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dimanche 11 octobre 2020

(Pr) La ruse des Gabaonites et la fidélité aux promesses (Josué 9)

Prédication des 6 et 11 octobre 2020

Lectures bibliques: Josué 9, 3-6+11-16+22-27; Romains 3, 21-25; Psaume 111

 

 

Peut-être vous est-il arrivé de vous sentir « coincé » par une promesse que vous aviez faite. Tout à coup, vous réalisez que la situation est différente de ce que vous aviez cru ; et votre serment vous entraine beaucoup plus loin que vous n’aviez pensé. Un peu comme ces paysans autrefois qui cautionnaient des voisins, pour garantir un achat de domaine, par exemple, et dont certains se sont ruinés pour respecter leur signature.

C’est (sans qu’ils ne se ruinent !), c’est la mésaventure survenue à Israël au temps de Josué. On raconte que Dieu leur avait promis la Palestine pour qu’ils puissent y vivre, après la sortie d’Egypte. Leurs chefs et leur religion leur avaient donné deux consignes :
(1°) conclure des alliances avec les peuples lointains, et donc les épargner ;

mais

(2°) exterminer les royaumes proches de Canaan, pour s’établir sur leur territoire.

Cette tactique s’explique d’un point de vue guerrier, pour éviter tout risque de conflit après la conquête. Mais, bien sûr, d’un point de vue chrétien et moderne, ce procédé nous révolte. Ces mœurs violentes et barbares sont pour nous bien peu compatibles avec la volonté de notre 
Dieu, en particulier telle qu’elle s’exprime dans le Nouveau Testament!

Pourtant, n’oublions pas qu’alors, tout le monde vivait selon ces principes sanguinaires, c’était le seul langage compréhensible, à l’époque. Un dieu n’était crédible que si ses fidèles flanquaient des pilées monumentales aux peuples qui s’opposaient à eux. D’ailleurs, aujourd’hui, en Palestine, justement… Hum!!
  


Mais revenons à notre histoire. La conquête de la Palestine se passe comme prévu, Josué remporte de grandes victoires, qui répandent la crainte dans la région.

Or voilà que le peuple de Gabaon, en plein centre du pays de Canaan, imagine
une ruse pour sauver sa peau. Vous l’avez entendu, ils se déguisent en voyageurs lointains, épuisés par un long trajet, et ils obtiennent ainsi une alliance de la part d’Israël. Promesses de paix, de relations harmonieuses et de protection.

Le hic, c’est que trois jours après, les chefs d’Israël se rendent compte qu’ils ont été roulés. Ces gens soi-disant venus de très loin, en fait ils n’habitent qu’à une dizaine de km de Jérusalem. Un peu comme si un inconnu vient vous demander l’hospitalité en prétendant qu’il a marché depuis la Bulgarie jusque chez vous, et que vous vous aperceviez soudain que votre visiteur habite Morges !

Vous imaginez la tête de Josué et des siens. Et leur colère ! Toujours dans les usages de ce temps-là, on les verrait bien tomber à bras raccourcis sur ces tricheurs de Gabaon. Ils ont menti, ils ont trompé Israël, il serait normal que l’alliance soit cassée et qu’on les massacre comme on aurait dû le faire dès le début !
  

 
Mais non ! Malgré le peuple, qui voudrait les exterminer, Josué et les chefs d’Israël vont continuer de protéger les gens de Gabaon. Ils estiment leur promesse plus importante que leur amour-propre. Même s’ils s’étaient engagés « sans consulter le Seigneur », comme dit le verset 14, ils avaient fait alliance devant Dieu, à cause de lui, et c’était ça qui était le plus important.

Notons entre parenthèses que la ruse des Gabaonites n’a fait de tort à personne. Elle leur a permis de se sauver ; mais Israël, partenaire de l’alliance, n’a pas souffert du traité. Peut-être même cette ruse a-t-elle rendu possible un peu plus de la paix et de la réconciliation qu’un chrétien moderne comprend dans la volonté de Dieu !

Mais l’essentiel est ailleurs. Il est dans cette fidélité de Josué à ses promesses, même si ses partenaires ne méritent pas cette fidélité. L’attitude des chefs d’Israël est ici tout à fait conforme à celle de Dieu, dans son alliance avec les hommes. Elle nous parle de la fidélité de notre Père céleste, lui qui s’est lié souverainement envers son peuple. Même si Israël a passé son temps à trahir cette alliance, à oublier Dieu, à renier toute loyauté envers Celui qui les avait sauvés de l’esclavage, eh bien malgré tout Dieu, lui, n’a jamais cessé d’aimer, d’appeler, de vouloir le bien de ses enfants. Le Seigneur est fidèle, et il le reste éternellement.

