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lundi 2 décembre 2024

(Bi, Re) Dieu se moque-t-il de la souffrance des peuples?


Beaucoup de chrétiens me demandent que fait Dieu en ces temps. Nous a-t-il abandonné, se moque-t-il de la souffrance des peuples, de la ruine des uns et de la mort des autres ?
Alors je me suis dit : qu'a fait le Père quand son dernier fils a pris sa part d'héritage et qu'il est parti dans un pays lointain pour dépenser sa fortune dans une vie de désordre ?
(Luc 15, 11-32)

Le Père l'a laissé partir et il a attendu. Il n'a rien dit, n'a pas fait de reproches, ne l'a pas sermonné. Il l'a laissé libre de ses choix. Le fils est parti dans un pays lointain dépenser sa fortune et le Père n'a pas eu de nouvelles. Peut-être le Père a-t-il appris qu'une famine sévissait là-bas et il s'est inquiété pour son fils. Le Père n'était pas non plus responsable de cette famine, il ne l'a pas créée pour donner une leçon. Mais que pouvait-il faire ? Allait-il envoyer des émissaires pour le faire rechercher et le ramener par la peau du cou? Non il a attendu que le fils fasse l'expérience de la faim, du manque, d'un repentir, qu'il rentre en lui-même et se rende compte que sa prétendue liberté n'était qu'un esclavage. 

Quand le fils s'est décidé à rentrer, le Père ne lui a pas fait de sermon avec l'air entendu et victorieux de celui qui se réjouit de l'humiliation de l'autre. Il a organisé une fête. 
Nous sommes partis mener une vie de désordre dans un pays lointain. Désordre écologique, désordre économique, désordre social, désordre moral. Nous avons quitté la maison de notre Père, de notre patrie, de notre foi, de notre terre pensant que l'herbe serait plus verte ailleurs. Nous avons pensé que notre liberté passait par les plaisirs et la consommation, les abus et la domination des faibles. Et nous voudrions que Dieu agisse alors que nous sommes encore bien loin ? Tout le monde pense à demain en espérant que ce sera comme avant. "Mes vacances !" "Mes voyages !" "Mes soldes !" alors que beaucoup n'auront même pas les gousses que mangent les porcs. Beaucoup n'ont pas encore compris et se permettent en plus d'accuser Dieu d'une famine dont il n'est pas responsable, d'un désordre que nous avons créé, d'un abandon que nous avons choisi.  

Chaque fois que l'on accuse Dieu, c'est un Dieu païen qui est accusé et on a donc raison de le rejeter ce Dieu qui punit ou ce Dieu qui agirait sans respecter la liberté de l'homme. Ce Dieu là n'est pas notre Dieu. 

Dieu est Père et il attend que son Fils "rentre en lui-même" et revienne. Le silence de Dieu est l'espace de notre liberté.
Pierre Vivarès


(Pr) Rencontre au coin du feu!

Le buisson ardent, 2 décembre 2024

Lectures: Exode 3, 1-7, puis 10; Jean 8, 31-36

Vous connaissez sans doute le negro spiritual «Go Down, Moses! Descend, Moïse, retourne en Égypte! Dis au pharaon de laisser partir mon peuple!»

Voici donc l’histoire d’une délivrance. Le passage qui nous occupe aujourd’hui, au début du livre biblique de l’Exode, est le point de départ de la fantastique libération de la sortie d’
Égypte. Un peuple nouveau va se constituer autour de ces chaînes brisées, autour de ce cadeau de Dieu: la liberté.

L’histoire d’une délivrance, donc aussi d’une naissance. Israël va venir au monde, après les contractions, les déchirements, les douleurs de l’Exode.

Quand ils étaient en Égypte, ils n’étaient qu’un paquet d’esclaves, descendants de plusieurs vagues de réfugiés… économiques (vous savez: lors des grosses sécheresses, le seul pays de la région où l’on pouvait trouver à manger, c’était la vallée du Nil). De ce groupe informe, Dieu va faire un peuple. Son peuple. Ses enfants.

Pour cet accouchement, il aura besoin d’une sage-femme… de sorte! D’ailleurs pas trop sage, car il faut être un peu fou pour se lancer à la tête de cette aventure! Ni trop sage ni trop femme… puisque les temps n’étaient guère propices au leadership féminin!

Cet accoucheur, Dieu le choisit dans la personne d’un berger. Peut-être à cause de son habitude à rassembler des bêtes rétives! Peut-être de par sa connaissance du désert et de l’
Égypte. Ou peut-être parce qu’il a montré des capacités de survie étonnantes en plusieurs occasions, va savoir. En tout cas, ce n’est ni un grand orateur, ni un chef militaire. Mais je parie qu’il a déjà souvent dû dans son troupeau conduire des mises bas éprouvantes!

Moïse. Fondateur d’un peuple, et d’une religion. Mais surtout, peut-être, sage-femme. L’histoire d’une naissance. Dites, et si c’était aussi la nôtre?

Il y a, dans le désert, une grande montagne qu’on appelle Horeb, et qu’on nomme ailleurs aussi le Sinaï. Mais les bergers du coin disent «la montagne de Dieu», allez savoir depuis quand? Presque pas de végétation, sinon quelques buissons rabougris qui s’accrochent à la pente, rude.

