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vendredi 24 décembre 2021

(Pr) Prédication du 24.12.21, 16h - “Atterrissage à risque”

Lectures bibliques: Esaïe 9, 1-6 ;  Luc 2, 1-14   (Jean 1, 6-9 + 14; Matthieu 2, 1-12)


J: Noël est une fête de haut en bas: c’est le ciel qui descend sur la terre! Cette nuit, nous célébrons Dieu qui a choisi de quitter ses hauteurs bienheureuses pour venir chez nous. À notre niveau. Dieu qui atterrit parmi nous.

G: Dieu atterrit, et aussi: Dieu amerrit!

J: Dieu amerrit, et Dieu apèrit!

G: Comment ça, Dieu apèrit??? Qu’est-ce que ça veut dire?

J: Eh bien, quand Dieu amerrit, cela veut dire qu’il se pose sur une mer. Ou: sur une mère. S’il apèrit, cela signifie qu’il se pose aussi sur un père.

G: Ah! Moi, j’avais entendu: Dieu, a, péri, en trois mots: Dieu est mort.

J: Mais oui! Car c’est bien là le sens de Noël. L’incarnation veut nous dire, sur la croix, cette parole d’amour, la plus belle qui soit: Dieu vient nous habiter. Au risque d’y laisser sa vie.

G: Donc attention:

J:  Atterrissage dangereux! 

G: Atterrissage pas sage!

J: Et: atterrissage “passage”! Cet évènement nous entraîne, à notre tour, sur des chemins neufs. Un peu comme la Pâque d’Israël, traversée de la Mer des Roseaux, qui conduit vers une toute nouvelle vie de foi et d’espoir!

(bref silence, ~ 3 secondes)

G: En se posant sur les mères...

J: - et sur les pères!

G: ...Dieu nous donne la vie autrement! Il nous donne une vie risquée, fragile, aventureuse. Une vie où la Lumière parfaite du Ciel passe par nos minuscules fenêtres humaines...

J: ...nos carreaux défraîchis!

G: Davantage vitrages que vitraux!

J: Ou... nos meurtrières!

G: En se posant sur les mères, Dieu nous prend comme partenaires de sa création: il pro-crée avec nous! Il prolonge sa création en s’associant aux nôtres.

J: À sa place, je ne sais pas si j’aurais osé...

G: En effet: dès la naissance du Christ, la violence est au rendez-vous; les ratés se multiplient; les échecs se dessinent: souvenez-vous du massacre des Innocents par Hérode,
  
Le Massacre des Innocents, Art Painting by Nicolas Poussin


J: ...de l’hostilité de tant de contemporains de Jésus, qu’ils soient Juifs ou Romains...

G: ...comme pour nous dire que la crèche et la croix sont faites du même bois.

J: Quel contraste, dites, avec les Noëls de nos rêves: paisibles...

G: ...tendres et doux...

J: Quel contraste aussi avec nos cadeaux, nos repas, nos rites... Nos voeux... Tout y est si prévisible et sûr!

G: Mais il ne s’agit pas de nous culpabiliser que notre vie soit empreinte de trop de sécurité!?!

J: Au contraire, je crois que ce contraste est bien à l’image de celui de la Nativité, ce Dieu qui transcende notre épaisseur humaine! Ce Dieu qui naît dans les marges de l’histoire, sous un petit dictateur sanguinaire, dans un pays colonisé en fièvre de libération. C’est toujours la collision entre le Ciel et la terre, entre deux mondes apparemment incompatibles, qui détonnent l’un face à l’autre. Deux réalités que tout oppose, mais qui pourtant parviendront à se croiser,

G: À s’entre-féconder,

J: À se métisser l’une l’autre,

G: À s’enrichir chacune des possible de l’autre,

J: À se tendre des passerelles,

G: Pour que le Ciel touche la Terre, et les humains qui y espèrent.

 
pixabay

  (bref silence, ~ 3 secondes)


J: Dieu atterrit, et amerrit, au plus profond de nos contradictions; de nos égoïsmes; de nos peurs; de nos hostilités...

G: Au plus profond de nos inhumanités.

J: Et là, en arrivant, celui que nous appelons le Tout-Puissant ne bouleverse rien, pourtant. En apparence, en tout cas; il se fond dans notre décor. Il se coule dans notre réalité. Un homme parmi les hommes. Un démuni au milieu des démunis.

G: Sa naissance est au fond l’indicatif de ce que sera toute sa vie. Né au cours d’un déplacement forcé... indésirable à l’hôtellerie...

J: ... Accueilli finalement dans une mangeoire pour animaux...

G: Sa vie durant, il n’aura pas d’endroit où reposer sa tête. Pareil aux nomades, ses ancêtres, il vivra continuellement dans le provisoire, sans sécurité...

J: Sans sécurité autre que celle du Ciel, la seule que personne ne pouvait lui enlever.

G: Il avancera toujours, comme pour nous dire que notre quotidien, si banal qu’il paraisse, est à chaque fois un chemin qui conduit vers Dieu.

J: ... Une porte qui ouvre sur l’inespéré.

