Pour vous y retrouver

Bonjour! Bienvenue sur ces pages, que j'ai plaisir à ouvrir pour vous!
Vous trouverez sur ce blog différentes sortes de contributions:
- annonce (An),
- billet (Bi),
- citation (Ci),
- confession de foi (CF),
- conte (Co),
- formation d'adultes (FA),
- humour (Hu),
- image (Im),
- liturgie (Li),
- poésie (Po),
- prédication (Pr),
- réflexion (Ré),
- sciences bibliques (SB),
- vulgarisation (Vu).
Bonne balade entre les mots!

Ces œuvres sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé.

Ce blog fait partie d'un réseau de sites réformés "réseau-protestant.ch" qui vise à coordonner et rendre visibles et lisibles les publications web de la galaxie du protestantisme de Suisse romande. Voir sur ce blog la page https://textesdejjcorbaz.blogspot.com/p/blog-page.html>.

dimanche 27 juillet 2014

(Pr) 27.7.14 - "Tu te mettras tout nu..."

Lectures bibliques: 2 Rois 5, 1-19; Luc 13, 22-24; Esaïe 55, 1-3

Bien des gens aiment voir, à la TV, un illustre chef d’Etat... qui se prend les pieds dans un tapis! Ou un prince, ou une star, qui se fait pincer en flagrant délit d’ivresse au volant. Car voilà un grand personnage... qui se révèle soudain comme tout le monde. Humain, faillible.

C’est ce que montre au premier regard notre histoire de Naaman. Naaman, c’est le général en chef de la Syrie, pays ennemi d’Israël en ce temps-là. Il est l’un des personnages les plus importants de l’époque. Il a gagné la guerre, c’est un héros.

Et pourtant. Ce favori du roi a une faille. Il souffre de la lèpre. Une terrible maladie, qui ronge le corps. Et pire encore: qui nous met au ban de la société. Vous savez qu’en ce temps-là, les lépreux sont des parias. Interdiction d’avoir le moindre contact avec eux!

Bien sûr, la maladie de Naaman n’en est qu’à son début. Il la cache soigneusement. Mais il sait qu’un jour, bientôt, le pot-aux-roses va se découvrir. Et qu’alors, ce sera la fin de sa gloire. Et même la fin tout court, pour lui.

Comme tant de personnes riches atteintes dans leur santé, Naaman cherche à se guérir, par tous les moyens. Et il a des moyens importants. Argent, influence... Mais c’est par une petite fille, une esclave dont on ignore même le nom, -bref, presque rien- qu’il entend parler d’Elisée, le prophète; Elisée dont le rayonnement s’étend bien au-delà de Samarie, sa ville.

Le célèbre général part pour Israël, en mettant tous les atouts de son côté. Les atouts des puissants. Il demande à son souverain une lettre de recommandation pour le roi d’Israël, qui est devenu une sorte de vassal des Syriens... Ensuite, il emporte le nerf de la guerre: des sommes faramineuses, impossibles à traduire en monnaie d’aujourd’hui: 300 kg d’argent, 60 kg d’or... De quoi s’acheter des palais rutilants!

Et c’est ainsi qu’il se présente à la cour de Samarie, devant le roi d’Israël. Mais, un peu comme les mages à Noël, il n’imagine pas une seconde que c’est ailleurs qu’il devrait chercher. Du côté des petits.

Alors, imaginez: le pauvre roi de Samarie, en lisant la lettre de son supérieur, se met à paniquer. Mais comment accéder à cette demande? Il déchire ses habits en signe d’impuissance et de deuil. Le roi n’a pas le pouvoir de guérir de la lèpre, il n’est pas Dieu!

Naaman, dans son déploiement d’atouts puissants, Naaman a oublié une chose: c’est que la petite esclave lui avait parlé d’un prophète. Pas d’un roi. D’un pro-phète, c’est-à-dire d’un homme qui parle de la part de Dieu. Qui parle avec ses mots , mais également avec ses actes. D’un qui rayonne de la présence du Seigneur, mais pour les AUTRES.

Elisée est tellement prophète même qu’il a tout compris. C’est lui qui vole au secours de son roi: “Eh bien, tu n’as qu’à me l’envoyer, ce général!”

Et voilà. Naaman peut enfin toucher au but. Devant la modeste demeure d’Elisée, il s’annonce. Tout va se régler très vite, maintenant.

Euh ben... Pas tout à fait! Le héros syrien avait déjà été terriblement humilié par la lèpre, mais il n’en a pas fini avec son orgueil. Car Elisée ne se dérange même pas pour venir l’accueillir! Il ne fait qu’envoyer quelqu’un lui dire d’aller se tremper 7 fois dans le Jourdain.


Quel mépris! Pour un personnage aussi important, qui vient d’accomplir un si long voyage! Et les règles sacrées de l’hospitalité, Elisée? Naaman attendait sans doute une cérémonie fastueuse, des rites, des gestes d’incantation... Mais: rien! Notre grand général, vexé, veut repartir aussi sec (si j’ose dire!). “Les rivières de chez moi valent tout autant que celle de Samarie. Assez pétouillé, je rentre.”

