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dimanche 21 février 2016

(Pr) trousse et frouille...

Prédication du 21.2.16  -  «La peur… »

Matthieu 14, 20-27; Esaïe 51, 7-12; Philippiens 2, 14-18; Esaïe 43, 1-4

Quand j’étais petit, mes parents étaient paysans. Sur notre domaine, un vieux garçon venait nous aider pour quelques gros travaux. On lui disait « Loulet ». Il consommait bien plus d’alcool que de café, évidemment ! Et sa philosophie de la vie tenait en deux ou trois phrases qu’il remâchait autant que ses chiques de tabac. Par exemple, il aimait répéter: « J’ai souvent tremblé de froid… mais jamais de peur ! ».

Ce Loulet reste, de toute ma vie, l’unique personne qui m’ait affirmé n’avoir jamais eu peur. Et vous ? Qu’en est-il de vos craintes, de vos frousses, de vos trouilles ?

Pour ma part, je suis porté à penser que la peur est normalement partie intégrante de la vie. Qu’elle est, forcément, au cœur du vivant ! On pourrait presque dire que, sans peur, il n’y a pas de vie possible, puisque c’est elle qui nous pousse à fuir, ou à nous protéger de tout de qui nous menace. – Et là, je parle autant des dangers qui guettent un petit oiseau que de ce qui nous angoisse, nous croyants adultes, vaccinés, baptisés et instruits de 2016 !


La peur est au cœur de toute vie. Peur pour nous-mêmes, ou pour celles et ceux que nous aimons; pour notre sécurité, ou notre avenir… Peur concrète et précise, par exemple celle d’une personne âgée craignant de tomber sur un chemin glissant… Peur plus diffuse et vague, cristallisée autour de grands mots comme « cancer» ; « guerres » ; « folie » ; « agression… Peur pour l’au-delà aussi, crainte d’être indigne, ou d’échouer…

Mais stop ! N’en jetez plus ! Ça suffit, avec la télé, les nouvelles ! Ras le bocal ! Ça déborde !

Car voici: autant la peur est normale, et naturelle parfois (et j’allais presque dire : utile et bonne !), puisqu’elle nous aide à nous protéger ; - autant elle est destructrice et pernicieuse, quand elle nous fait perdre nos moyens, et réagir à contre-sens. Vous connaissez bien ces paniques où les gens s’écrasent les uns les autres, incapables de réfléchir à cause d’un danger. À faibles doses, la peur nous protège ; à trop fortes concentrations, elle nous fait courir à la catastrophe.

Trop de peur est donc mauvaise conseillère. La grosse trouille est une maladie socialement transmissible : plus on l’exprime, et plus elle augmente !

Et l’évangile, qui connaît bien nos peurs, et qui même les partage, depuis celle de la mort jusqu’à celle de la fin du monde, l’évangile nous raconte cette histoire dans laquelle les croyants de tous les siècles se projettent sans aucune peine: les disciples sont dans un bateau, symbole de l’Eglise. Embarqués sur l’ordre du Christ, juste après le miracle du rassasiement, qui était un signe fort de sécurité. Mais l’esquif est ballotté par la tempête, le vent, les vagues… Il risque d’être submergé. Or Jésus n’est pas là. Il prie ; mais plus loin, là-haut sur la colline. Et les disciples paniquent.

Et voici que, tard dans la nuit, le Maître apparaît soudain, sur l’eau !?... tout près d’eux. Si étonnamment, si fragilement dans l’orage que ses amis le prennent pour un fantôme. Ecrasés par la frousse, morts d’inquiétude, ils entendent alors la voix aimée : « Courage ! C’est moi, n’ayez pas peur ! Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! »

La panique est un poison. Et l’évangile en est le meilleur antidote ! La parole du Christ, qui s’affirme au milieu des éléments déchainés, retentit comme une promesse : « Ne crains pas, car je t’ai racheté. Si tu traverses les eaux, je serai tout près de toi. Je donne quelqu’un d’autre à ta place, pour te sauver la vie. » « Et sachez-le, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».