G: Car c’est ce quotidien-là qu’il est venu sauver.

J: Celui des plus faibles, des sans-grade,

G: ... Celui des perdants.
 
www.fotocommunity.fr
J: Voyez les bergers: des hommes à qui n’appartiennent ni les troupeaux ni les terres... eh bien, ce sont eux les premiers informés de la Grande Nouvelle qui va tout changer pour tous!

G: L’enfant de Noël, c’est finalement  vous, c’est moi; c’est chaque être humain qui lève les yeux vers le ciel, et se rend compte que sa vie a mille autres dimensions que celles où il s’enferre parfois.

J: Nous en avons tous besoin: une trouée de lumière dans notre nuit. Une bouffée d’espérance dans ce monde impitoyable pour les petits.

G: Nous en avons tous besoin: nous avons si peu de prise sur la grande histoire qui se joue sans nous.

J: Nous avons si peu de prise sur les événements qui pourtant déterminent notre vie.

G: Ballottés, tirés à hue et à dia...

J: Impuissants, trop souvent; subissant...

G: Mais Jésus, lui aussi, a vécu cela. Exactement cela. C’étaient les autres qui tiraient les ficelles,

J: En apparence.

G: C’étaient les autres qui tissaient les toiles pour l’attraper,

J: En apparence.

G: C’étaient les autres qui faisaient jouer leur propre intérêt,

J: En apparence.

G: Et puis, peu à peu, s’est révélé l’incroyable: par tous ces petits riens, ces mains ouvertes au quotidien, parce qu’il s’est donné tout entier, sans jamais calculer, eh bien, l’univers a basculé. La victoire a changé de côté. Celui que tous croyaient perdu, fichu...

J: En apparence,
 
G: Eh bien, c’est lui le gagnant, le triomphant.
  
J: Et, plus encore, plus fort encore, il arrive à partager sa victoire avec tous...

G: Avec nous tous!

J: Chacune, chacun, nous bénéficions de ses lauriers. Au bout du compte, il n’y aura que la mort qui se retrouvera pomme avec le bour!

(bref silence, ~ 2 secondes)

G: Alors, amis de ce monde, gardons courage!

 J: Redressons la tête!

G: Ayons confiance!

J: Puisque l’enfant de Noël, c’est  vous, c’est moi; c’est chaque être humain qui lève les yeux vers le ciel,

G: Alors, de tous nos souffles imperceptibles,  

J: De toutes nos mains ouvertes au quotidien,

G: Quand nous parvenons à donner sans calcul, nous permettons à Dieu de régner sur cette terre.

J: Nous pouvons faire de cette vie un cadeau de Noël.

G: Sachons-le: rien n’est petit, mesquin, insignifiant dans notre humanité. Car ce sont ces petits gestes,

J: En apparence,

G: Ce sont ces petits gestes qui rendent le monde moins inhumain... Qui le transforment et qui le sauvent.

J: Dites: et si, en percevant notre rayonnement, les autres pouvaient sentir un peu de Dieu qui passe? ... Qui ... atterrit...

G: Ne croyez-vous pas qu’ils diraient “merci”?

J: Amen !

     

Jean-Jacques Corbaz
  

jeudi 23 décembre 2021

(Hu, Bi, Ré) Noël ne s'intéresse pas

Dessin: Trinco

Vous connaissez peut-être déjà cette anecdote: à la porte de l'église, M. le pasteur a placé une affichette qui dit:
"Pour tous ceux qui ont des enfants et qui ne le savent pas encore, il y a une garderie pendant le culte"!

Eh bien, je me dis que, pour Noël, c'est exactement le contraire!

Car Noël ne s'intéresse pas à ceux qui ont des enfants et qui ne le savent pas encore; au contraire!
Noël s'intéresse à Celui qui a un enfant,
- et qui le sait,
- et qui voudrait tant que nous le sachions avec Lui,
- et qui n'a qu'un désir, c'est de partager sa joie avec nous!

Davantage même: Noël nous dit que Dieu a un enfant, et que ce bien aimé, c'est chacun(e) de nous,
- même si nous ne le savons pas encore!

Et puis, Noël nous dit enfin que Dieu ne veut pas mettre les plus petits à l'écart, dans la garderie.
Non, Il souhaite nous rassembler, toutes et tous, autour de lui, pour la fête.
Pas à la garderie, mais à la crèche!

Jean-Jacques Corbaz


lundi 6 décembre 2021

(Pr) Se laisser arbitrer, dit Michée. Ça fait fondre!

 Prédication du 6 décembre 2021   Le «chemin nouveau» de Dieu

Lectures bibliques: Michée 4, 1-5; Apocalypse 21, 1-6; Jean 8, 3-12


Dans quatre jours, le 10 décembre, c’est la journée mondiale des droits humains. Et à cette occasion, nous sommes invités à réfléchir, à prier, et même à agir en faveur de personnes victimes de graves violations de ces droits. Donc à devenir, aujourd’hui, des saint Nicolas pour tant de ces gens emprisonnés, voire torturés de manière arbitraire dans notre monde où règnent tant d’injustices.

