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vendredi 25 décembre 2020

(Co, Pr, Hu) conte de Noël: mouton, hérissons et Cie, la distance de la paix

Narration du 24 décembre 2020, Plein Soleil et Ollon
Pour ces temps où la «distance sociale» est si importante, voici un conte mâtiné d’humour, voire de «piquant» (!) à l’intention des enfants que nous sommes tous, peu ou prou, à Noël: comment un hérisson a enseigné la paix au roi.


“La paix… piquante du roi”


Lectures bibliques: Michée 4, 1-4; Ephésiens 2, 12-17; Luc 2, 1-14 


Le roi Henri aimait la guerre. Quel bonheur pour lui quand il pouvait partir en campagne contre les pays voisins, qui étaient toujours soit trop près, et qui le menaçaient; soit trop loin, et qui n’en voulaient rien.

Le roi Henri aimait la guerre. Sentir l’excitation qui gagnait ses troupes, pendant les préparatifs. Jusqu’à son cheval, qui piaffait, les naseaux grands ouverts. Les camps. L’approche de l’ennemi. Et surtout les batailles: frapper, tuer, et voir les autres s’enfuir, remplis d’épouvante.

Le roi Henri aimait la guerre. Quand il en revenait, aussi: glorieux, vainqueur. Les troubadours qui chantaient ses louanges. Les foules qui l’acclamaient. Et le regard muet des jeunes filles, où se mêlaient la crainte et l’admiration.

Le roi Henri aimait la guerre. Mais si j’en parle au passé, c’est qu’il a, pourtant, dû changer de chanson. Un jour, lors d’une bataille acharnée, il a reçu contre le duc Gontran un vilain coup d’épée. Qui lui a coupé le bras droit. Et abîmé le gauche. Plus moyen de se battre! Sauf… de battre en retraite!

Du coup, plus de gloire. Plus de victoires. Plus de louanges ni d’acclamations. Plus de crainte ni d’admiration. Le roi, retraité par force (ou plutôt par faiblesse), le roi a dû chercher d’autres joies, d’autres promesses.

Comme il lui restait ses jambes, Henri s’est mis alors à courir la campagne. Chemins de terre, forêts, collines, il passait ses journées à aller - venir - aller - venir encore, avec toute l’énergie qu’il ne dépensait plus à faire la guerre. C’était moins passionnant que de se battre, mais, au moins, ça défoulait!


C’est ainsi qu’un jour, alors qu’il s’est arrêté au pied d’un vieux chêne pour manger un croûton de pain tiré de sa besace, Henri entend une petite voix qui lui dit «Bonjour!». Etonné, le roi se retourne et voit un… un hérisson! Tout petit, tout mignon.

- Bonjour, petit hérisson! Comment t’appelles-tu?

- Je ne suis pas petit, répond l’animal, fermement.

- «Je ne suis pas petit»? C’est comme ça que tu t’appelles? Quel drôle de nom!

- Mais non, réplique le hérisson, piqué au vif. Je m’appelle Barbapic. Mais je ne suis pas petit, je te dis, puisque j’ai déjà le droit de sortir tout seul. Et mon papa me répète tous les jours que je suis son grand trésor! Et que je sais bientôt autant de choses que lui!

- Eh bien, Barbapic, mon grand, puisque tu es si savant, peux-tu m’aider à trouver une réponse? J’en ai tant besoin.

- Euh… oui?

- Peux-tu me dire quelle est la plus belle chose du monde, à part la guerre?

- Je ne peux pas te répondre, fait le hérisson, pensif. Pas tout à fait. Parce que moi, je ne trouve pas, mais pas du tout, que la guerre soit belle.

- Mais pourtant, se battre, gagner, taper sur les autres, remporter la victoire… faire peur… c’est excitant, non?

- Et puis se faire taper dessus, se faire blesser, s’enfuir en perdant son sang… avoir peur… tu aimes? Au fait, où est ton bras droit??