Un soir, Moïse voit tout-à-coup l’une de ces broussailles qui brûle. Mais sans faire de fumée! Il s’approche, curieux. Il observe, mais pas de trop près. Le buisson est en flammes, mais il ne se consume pas.

Alors Moïse se rapproche encore. Il dévie de sa route pour essayer de comprendre cet étrange phénomène. Et puis, l’avez-vous remarqué? c’est quand Dieu voit le berger quitter son chemin et venir dans sa direction, c’est alors seulement qu’il décide de lui parler. De l’appeler.

Pour que cette rencontre ait lieu, il a fallu que chacun fasse un pas vers l’autre. Il a fallu que chacun quitte son parcours balisé, prévu, normal. N’en est-il pas ainsi, également, de nos rencontres vraies, aujourd’hui?

L’histoire d’une naissance, c’est d’abord, logiquement, l’histoire d’une rencontre! La rencontre au coin du feu entre Moïse et Dieu. La rencontre, aussi, entre les cris, les plaintes, les souffrances des esclaves qui montent vers le Créateur; et lui qui descend, qui en a marre de voir les épreuves de ceux qu’il aime, qui décide d’intervenir.

Et ces mouvements du haut vers le bas et du bas vers le haut, ils sont le signe de l’incroyable bouleversement religieux et politique de cette année-là: tout à coup, Dieu n’est plus cantonné dans ses nuages, à baigner dans ses félicités éternelles. Il vient rencontrer notre monde, le pénétrer, le féconder, pour que naissent des temps nouveaux! Des temps de présence et de liberté.
 


Et si c’était l’histoire de notre délivrance? Avec les Églises chrétiennes, nous trouvons dans ce curieux récit imagé la préfiguration d’une autre naissance, encore plus étonnante, encore plus «révolutionnante»: celle où Dieu lui-même vient au monde, Noël.

Il vient au monde, il vient à nous pour nous rencontrer. Pour que nous fassions nous aussi le pas dans sa direction. Le pas qui sera notre chemin vers la liberté.

Mais attention aux illusions! Toutes ces images de chemin, de rencontre, de  délivrance et de naissance montrent bien que l’on n’est jamais achevé, accompli. Nous en avons trop entendus, de ces chrétiens qui affirment avoir rencontré Dieu tel jour, à telle heure, et que c’est acquis, et que, depuis, tout est parfait, le bonheur total…

La réalité, nous le sentons bien, est très différente. La Bible aussi, d’ailleurs. La rencontre avec Dieu n’est pas la fin de nos soucis, elle nous entraîne dans des difficultés nouvelles. Demandez un peu à Moïse, et aux amis de Jésus! Être esclave en 
Égypte était au fond facile, devenir homme libre est bien plus difficile!


Dans notre monde d’aujourd’hui; dans nos esclavages, nos oppressions, dans nos souffrances ou nos colères, nous aussi nous avons soif de libération. Comme au temps de Moïse, comme au temps des esclaves noirs aux USA, Dieu entend nos plaintes, nos appels. Et il descend!

Mais il n’a pas de baguette magique! Il a besoin de guides, et d’accoucheurs, comme Moïse. Il a besoin de nous aussi, de notre participation, de notre acquiescement. Aujourd’hui comme hier, comme en Jésus et comme au Sinaï, il nous appelle à nous engager sur des chemins de délivrance, ou de naissance.

Une route où il faudra beaucoup marcher. Où il y aura bien des murmures, des réticences, des souffrances. Des nostalgies aussi. Notre cadeau de Noël,  ce n’est pas du préfabriqué, et il faudra souvent relire le mode d’emploi. Comme pour ces meubles qu’on achète à Ikea!

Un chemin exigeant, une lutte quotidienne. Et pourtant c’est là que marche Jésus Christ, le modèle de notre parfaite liberté. Et c’est là que nous pouvons trouver la sérénité et la résilience qui nous permettront de traverser les épreuves sans nous laisser abattre.


Hier soir, à 18h, dans tout le canton, d’autres buissons ardents ont rappelé cette histoire-là. Les feux de l’Avent, chaque année, nous disent que les vieux récits de l’Ancien Testament peuvent se passer aujourd’hui.

Dites, et si cet Avent, c’était l’histoire de notre délivrance?
Amen

Jean-Jacques Corbaz





 Cantique: Go Down

1.  Là-bas mon peuple est enchaîné – chante liberté!
Travaille et meurt à coups de fouet – chante liberté!
Tu vas, berger, chanter la liberté,
Cours là-bas, crie pour moi: Dieu vient vous sauver!

2.  Vos yeux, vos fronts vont se lever – chante liberté!
Vos chaînes partir en fumée – chante liberté!
Tu vas, berger, chanter la liberté,
Cours là-bas, crie pour moi: Dieu vient vous sauver!

3.  Un jour, l'espoir sera vainqueur – chante liberté!
Dieu chassera la mort, la peur – chante liberté!
Tu vas, berger, chanter la liberté,
Cours là-bas, crie pour moi: Dieu vient vous sauver!