 



21 février 2016. Dans toute l’Europe, les populations se sentent submergées par des vagues de migrants, de réfugiés, de requérants qui cherchent asile. Appelez-les comme vous voudrez, ce sont des gens qui fuient la mort, et qui essaient de trouver un havre de paix où pouvoir vivre.

Certains, dans notre Eglise et dans notre pays, sont touchés par les drames qui font fuir ces gens. Mais d’autres ont peur de ces flots d’étrangers qui arrivent chez nous, comme les vagues du lac de Tibériade, qui secouent et ballottent notre barque !

Il y a peu, un homme me disait ouvertement, dans une église près d’ici « Je suis raciste ». Est-ce qu’il ne voulait pas dire, surtout « J’ai peur » ?!?

Alors voilà, une fois de plus, je ne vais pas vous dire ce que vous devez ou ne devez pas faire. Je m’y refuse, je crois que c’est profondément anti-évangélique. La morale peut avoir des effets à court terme ; mais à longue échéance, rien de solide ne se bâtit sur des « tu dois », des « il faut » ou des « tu ne dois pas ».

Je ne vais vous dire que ceci : Dieu, dans sa tendresse infinie pour chacun(e) de nous, voudrait tant que nous nous sentions en paix. En sécurité. Il nous a offert Jésus Christ, sa vie, son sang, pour que nous puissions vivre en nous sentant moins menacés. À l’image de l’apôtre Paul, et de beaucoup d’autres, qui n’ont pas eu peur de donner leur vie, puisqu’ils savaient, profondément, que l’essentiel, eh bien personne ne pourrait le leur enlever !

Je crois que, si nous recevons réellement cette sécurité-là, cette libération, notre existence en sera spectaculairement bouleversée; transformée par la foi, car habitée par le Ressuscité, le Vivant!
  


Mais nous sommes humains. Donc imparfaits. Nous éprouverons toujours des doutes et des craintes, à l’exemple des disciples seuls sur leur bateau. Puissions-nous alors, même au cœur de nos tempêtes, voir Jésus qui s’avance vers nous. Puissions-nous l’entendre nous appeler au courage pour vaincre nos peurs.

Jésus vient prendre place dans notre barque. Lui répondrons-nous qu’elle est pleine, et le jetterons-nous par-dessus bord? Ou bien le prendrons-nous pour un fantôme? (entre parenthèses, petit clin d’œil de l’évangile, le mot grec qui signifie «fantôme», c’est «fantasma», qui a donné «fantasme», c’est-à-dire «peur diffuse»!?!)… Laisserons-nous donc la panique nous faire confondre nos fantasmes avec la réalité?


C’est vrai, reconnaissons-le: il nous arrive de parfois trembler de peur ! C’est vrai, il y a des menaces à notre sécurité. C’est vrai, les vagues de migrants qui arrivent nous inquiètent à juste titre.

Ceux qui frappent à notre porte ne sont pas toujours des enfants de chœur. Ils ont côtoyé souvent la guerre, l’horreur ; et des peurs… plus terribles que les nôtres !   À leur place, comment seraient nos enfants, s’ils avaient traversé les mêmes évènements ? Sans doute pas très différents…

Pas d’angélisme, donc. Nous savons bien qu’il y a des crapules parmi ceux qui nous viennent ainsi, comme il y a des crapules  chez nous, et dans toute société, dans tous les pays (et même au Vatican !!). Et que ça n’est pas pour nous rassurer !

La seule consolation, pour l’évangile, elle est dans la présence toujours renouvelée de Jésus, infiniment proche de nous, qui nous répète, inlassable : « Prenez courage ! Confiance ! C’est moi, n’ayez pas peur ! Sachez-le, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».
 
Si nous recevons réellement cette sécurité-là, notre existence en sera spectaculairement bouleversée; transformée par la foi, car habitée par le Ressuscité, le Vivant! Amen


Jean-Jacques Corbaz 
 



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