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dimanche 13 janvier 2019

(Pr) "Je suis. Et toi, tu me suis?"

Prédication du 13 janvier 2019


"Suivre Jésus dans la tempête?”

 Introduction aux lectures bibliques: Les bougies de Noël sont à peine éteintes, les repas et les fatigues à peine digérés que l'évangile nous replace en face de Jésus adulte. Il grandit rapidement!

Je vous propose ce matin un passage ultra-connu qui risque de faire soupirer de lassitude les paroissiens les plus anciens, eux qui ont à leur actif l'écoute d'au moins 24 prédications, dont 15 en service funèbre, sur ce récit: celui dit de "la tempête apaisée". Y trouverons-nous du neuf pour l’an (deux mille dix) neuf?

Pour essayer d'en discerner l'essentiel, tel que l'auteur a voulu le transmettre,  il me semble important de lire aussi le passage qui le précède immédiatement ainsi que le verset qui le suit, dans l'évangile selon Matthieu.


Lectures: Matthieu 8, 18-28; Actes 27, 9-25; Psaume 23, 1-4


 Quand j’étais au collège, j’avais un prof de biologie un peu distrait. Un jour, il nous annonce que nous allons disséquer une grenouille; il sort de sa poche un petit paquet, d’où il extrait... un sandwich! Et on l’entend murmurer, très étonné: “Mais alors, qu’est-ce que j’ai mangé dans le bus?”...

Quand on est prof, les surprises et les aléas sont nombreux. Mais ils ne sont que peu de chose, comparés à ceux des personnes qui suivent Jésus!

C’est ce que le passage de ce matin essaie de nous dire, de multiples façons. Déjà dans sa manière de raconter notre épisode, Matthieu nous entraîne de surprise en étonnement! Dès le premier verset.

Voyant la foule autour de lui, Jésus dit: “Passons sur l’autre rive”. Logiquement, on s’attendrait à ce que l’embarquement soit alors immédiat; en général, quand Jésus parle, la chose se réalise! Mais ce récit est à peine commencé que l’évangile nous réserve une première surprise. Le fil de l’histoire s’interrompt. Un maître de la loi vient dire à Jésus: “Seigneur, j’irai partout où tu iras”. Puis c’est un autre homme, proche des disciples, qui demande la permission d’enterrer son père d’abord.

Ce n’est qu’après ces deux dialogues que le récit continue, et qu’on se met en route.

À l’évidence, Matthieu nous donne là un indice important: le véritable sujet de ce passage, c’est le fait de suivre Jésus. “Être chrétien dans les difficultés de la vie”, tel pourrait être le titre donné à cette histoire par l’auteur du premier évangile. “Suis-moi”, dit Jésus, et les disciples montent dans la barque. D’ailleurs, le verbe “suivre” reviendra souvent, dans nos versets.
 


Bien sûr, puisque Matthieu nous emmène sur des chemins de surprises, il s’agira d’aborder franchement les difficultés de ce texte, et les étonnements qu’il veut susciter en nous. Ainsi, j’ai toujours été un peu choqué que Jésus décourage des gens prêts à le suivre. “Laisse les morts enterrer les morts”, c’est rude! Pour un fils, enterrer son père, c’est une marque de respect minimum,    quand même!

Et c’est pour ça qu’il est important de lire ce passage jusqu’au bout, car tout se tient. Il est impossible de le comprendre si on s’arrête au calme après la tempête. Verset 27: Tous étaient remplis d'étonnement et disaient: “Quel genre d'homme est-ce pour que même le vent et les flots lui obéissent?”. Verset 28: Quand Jésus arriva de l'autre côté du lac, dans le pays des Gadaréniens, deux hommes sortirent des tombeaux et vinrent à sa rencontre.

Voyez-vous? Par son attitude un peu choquante, Jésus veut montrer le contraste entre le rivage qu’il quitte et le voyage sur l’eau, et les tombeaux qu’il va croiser de l’autre côté du lac. Le trajet sur l’eau, c’est la vie; la vraie vie. Une existence mouvementée, faite de tempêtes et de bouleversements, au bout de laquelle se trouve la résurrection, déjà annoncée puisque les deux Gadaréniens sortent des tombeaux. Une traversée qui va nous emmener dans un autre monde, où la Vie éclate comme un soleil!

Il y a donc pour Matthieu un choix à faire: ou bien rester en arrière, et demeurer dans la mort; ou bien devenir un vivant, et embarquer pour l’aventure!
 


Deuxième difficulté, ou surprise. Pourquoi Jésus dit-il à celui qui veut le suivre: Le Fils de l’Homme n’a pas d’endroit où poser sa tête?

Là encore, il y a un joli clin d’oeil à la suite du récit. Car, dans la tempête, que fait Jésus? Justement, il dort! Le Fils de l’Homme n’a pas d’autre endroit où poser sa tête qu’une tempête! Pourtant, ô étonnement, il sera possible d’y dormir!!

Voyez-vous, tout nous conduit à lire ce récit comme une parabole de la vie chrétienne, et de la vie dans l’épreuve; ou dans la persécution, ou la souffrance. Quand nous sommes ballottés par les éléments déchaînés, quand nous nous sentons aussi fragiles qu’une coquille de noix sur la mer démontée, eh bien, dit Matthieu, c’est ça, la vie en Christ, et rien d’autre! Si vous restez en arrière de cette aventure, vous demeurez dans la mort!

Avez-vous remarqué? Dans tout ce chapitre, ceux qui entourent Jésus ne sont jamais appelés disciples, sauf une fois qu’ils sont dans la barque ou qu’ils le suivent. Sur la rive, c’étaient des gens. Dans le bateau, ce sont des disciples!
 