Voilà comment ce récit de guerre et de conquêtes nous parle quand même de Dieu, de sa patience, de sa bienveillance infinie pour nous. Lui ne se démentira jamais.

En ces temps de pandémie et de nombreuses incertitudes, alors que l’actualité est si pleine de CoVid (!), et que la peur et la colère nous mènent trop souvent par le bout du nez, je trouve important de souligner avec vigueur la fidélité de Dieu à son alliance; malgré nos trahisons; malgré nos doutes, nos réticences à le suivre. Dieu s’est engagé, il ne nous lâchera jamais. Chouette ! C’est là le sens premier du baptême.

Chouette, mais n’oublions pas que ce récit nous parle aussi de nos engagements à nous. Nos promesses d’hommes et de femmes, celles que nous prenons devant Dieu, parfois à la légère, fréquemment même « sans consulter le Seigneur » comme Josué !

Si souvent, nous nous engageons dans une alliance, pleins de bonne volonté. Et puis, il y a des imprévus, des éléments nouveaux. Parfois même nous considérons ces aléas comme des coups tordus de la vie : les choses ne sont pas allées comme on croyait, des espoirs nous ont été enlevés, notre destin n’a pas tenu ce qu’il promettait… Peut-être même est-ce l’Eglise ou la foi qui ont trahi nos attentes.

Dans ces conditions, il est humain de considérer nos engagements comme caducs. Puisque la vie n’a pas respecté ses promesses, je me sens libre de ne pas tenir les miennes !

Alors, disons merci à Josué de nous montrer une autre attitude ! Il y a ici une résolution de conflit non-violente, un choix gagnant-gagnant dont nous pouvons nous inspirer.

Pourtant, je ne vais pas vous dire, aujourd’hui, de tenir vos promesses quoi qu’il arrive. Car nous ne sommes plus sous le joug d’aucune loi religieuse. La Bible ne nous fait pas la morale, elle chante la fidélité de Dieu pour nous. Et de toute façon, nous ne sommes pas Josué ; et encore moins Dieu le Père ! D’ailleurs, moi-même, j’en suis loin.

Ce que nous nous disons les uns aux autres, ce matin, c’est ceci : souvenons-nous que Dieu vient lui-même dans nos engagements pour y introduire sa dimension de fidélité infinie, d’éternité qui ne désespère jamais. Aujourd’hui comme hier. Les Réformateurs l’ont bien souligné, avec ce passage de la lettre aux Romains : « Tous ont péché, et méritent donc d’être privés des promesses de Dieu. Mais lui, dans sa bonté, nous rend tous justes, en Christ » !

La solidité des engagements de Dieu va nous aider à devenir meilleurs dans les nôtres, au quotidien. Et c’est tout spécialement vrai pour l’alliance du baptême, que nous venons de vivre.

Vous l’avez remarqué, les promesses de Dieu en Christ ont été dites dans la liturgie avant celles des parents, parrain et marraine. Cela pour bien souligner que les premières sont de loin les plus importantes ; et que les secondes sont la réponse des humains à l’alliance de Dieu.

Les parents, parrain et marraine de Georges ont composé eux- mêmes leurs engagements, librement. Justement pour leur permettre de les respecter le mieux possible. “Avec l’aide de Dieu”, comme on disait à l’époque où j’ai confirmé! Une formule qu’on devrait remettre à l’honneur dans nos actes ecclésiastiques, tant elle est ancrée en vérité dans l’évangile comme dans notre aven- ture de Josué avec les gens de Gabaon.

Et puis, je vous ai ensuite exhorté, tous, à donner du poids aux promesses qui venaient d’être dites, autant celles du Père du Ciel que celles des parents terrestres, aidés par les parrain et marraine. Cela en redonnant du poids à votre propre baptême ou à vos propres engagements devant Dieu.

Oui, sachons-le bien, et disons-le clairement: en tout temps, en tout lieu, Dieu renouvelle son alliance avec nous, qui que nous soyons et quoi que nous fassions. Il nous redit infatigablement ses promesses de salut, de pardon. Puisse-t-il ainsi nous aider à habiter nos propres engagements, pour que ceux-ci reflètent les siens le mieux possible. Puisse-t-il ainsi nous réapprendre à mieux vivre, et à mieux aimer. Gagnant-gagnant! Amen

                       
Jean-Jacques Corbaz     



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