Mais Dieu est patient. Et tenace. Il s’est manifesté une première fois par la fillette sans nom, prisonnière en Syrie, qui avait parlé d’Elisée. Puis une seconde fois quand le prophète est intervenu en personne auprès de son roi. Maintenant, troisième fois, c’est par la bouche des serviteurs de Naaman qu’il se manifeste, serviteurs d’ailleurs tout aussi anonymes que la petite juive: “Maître, disent-ils, si cet homme t’avait demandé d’accomplir des rites difficiles, tu aurais accepté, n’est-ce pas? Alors, pourquoi ne pas essayer ce geste tout simple, comme il te le conseille? Tu risques quoi?”

Alors, le grand général consent. Il s’abaisse... On peut imaginer qu’il se déshabille entièrement pour plonger dans le Jourdain. Nu, au propre comme au figuré. Dépouillé de son uniforme. Privé des signes extérieurs de sa puissance. Et surtout, il ne peut plus cacher, ainsi, la terrible maladie qui le ronge. Sa fragilité est exposée à tout venant.

Cette nudité, c’est la seule manière quand on veut se présenter devant Dieu. Puisque le Seigneur lui-même ne se montre à nous qu’ainsi: pauvre et vulnérable. Image du baptême, bien sûr! Comme pour annoncer déjà ces gens qui se tremperont dans l’eau vive, pour s’associer à leur Sauveur, lui qui a plongé dans la mort à Golgotha, pour en ressortir, rayonnant, au matin de Pâques!

Naaman, guéri, peut renaître, comme un petit enfant. Renaître à la santé, bien sûr. Mais surtout, renaître à une vie spirituelle autre. Une vie spirituelle dépouillée, elle aussi, des fausses valeurs de gloire, de puissance et d’apparence. Le vrai Dieu n’est pas celui de la victoire et des richesses, celui qu’il célébrait en Syrie. Le vrai Dieu n’est pas non plus celui de la cour royale et des appuis princiers, qu’il avait cherché à Samarie. Le vrai Dieu, il se tient discrètement, fragile, au ras du gazon. Ou plutôt au ras des eaux de la rivière, dans laquelle il faut être nu pour plonger.

Pour nous aujourd’hui, comme pour Naaman, cette simplicité de Dieu peut surprendre. Voire faire problème! Cette gratuité choque parfois, elle est si contraire aux valeurs du monde! Pour accéder à Dieu, ce serait si naturel de devoir accomplir de grands sacrifices! Or, le seul sacrifice qui nous est demandé, c’est d’accepter que tous nos efforts sont inutiles. Nos mérites, ils ne valent plus rien. Comme des jetons périmés.

Vous voyez, nous dit le livre des Rois: la petite esclave était plus riche que le puissant général en chef. Dépouillée de tout, loin de son peuple; mais reliée à Israël, et à Dieu. Forte de sa relation avec le Père qui connaît ceux qui n’ont rien, et qui leur répond.


Voilà pourquoi Elisée n’accepte pas les richesses du général, en cadeau. Ce que nous avons un peu de peine à comprendre, bien sûr! Mais il faut que Naaman se rende compte de cette totale gratuité de Dieu. Qui est d’autant plus proche de nous que nous sommes vulnérables et vrais. Donc:  nus.

Lorsque le riche Syrien entre pleinement dans cette relation spirituelle, dans cette religion, il peut partir en paix. Il n’offre plus rien. Au contraire, c’est lui qui demande. Il sollicite humblement de pouvoir emporter chez lui un peu de terre d’Israël... Dans la culture d’alors, la terre d’un pays est symbole, savez-vous, de la présence de son Dieu. La terre d’Israël, c’est la possibilité de rester relié au Seigneur, à travers les rites juifs de l’époque, les sacrifices.

Et puis, Naaman va demander une seconde chose. Car il se rend compte qu’il ne pourra pas vivre une foi totalement exempte de compromis, au palais de Damas: au bras de son roi, il devra bien s’incliner devant la divinité locale.

Alors Elisée l’assure d’avance du pardon de Dieu. Promesse étonnante, en regard de tant d’autres manifestations d’intolérance que porte l’Ancien Testament. Promesse qui est bien sûr prophétique, encore, des ouvertures de l’Evangile: comme le dira le Christ, ce ne sont pas les gestes extérieurs qui sont importants. C’est bien notre qualité intérieure de relation au Seigneur.

Comme dans beaucoup de miracles qu’accomplira Jésus, bien plus tard, on le voit clairement ici: la guérison du corps symbolise mille fois plus qu’une santé retrouvée; la religion n’est pas un “truc” pour guérir, qui marcherait à tous les coups. Elle est surtout rétablissement d’une relation d’amour avec le Créateur; elle est une confiance échangée qui réconcilie avec la vie; avec soi-même; voire avec le monde et les gens qui nous entourent. Donc avec Dieu! Une réconciliation qui peut produire dans nos existences des effets prodigieux! Comme pour Naaman.

C’est ainsi qu’il peut s’en aller, en paix. Guéri non seulement de sa lèpre; mais surtout de son orgueil. De sa confiance démesurée dans sa force et ses richesses. Il repart avec son or et son argent, qui lui sont inutiles désormais. Il a appris l’humilité.

Derrière la caravane du grand général et de ses serviteurs, tout derrière, après les trésors et les beaux habits... on peut voir deux mulets, chargés de terre. De la terre ordinaire, banale, de Palestine. Signe que, pour Naaman: tout a changé! Amen

Jean-Jacques Corbaz  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire