de porter du fruit. Et c’est pourquoi le passage de la première lettre de Jean que nous avons entendu continue par un immense développement sur le péché et sur l’amour pour nos frères et soeurs.

J’ai longtemps hésité, et j’ai finalement renoncé à demander à Joël Berney de vous lire la suite de nos versets. Car cette insistance sur la morale et le péché passe très mal aujourd’hui. Il y a quelques années, j’avais proposé ce passage à un groupe de collègues pour leur prédication. Mais ils ont tous hurlé “Non, ça va culpabiliser les gens, toutes ces mentions du péché!”.

Avec vous, pour vous, je relève le défi! Je pense que ces “tartines au péché” sont indigestes, évidemment, à condition qu’on ait oublié le moteur, avant de penser au travail des roues; si on demande d’aimer, d’aider, de devenir solidaire, sans d’abord mettre en évidence la paternité de Dieu, son pardon, son amour.
Mais si le moteur du Père céleste tourne rond pour nous, alors la culpabilité nous est enlevée! La passion de Dieu pour nous est si forte qu’elle efface tous nos manquements. C’est la grâce.

Ecoutez la superbe manière avec laquelle en parle cette prière de Jacques Leclerq:
“Un jour, je viendrai devant toi, Seigneur, et tu liras sur mon visage toute la détresse, tous les combats, tous les échecs des chemins de liberté. Et tu verras tout mon péché.
Mais je sais, mon Dieu, que ce n’est pas grave, le péché, quand on est devant toi. Car c’est devant les hommes qu’on est humilié. Mais devant toi, c’est merveilleux d’être si pauvre, puisqu’on est tant aimé. Puisqu’on est pardonné, gratuitement!
Un jour, je viendrai vers toi. Et dans la formidable explosion de ma résurrection, je saurai enfin que la tendresse, c’est toi. Que ma liberté, c’est encore toi.
Je viendrai vers toi, mon Dieu, et tu me donneras ton visage.
Père, j’ai tenté d’être un homme. Et je suis ton enfant!”
Jacques Leclerq


 

Un dernier mot. Si vous osez, lisez quand même chez vous la fameuse “tartine au péché”; dans 1 Jean 3 jusqu’à la fin du chapitre. Elle insiste sur l’amour pour les frères et soeurs. Eh oui, quoi de plus normal, si nous sommes enfants de Dieu, que de nous aimer fraternellement?

Mais attention: aimer son frère, ce n’est pas la même chose que d’aimer son prochain. Le frère, dans notre épître, représente le membre de la même communauté chrétienne. Locale. Le paroissien de la même paroisse.

Vous n’avez pas attendu cette prédication pour savoir que Dieu nous demande d’aimer les humains, surtout les plus fragiles. Mais notre passage, aujourd’hui, nous invite à faire un gros plan sur nos relations les uns avec les autres, dans cette paroisse. Comment les vivons-nous, ici, à Grandson; aux Tuileries; à Orges; à Giez?

Vous le saviez, mais c’est sans doute bon de le rappeler parfois: aimer son frère, ce n’est pas seulement envoyer un paquet pour l’Afrique ou verser 100.- pour les victimes de la guerre en Syrie. C’est aussi, par exemple, ne pas dire du mal de son voisin!

Un de mes collègues, un jour, a été suffisamment “gonflé” pour proposer une action très concrète, dans son journal paroissial. Il a demandé à chacun(e) de s’abstenir, pendant toute la semaine, de dire du mal d’un autre membre de la paroisse...
Il paraît que la vie de la communauté en a été transformée.

Euh... pendant... en tout cas une semaine! Amen


 

Jean-Jacques Corbaz


dimanche 1 juin 2014

(Li, Po) Hymne à la paix (d’après J-E Deschamps, « Vivre »)

Ne tirez plus sur la colombe,
L’avenir est un oiseau blanc,
Regardez-la comme elle tombe,
La mort n’est pas pour les vivants.

Séchez vos larmes, et qu’un sourire
Dans vos yeux dessine sa fête,
Et pour ne plus jamais mourir
Que le cœur vous monte à la tête.

Vivre, vivre et m’éveiller chaque matin
Et sentir ton corps sous ma main. Vivre !

Ne dites plus « jamais », « toujours »,
Ce sont des mots bien trop petits.
Ne frappez plus sur vos tambours,
On dit que la guerre est finie.

Ouvrez vos cœurs à la tendresse
Qui vient d’ailleurs, et qui repart,
Il a déposé ses promesses
Entre nos mains, fleurit l’espoir.

Vivre, vivre loin des lois et des théorèmes,
Vivre cette vie qui nous aime. Vivre !
Ne cherchez plus d’autres excuses,
Vous êtes beaux d’être vivants.
C’est la haine qui vous abuse,
En chaque humain dort un enfant.

Ne tirez plus sur la colombe,
L’avenir est un très beau jour,
Sachez que pour créer ce monde,
Il a fallu beaucoup d’amour.

Vivre, vivre sans être lâche ni héros,
Prendre sa vie comme un cadeau. Vivre !


JJC et J-ED