Des récits de personnes humiliées, dont on ne respecte pas les droits élémentaires, j’en ai entendu des milliers. Vous aussi, sans doute. Ça nous fait mal d’en prendre connaissance. Assez! Suffit!
  

Parfois donc, pour nous protéger, nous nous bouchons les oreilles. Nous refusons de voir la réalité, tant elle est insoutenable. Nous fuyons. C’est quand même plus agréable de regarder «Qui veut gagner des millions»!

Si vous agissez ainsi, ne vous sentez pas coupables! C’est NORMAL! C’est humain de fermer les yeux, quand le monde autour de nous est trop injuste. Et surtout, quand en même temps nous nous sentons impuissants à le changer. Normal.

Quand nous éprouvons ces sentiments, Dieu nous propose un chemin. - Attention, je n’ai pas dit une baguette magique! Un chemin: «Venez, montons à la montagne du Seigneur, il nous montrera ses chemins, et nous marcherons sur ses routes».

Il y aura des pas à faire, et encore des pas. Un long cheminement. Comme un apprentissage; ou un pèlerinage; ou une exploration.
 

Cette marche que Dieu nous propose aura, pour nous, trois caractéristiques, que je voudrais développer brièvement:

1) D’abord, la logique de ce chemin est une logique d’arbitrage. D’arbitrage et pas de force: «Il sera juge, il arbitrera les peuples», dit Michée. Et vous vous souvenez peut-être de ce que nous disions du juge lors du culte du mois dernier.

Dieu rendra la justice de manière bienveillante et non-violente. On pense à Salomon, bien sûr, mais surtout à Jésus dans l’épisode de la femme adultère que nous avons entendu tout-à-l’heure. Une manière pacifique de régler les conflits, en évitant du mieux possible qu’il y ait des perdants. Une justice subordonnée à l’amour, en somme, et au pardon! Un arbitrage de paix.


2) Seconde balise sur le chemin où Dieu nous appelle: celle de la promesse. D’une promesse folle, où la paix règnera de manière parfaite, selon cette belle image: «Ils feront fondre leurs épées et leurs lances pour en forger des charrues et des faucilles». C’est-à-dire que l’humanité quittera les activités guerrières pour se tourner vers des activités nourricières; bienfaisantes; guérissantes!

Certains diront: «Foutaises! C’est impossible!». Mais si vous êtes venus ce matin pour vivre ce culte, j’imagine que ce n’est pas votre cas!

D’autres nuanceront: «C’est une promesse qui se réalisera à la fin des temps, et que nous espérons. Ce n’est pas pour ce monde-ci!»

Pour moi, cette espérance a surtout valeur de mise en confiance. Ici-bas. Elle veut me donner du courage pour résister à ce monde si rempli d’injustices. Elle est destinée à me stimuler pour rester solide et debout, dans la tourmente. Comme des vitamines pour passer l’hiver!

Donc, pas seulement «Tiens bon, et attends que ça passe». Mais aussi: «Lutte de toutes tes forces contre ces microbes de violence, d’écrasement et d’humiliations. C’est à toi de te battre contre ces virus porteurs de mort, et de haine. Et si tu luttes, tu verras alors que, bien avant toi, Dieu luttait déjà!»
 
3) Troisième repère sur notre chemin: je dirais: le respect des autres. Je suis étonné que ce passage ne se termine pas par quelque chose comme «Et tous se convertiront au Seigneur». Non, chacun.e va marcher, à son pas, selon ses valeurs humaines (qui sont toutes relatives et provisoires)!

Tous viennent vers Dieu pour se laisser arbitrer, et conduire vers la paix. Pas de conquête, personne ici-bas ne possède la Vérité absolue! Belle parole oecuménique pour cheminer vers Noël avec toute la Terre, ne pensez-vous pas?

D’ailleurs, ce superbe passage ne se trouve pas à la fin du livre de Michée. Pourtant, cela aurait été si beau, de terminer par cette vison de paix mondiale!

Or justement, ce n’est pas le dernier mot, comme la solution finale à tous nos problèmes. Non, quand je marche, je dois savoir que je rencontrerai encore des obstacles; que parfois, la violence et l’injustice reprendront le dessus, près de moi; et même en moi, bien sûr! Michée lui aussi aura encore des mots guerriers après ces paroles magnifiques d’espérance… et euh, nous aussi!
  

Avent de l’année 2021. Dieu vient. Ses promesses nous sont adressées, à nous aussi, face à notre monde mal fichu. Chaque fois que nous disons une parole qui reflète celles de Dieu; chaque fois que nous accomplissons un geste qui prolonge ceux du Christ, eh bien nous aidons les humains à mieux vivre la réconciliation offerte à Noël. Nous contribuons à éclairer un peu mieux la nuit. Nous réchauffons l’hiver, à notre mesure. Et donc, nous aidons les autres à le faire, eux aussi.

Bâtisseurs de l’amour de Dieu, nous agrandissons l’abri qu’il propose aux blessé.e.s de la vie.

Alors, bonne route! Ou: bon chemin! Amen


Jean-Jacques Corbaz