Il y a tant de choses dans cette introduction qu’on pourrait s’arrêter là. Mais l’essentiel est encore à venir. La toute grande surprise, c’est bien sûr que Jésus apaise la tempête, et c’est là le principal. La traversée, figure de la vie avec Christ, disions-nous. Oui mais, qui est cet homme? Celui que nous avons fêté, chanté à Noël,  qui est-il, vraiment?

D’abord, nous l’avons dit, il dort. Image, évidemment, de l’absence apparente de Dieu dans notre monde, ce Jésus qui sommeille. Mais signe, aussi, de calme et de confiance. De foi. Comme l’apôtre Paul dans le livre des Actes, Christ sait que la tempête ne peut rien contre lui. Pour vous chrétiens, pour vous aussi, dans les épreuves, dans les souffrances, les bouleversements: gardez confiance et calme, ne vous affolez pas. Jésus est là, et sa puissance est infinie!

Car après le sommeil vient pour lui le temps de parler. Une fois réveillé, il s’adresse avec sévérité à la mer et aux vents... Mais non! Minute! Encore une surprise. Son premier sermon, il est pour les disciples, qui sont morts de peur! Les disciples, embarqués pour la vie avec Christ, et crevant de trouille!

Eh bien oui, dit Matthieu, la vraie vie, ce n’est pas du gentillet, ni du facile! Elle côtoie plus souvent la mort que son contraire. Jésus en saura quelque chose à Golgotha, vous ne croyez pas?

Hommes de peu de foi! C’est nous, là. C’est vous et moi, n’est-ce pas? Parce que suivre Jésus, ça inclut nécessairement des moments de doute et de peur. C’est parfaitement normal! Vous l’avez peut-être d’ailleurs ressenti vous-mêmes, ce matin, pour arriver dans cette église, en traversant la campagne par des chemins couverts de neige. Parfois nous avons peur, et c’est normal.




Mais alors, nouvel étonnement pour nous, mais alors pourquoi le Christ ne comprend-il pas cela? Pourquoi est-il si dur, là aussi, avec ceux qui veulent l’accompagner, et qui l’appellent?

La réponse se laissera entrevoir, encore une fois, dans le Suis-moi! Car Jésus ne dit pas “obéis-moi” ni “abrite-toi derrière moi”, comme on le croit parfois. Suis-moi, ça veut dire aussi: deviens autonome, comme moi.

Tant que tu crois que c’est moi seul qui peux calmer la tempête, tu resteras tributaire d’un autre, tu ne seras pas vraiment libre! Me suivre, dit le Christ, c’est croire que tu peux toi-même; que vous pouvez, vous! Même si je dors, même si, apparemment, je suis absent du monde où vous vivez, croire que nous sommes assez reliés, vous et moi, pour que vous puissiez...

Pour que vous puissiez quoi? Peut-être affronter, assumer, traverser l’épreuve; garder le calme et la confiance dans les grands ébranlements du monde, ceux des guerres au Proche-Orient ou ceux de ta vie personnelle. Envisager la fin du monde, la catastrophe écologique ou plus prosaïquement la mort, envisager tout ça en tant que compagnon du Christ, comme être relié à Dieu. Ainsi que le chantait déjà le Psaume 23: Même si je passe par la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains rien, Seigneur, car tu m’accompagnes, tu me protèges. Auprès de toi, je suis en sécurité.

Jésus parle aux disciples, puis, enfin, il sermonne les éléments déchaînés. Qui s’apaisent illico.
  


Etonnement des lecteurs d’hier, d’aujourd’hui et de demain, ce miracle. Etonnement des disciples aussi, d’ailleurs, qui se posent les mêmes questions que nous tout-à-l’heure. Mais qui est-il, ce gars-là, pour que même la mer et les vents lui obéissent?

Dans l’évangile selon Matthieu, lorsque Jésus guérit des malades,  la foule s’extasie et s’émerveille. Mais ici, c’est l’étonnement et les questions sans réponses. En effet, ils étaient nombreux, à l’époque, ceux qui opéraient des guérisons, parfois spectaculaires. Beaucoup, au nom de Jésus ou pas, avaient du pouvoir sur la maladie. Mais le pouvoir sur la mer et les vents, ça, ça n’existait guère. En Israël, on disait que c’était du ressort de Dieu, seul. Du Créateur.

Le miracle de la tempête calmée nous met donc en face d’une dimension de Jésus particulière: il est aussi maître de la création, il a pouvoir sur les éléments. Parce qu’il n’est pas qu’un homme spécialement doué, mais qu’il est le fils de Dieu. Tout est remis entre ses mains.
 

 
Conclusion. Nous étions partis (c’est le cas de dire!) sur le fait de suivre Jésus. Matthieu nous a fait découvrir ensuite que cette vie avec lui est en fait la vraie vie, passionnante, dangereuse, au parfum souvent de mort; qui débouche sur la résurrection. Et que ne pas s’embarquer, c’est choisir l’enterrement de première classe!

Nous avons entendu le Christ du premier évangile nous souffler que cette vie-là est réelle liberté, puisque l’absence même de Jésus nous appelle à oser par nous-mêmes, à prendre en charge nos épreuves et nos bouleversements. Tout cela nous est donné par Celui qui est Dieu, Créateur, maître du monde, car c’est lui-même qui nous accompagne dans cette aventure.




Moralité: l’enfant de Noël n’est pas venu pour nous attendrir, mais d’abord pour affronter devant nous les tempêtes de la vie.

En ce début d’année, n’oublions jamais de faire le lien entre le Jésus de la crèche et celui de la croix. Entre le Jésus de la douceur et celui de la tempête. Entre le bébé fragile et le maître des éléments déchaînés.

C’est lui qui nous dit, aujourd’hui encore: Suis-moi!

Et si nous partions, derrière lui, affronter nos pires craintes?



Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz 



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