- Euh, je l’ai perdu contre le duc Gontran, par traîtrise! Mais je serai vengé. Moi, je ne peux plus me battre. Mais mes sujets, oui! C’est pour ça… il faut que je trouve autre chose, pour remplacer la guerre!

- Ah bon, toi, manchot, tu es un roi! Habillé comme un pingouin, tu es donc un manchot… royal, hihihi!

- Ne te moque pas, Barbapic, je suis si malheureux.
 


- Eh bien, je ne voulais pas aider le roi. Mais aider un homme malheureux, alors oui, j’ai envie d’essayer. Ecoute: sais-tu ce que j’aime faire, pendant les longues soirées d’hiver?

- Euh, non?

- Eh bien, je joue à la chaleur, avec Maman.

- À la chaleur?? Mais kesskeucé?

- Ecoute: quand je suis trop loin d’elle, j’ai froid. Alors je me rapproche. Je me rapproche encore. Un peu plus. Mais aïe! Si je viens trop près, je me pique! Ses aiguilles traversent les miennes, et ma peau. Alors, je m’éloigne un peu. Un tout petit peu. Mais si je vais trop loin, j’ai froid… Et je recommence à m’approcher, doucement. Et puis, comme elle, elle bouge aussi, pour trouver la bonne distance avec Papa, je dois toujours m’adapter; venir plus près; aller plus loin… C’est un jeu de tendresse, un peu comme une danse!

- Oui, fait le roi Henri. C’est joli. Mais ce n’est pas pour les humains. Je n’ai pas de piquants, moi!

- Toi? Tu n’en as pas?!? Mais quand tu veux faire la guerre, tuer, massacrer, épouvanter, ce ne sont pas des piquants? Et quand tu as besoin de quelqu’un comme maintenant pour parler, parce que tu es malheureux, ce n’est pas de la chaleur?

Le roi Henri reste longtemps silencieux. Puis il rentre chez lui, mais lentement, lentement, en réfléchissant…

Et quand, trois jours plus tard, au cours de la fête de Noël, quand un enfant lit les paroles des anges, dans le récit de la naissance de Jésus, ces paroles qu’il a si souvent entendues, si souvent qu’il ne les écoutait plus (vous savez: «Paix sur la terre aux hommes qu’il aime, paix sur la terre aux hommes de bonne volonté»)… Alors, Henri se transforme.              

Son visage s’illumine. Et il dit: «Finalement, c’est beaucoup plus difficile de faire la paix que la guerre! Bien plus passionnant, aussi! Je veux essayer!»

Le roi Henri, depuis ce jour, joue avec les pays voisins. Il joue «à la chaleur». Se rapprocher. S’éloigner. Trouver la bonne distance.

Ils sont trop près, ils me menacent? Je m’éloigne, mais pas trop, juste ce qu’il faut.

Ils sont trop loin, trop inconnus? Je me rapproche, mais pas trop, juste ce qu’il faut.

Le roi Henri joue à la chaleur, et Barbapic le hérisson est devenu son meilleur conseiller.

Amen


Jean-Jacques Corbaz   


(adapté en français d’après une nouvelle inédite du célèbre dramaturge yougoslave Naej-Seuqcaj Zabroc, rédigée sous la dictature de Tito, et qui a longtemps circulé sous le manteau. Naej-Seuqcaj Zabroc l’avait créée d’abord pour ses enfants, dont le cadet avait une affection particulière pour les manchots et les pingouins).



 

 

 

 

 

 

J’ajoute une jolie image (se non è vero, è ben trovato!): le mouton dont vous voyez la photo ci-dessous s'est échappé d'une ferme et a passé 6 ans dans les montagnes. Il a fabriqué 30 kg de laine.
Les loups ont essayé de le manger, mais leurs dents ne pouvaient pas pénétrer sa toison.
Belle métaphore! Et si on faisait comme lui? Inutile de devenir dur pour survivre aux loups: soyez juste vraiment, vraiment doux et moelleux. 

















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